Texte intégral
Madame la Présidente de la Commission des affaires étrangères, Chère Elisabeth Guigou,
Madame la Présidente de la Commission des affaires européennes, Chère Danielle Auroi,
Monsieur le Ministre, Cher Michael Roth,
Mesdames et Messieurs les Députés,
C'est la quatrième fois en un an que j'ai le plaisir de participer à une audition conjointe avec Michael Roth devant une commission parlementaire. La deuxième devant vous ici à l'Assemblée nationale, après avoir été entendu le 4 novembre par la commission des Affaires européennes du Bundestag.
Je veux vous remercier de cette invitation. Je crois que cette pratique est importante et qu'elle doit devenir régulière. Il est de tradition que chaque gouvernement rende compte devant son propre parlement de son action, notamment en matière internationale et européenne. L'étroitesse de la coopération et des liens entre la France et l'Allemagne ainsi que les liens très importants que vous entretenez vous-mêmes avec le Bundestag rendent nécessaires et utiles ces occasions pour les membres des deux gouvernements de pouvoir rencontrer les commissions des deux parlements.
Je veux saisir cette occasion pour dire à mon tour toute notre reconnaissance pour la solidarité que l'Allemagne, ses autorités, sa chancelière, les membres de son gouvernement, mais aussi ses citoyens ont exprimée vis-à-vis de notre pays après les attaques terroristes du 13 novembre. Les couleurs bleu, blanc, rouge sur la porte de Brandebourg, les bougies et les sentiments très sincères de solidarité que vous avez exprimé nous ont profondément touchés. Michael Roth a d'ailleurs voulu se rendre après cette audition devant le Bataclan pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris. Nous y irons ensemble.
L'actualité européenne de ces derniers mois, comme Michael Roth vient de le rappeler, a été dominée par des crises. Toutes n'ont pas leurs racines en Europe, en particulier la crise ukrainienne, la crise syrienne, la crise des réfugiés, et aujourd'hui le terrorisme, tandis que d'autres sont bien des crises nées en Europe. Je pense ici à la crise grecque qui a beaucoup occupé les institutions européennes et les États membres pendant l'été.
À chaque fois, la France et l'Allemagne ont travaillé à bâtir des réponses en commun pour que l'Union européenne puisse faire face à ces crises.
Ces crises vont être à nouveau à l'ordre du jour du prochain Conseil européen qui se réunira la semaine prochaine à Bruxelles. Nous traiterons notamment du terrorisme parce que c'est l'urgence. Les ministres de l'Intérieur se sont réunis la semaine dernière pour prendre de nouveau des décisions.
Ce qui est en jeu, Michael Roth l'a rappelé, c'est notre capacité à agir ensemble contre un ennemi, Daech, l'état islamique, qui organise des attentats depuis la Syrie et l'Irak. C'est la France qui a été frappée, mais c'est l'Europe qui était visée. D'autres pays ont déjà été touchés, je pense aux attentats à Copenhague, à Bruxelles. C'est le même djihadisme, terrorisme inspiré de l'islamisme radical, qui a déjà frappé d'autres capitales européennes, Madrid et Londres, dans le passé. C'est le même qui touche aujourd'hui, partout dans le monde, d'autres sociétés. Je pense aux attentats au Mali, en Tunisie mais aussi à l'attentat contre l'avion russe dans le Sinaï et à l'attaque qui vient de se dérouler à San Bernardino en Californie.
Nous avons évidemment été très sensibles au fait que la chancelière d'Allemagne, le gouvernement et le Bundestag aient si rapidement accepté de répondre à la sollicitation de la France, qui a invoqué pour la première fois l'article 42.7 du traité sur l'Union européenne pour la première fois, en apportant leur aide à l'action que nous menons contre l'état islamique au Levant. L'Allemagne a pris la décision très forte, exceptionnelle même, d'engager ses forces armées en appui à notre intervention. De même, elle va également renforcer son appui à nos opérations au Sahel et en particulier au Mali.
Ce qui est en jeu, c'est aussi notre capacité, dans la réponse à cette menace, à développer non seulement une politique de défense commune - et il faudra, nous en sommes convaincus, aller plus loin à l'avenir - mais aussi, une politique étrangère commune car, comme l'a rappelé Michael Roth, il faut travailler à une transition politique, à une solution politique à la crise en Syrie, sans quoi l'action militaire ne portera pas les résultats attendus. C'est ce que nous faisons dans le cadre du processus de Vienne.
Il faut aussi que nous puissions renforcer la sécurité de nos concitoyens en Europe. Les ministres de l'Intérieur, dans une négociation avec le Parlement européen, ont enfin réussi à aboutir à un accord sur le PNR. Je m'étais moi-même rendu de nouveau au Parlement européen ces derniers jours pour convaincre les différents responsables des groupes et les rapporteurs sur ce texte de la nécessité d'adopter un PNR efficace. Cela sera le cas et nous souhaitons maintenant que le Parlement européen puisse voter dans les délais les plus rapides.
Mais il nous faut aussi utiliser, d'une façon beaucoup plus intense, tous les outils de la coopération en matière policière, en matière judiciaire, en matière de renseignement, en particulier le système d'information de Schengen, Europol, Eurojust, qui doivent permettre à nos services de police, de justice, de renseignement d'identifier, de traquer, de judiciariser les personnes qui participent à des réseaux terroristes, et en particulier ceux qui, en lien avec l'état islamique en Syrie, essaient de revenir de Syrie ou de commettre des attentats sur notre sol.
Le deuxième grand sujet de ce Conseil européen sera les migrations parce qu'il faut que les décisions qui ont été prises suite à la crise des réfugiés soient réellement mises en oeuvre, que les frontières extérieures de l'Europe soient contrôlées, que les centres d'enregistrement et d'accueil, les hot spots, soient mis en place, en particulier en Grèce mais aussi en Italie, et que les engagements qui ont été convenus entre les États membres en matière de répartition, de solidarité, de relocalisation de 160.000 réfugiés puissent être mis en oeuvre rapidement.
Cela suppose de renforcer les capacités de Frontex car la Grèce en particulier, qui est la plus exposée aujourd'hui, doit être aidée. Elle ne peut pas faire face seule à cette crise des migrations.
Cela suppose aussi que le mandat même de Frontex soit étendu, y compris pour pouvoir organiser les opérations de retour de ceux qui ne relèvent pas de l'asile.
Cela suppose enfin que ce qui a été convenu avec les pays tiers, qu'ils soient d'origine ou de transit, avec les Balkans lors du sommet du 8 octobre, avec les pays d'Afrique à La Valette, avec la Turquie lors du Sommet qui a eu lieu à Bruxelles le 29 novembre, puisse également être mis en oeuvre dans des conditions qui permettent à ces pays d'accueillir les réfugiés qui sont sur leur territoire ou d'éviter qu'il ait de nouveaux départs de migrations. Il importe en particulier que la Turquie lutte avec beaucoup d'efficacité contre les passeurs et contre les réseaux de trafic d'êtres humains.
Seront également à l'ordre du jour du Conseil européen des questions économiques. Il y aura un point d'étape qui sera fait sur la réforme de l'Union économique et monétaire, parce que, comme l'a dit Michael Roth, toutes ces crises sont venues s'ajouter à une crise qui existait déjà auparavant : c'est celle de la croissance et de l'emploi. C'est la priorité évidemment qui doit être donnée aux politiques communes, en particulier dans la zone euro, avec la nécessité d'avoir une meilleure coordination au service de l'investissement, de la croissance et de la convergence économique et sociale.
Il y aura enfin un échange avec le Premier ministre britannique, même si l'objectif n'est pas de conclure les négociations sur les demandes introduites par la Grande-Bretagne en vue du référendum sur son maintien dans l'Union européenne. Un nouveau Conseil européen interviendra à ce sujet en février prochain.
Dans un moment où nous faisons face à tous ces défis, nous avons besoin que l'Union reste cohérente, unie et groupée. Nous pensons donc, nous l'avons toujours dit, que la place du Royaume-Uni est évidemment dans l'Union européenne. Nous pensons que c'est l'intérêt de l'Europe et que c'est l'intérêt du Royaume-Uni. Mais l'Europe elle-même doit rester solide sur ces fondements, sur ses valeurs communes, sur les politiques qui lui permettent de faire face à ces défis communs.
Il faut à la fois se donner la possibilité de répondre à un certain nombre de préoccupations exprimées par le Premier ministre britannique, mais ne pas défaire les bases de l'Union européenne.
Pour faire face à toutes ces questions avec efficacité et rapidité, la coordination entre la France et l'Allemagne est absolument décisive.
C'est pourquoi je suis très heureux que l'occasion soit donnée aujourd'hui à Michael Roth de pouvoir en débattre avec les membres de l'Assemblée nationale.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 décembre 2015
Madame la Présidente de la Commission des affaires européennes, Chère Danielle Auroi,
Monsieur le Ministre, Cher Michael Roth,
Mesdames et Messieurs les Députés,
C'est la quatrième fois en un an que j'ai le plaisir de participer à une audition conjointe avec Michael Roth devant une commission parlementaire. La deuxième devant vous ici à l'Assemblée nationale, après avoir été entendu le 4 novembre par la commission des Affaires européennes du Bundestag.
Je veux vous remercier de cette invitation. Je crois que cette pratique est importante et qu'elle doit devenir régulière. Il est de tradition que chaque gouvernement rende compte devant son propre parlement de son action, notamment en matière internationale et européenne. L'étroitesse de la coopération et des liens entre la France et l'Allemagne ainsi que les liens très importants que vous entretenez vous-mêmes avec le Bundestag rendent nécessaires et utiles ces occasions pour les membres des deux gouvernements de pouvoir rencontrer les commissions des deux parlements.
Je veux saisir cette occasion pour dire à mon tour toute notre reconnaissance pour la solidarité que l'Allemagne, ses autorités, sa chancelière, les membres de son gouvernement, mais aussi ses citoyens ont exprimée vis-à-vis de notre pays après les attaques terroristes du 13 novembre. Les couleurs bleu, blanc, rouge sur la porte de Brandebourg, les bougies et les sentiments très sincères de solidarité que vous avez exprimé nous ont profondément touchés. Michael Roth a d'ailleurs voulu se rendre après cette audition devant le Bataclan pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris. Nous y irons ensemble.
L'actualité européenne de ces derniers mois, comme Michael Roth vient de le rappeler, a été dominée par des crises. Toutes n'ont pas leurs racines en Europe, en particulier la crise ukrainienne, la crise syrienne, la crise des réfugiés, et aujourd'hui le terrorisme, tandis que d'autres sont bien des crises nées en Europe. Je pense ici à la crise grecque qui a beaucoup occupé les institutions européennes et les États membres pendant l'été.
À chaque fois, la France et l'Allemagne ont travaillé à bâtir des réponses en commun pour que l'Union européenne puisse faire face à ces crises.
Ces crises vont être à nouveau à l'ordre du jour du prochain Conseil européen qui se réunira la semaine prochaine à Bruxelles. Nous traiterons notamment du terrorisme parce que c'est l'urgence. Les ministres de l'Intérieur se sont réunis la semaine dernière pour prendre de nouveau des décisions.
Ce qui est en jeu, Michael Roth l'a rappelé, c'est notre capacité à agir ensemble contre un ennemi, Daech, l'état islamique, qui organise des attentats depuis la Syrie et l'Irak. C'est la France qui a été frappée, mais c'est l'Europe qui était visée. D'autres pays ont déjà été touchés, je pense aux attentats à Copenhague, à Bruxelles. C'est le même djihadisme, terrorisme inspiré de l'islamisme radical, qui a déjà frappé d'autres capitales européennes, Madrid et Londres, dans le passé. C'est le même qui touche aujourd'hui, partout dans le monde, d'autres sociétés. Je pense aux attentats au Mali, en Tunisie mais aussi à l'attentat contre l'avion russe dans le Sinaï et à l'attaque qui vient de se dérouler à San Bernardino en Californie.
Nous avons évidemment été très sensibles au fait que la chancelière d'Allemagne, le gouvernement et le Bundestag aient si rapidement accepté de répondre à la sollicitation de la France, qui a invoqué pour la première fois l'article 42.7 du traité sur l'Union européenne pour la première fois, en apportant leur aide à l'action que nous menons contre l'état islamique au Levant. L'Allemagne a pris la décision très forte, exceptionnelle même, d'engager ses forces armées en appui à notre intervention. De même, elle va également renforcer son appui à nos opérations au Sahel et en particulier au Mali.
Ce qui est en jeu, c'est aussi notre capacité, dans la réponse à cette menace, à développer non seulement une politique de défense commune - et il faudra, nous en sommes convaincus, aller plus loin à l'avenir - mais aussi, une politique étrangère commune car, comme l'a rappelé Michael Roth, il faut travailler à une transition politique, à une solution politique à la crise en Syrie, sans quoi l'action militaire ne portera pas les résultats attendus. C'est ce que nous faisons dans le cadre du processus de Vienne.
Il faut aussi que nous puissions renforcer la sécurité de nos concitoyens en Europe. Les ministres de l'Intérieur, dans une négociation avec le Parlement européen, ont enfin réussi à aboutir à un accord sur le PNR. Je m'étais moi-même rendu de nouveau au Parlement européen ces derniers jours pour convaincre les différents responsables des groupes et les rapporteurs sur ce texte de la nécessité d'adopter un PNR efficace. Cela sera le cas et nous souhaitons maintenant que le Parlement européen puisse voter dans les délais les plus rapides.
Mais il nous faut aussi utiliser, d'une façon beaucoup plus intense, tous les outils de la coopération en matière policière, en matière judiciaire, en matière de renseignement, en particulier le système d'information de Schengen, Europol, Eurojust, qui doivent permettre à nos services de police, de justice, de renseignement d'identifier, de traquer, de judiciariser les personnes qui participent à des réseaux terroristes, et en particulier ceux qui, en lien avec l'état islamique en Syrie, essaient de revenir de Syrie ou de commettre des attentats sur notre sol.
Le deuxième grand sujet de ce Conseil européen sera les migrations parce qu'il faut que les décisions qui ont été prises suite à la crise des réfugiés soient réellement mises en oeuvre, que les frontières extérieures de l'Europe soient contrôlées, que les centres d'enregistrement et d'accueil, les hot spots, soient mis en place, en particulier en Grèce mais aussi en Italie, et que les engagements qui ont été convenus entre les États membres en matière de répartition, de solidarité, de relocalisation de 160.000 réfugiés puissent être mis en oeuvre rapidement.
Cela suppose de renforcer les capacités de Frontex car la Grèce en particulier, qui est la plus exposée aujourd'hui, doit être aidée. Elle ne peut pas faire face seule à cette crise des migrations.
Cela suppose aussi que le mandat même de Frontex soit étendu, y compris pour pouvoir organiser les opérations de retour de ceux qui ne relèvent pas de l'asile.
Cela suppose enfin que ce qui a été convenu avec les pays tiers, qu'ils soient d'origine ou de transit, avec les Balkans lors du sommet du 8 octobre, avec les pays d'Afrique à La Valette, avec la Turquie lors du Sommet qui a eu lieu à Bruxelles le 29 novembre, puisse également être mis en oeuvre dans des conditions qui permettent à ces pays d'accueillir les réfugiés qui sont sur leur territoire ou d'éviter qu'il ait de nouveaux départs de migrations. Il importe en particulier que la Turquie lutte avec beaucoup d'efficacité contre les passeurs et contre les réseaux de trafic d'êtres humains.
Seront également à l'ordre du jour du Conseil européen des questions économiques. Il y aura un point d'étape qui sera fait sur la réforme de l'Union économique et monétaire, parce que, comme l'a dit Michael Roth, toutes ces crises sont venues s'ajouter à une crise qui existait déjà auparavant : c'est celle de la croissance et de l'emploi. C'est la priorité évidemment qui doit être donnée aux politiques communes, en particulier dans la zone euro, avec la nécessité d'avoir une meilleure coordination au service de l'investissement, de la croissance et de la convergence économique et sociale.
Il y aura enfin un échange avec le Premier ministre britannique, même si l'objectif n'est pas de conclure les négociations sur les demandes introduites par la Grande-Bretagne en vue du référendum sur son maintien dans l'Union européenne. Un nouveau Conseil européen interviendra à ce sujet en février prochain.
Dans un moment où nous faisons face à tous ces défis, nous avons besoin que l'Union reste cohérente, unie et groupée. Nous pensons donc, nous l'avons toujours dit, que la place du Royaume-Uni est évidemment dans l'Union européenne. Nous pensons que c'est l'intérêt de l'Europe et que c'est l'intérêt du Royaume-Uni. Mais l'Europe elle-même doit rester solide sur ces fondements, sur ses valeurs communes, sur les politiques qui lui permettent de faire face à ces défis communs.
Il faut à la fois se donner la possibilité de répondre à un certain nombre de préoccupations exprimées par le Premier ministre britannique, mais ne pas défaire les bases de l'Union européenne.
Pour faire face à toutes ces questions avec efficacité et rapidité, la coordination entre la France et l'Allemagne est absolument décisive.
C'est pourquoi je suis très heureux que l'occasion soit donnée aujourd'hui à Michael Roth de pouvoir en débattre avec les membres de l'Assemblée nationale.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 décembre 2015