Texte intégral
La loi du 11 février 2005 a inscrit dans le marbre le principe de l'accessibilité universelle. En proclamant le droit pour tous d'accéder à tout, elle a donné aux personnes handicapées l'accès à la Cité : au savoir et à l'information, à l'emploi, à l'exercice de la citoyenneté, aux loisirs, ou encore à la consommation.
Depuis lors, les pouvoirs publics se sont employés à donner de la consistance à ce principe. La ratification par la France, en 2010, de la Convention des Nations-Unies relative aux droits des personnes handicapées, est venue renforcer cette exigence. Elle a également défini un nouveau principe, celui de la conception universelle. Celui-ci consiste à privilégier la conception des produits, des services et des équipements de telle façon qu'ils puissent être utilisés par tous, sans, dans la mesure du possible, recourir à une adaptation particulière.
Ces principes d'accessibilité universelle et de conception universelle convergent vers un même objectif : faire tomber les barrières qui peuvent limiter les personnes handicapées dans l'accomplissement de leurs activités quotidiennes. Ces barrières sont nombreuses ; la tâche qui incombe aux pouvoirs publics est immense.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement mène de front les différents axes de travail inscrits à sa feuille de route en matière de politique du handicap : l'emploi, l'accessibilité au sens plein du terme, la jeunesse et l'accès aux soins et à l'accompagnement médico-social. Cette feuille de route fait l'objet d'actualisations régulières.
Le 27 janvier dernier, à l'issue de la Commission nationale culture et handicap, avec la ministre Fleur Pellerin, nous avons ainsi annoncé - entre autres - la traduction en langue des signes française des points d'information dits « breaking news » du groupe France Télévisions. Il nous a en effet semblé légitime que les chaînes publiques fournissent aux personnes sourdes un accès immédiat aux informations dont l'importance justifie l'interruption des programmes.
La semaine dernière, la ministre Myriam El Khomri a réuni les partenaires sociaux et des associations représentant les personnes handicapées, afin de convenir d'un plan d'actions à même de stimuler la signature d'accords d'entreprise sur le handicap. Notre but est que ce levier efficace, puisqu'il permet l'embauche et le maintien en emploi des travailleurs handicapés, soit plus souvent activé.
Bien sûr, en parallèle, il appartient aux pouvoirs publics de mener des campagnes de sensibilisation afin de faire changer le regard porté par la société sur le handicap. C'est ce que le Gouvernement s'emploie à faire : des saynètes consacrées à la thématique de l'accessibilité universelle enregistrées avec des personnes en situation de handicap et les acteurs de la série « Plus belle la vie », ont été diffusées sur les chaînes de France Télévisions l'automne dernier. Le bilan de cette opération est exceptionnel : 6,5 millions de téléspectateurs étaient devant leur poste lors de la diffusion des épisodes de la minisérie « Plus belle la vie ensemble » ; ce sont environ 817 000 vidéos qui ont été vues (ou revues) via Internet ; la mobilisation des réseaux sociaux, notamment pour le lancement, a été particulièrement soutenue.
Il n'en demeure pas moins que le changement culturel que le Gouvernement souhaite amplifier ne saurait s'accomplir sans l'intervention de relais dans la société. Dans le domaine du handicap, le rôle des associations est fondamental.
Je me réjouis que certaines d'entre elles particulièrement bien implantées sur le territoire - parmi lesquelles l'Association des paralysés de France (APF) - aient répondu positivement en décembre dernier à la proposition de Marisol Touraine, la ministre de la santé, et de Patrick Kanner, le ministre de la ville, d'accueillir des jeunes en Service Civique. Les associations proposeront aux jeunes volontaires des missions de terrain, au contact direct de la population, afin de faire la promotion de l'accessibilité universelle et de l'accueil des personnes en situation de handicap. Par exemple dans les commerces, les lieux de culture et de loisirs.
Les acteurs économiques ont eux aussi leur rôle à jouer dans la construction de la société plus inclusive, plus accueillante, que nous appelons de nos voeux.
Certains se sont déjà saisis de la thématique de l'accessibilité, constatant que les besoins d'une partie non négligeable de la population sont peu, voire pas, satisfaits. C'est ce que j'ai pu constater le mois dernier en visitant avec Bernard Jomier un commerce parisien spécialisé dans les produits accessibles (Jean-Philippe Arnoux, le directeur exécutif de Vita-confort, est le modérateur de la table-ronde de la fin de matinée). Il s'adresse à une clientèle qui, du fait du handicap ou encore de l'âge, cherche à se procurer par exemple un ustensile permettant d'ouvrir une bouteille en dépit de difficultés de préhension. De choisir la couleur et le design d'une cabine de douche accessible. Ou encore de trouver un miroir de salle de bain adapté et vraiment pratique.
Il s'agit d'une part de permettre aux consommateurs d'avoir une liberté de choix, comme tout à chacun, d'accéder à des biens non stigmatisant et d'être aussi plus autonomes. Le développement de l'offre permettra aussi la diminution des prix. De l'autre, il est question bien sûr de nouveaux marchés, de création d'emplois, d'innovations.
Il me reste à féliciter l'APACT qui, en consacrant un colloque à l'économie de l'accessibilité, témoigne - s'il en était besoin - de son engagement pour une meilleure prise en compte des plus fragiles, des personnes handicapées et des personnes âgées. Je vous souhaite à tous une journée d'échanges productive.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 12 février 2016