Texte intégral
LE JOURNALISTE
Votre invité, Frédéric RIVIERE, vous recevez ce matin Laurence ROSSIGNOL, secrétaire d'Etat, chargée de la Famille, de l'enfance, des personnes âgées et de l'autonomie.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Bonjour Laurence ROSSIGNOL.
LAURENCE ROSSIGNOL
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Le président de la République a annoncé hier une série de mesures en faveur des zones rurales, à trois mois des élections régionales, qu'on annonce comme au moins difficiles, pour le gouvernement. C'est une opération séduction de la dernière chance ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Mais je vous rappelle que, il y a six mois, nous avions déjà tenu un comité interministériel sur les zones rurales
FREDERIC RIVIERE
Et on était déjà pas très loin des élections régionales, mais enfin
LAURENCE ROSSIGNOL
Oui, certes, c'est-à-dire que, comme en France, on a une élection chaque année, ça veut dire que tout ce qu'on fait pendant les mois qui précèdent l'élection est examiné au prisme de l'engagement électoral de nos déplacements. Non mais, il y a six mois, nous étions déjà allés à Laon, en Picardie, pour un comité interministériel, nous sommes, hier, allés à Vesoul, dans l'idée, d'abord, de confirmer les engagements pris il y a six mois, et d'envisager avec les élus locaux les suites à donner à ces engagements. Or, hier, le président de la République a réaffirmé que le gouvernement était aux côtés des territoires ruraux, avec des annonces et des engagements financiers nouveaux, un milliard d'euros à destination des collectivités dont 500 millions pour les zones rurales et particulièrement pour la revitalisation des centres bourgs. Un des principaux sujets dans les zones rurales, c'est l'accès aux soins, c'est-à-dire, c'est la difficulté d'implanter des médecins dans ces zones, puisque les médecins s'installent là où ils veulent, et ils ne choisissent pas toujours les zones les plus nécessiteuses en matière de santé. Donc nous avons, hier, aussi, annoncé la formation de 700 médecins généralistes aux soins d'urgence, de façon à tenir les objectifs qui sont les nôtres, c'est-à-dire ceux de la proximité entre chaque citoyen français, et l'accès aux soins.
FREDERIC RIVIERE
Alors, dites-moi, même si les journalistes ont parfois l'esprit un peu mal tourné, le gouvernement redoute bien tout de même une défaite assez lourde aux élections régionales ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Bien sûr que le gouvernement est capable de tirer les leçons des précédentes élections, et sait que ces élections régionales, dont nous avions gagné avec ampleur les exécutifs au cours des précédentes régionales, aussi parce que nous étions dans l'opposition, et que ces élections régionales ont un côté sanction à l'encontre des gouvernements qui sont au pouvoir, et nous savons bien que ces élections régionales sont un gros enjeu. Mais ce que nous voulons dire aux Français, c'est que l'enjeu de ces régionales, ce n'est pas la politique nationale, ce sont les régions, et aujourd'hui encore plus qu'hier d'ailleurs, avec les grandes régions, avec des pouvoirs renforcés, qui vont décider du quotidien de la vie des Français, qu'il s'agisse des transports, de l'aménagement économique, de toute une série de décisions qui sont de leurs compétences, et donc nous appelons d'abord les Français à ne pas se tromper d'élections, à se mobiliser, et je rappelle qu'ils ont jusqu'au 30 septembre pour s'inscrire sur les listes électorales
FREDERIC RIVIERE
Le délai a été rallongé
LAURENCE ROSSIGNOL
Le délai a été rallongé, mais c'est l'occasion de le dire, aujourd'hui chez vous, pour voter aux élections régionales, et ne pas faire des choix négatifs, mais faire des choix positifs pour leur région.
FREDERIC RIVIERE
Et alors le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe CAMBADELIS, ne veut plus du Front républicain, c'est-à-dire pas de désistement en faveur des candidats de droite, vous êtes prêts à accepter le risque que ça comporte, y compris dans les régions, comme le Nord-Pas-de-Calais, dont vous êtes élue, le risque que ça comporte par rapport au Front national, qui y est très fort ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Je considère que cette discussion est une discussion prématurée. Nous n'en sommes pas
FREDERIC RIVIERE
Donc il a parlé trop vite ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Je ne sais pas, je ne dirais pas que Jean-Christophe CAMBADELIS a parlé trop vite, mais visiblement, la machine médiatique des rumeurs s'est emballée hier, dans la journée d'hier. Donc il est trop tôt pour dire ce que nous ferons entre les deux tours des élections, parce que dans ma région, en Nord-Pas-de-Calais Picardie, la gauche est majoritaire. A l'issue de les élections départementales, qui, pourtant, n'ont pas été des élections gagnées dans la totalité de la région, si on fait le total des voix de gauche, la gauche est majoritaire, donc la gauche devrait gagner la région Nord-Pas-de-Calais Picardie si elle se rassemble et si elle s'unit. Donc aujourd'hui, notre principal sujet, c'est le rassemblement de la gauche. Et puis, il faut quand même passer le message aussi à la droite, et particulièrement à l'ancien ministre de Nicolas SARKOZY, le candidat Xavier BERTRAND, pour lui dire que, il ne faut qu'il pense que quels que soient les propos, il ne peut pas, pendant toute la durée qu'il prépare le premier tour, courir après les voix de Marine LE PEN, et faire une campagne qui ressemble terriblement à celle de Marine LE PEN, et puis, penser qu'au deuxième tour, il pourrait avoir, s'il était en situation de les solliciter, les voix de la gauche. Il faut qu'il y ait quelque chose qui s'arrête dans l'automaticité, dont la droite pense bénéficier en matière de front républicain, mais qu'elle n'applique jamais, puisque dans ma région, aux départementales, dans tous les cantons où il restait un candidat FN contre un candidat socialiste, le candidat FN a été élu parce que la droite n'a pas voté à gauche, et dans tous les cantons où il y avait un candidat de droite contre un candidat Front national, le candidat Front national était battu parce que la gauche a appliqué la discipline républicaine. Donc il n'y a plus d'automaticité pour la droite alors que, aujourd'hui, elle se commet à chasser sur les terres du Front national.
FREDERIC RIVIERE
Je vous avais parlé de rumeurs, en fait, la rumeur, c'était qu'un ministre dont on ignore le nom aurait proposé qu'il y ait des alliances au second tour avec les candidats de la droite, en revanche, ce qu'a dit Jean-Christophe CAMBADELIS, c'était une interview, ça n'est pas une rumeur, il propose l'abandon du front républicain. Ça, vous pensez que c'est aussi aller un petit peu vite en besogne ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Non, ce que Jean-Christophe CAMBADELIS a dit, c'est qu'il y a des régions, et particulièrement, il a évoqué le Nord-Pas-de-Calais Picardie et la région Provence Alpes-Côte d'Azur, dans lesquelles les deux candidats, les deux têtes de liste de la droite, ont des propos qui nous font parfois peiner pour les distinguer des propos de leurs adversaires du Front national. Et que, il n'y a pas d'automaticité, quels que soient les comportements. Et je crois que la bonne approche, puisque vous voulez vraiment qu'on se projette entre les deux tours des régionales, c'est celle du cas par cas. Parce que la qualité républicaine du candidat de la droite est aussi un critère pour savoir si un vote, un désistement républicain est ou non possible avec lui. Et dans les deux régions qu'a évoquées Jean-Christophe CAMBADELIS, nous avons jusqu'à présent peu de preuves que ces deux candidats veulent effectivement faire un barrage au Front national.
FREDERIC RIVIERE
Un débat sur les réfugiés va avoir lieu demain à l'Assemblée nationale. A quoi va-t-il servir ? Est-ce qu'il sera l'occasion de faire apparaître justement les divisions de la droite sur cette question ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Ecoutez, le premier objet d'un tel débat, c'est d'abord de rassembler, c'est rassembler les Français, pour commencer, de les rassembler autour des valeurs qui sont les nôtres, qui sont des valeurs d'accueil, de solidarité, et de mieux expliquer la politique du gouvernement, qui est une politique à la fois d'un accueil juste, maîtrisé, et aussi une politique qui vise à ce que, au plan européen, au plan européen, aujourd'hui, chaque pays prenne sa part et sa juste part. C'est cela l'enjeu de ce débat, c'est faire partager aux Français
FREDERIC RIVIERE
Pour l'instant, ça ne marche pas, ça, vous avez vu l'échec de cette nuit, sur la question des quotas.
LAURENCE ROSSIGNOL
Bien sûr, bien sûr, nous avons vu l'échec de cette nuit, qui est grave, qui est très grave, parce que, d'abord, nous avons besoin aujourd'hui d'établir aux portes de l'Europe, ce qu'on appelle les hotspots, c'est-à-dire des points d'accueil, et de traitement des dossiers de réfugiés, et l'ensemble des pays européens, et je suis un peu choquée ce matin parce que je voyais des pays qui aujourd'hui ne veulent pas prendre leur part dans l'accueil des réfugiés, c'est-à-dire des pays qui ne veulent pas être solidaires, et je trouve que ces mêmes pays, lorsqu'ils sont rentrés dans l'Union européenne, ont bénéficié de la solidarité de l'Union européenne, et des valeurs sur lesquelles nous avons construit l'Europe. Et aujourd'hui, ces pays devraient se sentir membres à part entière des valeurs de l'Europe. Et je voudrais dire aussi que, en ce moment, avec le couple franco-allemand et la politique que mène le président de la République, François HOLLANDE, avec Angela MERKEL, pour que l'Europe soit à la hauteur de cet enjeu migratoire, doit nous amener à renforcer le couple franco-allemand parce que c'est autour de nous que sont défendues les valeurs de solidarité, d'accueil, et surtout, l'organisation des migrants, parce qu'on n'accueille pas les migrants simplement en disant les réfugiés en disant simplement : venez, on va vous accueillir, il y a toute une logistique, toute une organisation, il faut que les pouvoirs publics soient là.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce qu'il n'y a pas un problème dans le couple franco-allemand avec l'attitude d'Angela MERKEL qui, aujourd'hui, décide seule, prend seule les décisions, d'abord, d'ouvrir en grand les frontières, puis, de rétablir les contrôles, sans concertation ? Est-ce que ça ne complique pas la vie de l'Union européenne, ça ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Ecoutez, je pense que le moment n'est pas à chercher à critiquer Angela MERKEL, ce n'est pas le temps, on l'a fait au moment du débat sur la Grèce, où, là, nous avons travaillé à construire des consensus avec elle qui n'étaient pas gagnés, aujourd'hui, sur la question de l'accueil des réfugiés, Angela MERKEL a un rôle dynamique, elle a eu raison de donner de l'Europe l'image d'une Europe et d'une Allemagne qui sont accueillantes, fidèles aux traditions qui sont les nôtres, qui sont des traditions humanistes. Et aujourd'hui, elle impulse, elle entraîne, et c'est très important dans ce contexte de montée des nationalismes, parce que c'est ça qui est en cause dans les autres pays, c'est la montée nationaliste, c'est les populistes chez nous qui relaient les nationalistes, aujourd'hui, je soutiens Angela MERKEL dans ce qu'elle donne, une autre image de l'Europe et de la construction de nos valeurs.
FREDERIC RIVIERE
Merci Laurence ROSSIGNOL.
LAURENCE ROSSIGNOL
Merci.
FREDERIC RIVIERE
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2015