Texte intégral
GERARD LECLERC
A 8H16 pile sur Radio Classique l'invitée politique est donc Annick GIRARDIN, qui était jusqu'à ce jour secrétaire d'Etat au Développement et à la Francophonie et qui est donc la nouvelle ministre de la Fonction publique, vous prenez donc du galon comme l'on dit. Ça fait plaisir, dans quel état d'esprit vous abordez ce nouveau ministère ?
ANNICK GIRARDIN
Alors écoutez, oui, c'est toujours une fierté, c'est surtout une reconnaissance du travail accompli dans ce gouvernement depuis un certain nombre de mois, où j'étais au secrétariat d'Etat au Développement et à la Francophonie, où j'ai pu participer, quelque part, à construire le monde de demain qui sera à zéro carbone et zéro pauvreté. Puisque ces réunions de 2015 c'était bien la construction d'un monde nouveau, que ce soit à New York, à Paris, ça a été des moments importants où j'ai pu faire entendre la voix de la France, les valeurs de paix, de solidarité, de progrès, mais surtout, aussi, parce que c'était ma particularité, c'est ce qu'on m'a également confié, c'était le rôle que Laurent FABIUS m'a confié, faire entendre la voix des plus vulnérables, des pays les plus vulnérables.
GERARD LECLERC
On dira un mot tout à l'heure de votre bilan, de ce que vous avez fait à ce secrétariat d'Etat, mais l'arrivée au ministère de la Fonction publique, comment ça se passe, vous arrivez avec quelles idées, quels dossiers prioritaires ?
ANNICK GIRARDIN
Alors arrivée éminente, puisque j'irai tout à l'heure rencontrer Marylise LEBRANCHU et faire la passation en fin de matinée, vers midi, et je tenais là à dire à Marylise LEBRANCHU, à féliciter Marylise et toutes ses équipes, qui se bat depuis 4 ans au service de la Fonction publique. Alors c'est d'abord, effectivement, une écoute de ma part. Alors il y a des dossiers en route, le protocole professionnel carrière/ rémunération, les négociations salariales qui vont avoir lieu fin février, des questions, je le sais, sur le temps du travail, l'ouverture vers la jeunesse. Vous savez, la Fonction publique, c'est une ressource, c'est une richesse, en France, c'est plus de 5,6 millions d'agents, dans trois fonctions publiques, donc je serai à l'écoute de ces fonctions publiques, même si j'en connais une partie, je suis un fonctionnaire d'Etat, je suis du ministère Jeunesse et Sports, puisqu'il y a effectivement des corps. Je crois qu'il faut consolider et réaffirmer la pertinence du service public au moment où, sur plusieurs territoires, je crois qu'ils sont la dernière barrière d'une désertification de solidarité, ou solidaire, et moi j'ai envie effectivement avec eux de voir ce rôle important des services publics. Et puis c'est bien sûr entamer le dialogue social avec les salariés, et je suis quelqu'un qui, avant de dire ce que je vais faire demain, d'abord écouter.
GERARD LECLERC
Vous allez rencontrer les syndicats ?
ANNICK GIRARDIN
Oui, je vais le faire très très vite.
GERARD LECLERC
C'est un secteur où il y a un certain malaise quand même ! D'une part les fonctionnaires sont souvent critiqués, d'autre part, avec la politique de rigueur qui est en oeuvre, ils se plaignent beaucoup du pouvoir d'achat, du point d'indice qui est gelé. Vous êtes prête à traiter de toutes ces questions ?
ANNICK GIRARDIN
Ecoutez, quand on dit oui à des responsabilités, on est prête à aborder toutes les questions qui concernent le portefeuille ministériel, c'est ce que je ferai. En tant que fonctionnaire je connais la vie des fonctionnaires, je sais qu'ils sont très souvent critiqués, et c'est pour ça que j'ai commencé par vous dire que pour moi c'est une vraie richesse, c'est une vraie ressource que la fonction publique en France. C'est aujourd'hui des métiers extraordinaires, des métiers au service des autres, des métiers au service de la France, qu'il faut revaloriser.
GERARD LECLERC
Ce gouvernement est marqué par un élargissement, aux Verts, un renforcement du poids de votre parti, le PRG, le Parti Radical de Gauche, avec notamment l'arrivée de Jean-Michel BAYLET. Est-ce que c'est important cet élargissement ou est-ce que c'est purement électoraliste, et puis pour quoi faire, pour réformer ou pour préparer la présidentielle de 2017 ?
ANNICK GIRARDIN
Pour avancer, c'est ce que le président de la République a dit hier soir, pour l'action et pour réformer. Alors, une base politique plus large, les Radicaux seront plus nombreux avec l'arrivée du président Jean-Michel BAYLET, je crois que c'est une reconnaissance de notre implication dans ce gouvernement, c'est aussi une reconnaissance des idées que portent aussi les Radicaux, et puis un élargissement avec l'entrée aussi des écologistes. Moi je crois, honnêtement, qu'avec des personnes différentes, venant d'horizons différents, et notamment portant des convictions politiques très fortes, quelquefois un peu différentes, on peut répondre davantage aux problématiques, aujourd'hui, que rencontre la France, et le Premier ministre l'a redit, le président également, c'est un gouvernement de combat pour avancer et pour répondre aux besoins urgents de la France.
GERARD LECLERC
Vous avez vu les titres de la presse, ils ne sont pas très favorables, beaucoup d'ironie, François HOLLANDE présenté comme Mr Bricolage, on parle de replâtrage, de rabibochage, « Le Titanic » dit Le Figaro.
ANNICK GIRARDIN
Je crois qu'on ne dirige pas, et surtout pas un pays, avec ce que l'on peut lire dans les médias, même s'il est important, à travers les médias, de connaître l'avis des Français, l'avis de socio-économiques, l'avis de tous ces partenaires qui font la richesse de la France, mais en même temps, on a des responsabilités à prendre, c'est ce que fait le président de la République, c'est ce que fait le Premier ministre, l'ensemble du gouvernement, pour réformer, pour avancer. Vous savez que les décisions ne sont pas toutes populaires, c'est souvent plusieurs années après qu'on se rend compte qu'elles étaient judicieuses.
GERARD LECLERC
Oui, enfin, quand on regarde il y a quand même des contradictions assez surprenantes dans ce gouvernement, par exemple autour de Notre-Dame-des-Landes on sait très bien que les Verts, qui intègrent le gouvernement, sont contre. Sur la déchéance, il y a une nouvelle ministre, Hélène GEOFFROY, qui a voté contre la déchéance. La politique économique ne fait pas l'unanimité. Est-ce qu'on ne risque pas d'avoir un gouvernement qui tire à hue et à dia ?
ANNICK GIRARDIN
Pourquoi plus hier, non, demain non, au contraire.
GERARD LECLERC
Parce qu'il y a de nouveaux arrivants qui sont clairement
ANNICK GIRARDIN
Je crois vraiment que chacun arrive, et c'est ce que j'ai dit, chacun arrive avec son expérience, avec sa manière de faire, et c'est une richesse, il faut tirer le meilleur de chacun, et je crois qu'on va créer une équipe qui, justement, va installer de la cohérence, et ce n'est pas parce qu'il y a des dossiers sur lesquels il faut aller, pour lequel il faut aller jusqu'au bout. Et je pense effectivement à la consultation de la population, annoncée par le président de la République sur l'aéroport, moi je crois que c'est une bonne chose de faire aussi parler les Français, et notamment ceux de la région, et ceux concernés sur ce dossier. A un moment donné il faut aussi dépasser des conflits politiques qui bloquent un certain nombre de machines, et moi je crois que c'est très bien, aujourd'hui, qu'on trouve, autour du président de la République, à la fois le Parti socialiste, le PRG et les écologistes.
GERARD LECLERC
Vous parliez du référendum sur Notre-Dame-des-Landes, vous avez une idée de qui sera concerné par ce référendum, parce que c'est toute la question, est-ce que c'est le département, est-ce que c'est le Grand Ouest, est-ce que c'est juste la zone où il y aura l'aéroport ?
ANNICK GIRARDIN
Non, écoutez, ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, elle a été annoncée hier par le président de la République, ce n'est pas mon secteur d'activité, donc je ne suis pas la première informée.
GERARD LECLERC
Alors, parmi les sujets qui sont sensibles, qui là sont directement de votre domaine, il y a le fameux point d'indice qui est gelé depuis plusieurs années, les fonctionnaires le prennent très mal, estiment qu'ils perdent beaucoup de pouvoir d'achat. Est-ce que c'est une question que vous allez traiter, est-ce que vous êtes prête à dégeler ce point d'indice et éventuellement de combien, comment ?
ANNICK GIRARDIN
Ecoutez, c'est une question que j'entends, je sais qu'il y a des négociations salariales qui auront lieu fin février, je vais m'y préparer très vite, je rencontrerai effectivement les syndicats et c'est un sujet qu'on va obligatoirement aborder. Permettez-moi d'abord de prendre les rênes de mon ministère dans quelques heures et ensuite
GERARD LECLERC
Mais vous êtes plutôt dans l'idée de faire quelque chose ?
ANNICK GIRARDIN
Non, je ne vous dirai absolument rien, et d'abord je regarderai ce qui aussi a été fait par Marylise, j'aurai un temps de débat également avec elle, et bien sûr en cohérence, les actions seront faites en cohérence avec la volonté du gouvernement.
GERARD LECLERC
Justement, il semblait que Marylise LEBRANCHU avait entrouvert la porte, en tout cas, d'une revalorisation du gel du point d'indice.
ANNICK GIRARDIN
Eh bien nous allons en débattre dans 2 heures.
GERARD LECLERC
Le président de la République hier a un peu donné, sur TF1 et France 2, la feuille de route du nouveau gouvernement, en disant « il faut agir, il faut réformer. » Mais, il n'y a plus qu'1 an, en 1 an on a le temps d'agir, on a le temps de réformer ?
ANNICK GIRARDIN
En 1 an on continue à agir et on continue à réformer. Je vous ferais remarquer que c'est ce que fait ce gouvernement depuis son arrivée. Il a aussi dit qu'il avait aussi deux priorités, protéger les Français, l'emploi, la transition énergétique, donc il y a des réformes, il y a des projets, il y a des actions, et les directions ont été réaffirmées, non pas données, mais réaffirmées, ce sont les mêmes. Sur la transition énergétique, on s'est battu énormément sur la transition énergétique, et j'ai fait partie de ceux qui ont préparé et ont vécu la COP21, et on voit bien le mouvement
GERARD LECLERC
Comme secrétaire d'Etat au Développement.
ANNICK GIRARDIN
Tout à fait, et on voit bien le mouvement qui a été lancé en France par Ségolène ROYAL, et qui ne s'arrêtera plus. On va consommer, on va produire demain différemment. Il faut que la France s'y prépare et s'y prépare très vite, et c'est ce que veut faire le gouvernement. Protéger les Français, je crois que chacun a compris aussi combien c'était, dans ce temps difficile, la lutte contre le terrorisme était aussi une des actions fortes de ce gouvernement, et on voit bien, on a l'habitude de les appeler les poids lourds du gouvernement, sont là et vont réaffirmer effectivement toute leur volonté sur ce volet protection des Français. Et puis bien sûr l'emploi qui est au coeur de tous les sujets.
GERARD LECLERC
Un mot justement sur l'emploi. Il y a quand même la grande idée qu'il y a trop de fonctionnaires en France, Nicolas SARKOZY a redit que s'il revient au pouvoir il supprimera, donc il ne renouvellera pas 1 fonctionnaire sur 2. Est-ce qu'il ne faut pas effectivement se reposer la question des effectifs de la fonction publique, de la mission de la fonction publique, et donc, comme il faut partout faire des économies, accepter l'idée de réduire un peu le nombre de fonctionnaires, au moins dans certains secteurs ?
ANNICK GIRARDIN
Je ne suis pas sûre qu'on puisse dire que Nicolas SARKOZY, dans ce domaine, ait fait une réussite. Je ne suis pas que la RGPP
GERARD LECLERC
Il avait commencé à mettre en oeuvre.
ANNICK GIRARDIN
Ait été quelque chose d'assez extraordinairement apprécié, ni, quelque part, qui a rendu la fonction publique plus efficace, puisque c'est malheureusement ce qu'il disait. Efficacité, on la trouve. Est-ce qu'il y a trop de fonctionnaires ? Moi je ne me poserai pas la question comme ça. C'est comment les services publics, aujourd'hui, sont plus proches des gens, répondent aux besoins, répondent aux nécessités, comment être mieux au service de la France, au service des projets de la France, comment attirer peut-être encore davantage la jeunesse ? Vous savez, je vous ai dit, il y a des métiers extraordinaires dans la fonction publique, des hommes et des femmes dévoués, il faut absolument qu'on puisse là aussi
GERARD LECLERC
Mais François HOLLANDE dit « il faut réformer », est-ce que vous avez en tête de réformer la fonction publique et donc de revoir son fonctionnement ?
ANNICK GIRARDIN
A deux heures de ma prise de fonctions à la tête de ce ministère je trouve que vous me demandez des réponses un peu précises et que je n'ai pas l'habitude des les donner sans être
GERARD LECLERC
Au moins dans l'état d'esprit dans lequel vous abordez
ANNICK GIRARDIN
Non, tout à fait, je suis aussi un fonctionnaire, je sais ce que j'ai pu faire sur le terrain, je sais ce que j'ai pu faire dans mon ministère, je sais combien nous sommes importants pour la France et pour les Français. Donc, ce n'est pas une question que de chiffres, même si ça peut effectivement être important, il y a déjà des réformes importantes qui ont été menées depuis 4 ans, et avant il faut faire le point. C'est ce que je vous ai dit, ma priorité c'est le dialogue, c'est la rencontre avec les syndicats, c'est la rencontre, à travers les syndicats, avec les salariés, pour effectivement pouvoir voir comment on pense la fonction publique du 21e siècle. C'est quoi la fonction publique du 21e siècle ? Voilà une question, voilà comment on se prépare tous, dans la fonction publique, comme dans le privé, à l'Etat comme dans les collectivités territoriales, à ce 21e siècle, à ces enjeux que l'on a face à nous et ce que ça impose comme réforme. Mais, pour cela, et pour les préciser, vous me donnerez le temps de pouvoir en débattre.
GERARD LECLERC
Vous connaissez les sondages, 2017 c'est encore jouable ? Il faut passer par une primaire ?
ANNICK GIRARDIN
Là encore, je crois qu'on ne dirige pas avec des sondages, ils sont là, c'est le métier de certaines personnes, on les regarde tous, il n'y a pas un politique qui ne les regarde pas tous
GERARD LECLERC
Ils indiquent quand même un état de l'opinion publique.
ANNICK GIRARDIN
Oui, il y a toujours la façon de poser les questions, et puis nous savons tous aussi qu'il faut du temps pour avoir le retour sur l'ensemble de l'action du gouvernement. Les Français, et j'en suis persuadée, verront les résultats et le travail de ce gouvernement, ils l'ont déjà vu sur un certain nombre de points, le président l'a réaffirmé hier. Il reste encore alors vous direz c'est peut-être un peu court, mais non il reste encore 1,5 an, cette année et demie elle doit se faire à la même vitesse que le reste, avec de l'action, un gouvernement en action, et c'est ce que moi je compte faire à la tête de la fonction publique.
GERARD LECLERC
En un mot, vous quittez donc le secrétaire d'Etat au Développement et à la Francophonie, s'il y avait une ou deux mesures, une ou deux actions que vous avez faites dont vous êtes fière, qui restera, ce serait quoi ?
ANNICK GIRARDIN
Ce sera obligatoirement dans le cadre de la COP21 d'abord, le dispositif CREWS qui est un système d'alerte précoce contre les catastrophes naturelles pour sauver des vies. Je vais garder en mémoire tout le combat Ebola et puis la fierté d'avoir fini avec un budget en hausse, qui était en baisse depuis 5 ans, ça a été un véritable combat, avec tous les partenaires que sont les ONG, les collectivités territoriales, les entreprises. Et puis un dernier merci à tous ceux qui ont travaillé à mes côtés, que ce soit à mon cabinet, la fonction publique et tous les partenaires qui ont permis ces réalisations pendant presque 2 ans.
GERARD LECLERC
Merci Annick GIRARDIN, je rappelle donc que vous êtes la nouvelle ministre de la Fonction publique, je rappelle également que vous étiez élue de Saint-Pierre-et-Miquelon. C'est la première fois qu'un élu de Saint-Pierre-et-Miquelon est ministre de la République, non ?
ANNICK GIRARDIN
Tout à fait, c'est la première fois, et j'en suis très fière, et les Saint-Pierrais et Miquelonnais aussi
GERARD LECLERC
Et vous avez le temps d'y retourner quelquefois ?
ANNICK GIRARDIN
J'ai le temps d'y retourner, ou je prendrai le temps d'y retourner puisque c'est ma vie qui y est.
GERARD LECLERC
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2016
A 8H16 pile sur Radio Classique l'invitée politique est donc Annick GIRARDIN, qui était jusqu'à ce jour secrétaire d'Etat au Développement et à la Francophonie et qui est donc la nouvelle ministre de la Fonction publique, vous prenez donc du galon comme l'on dit. Ça fait plaisir, dans quel état d'esprit vous abordez ce nouveau ministère ?
ANNICK GIRARDIN
Alors écoutez, oui, c'est toujours une fierté, c'est surtout une reconnaissance du travail accompli dans ce gouvernement depuis un certain nombre de mois, où j'étais au secrétariat d'Etat au Développement et à la Francophonie, où j'ai pu participer, quelque part, à construire le monde de demain qui sera à zéro carbone et zéro pauvreté. Puisque ces réunions de 2015 c'était bien la construction d'un monde nouveau, que ce soit à New York, à Paris, ça a été des moments importants où j'ai pu faire entendre la voix de la France, les valeurs de paix, de solidarité, de progrès, mais surtout, aussi, parce que c'était ma particularité, c'est ce qu'on m'a également confié, c'était le rôle que Laurent FABIUS m'a confié, faire entendre la voix des plus vulnérables, des pays les plus vulnérables.
GERARD LECLERC
On dira un mot tout à l'heure de votre bilan, de ce que vous avez fait à ce secrétariat d'Etat, mais l'arrivée au ministère de la Fonction publique, comment ça se passe, vous arrivez avec quelles idées, quels dossiers prioritaires ?
ANNICK GIRARDIN
Alors arrivée éminente, puisque j'irai tout à l'heure rencontrer Marylise LEBRANCHU et faire la passation en fin de matinée, vers midi, et je tenais là à dire à Marylise LEBRANCHU, à féliciter Marylise et toutes ses équipes, qui se bat depuis 4 ans au service de la Fonction publique. Alors c'est d'abord, effectivement, une écoute de ma part. Alors il y a des dossiers en route, le protocole professionnel carrière/ rémunération, les négociations salariales qui vont avoir lieu fin février, des questions, je le sais, sur le temps du travail, l'ouverture vers la jeunesse. Vous savez, la Fonction publique, c'est une ressource, c'est une richesse, en France, c'est plus de 5,6 millions d'agents, dans trois fonctions publiques, donc je serai à l'écoute de ces fonctions publiques, même si j'en connais une partie, je suis un fonctionnaire d'Etat, je suis du ministère Jeunesse et Sports, puisqu'il y a effectivement des corps. Je crois qu'il faut consolider et réaffirmer la pertinence du service public au moment où, sur plusieurs territoires, je crois qu'ils sont la dernière barrière d'une désertification de solidarité, ou solidaire, et moi j'ai envie effectivement avec eux de voir ce rôle important des services publics. Et puis c'est bien sûr entamer le dialogue social avec les salariés, et je suis quelqu'un qui, avant de dire ce que je vais faire demain, d'abord écouter.
GERARD LECLERC
Vous allez rencontrer les syndicats ?
ANNICK GIRARDIN
Oui, je vais le faire très très vite.
GERARD LECLERC
C'est un secteur où il y a un certain malaise quand même ! D'une part les fonctionnaires sont souvent critiqués, d'autre part, avec la politique de rigueur qui est en oeuvre, ils se plaignent beaucoup du pouvoir d'achat, du point d'indice qui est gelé. Vous êtes prête à traiter de toutes ces questions ?
ANNICK GIRARDIN
Ecoutez, quand on dit oui à des responsabilités, on est prête à aborder toutes les questions qui concernent le portefeuille ministériel, c'est ce que je ferai. En tant que fonctionnaire je connais la vie des fonctionnaires, je sais qu'ils sont très souvent critiqués, et c'est pour ça que j'ai commencé par vous dire que pour moi c'est une vraie richesse, c'est une vraie ressource que la fonction publique en France. C'est aujourd'hui des métiers extraordinaires, des métiers au service des autres, des métiers au service de la France, qu'il faut revaloriser.
GERARD LECLERC
Ce gouvernement est marqué par un élargissement, aux Verts, un renforcement du poids de votre parti, le PRG, le Parti Radical de Gauche, avec notamment l'arrivée de Jean-Michel BAYLET. Est-ce que c'est important cet élargissement ou est-ce que c'est purement électoraliste, et puis pour quoi faire, pour réformer ou pour préparer la présidentielle de 2017 ?
ANNICK GIRARDIN
Pour avancer, c'est ce que le président de la République a dit hier soir, pour l'action et pour réformer. Alors, une base politique plus large, les Radicaux seront plus nombreux avec l'arrivée du président Jean-Michel BAYLET, je crois que c'est une reconnaissance de notre implication dans ce gouvernement, c'est aussi une reconnaissance des idées que portent aussi les Radicaux, et puis un élargissement avec l'entrée aussi des écologistes. Moi je crois, honnêtement, qu'avec des personnes différentes, venant d'horizons différents, et notamment portant des convictions politiques très fortes, quelquefois un peu différentes, on peut répondre davantage aux problématiques, aujourd'hui, que rencontre la France, et le Premier ministre l'a redit, le président également, c'est un gouvernement de combat pour avancer et pour répondre aux besoins urgents de la France.
GERARD LECLERC
Vous avez vu les titres de la presse, ils ne sont pas très favorables, beaucoup d'ironie, François HOLLANDE présenté comme Mr Bricolage, on parle de replâtrage, de rabibochage, « Le Titanic » dit Le Figaro.
ANNICK GIRARDIN
Je crois qu'on ne dirige pas, et surtout pas un pays, avec ce que l'on peut lire dans les médias, même s'il est important, à travers les médias, de connaître l'avis des Français, l'avis de socio-économiques, l'avis de tous ces partenaires qui font la richesse de la France, mais en même temps, on a des responsabilités à prendre, c'est ce que fait le président de la République, c'est ce que fait le Premier ministre, l'ensemble du gouvernement, pour réformer, pour avancer. Vous savez que les décisions ne sont pas toutes populaires, c'est souvent plusieurs années après qu'on se rend compte qu'elles étaient judicieuses.
GERARD LECLERC
Oui, enfin, quand on regarde il y a quand même des contradictions assez surprenantes dans ce gouvernement, par exemple autour de Notre-Dame-des-Landes on sait très bien que les Verts, qui intègrent le gouvernement, sont contre. Sur la déchéance, il y a une nouvelle ministre, Hélène GEOFFROY, qui a voté contre la déchéance. La politique économique ne fait pas l'unanimité. Est-ce qu'on ne risque pas d'avoir un gouvernement qui tire à hue et à dia ?
ANNICK GIRARDIN
Pourquoi plus hier, non, demain non, au contraire.
GERARD LECLERC
Parce qu'il y a de nouveaux arrivants qui sont clairement
ANNICK GIRARDIN
Je crois vraiment que chacun arrive, et c'est ce que j'ai dit, chacun arrive avec son expérience, avec sa manière de faire, et c'est une richesse, il faut tirer le meilleur de chacun, et je crois qu'on va créer une équipe qui, justement, va installer de la cohérence, et ce n'est pas parce qu'il y a des dossiers sur lesquels il faut aller, pour lequel il faut aller jusqu'au bout. Et je pense effectivement à la consultation de la population, annoncée par le président de la République sur l'aéroport, moi je crois que c'est une bonne chose de faire aussi parler les Français, et notamment ceux de la région, et ceux concernés sur ce dossier. A un moment donné il faut aussi dépasser des conflits politiques qui bloquent un certain nombre de machines, et moi je crois que c'est très bien, aujourd'hui, qu'on trouve, autour du président de la République, à la fois le Parti socialiste, le PRG et les écologistes.
GERARD LECLERC
Vous parliez du référendum sur Notre-Dame-des-Landes, vous avez une idée de qui sera concerné par ce référendum, parce que c'est toute la question, est-ce que c'est le département, est-ce que c'est le Grand Ouest, est-ce que c'est juste la zone où il y aura l'aéroport ?
ANNICK GIRARDIN
Non, écoutez, ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, elle a été annoncée hier par le président de la République, ce n'est pas mon secteur d'activité, donc je ne suis pas la première informée.
GERARD LECLERC
Alors, parmi les sujets qui sont sensibles, qui là sont directement de votre domaine, il y a le fameux point d'indice qui est gelé depuis plusieurs années, les fonctionnaires le prennent très mal, estiment qu'ils perdent beaucoup de pouvoir d'achat. Est-ce que c'est une question que vous allez traiter, est-ce que vous êtes prête à dégeler ce point d'indice et éventuellement de combien, comment ?
ANNICK GIRARDIN
Ecoutez, c'est une question que j'entends, je sais qu'il y a des négociations salariales qui auront lieu fin février, je vais m'y préparer très vite, je rencontrerai effectivement les syndicats et c'est un sujet qu'on va obligatoirement aborder. Permettez-moi d'abord de prendre les rênes de mon ministère dans quelques heures et ensuite
GERARD LECLERC
Mais vous êtes plutôt dans l'idée de faire quelque chose ?
ANNICK GIRARDIN
Non, je ne vous dirai absolument rien, et d'abord je regarderai ce qui aussi a été fait par Marylise, j'aurai un temps de débat également avec elle, et bien sûr en cohérence, les actions seront faites en cohérence avec la volonté du gouvernement.
GERARD LECLERC
Justement, il semblait que Marylise LEBRANCHU avait entrouvert la porte, en tout cas, d'une revalorisation du gel du point d'indice.
ANNICK GIRARDIN
Eh bien nous allons en débattre dans 2 heures.
GERARD LECLERC
Le président de la République hier a un peu donné, sur TF1 et France 2, la feuille de route du nouveau gouvernement, en disant « il faut agir, il faut réformer. » Mais, il n'y a plus qu'1 an, en 1 an on a le temps d'agir, on a le temps de réformer ?
ANNICK GIRARDIN
En 1 an on continue à agir et on continue à réformer. Je vous ferais remarquer que c'est ce que fait ce gouvernement depuis son arrivée. Il a aussi dit qu'il avait aussi deux priorités, protéger les Français, l'emploi, la transition énergétique, donc il y a des réformes, il y a des projets, il y a des actions, et les directions ont été réaffirmées, non pas données, mais réaffirmées, ce sont les mêmes. Sur la transition énergétique, on s'est battu énormément sur la transition énergétique, et j'ai fait partie de ceux qui ont préparé et ont vécu la COP21, et on voit bien le mouvement
GERARD LECLERC
Comme secrétaire d'Etat au Développement.
ANNICK GIRARDIN
Tout à fait, et on voit bien le mouvement qui a été lancé en France par Ségolène ROYAL, et qui ne s'arrêtera plus. On va consommer, on va produire demain différemment. Il faut que la France s'y prépare et s'y prépare très vite, et c'est ce que veut faire le gouvernement. Protéger les Français, je crois que chacun a compris aussi combien c'était, dans ce temps difficile, la lutte contre le terrorisme était aussi une des actions fortes de ce gouvernement, et on voit bien, on a l'habitude de les appeler les poids lourds du gouvernement, sont là et vont réaffirmer effectivement toute leur volonté sur ce volet protection des Français. Et puis bien sûr l'emploi qui est au coeur de tous les sujets.
GERARD LECLERC
Un mot justement sur l'emploi. Il y a quand même la grande idée qu'il y a trop de fonctionnaires en France, Nicolas SARKOZY a redit que s'il revient au pouvoir il supprimera, donc il ne renouvellera pas 1 fonctionnaire sur 2. Est-ce qu'il ne faut pas effectivement se reposer la question des effectifs de la fonction publique, de la mission de la fonction publique, et donc, comme il faut partout faire des économies, accepter l'idée de réduire un peu le nombre de fonctionnaires, au moins dans certains secteurs ?
ANNICK GIRARDIN
Je ne suis pas sûre qu'on puisse dire que Nicolas SARKOZY, dans ce domaine, ait fait une réussite. Je ne suis pas que la RGPP
GERARD LECLERC
Il avait commencé à mettre en oeuvre.
ANNICK GIRARDIN
Ait été quelque chose d'assez extraordinairement apprécié, ni, quelque part, qui a rendu la fonction publique plus efficace, puisque c'est malheureusement ce qu'il disait. Efficacité, on la trouve. Est-ce qu'il y a trop de fonctionnaires ? Moi je ne me poserai pas la question comme ça. C'est comment les services publics, aujourd'hui, sont plus proches des gens, répondent aux besoins, répondent aux nécessités, comment être mieux au service de la France, au service des projets de la France, comment attirer peut-être encore davantage la jeunesse ? Vous savez, je vous ai dit, il y a des métiers extraordinaires dans la fonction publique, des hommes et des femmes dévoués, il faut absolument qu'on puisse là aussi
GERARD LECLERC
Mais François HOLLANDE dit « il faut réformer », est-ce que vous avez en tête de réformer la fonction publique et donc de revoir son fonctionnement ?
ANNICK GIRARDIN
A deux heures de ma prise de fonctions à la tête de ce ministère je trouve que vous me demandez des réponses un peu précises et que je n'ai pas l'habitude des les donner sans être
GERARD LECLERC
Au moins dans l'état d'esprit dans lequel vous abordez
ANNICK GIRARDIN
Non, tout à fait, je suis aussi un fonctionnaire, je sais ce que j'ai pu faire sur le terrain, je sais ce que j'ai pu faire dans mon ministère, je sais combien nous sommes importants pour la France et pour les Français. Donc, ce n'est pas une question que de chiffres, même si ça peut effectivement être important, il y a déjà des réformes importantes qui ont été menées depuis 4 ans, et avant il faut faire le point. C'est ce que je vous ai dit, ma priorité c'est le dialogue, c'est la rencontre avec les syndicats, c'est la rencontre, à travers les syndicats, avec les salariés, pour effectivement pouvoir voir comment on pense la fonction publique du 21e siècle. C'est quoi la fonction publique du 21e siècle ? Voilà une question, voilà comment on se prépare tous, dans la fonction publique, comme dans le privé, à l'Etat comme dans les collectivités territoriales, à ce 21e siècle, à ces enjeux que l'on a face à nous et ce que ça impose comme réforme. Mais, pour cela, et pour les préciser, vous me donnerez le temps de pouvoir en débattre.
GERARD LECLERC
Vous connaissez les sondages, 2017 c'est encore jouable ? Il faut passer par une primaire ?
ANNICK GIRARDIN
Là encore, je crois qu'on ne dirige pas avec des sondages, ils sont là, c'est le métier de certaines personnes, on les regarde tous, il n'y a pas un politique qui ne les regarde pas tous
GERARD LECLERC
Ils indiquent quand même un état de l'opinion publique.
ANNICK GIRARDIN
Oui, il y a toujours la façon de poser les questions, et puis nous savons tous aussi qu'il faut du temps pour avoir le retour sur l'ensemble de l'action du gouvernement. Les Français, et j'en suis persuadée, verront les résultats et le travail de ce gouvernement, ils l'ont déjà vu sur un certain nombre de points, le président l'a réaffirmé hier. Il reste encore alors vous direz c'est peut-être un peu court, mais non il reste encore 1,5 an, cette année et demie elle doit se faire à la même vitesse que le reste, avec de l'action, un gouvernement en action, et c'est ce que moi je compte faire à la tête de la fonction publique.
GERARD LECLERC
En un mot, vous quittez donc le secrétaire d'Etat au Développement et à la Francophonie, s'il y avait une ou deux mesures, une ou deux actions que vous avez faites dont vous êtes fière, qui restera, ce serait quoi ?
ANNICK GIRARDIN
Ce sera obligatoirement dans le cadre de la COP21 d'abord, le dispositif CREWS qui est un système d'alerte précoce contre les catastrophes naturelles pour sauver des vies. Je vais garder en mémoire tout le combat Ebola et puis la fierté d'avoir fini avec un budget en hausse, qui était en baisse depuis 5 ans, ça a été un véritable combat, avec tous les partenaires que sont les ONG, les collectivités territoriales, les entreprises. Et puis un dernier merci à tous ceux qui ont travaillé à mes côtés, que ce soit à mon cabinet, la fonction publique et tous les partenaires qui ont permis ces réalisations pendant presque 2 ans.
GERARD LECLERC
Merci Annick GIRARDIN, je rappelle donc que vous êtes la nouvelle ministre de la Fonction publique, je rappelle également que vous étiez élue de Saint-Pierre-et-Miquelon. C'est la première fois qu'un élu de Saint-Pierre-et-Miquelon est ministre de la République, non ?
ANNICK GIRARDIN
Tout à fait, c'est la première fois, et j'en suis très fière, et les Saint-Pierrais et Miquelonnais aussi
GERARD LECLERC
Et vous avez le temps d'y retourner quelquefois ?
ANNICK GIRARDIN
J'ai le temps d'y retourner, ou je prendrai le temps d'y retourner puisque c'est ma vie qui y est.
GERARD LECLERC
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2016