Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
L'émotion qui m'étreint à cet instant, celle qui vous bouleverse, vous tous ici réunis, je voudrais, intensément, l'exprimer au moment où nous honorons la mémoire du capitaine Patrick LEROUX et du lieutenant Yves MEUNIER.
Le 16 octobre 2001, au petit matin, Patrick LE ROUX et Yves MEUNIER qui accomplissaient leur devoir, en se portant au secours de personnes agressées, ont trouvé la mort, abattus froidement et lâchement par des criminels.
Ces faits, dans leur odieuse brutalité et leurs horribles conséquences, ont précipité des familles dans le malheur. Ils ont suscité colère, effroi et indignation.
Je m'adresse tout d'abord à vous, Mesdames, et je vous présente, en tant qu'homme, en tant que père et en tant que Ministre, mes condoléances les plus attristées. Vous êtes désormais, Madame LE ROUX, le seul guide, dans la vie, de votre fille Justine. Quant à votre enfant, Madame FORESTIER qui verra le jour dans quelques semaines, il n'aura même pas eu le bonheur de connaître son père.
Je m'adresse aussi à vous, parents de Patrick LE ROUX et de Yves MEUNIER, qui perdez vos fils si brutalement.
Je mesure votre détresse, l'injustice que vous subissez, le calvaire de vos heures, depuis ce 16 octobre; je m'incline respectueusement devant votre douleur.
Je m'adresse à vous tous, personnels de la circonscription de police de Chennevières, qui étiez les amis et les collègues de Patrick LE ROUX et d'Yves MEUNIER, aux commissaires, aux officiers, aux gradés et gardiens de la paix, aux personnels administratifs, techniques et scientifiques et aux adjoints de sécurité du Val de Marne; à vous Monsieur le directeur départemental, à vous Monsieur le préfet, tous unis dans le malheur et dans la peine.
Je vous porte témoignage du soutien et de la solidarité de Monsieur Lionel JOSPIN, Premier Ministre, et des membres du Gouvernement, qui, tous, m'ont demandé de vous exprimer leurs condoléances.
Je sais que les mots ne soulageront pas le terrible désarroi qui est le vôtre: mais ces paroles, celles du Ministre qui s'exprime au nom de tous les policiers de France, vous témoignent la solidarité de cette grande famille qu'est la police nationale et, au delà, la solidarité de la Nation toute entière; ces paroles vous disent aussi que vous n'êtes pas seuls, que votre malheur est profondément vécu et partagé.
Ce n'est pas la première fois que le commissariat de CHENNEVIERES-SUR-MARNE est ainsi cruellement frappé. Nous n'avons pas oublié, il y a vingt ans, le décès de Pierre MATHIEU.Nous n'avons pas oublié, non plus, les policiers de ce département qui ont été tués en service ces dernières années : en 1992, le lieutenant Thierry SLOT ; en 1994, le lieutenant Guy JACOB ; en 1998, le lieutenant Jocelyn GRANDU et en mai 2001, le lieutenant Patrick VESINE. Le département du Val de Marne paye un bien lourd tribut à la sécurité publique.
Je voudrais adresser au gardien de la paix Lionel LEVECQ, gravement blessé au cours de l'intervention, mes vux de rétablissement et l'assurer de toute mon affection et ma sympathie.
Ce crime porte la marque d'une violence froide et irraisonnée, qui ne s'embarrasse d'aucun sentiment. Ce crime révèle l'ultime abjection de la criminalité, le cynisme absolu d'une violence sans retenue, devant laquelle le respect de la vie ne compte pour rien.
Au delà de l'accablement et de la peine, comment ne pas éprouver de sentiment de révolte devant cet acte odieux et inacceptable; ses auteurs n'auront, je le réaffirme, aucun répit et devront en répondre devant la justice. Il faudra que cette réponse soit exemplaire.
Le métier de policier est difficile; c'est un métier dangereux, un métier à risque comme on le dit souvent. Mais ce danger et ce risque ne doivent pas conduire à accepter une sorte de fatalité qui accréditerait l'idée que la mort fait partie intégrante de l'exercice des fonctions de police.
Personne ne doit et ne peut se résoudre à cette fatalité.
Trop de drames sont intervenus ces derniers mois, trop de familles ont été brisées et la police nationale est une nouvelle fois meurtrie.
Il est beaucoup demandé à la police et aux policiers, plus encore aujourd'hui dans des périodes troublées et incertaines où le citoyen fait de la sécurité une condition essentielle de la vie harmonieuse en société. Le citoyen en exige beaucoup et le policier doit être à la hauteur de ces exigences.
En retour il doit trouver adhésion à son action, respect et reconnaissance, cette reconnaissance qui est due au serviteur de l'Etat, à celui qui est garant de notre liberté et de notre démocratie.
Patrick LE ROUX allait avoir 34 ans. Il est entré dans la Police Nationale en 1989, et a été affecté comme gardien de la paix stagiaire à Paris, dans le IIIème arrondissement, puis, 10 ans plus tard, dans le XIXème. Il avait rejoint la circonscription de CHENNEVIERES il y a tout juste un an.
Yves MEUNIER, âgé lui de 27 ans, est entré dans la Police Nationale en 1996, après avoir effectué son service militaire dans la Gendarmerie en qualité de Gendarme Auxiliaire. CHENNEVIERES aura été son premier et unique poste.
Tous deux laisseront au Commissariat de CHENNEVIERES SUR MARNE le souvenir d'hommes de cur, de collègues exemplaires, de sportifs accomplis et de policiers dynamiques et courageux.
La citation à l'ordre de la Nation, la croix de chevalier de la légion d'honneur, la médaille d'honneur de la police nationale, la médaille d'or pour acte de courage et de dévouement, qui viennent d'être décernées à titre posthume à Messieurs LE ROUX et MEUNIER, attestent de la reconnaissance du peuple français pour le sacrifice qui est le leur.
Leur promotion dans le corps des officiers, respectivement au grade de capitaine et de lieutenant, est la marque de notre respect.
Leur sacrifice ne sera pas vain : il a trouvé son sens dans l'engagement quotidien qui est exigé des agents de la police nationale, dans le dévouement absolu que ceux-ci doivent consentir, dans la disponibilité dont ils doivent faire preuve, au service des autres, à tout moment et en tous lieux. C'est à ce sens de la vie et de l'action, à cette passion des policiers pour leur métier, que la Nation, reconnaissante, rend aujourd'hui hommage.
Me faisant l'interprète de tous ceux qui participent à cette cérémonie et de tous ceux qui, dans tous les commissariats de France, s'associent en ce moment même, au cours d'une minute de silence, à notre recueillement, je m'incline à nouveau devant les dépouilles du capitaine de police Patrick LEROUX et du lieutenant de police Yves MEUNIER.
Leur souvenir ne s'effacera pas de nos curs et de nos mémoires. Le sacrifice qu'ils ont fait de leur vie, au service des autres, nous touche au plus profond de nous même en même temps qu'il interpelle notre société.
Votre épreuve, Mesdames et Messieurs, ne nous est pas étrangère. Nous la portons en nous. Nous la vivons avec vous. Elle est, aussi, une épreuve pour chacun d'entre nous.
Porteurs de la même passion pour la justice et la liberté qui faisait battre le coeur de Patrick LE ROUX et d'Yves MEUNIER, nous pouvons affirmer devant tous, la tête haute, que la Police Nationale et les autorités publiques ne sauraient se résigner à un quelconque abandon, non plus qu'à aucune forme de découragement, dans la lutte nécessaire contre la violence et le crime.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 22 octobre 2001)
L'émotion qui m'étreint à cet instant, celle qui vous bouleverse, vous tous ici réunis, je voudrais, intensément, l'exprimer au moment où nous honorons la mémoire du capitaine Patrick LEROUX et du lieutenant Yves MEUNIER.
Le 16 octobre 2001, au petit matin, Patrick LE ROUX et Yves MEUNIER qui accomplissaient leur devoir, en se portant au secours de personnes agressées, ont trouvé la mort, abattus froidement et lâchement par des criminels.
Ces faits, dans leur odieuse brutalité et leurs horribles conséquences, ont précipité des familles dans le malheur. Ils ont suscité colère, effroi et indignation.
Je m'adresse tout d'abord à vous, Mesdames, et je vous présente, en tant qu'homme, en tant que père et en tant que Ministre, mes condoléances les plus attristées. Vous êtes désormais, Madame LE ROUX, le seul guide, dans la vie, de votre fille Justine. Quant à votre enfant, Madame FORESTIER qui verra le jour dans quelques semaines, il n'aura même pas eu le bonheur de connaître son père.
Je m'adresse aussi à vous, parents de Patrick LE ROUX et de Yves MEUNIER, qui perdez vos fils si brutalement.
Je mesure votre détresse, l'injustice que vous subissez, le calvaire de vos heures, depuis ce 16 octobre; je m'incline respectueusement devant votre douleur.
Je m'adresse à vous tous, personnels de la circonscription de police de Chennevières, qui étiez les amis et les collègues de Patrick LE ROUX et d'Yves MEUNIER, aux commissaires, aux officiers, aux gradés et gardiens de la paix, aux personnels administratifs, techniques et scientifiques et aux adjoints de sécurité du Val de Marne; à vous Monsieur le directeur départemental, à vous Monsieur le préfet, tous unis dans le malheur et dans la peine.
Je vous porte témoignage du soutien et de la solidarité de Monsieur Lionel JOSPIN, Premier Ministre, et des membres du Gouvernement, qui, tous, m'ont demandé de vous exprimer leurs condoléances.
Je sais que les mots ne soulageront pas le terrible désarroi qui est le vôtre: mais ces paroles, celles du Ministre qui s'exprime au nom de tous les policiers de France, vous témoignent la solidarité de cette grande famille qu'est la police nationale et, au delà, la solidarité de la Nation toute entière; ces paroles vous disent aussi que vous n'êtes pas seuls, que votre malheur est profondément vécu et partagé.
Ce n'est pas la première fois que le commissariat de CHENNEVIERES-SUR-MARNE est ainsi cruellement frappé. Nous n'avons pas oublié, il y a vingt ans, le décès de Pierre MATHIEU.Nous n'avons pas oublié, non plus, les policiers de ce département qui ont été tués en service ces dernières années : en 1992, le lieutenant Thierry SLOT ; en 1994, le lieutenant Guy JACOB ; en 1998, le lieutenant Jocelyn GRANDU et en mai 2001, le lieutenant Patrick VESINE. Le département du Val de Marne paye un bien lourd tribut à la sécurité publique.
Je voudrais adresser au gardien de la paix Lionel LEVECQ, gravement blessé au cours de l'intervention, mes vux de rétablissement et l'assurer de toute mon affection et ma sympathie.
Ce crime porte la marque d'une violence froide et irraisonnée, qui ne s'embarrasse d'aucun sentiment. Ce crime révèle l'ultime abjection de la criminalité, le cynisme absolu d'une violence sans retenue, devant laquelle le respect de la vie ne compte pour rien.
Au delà de l'accablement et de la peine, comment ne pas éprouver de sentiment de révolte devant cet acte odieux et inacceptable; ses auteurs n'auront, je le réaffirme, aucun répit et devront en répondre devant la justice. Il faudra que cette réponse soit exemplaire.
Le métier de policier est difficile; c'est un métier dangereux, un métier à risque comme on le dit souvent. Mais ce danger et ce risque ne doivent pas conduire à accepter une sorte de fatalité qui accréditerait l'idée que la mort fait partie intégrante de l'exercice des fonctions de police.
Personne ne doit et ne peut se résoudre à cette fatalité.
Trop de drames sont intervenus ces derniers mois, trop de familles ont été brisées et la police nationale est une nouvelle fois meurtrie.
Il est beaucoup demandé à la police et aux policiers, plus encore aujourd'hui dans des périodes troublées et incertaines où le citoyen fait de la sécurité une condition essentielle de la vie harmonieuse en société. Le citoyen en exige beaucoup et le policier doit être à la hauteur de ces exigences.
En retour il doit trouver adhésion à son action, respect et reconnaissance, cette reconnaissance qui est due au serviteur de l'Etat, à celui qui est garant de notre liberté et de notre démocratie.
Patrick LE ROUX allait avoir 34 ans. Il est entré dans la Police Nationale en 1989, et a été affecté comme gardien de la paix stagiaire à Paris, dans le IIIème arrondissement, puis, 10 ans plus tard, dans le XIXème. Il avait rejoint la circonscription de CHENNEVIERES il y a tout juste un an.
Yves MEUNIER, âgé lui de 27 ans, est entré dans la Police Nationale en 1996, après avoir effectué son service militaire dans la Gendarmerie en qualité de Gendarme Auxiliaire. CHENNEVIERES aura été son premier et unique poste.
Tous deux laisseront au Commissariat de CHENNEVIERES SUR MARNE le souvenir d'hommes de cur, de collègues exemplaires, de sportifs accomplis et de policiers dynamiques et courageux.
La citation à l'ordre de la Nation, la croix de chevalier de la légion d'honneur, la médaille d'honneur de la police nationale, la médaille d'or pour acte de courage et de dévouement, qui viennent d'être décernées à titre posthume à Messieurs LE ROUX et MEUNIER, attestent de la reconnaissance du peuple français pour le sacrifice qui est le leur.
Leur promotion dans le corps des officiers, respectivement au grade de capitaine et de lieutenant, est la marque de notre respect.
Leur sacrifice ne sera pas vain : il a trouvé son sens dans l'engagement quotidien qui est exigé des agents de la police nationale, dans le dévouement absolu que ceux-ci doivent consentir, dans la disponibilité dont ils doivent faire preuve, au service des autres, à tout moment et en tous lieux. C'est à ce sens de la vie et de l'action, à cette passion des policiers pour leur métier, que la Nation, reconnaissante, rend aujourd'hui hommage.
Me faisant l'interprète de tous ceux qui participent à cette cérémonie et de tous ceux qui, dans tous les commissariats de France, s'associent en ce moment même, au cours d'une minute de silence, à notre recueillement, je m'incline à nouveau devant les dépouilles du capitaine de police Patrick LEROUX et du lieutenant de police Yves MEUNIER.
Leur souvenir ne s'effacera pas de nos curs et de nos mémoires. Le sacrifice qu'ils ont fait de leur vie, au service des autres, nous touche au plus profond de nous même en même temps qu'il interpelle notre société.
Votre épreuve, Mesdames et Messieurs, ne nous est pas étrangère. Nous la portons en nous. Nous la vivons avec vous. Elle est, aussi, une épreuve pour chacun d'entre nous.
Porteurs de la même passion pour la justice et la liberté qui faisait battre le coeur de Patrick LE ROUX et d'Yves MEUNIER, nous pouvons affirmer devant tous, la tête haute, que la Police Nationale et les autorités publiques ne sauraient se résigner à un quelconque abandon, non plus qu'à aucune forme de découragement, dans la lutte nécessaire contre la violence et le crime.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 22 octobre 2001)