Déclaration de M. Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, sur le financement de la lutte contre le réchauffement climatique, à Lima (Pérou) le 9 octobre 2015.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence de presse sur les conclusions de la réuion "La finance au service du climat", coprésidée par la France et le Pérou, à Lima (Pérou) le 9 octobre 2015

Texte intégral

Le ministre des Finances péruvien et moi-même avons souhaité cette réunion en concertation avec ceux qui ont la charge de diriger les délégations et en particulier la France en charge de la COP21. Nous avons considéré que c'était la seule manière sur cet aspect de la question des finances d'arriver à avancer et de donner la dynamique nécessaire pour aller vers la COP21. L'expérience nous montre que, si on repousse la question des finances, c'est la conférence elle-même qui échoue. Il fallait donc anticiper, préparer et de solidifier un certain nombre de chiffres pour avoir la dernière dynamique nécessaire. Nous avions donc besoin de donner de la confiance à ceux qui regardent les chiffres comme un espoir de pouvoir financer des actions concrètes pour leur territoire. Je pense notamment aux pays en voie de développement qui sont à la fois les premières victimes du réchauffement climatique et les moins en capacité de financer eux-mêmes ces actions nécessaires. C'est ainsi que nous avons demandé mon collègue péruvien et moi-même à l'OCDE de faire un travail objectif. Première constatation, au cours de cette réunion où se sont exprimées un nombre considérable de délégations : ce travail objectif a été considéré comme tel. Il peut y avoir de débats en termes de méthode, mais la méthode a été claire et transparente et a été saluée par toutes les délégations, même les délégations qui, sur ce sujet, sont normalement les plus pointilleuses. La méthode est donc confortée. Le deuxième sujet, c'est le chiffre : où en sommes-nous et où allons-nous ? Un chiffre de 62 milliards a été constaté pour 2014 par l'OCDE, ce qui veut dire que les annonces pour l'année 2015 ne sont pas prises en compte de ce chiffre de fin 2014. Par exemple : le fonds vert et un certain nombre d'annonces d'efforts supplémentaires bilatéraux de certains grands pays n'ont pas été pris en compte pour 2014. Nous partons donc, d'un chiffre solide de 62 milliards. Nous avons pu aussi constater, au cours de cette réunion que je qualifie de très positive, que des pays ont amplifié leur contribution à ces financements. En particulier, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France, qui vont faire un effort supplémentaire, mais aussi des pays qui ne s'étaient pas exprimés jusqu'à présent, comme les Pays-Bas, le Luxembourg qui ont annoncé une augmentation substantielle de leur contribution. Et puis, nous attendions beaucoup des banques multilatérales, des banques africaine, asiatique, interaméricaine et européenne (BED et BEI) et de la Banque mondiale. Elles ont été au rendez-vous. Elles ont toutes annoncées dans des mesures différentes, qu'elles allaient augmenter la proportion de leurs investissements qui seraient de nature à permettre de lutter contre le réchauffement climatique. Les chiffres sont confortés et donnent une dynamique, mais ne nous sommes pas encore arrivés au bout et souvent ce sont les derniers pas restent les plus difficiles à franchir. Cependant, on peut affirmer aujourd'hui qu'il y a une dynamique fermement établie, que nous ne considérerions pas avant la réunion avec l'OCDE.
Question en anglais.
Michel Sapin : Oui, c'est une partie du travail qu'a fait l'OCDE, en termes de méthode. Faisons attention, l'OCDE ne compte pas tous les financements privés dans les 62 milliards. Il ne compte dans les 62 milliards que les financements privés qui sont mobilisés grâce à un effet de levier directement liés aux fonds publics ou des fonds d'organismes multilatéraux. C'est une vision restrictive des fonds privés, c'est bien, c'est comme ça qu'il faut faire. Mais ce sont des fonds qui n'auraient pas été mobilisés s'il n'y avait pas eu de fonds publics précédemment. Ceci aboutit aux 62 milliards. D'après les schémas on voit très bien les proportions entre ce qui est bilatéral, ce qui est multilatéral et les fonds privés liés au bilatéral et au multilatéral. Par ailleurs, McCartney a fait une intervention intéressante pour savoir comment on peut orienter des financements privés purs vers une économie plus responsable, plus respectueuse de l'environnement y compris dans les pays en voie de développement, mais c'est une autre question. L'OCDE voulait des chiffres plus prudents, pour ne pas être mis en cause par les uns ou les autres. Ce qui permet de créer la confiance. Je crois qu'autour de ces chiffres et de cette méthode, une confiance qui s'est établie.
Source http://www.economie.gouv.fr, le 21 octobre 2015