Déclaration de M. Alain Madelin, président de Démocratie libérale et candidat à l'élection présidentielle, sur la solidarité avec les Afghans et sur ses propositions pour la campagne présidentielle, notamment rétablir la sécurité, développer la prospérité économique et réintégrer dans la société les jeunes des quartiers difficiles, Paris le 10 octobre 2001.

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Circonstance : Inauguration du siège de campagne électorale de Démocratie libérale, à Paris le 10 octobre 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs, merci de votre présence chaleureuse et nombreuse pour cette soirée d'ouverture de notre siège de campagne.
Au moment ou sûrement nos esprits et nos curs sont tournés au-delà de nos frontières vers une actualité grave , nous avons souhaité passer cette soirée, sous le signe de la solidarité, solidarité avec le peuple Afghan, pour sa libération, et permettez-moi de saluer les représentants de l'ambassade d'Afghanistan en France et d'encourager leur combat pour la libéralisation de leurs pays. Solidarité, avec le peuple américain, frappé par les terribles évènements de New-York et de Washington, permettez-moi aussi de saluer les représentants de l'Ambassade Américaine ainsi que ceux du parti républicain, qui ont bien voulu être avec nous ce soir.
Solidarité bien sûr avec les alliés américains et anglais mais aussi avec les forces françaises déjà engagées ou qui pourraient demain l'être. Ce siège de campagne marque notre volonté de passer maintenant à la vitesse supérieure, car vous le savez je m'étais engagé, dans cette campagne en disant dès le début qu'il n'était pas question pour moi d'être là pour figurer ou pour témoigner, les jeux ne sont pas faits, n'en déplaise à ceux qui voudraient escamoter le premier tour, permettez-moi de rappeler qu'en 1994, pas la même échéance de l'élection présidentielle, Monsieur Balladur faisait 55% dans les sondages, Monsieur Delors 45% et dans les sondages de premier tour Monsieur Chirac faisait 13%, et Monsieur Jospin 3%. Les jeux ne sont pas faits, et je suis plus que jamais convaincu et déterminé. Je veux offrir à l'opposition et je dirai même au delà de l'opposition dès le premier tour un choix clair un choix fort alternatif à celui du Président sortant.
Les évènements graves que nous vivons, ne peuvent que renforcer ma conviction et ma détermination, car il y a au fond renforcer les exigences des choix que j'entendais depuis longtemps portés au cur du rendez-vous de 2002. Le choix de la sécurité intérieure et extérieure, le choix de la prospérité et de l'emploi et la question lancinante de cette part de la France aujourd'hui dans nos quartiers, dans nos banlieues parfois entrées en dissidence contre la France.
La sécurité et la paix, je crois que l'on comprend mieux aujourd'hui les actions que je mène depuis longtemps, en Afghanistan, au côté du commandant Massoud ignoré, humilié, assassiné. Assassiné deux fois même lorsque je vois que la France, aujourd'hui propose un plan de paix pour l'Afghanistan, qui est un plan de la honte, puisqu'il ne fait aucune place au gouvernement légal d' Afghanistan qui n'est pas le gouvernement des Talibans, celui qui a un siège à l'ONU, celui qui est sur le terrain, se bat avec l'Alliance du Nord, qui ne fait aucune place à la résistance, comme si ceux qui ont de la mémoire, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, on avait voulu vraiment imposer à la France, un plan de reconstruction, qui fasse l'impasse, sur le Général de Gaulle, sur les forces françaises libres et sur la résistance. Voilà pourquoi je crois que l'on comprend mieux aujourd'hui le sens du combat qu'avec quelques uns que nous avons menés au côté de ce peuple Afghan, dont je souhaite pour la mémoire du commandant Massoud qu'il puisse se libérer au plutôt, il ne s'agît pas d'occuper l'Afghanistan, il ne s'agît que d'appuyer la libération du peuple Afghan par les Afghans. On comprend mieux aujourd'hui le sens des combats que je n'ai cessé de mener depuis longtemps en faveur des Droits de l'Homme et notamment en Afrique contre les dictatures et contre la pauvreté. On me disait, oh !, cela n'intéresse personne en France. Et si, cela nous concernait et voici que l'actualité internationale nous rapproche. Aussi il y la sécurité bien évidemment extérieure et à l'appel j'ajoute la sécurité intérieure, que l'on se méfie, de ces mouvements de mentons, de ces mâles déterminations devant les plateaux de Télévision où l'on affirme qu'il y aura tolérance zéro, que l'on réprimera la criminalité, et que tout le monde sera châtié, alors que l'on sait très bien que l'on n'a pas donner les moyens à nos prisons, ni même les moyens à la justice des mineurs, d'avoir les établissements spécialisés qui permettraient de répondre de façon humaine à la délinquance de ces mineurs. Voilà pourquoi, oui exigence de sécurité extérieure et exigence de sécurité intérieure, voilà les thèmes que j'entends apporter au cur de ce débat. C'est en quelque sorte un retour à un Etat, un Etat tel que nous le voulons, un Etat tel que nous l'aimons, un Etat qui laisse la liberté la plus grande à la société civile, mais qui a la plus grande exigence, et la plus grande fermeté, pour exécuter ses vraies missions. Et certains aujourd'hui, voudrait nous faire croire, qu'il s'agirait d'un retour de l'Etat. Non, non, bien sûr on a besoin de pompiers, bien sur on a besoin de policiers, bien sur on a besoin de militaires, bien sur on a besoin de juges, mais ce n'est pas un prétexte, une raison pour vouloir contrôler à nouveau l'économie, ou mettre les entrepreneurs en uniformes, nous allons nous battre pour un retour à l'Etat et contre le retour de l'Etat envahissant.
Le deuxième thème fort de je voulais porter dans ce débat de 2002 c'est celui de la prospérité. On me disait il n'y a encore pas si longtemps, mais arrête de parler d'économie, les problèmes économiques sont derrière nous, et non ! Nous voyons bien que la croissance et menacée que le chômage et repartit à la hausse et beaucoup de Français craignent pour leur emploi, l'emploi de leurs enfants ou l'emploi de leurs petits enfants. Et si l'on veut, demain retrouver le chemin d'une croissance forte alors il faut prendre le chemin de réformes fortes, pour libérer le travail, pour mieux récompenser l'initiative et l'effort, pour encourager les débats en construction, et la transmission d'un patrimoine familial.
Baisser les dépenses publiques, oui c'est l'exigence et la contrepartie, mais nous savons très bien que ceci porte aussi l'exigence d'une réforme de l'Etat, d'une décentralisation audacieuse d'une réforme de notre protection sociale. Voilà bien des thèmes sur lesquels nous avons beaucoup de choses à dire et à proposer aux Français.
La troisième exigence c'est celle de la réintégration dans la communauté française de ces cités, de ces quartiers de cette partie de la jeunesse française qui ne sait même plus qu'elle est française, et est aujourd'hui entrée en dissidence. Cette question là aussi vous le savez je la porte en moi depuis longtemps avec conviction, certains s'étonnaient que je passe tant de temps dans ces quartiers difficiles que je m'intéresse à l'Islam, que je m'intéresse aux problèmes de l'intégration de ces jeunes d'origine étrangère. On me disait mais il n'y a pas d'électeurs dans ces quartiers, d'abord j'en doute, mais en tout cas il y a sûrement un problème et ce problème il faut le soigner à la racine. Car ces quartiers difficiles sont au fond le miroir grossissant de nos échecs : Echec de l'école, qui fut celle de la réussite et de l'égalité des chances, c'est celle de la renégat ion. L'échec de l'emploi pour tous parce qu'on est enfermé dans le chômage et dans l'assistance, échec d'une immigration mal maîtrisée, échec de la sécurité mal assurée, échec d'un urbanisme collectiviste qui fabrique des locataires même pas propriétaires de leurs logements après tant d'années de loyer cet urbanisme inhumain, ces quartiers sont devenus des foyers de cultures violentes et parfois imités au delà même de ces frontières et peut-être même, nous le savons aussi un terreau pour les fanatismes les plus fous. Et si nous savons soigner le mal à la racine l'école, l'urbanisme, l'intégration. Alors comme ce sont là les problèmes de la France nous serons aussi soigner les problèmes de la France, voilà pourquoi je crois que cette question là et plus que jamais portée au cur de l'actualité par les évènements que nous vivons. Comment ne pas être meurtri blessé par cette Marseillaise sifflé au stade de France. Et l'enjeu, celui que je porte, l'enjeu dans cinq ans ou peut-être encore avant, c'est de faire en sorte que dans de mêmes événements toute cette jeunesse rassemblée puisse dans le même stade chanter en cur notre hymne national. Oui être français ensemble !
Oui je veux parler à ces jeunes : vous n'avez peut-être pas choisi d'être Français mais moi non plus je n'ai pas choisi d'être Français, vous n'avez pas choisi vos parents, je n'ai pas d'avantage choisi mes parents, mais nous sommes français ensemble. Alors qu'est-ce que cela représente pour demain et bien je veux essayer de leur donner envie d'être français, envie de chanter la Marseillaise parce que nous allons faire ensemble cette France aux couleurs de la vie, cette France qui donne à chacun sa chance. Alors j'appelle celles et ceux qui se reconnaissent dans ces messages à nous rejoindre dans cette campagne pour porter haut, très, très haut, très, très haut cette exigence d'une nouvelle France, une France aux couleurs de la vie une France qui donne à chacun sa chance, la France que nous aimons la France que nous avons le devoir de faire aimer. Merci.
(Source http://wwwdemlib.com, le 15 octobre 2001)