Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Ségolène ROYAL est l'invitée d'I TELE ce matin, bonjour.
SEGOLENE ROYAL
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Au terme de 12 heures d'audition hier, Nicolas SARKOZY a été mis en examen pour financement illégal de sa campagne électorale en 2012. C'est grave, Ségolène ROYAL ?
SEGOLENE ROYAL
Vous comprendrez que la justice étant saisie je ne fasse aucun commentaire sur ce sujet-là.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a quand même un ancien président qui est mis en examen, c'est un événement, même si je comprends votre réserve.
SEGOLENE ROYAL
Oui, mais vous comprendrez aussi que je me tiens à cette réserve.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce que politiquement c'est une mauvaise nouvelle pour François HOLLANDE ? On dit que la gauche souhaite la candidature, avec un peu de cynisme, de Nicolas SARKOZY, que ça ferait un bon adversaire pour la présidentielle de 2017.
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, laissons la justice se dérouler, une mise en examen n'est pas une condamnation, donc ce n'est pas parce que c'est un adversaire politique qu'il ne faut pas adopter les mêmes règles de réserve à son égard qu'à l'égard de tout citoyen.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'avez pas un candidat préféré pour la droite, pour la présidentielle de 2017 ?
SEGOLENE ROYAL
Non, non
BRUCE TOUSSAINT
JUPPE, SARKOZY, j'imagine que vous n'irez pas voter à la primaire, mais
SEGOLENE ROYAL
C'est aux électeurs de droite de choisir.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'avez pas de candidat favori. Vous avez très peu parlé, et même pas du tout parlé, depuis le remaniement, c'est votre première interview ce matin sur I TELE depuis ce changement de gouvernement. Vous êtes toujours ministre de l'Ecologie
SEGOLENE ROYAL
Oui, de l'Environnement.
BRUCE TOUSSAINT
De l'Environnement. C'est vous qui avez dit « non » au Quai d'Orsay, qu'est-ce qui s'est passé ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne pense pas qu'il faille revenir sur ce sujet-là
BRUCE TOUSSAINT
Tout le monde a dit que vous alliez prendre les Affaires étrangères.
SEGOLENE ROYAL
Oui, c'est vrai que ça m'a été proposé, un moment, par le président de la République, et puis voilà. Il y a aussi des contraintes d'organisation d'un gouvernement. Vous savez, moi je suis une femme d'Etat, au service de l'Etat, au service des Français, donc je remplie la tâche qui m'est confiée.
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes déçue ou pas ?
SEGOLENE ROYAL
Ah non, sûrement pas. D'abord parce que c'est une continuité très lourde, c'est un enjeu majeur l'environnement, l'énergie, la mer aussi, les transports, enfin tous les équipements, et la question en plus des relations internationales sur le climat.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, vous avez une nouvelle secrétaire d'Etat maintenant.
SEGOLENE ROYAL
Oui, c'est ça, Barbara POMPILI.
BRUCE TOUSSAINT
Quel va être son rôle ? Elle est secrétaire d'Etat à la Biodiversité.
SEGOLENE ROYAL
Oui, vous savez que la biodiversité c'était un volet très important de l'action environnementale, c'est toujours un volet très important, puisque j'ai déjà fait voter la loi sur la biodiversité et la reconquête des paysages et de la nature par l'Assemblée nationale, et par le Sénat, avec un vote magnifique, 100% des voix pour l'Agence de la biodiversité. La secrétaire d'Etat, Barbara POMPILI, va m'aider à mettre en place cette Agence de la biodiversité et puis à finaliser aussi le vote de la loi et les actions concrètes qui vont avec.
BRUCE TOUSSAINT
C'est l'une des trois écologistes qui entrent au gouvernement. Vous vous félicitez d'ailleurs de ce retour de personnalités écologistes au gouvernement ?
SEGOLENE ROYAL
C'est bien quand il y a un élargissement politique. A partir du moment où ils voulaient, de façon constructive, participer à l'action gouvernementale, c'était bien, oui, de procéder à cet élargissement.
BRUCE TOUSSAINT
Nicolas HULOT, lui, il n'a pas voulu, il a refusé. C'est dommage ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne sais pas si ça lui a été proposé d'ailleurs, d'entrer au gouvernement.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez un doute là-dessus ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne sais pas si ça lui a été vraiment proposé, si c'était vraiment son souhait d'avoir une activité gouvernementale.
BRUCE TOUSSAINT
Encore un mot sur ce remaniement. Ça a été un peu compliqué quand même, on a le sentiment « Certains n'ont pas voulu monter à bord du Titanic » a-t-on pu lire parfois. Quel est votre regard ? Ça n'a pas été accueilli par les « Viva » de la foule !
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je crois que ce qui est important c'est d'être jugé sur les actes. C'est une fonction éminente, que d'être membre d'un gouvernement, d'un pays aussi magnifique que la France, avec autant de potentiels. Au-delà du gouvernement il y a toutes les forces vives d'un pays qui doivent être entraînées pour faire sorte que nous sortions aussi de la crise économique, que nous reprenions le chemin de la croissance, que nous donnions de l'emploi à tous les jeunes dans notre pays, qui en attendent, et c'est cette mission-là à laquelle nous sommes attelés, au service de la France.
BRUCE TOUSSAINT
Laurent FABIUS quitte le gouvernement, il devient président du Conseil constitutionnel, son départ du gouvernement a été marqué par une polémique parce qu'il a voulu rester président de la COP21, finalement il y a renoncé. D'ailleurs, qui va devenir président de la COP21 ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je ne sais pas, vous verrez peut-être dans la journée ce qui va se passer.
BRUCE TOUSSAINT
On dit que c'est vous qui allez prendre cette présidence, est-ce que vous pouvez nous le dire ce matin ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je ne vais pas non plus faire semblant de ne pas savoir, vous avez raison. C'est vrai que le président de la République m'a proposé hier de prendre cette responsabilité, que j'ai acceptée, mais vous savez, qui est une continuité tout simplement du travail qui a été accompli, d'ailleurs à son initiative, parce que je rappelle que c'est lui qui avait demandé l'accueil de la Conférence de Paris sur le climat. Pendant cette conférence j'étais chef de la délégation française. Et maintenant de quoi s'agit-il ? Parce que beaucoup de Français se disent « finalement la COP21 c'est terminé puisque l'accord est signé. » Mais comme l'a dit Ban KI-MOON, le secrétaire général des Nations Unies, l'accord est signé, donc tout commence, donc le travail commence. Mais aussi c'est un travail de continuité, de longue haleine, parce que ça fait quand même des années qu'il y a des conférences sur le climat et donc il y a trois éléments essentiels. Il y a d'abord s'assurer que tous les pays qui ont levé la main à la Conférence de Paris ratifient l'accord, signent bien cet accord et dans leur politique nationale appliquent les décisions qui vont permettre de lutter contre le réchauffement climatique. Ensuite, il y a l'application de toutes les décisions, de ce qu'on a appelé « les coalitions » pendant la COP21, il y en a 70. Par exemple l'électrification de l'Afrique grâce aux énergies renouvelables, par exemple l'engagement des entreprises, ça va constituer l'une de mes priorités, parce que si les entreprises s'engagent dans la transition énergétique elles vont créer des activités, des emplois, et les Français, et les citoyens du monde, vont comprendre que lutter contre le réchauffement climatique, c'est-à-dire atténuer toutes les catastrophes climatiques, permet aussi de créer des activités et des emplois, et donc ça c'est l'élément le plus important.
BRUCE TOUSSAINT
Comment ça va se passer concrètement ? Est-ce que vous allez faire l'inventaire, tout au long de l'année, de la mise en oeuvre de cette COP21 ? Vous avez le mandat, j'allais dire, pour pouvoir, comme ça, rappeler à l'ordre certains pays, en féliciter d'autres ?
SEGOLENE ROYAL
D'abord c'est un travail des Nations Unies, les Conférences climat, donc il y a toute une équipe aux Nations Unies pour que l'ensemble des pays qui se sont engagés, en effet, soient mis devant leurs responsabilités, et en particulier il y aura le 22 avril la réunion de tous les pays pour qu'ils viennent concrètement signer ce qu'ils ont décidé à main levée pendant la Conférence de Paris. Mais surtout, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cet accord n'est applicable qu'à partir de 2020, et donc entre temps c'est ce qui va se passer concrètement sur tous les sujets environnementaux, c'est-à-dire les énergies renouvelables, les économies d'énergie, l'efficacité des bâtiments, la forêt, l'océan - c'est la France qui a demandé à ce qu'il y ait des actions sur l'océan, la question de l'eau, la question de la prévention des risques, l'agriculture, donc sur tous ces sujets. Des pays, des entreprises, des territoires, des villes, se sont engagés pendant la COP21, c'est moi qui avait la charge de cet agenda des solutions, donc je vois tout le travail qui a déjà été fait, qu'il faut maintenant accélérer et concrétiser avec, je le disais tout à l'heure, plusieurs grandes coalitions dans lesquelles les chefs d'Etat se sont engagés. Par exemple Barack OBAMA était là pour la coalition sur le doublement des investissements dans la recherche sur l'énergie, il y a eu la coalition sur le prix du carbone. Et aussi, l'une de nos priorités, parce qu'il y a eu des réunions de chefs d'Etat au niveau du continent africain, c'est comment sortir l'Afrique de la pauvreté, grâce à l'accès aux énergies renouvelables, et c'est aussi un élément clé de la sécurité mondiale parce qu'aujourd'hui les migrations, ce qu'on appelle les migrations climatiques, c'est-à-dire les gens qui fuient le manque d'eau, qui fuient l'avancée des déserts, sont finalement plus important que le nombre de gens qui fuient les guerres. Donc, comme l'a dit le Pape au Mexique, avec cette phrase magnifique, en disant « nous ne pouvons plus fermer les yeux sur cette crise environnementale, qui est aussi une crise de civilisation. »
BRUCE TOUSSAINT
Ça c'est au niveau international, donc vous devenez, aujourd'hui, vous nous l'annoncez, présidente de la COP21. Au niveau national, François HOLLANDE a fixé trois priorités à la télévision la semaine dernière après le remaniement, la troisième priorité étant l'écologie, c'est la première fois d'ailleurs qu'il le dit aussi clairement. En quoi va consister votre travail, là, jusqu'à la fin du mandat, jusqu'à la fin du quinquennat ? Qu'est-ce qu'il reste à faire, qu'est-ce qui est mis en oeuvre et qui va, encore une fois, faire partie de votre action d'ici à 2017 ?
SEGOLENE ROYAL
Il y a trois choses qui restent à faire. C'est l'application, qui a déjà commencé, de la loi de transition énergétique, c'est très lié d'ailleurs à la Conférence mondiale sur le climat puisque la France, qui recevait cette Conférence mondiale sur le climat, a voulu être exemplaire. Ça c'était mon rôle de chef de la délégation française, je me suis dit la France doit être exemplaire. Donc nous, nous sommes le seul pays au monde à avoir déjà transcrit dans la loi française nos engagements nationaux, c'est-à-dire dire comment nous allions faire pour lutter contre les gaz à effet de serre, avec la montée en puissance du renouvelable. Et ça y est, puisque vous avez peut-être vu le bilan de l'année 2015, c'est +25 % de production d'énergies renouvelables, c'est 400 territoires à énergie positive, c'est la Fédération des entreprises que j'ai réunie il y a 2 jours, sur l'investissement, sur les technologies du changement climatique, ce sont les start-up, c'est-à-dire ces nouvelles petites entreprises, que j'encourage, dans le domaine de la transition énergétique. Ensuite, le deuxième pilier c'est tout ce qui concerne la protection de la nature, la protection de l'environnement, la biodiversité, avec l'application de la loi sur la biodiversité. Et puis enfin, l'élément clé c'est la croissance verte. C'est-à-dire, ma conviction profonde, celle du président de la République, celle des grands leaders du monde, c'est de se dire que finalement les nouvelles bases du développement économique, le monde qui naît, que nous devons encourager, par rapport au monde ancien qui disparaît, qui était accès sur le pétrole, c'est aussi une chance extraordinaire à saisir parce que ce sont des filières de développement économique, regardez, la gestion des déchets, la gestion de l'eau, les énergies renouvelables, l'agriculture durable, la filière bois, et donc nous devons accélérer les investissements dans ce domaine.
BRUCE TOUSSAINT
Ça fait trois grands chantiers pour vous, qui sont en cours évidemment, on peut en ajouter un quatrième, Notre-Dame-des-Landes quand même !
SEGOLENE ROYAL
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va être un sujet important. Ecoutez ce que disait Manuel VALLS au sujet de ce dossier épineux.
MANUEL VALLS (A L'ASSEMBLEE)
Avec la ministre de l'Ecologie, les consultations nécessaires auront lieu à la fois sur la question qui sera posée, sur le périmètre de la consultation, et sur les modalités, parce que personne, ici, n'ignore, ça a été rappelé depuis jeudi dernier, toute une série de problématiques juridiques, mais cette consultation aura lieu, et elle aura force de loi, d'une certaine manière, au-delà de la loi et de l'avis des élus.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, Ségolène ROYAL, je vous le dis franchement, on n'a toujours pas compris.
SEGOLENE ROYAL
Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ?
BRUCE TOUSSAINT
Quand ça allait avoir lieu, qui allait pouvoir voter, le département, la région, l'agglomération ? C'est flou.
SEGOLENE ROYAL
Alors, de quoi s'agit-il ? Deux choses. D'abord il s'agir de sortir d'un blocage, ce n'est pas satisfaisant que dans un pays comme la France il y ait une occupation illégale d'un domaine privé et que par ailleurs il y ait aussi des blocages par rapport à l'équipement d'un territoire dont les élus veulent le développement de ce territoire. Donc, il y a à la fois une légitimité de la part de ceux des élus qui veulent créer cet équipement, et en même temps il y a une situation de blocage qu'on est obligé de constater. Alors certains disent, vous avez entendu les cris à l'Assemblée, « évacuez, évacuez le terrain. » Je pense que si eux-mêmes étaient aux responsabilités ils n'enverraient pas des compagnies de CRS avec les risques quand même, on est dans un pays démocratique, on n'est quand même pas capable de renouer le dialogue. Et la seconde chose c'est de trouver une solution pour montrer qu'on peut parfaitement rendre conciliables l'équipement du pays, le développement économique, et la protection de l'environnement.
BRUCE TOUSSAINT
Ça c'est la philosophie.
SEGOLENE ROYAL
Oui, mais ça c'est très important, parce que je rappelle quand même que 98 % des projets d'équipements en France se passent correctement et dans de bonnes conditions.
BRUCE TOUSSAINT
Quand ça aura lieu Ségolène ROYAL, quand souhaitez-vous que ce référendum local ait lieu ?
SEGOLENE ROYAL
Le souhait du Premier ministre c'est que ça ait lieu avant l'été, il l'a dit hier. Donc ça veut dire quoi ?
BRUCE TOUSSAINT
Bon ! Ça, vous pouvez le confirmer.
SEGOLENE ROYAL
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
Ca aura lieu avant l'été ?
SEGOLENE ROYAL
On va tout faire pour que ça ait lieu avant l'été.
BRUCE TOUSSAINT
Mais dans quel cadre ?
SEGOLENE ROYAL
Alors, ça, ça reste à définir. Mais il faut se parler, voilà il faut qu'on regarde tranquillement quelle est la meilleure solution.
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes ministre de l'Ecologie, quel est votre souhait sans que ça soit forcément un diktat quel est votre souhait, vous souhaitez que ça soit où, ça concerne qui ?
SEGOLENE ROYAL
Il y a plusieurs hypothèses ! Soit c'est le département
BRUCE TOUSSAINT
Mais vous, votre souhait à vous ?
SEGOLENE ROYAL
Mais moi mon souhait c'est ce qui va mettre les gens d'accord.
BRUCE TOUSSAINT
D'accord ! Mais
SEGOLENE ROYAL
Je l'ai fait sur Sivens, je l'ai fait sur la loi de transition énergétique, on me disait que cétait impossible
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez bien une opinion, département, région ?
SEGOLENE ROYAL
L'opinion, de toute façon ce n'est pas toute la France déjà, donc c'est un référendum local
BRUCE TOUSSAINT
Bien sûr !
SEGOLENE ROYAL
Donc il faut qu'il y ait si je vous dis là tout de suite de but en blanc une solution ça veut dire que
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Mais moi je ne vous demande votre avis, vous avez bien un avis ?
SEGOLENE ROYAL
J'essaie de déployer des
BRUCE TOUSSAINT
Moi j'ai un avis par exemple, ça n'intéresse personne, mais vous vous avez bien un avis ?
SEGOLENE ROYAL
Des talents diplomatiques pour trouver des solutions.
BRUCE TOUSSAINT
Oui. C'est si compliqué que ça ?
SEGOLENE ROYAL
C'est très compliqué ! Pourquoi c'est très compliqué ? Parce que ça fait 10 ans qu'il y a des blocages et que les gens sont enkystés dans leur position d'opposition et parfois même de violence et, ça, ce n'est pas acceptable. Donc il faut remettre sur la table des règles du jeu, refaire une brève consultation et ensuite que l'Etat dise en effet clairement ce qui est souhaitable, comment ça va se faire et ensuite que chacun obéisse à la façon dont les choses seront décidées pour qu'on puisse sortir de ce blocage et donc qu'il y ait une consultation ; et par ailleurs comme vous le savez, avec l'accord du président de la République et du Premier ministre, j'ai mandaté mon inspection générale pour non pas tout remettre à plat comme j'entends dire de façon schématique mais pour faire en sorte qu'il y ait une synthèse quand même de toutes ces études qui ont été faites pour voir quelles étaient les grandes stratégies aéroportuaires du Ouest France parce qu'il y a d'autres aéroports, etc. et jamais il n'a été pensée la question globale, parce qu'en 10 ans quand même les choses évoluent, les flux économiques évoluent, l'urbanisme évolue et donc au moment où nous sommes aujourd'hui qu'est-ce qu'il est sérieux de faire par rapport à une comparaison aussi des coûts d'un nouvel aéroport ou de l'utilisation des aéroports existants, ou de la requalification de l'aéroport prévu et donc que l'on puisse rapidement, c'est la commande que j'ai passée à l'Inspection générale du ministère, pour voir rapidement quels sont les enjeux économiques qui permettent au fond à des gens intelligents quelle que soit leur étiquette politique ou leur mission de se mettre autour de la table et de regarder ce qu'est l'intérêt général et notamment celui du Grand Ouest de la France.
BRUCE TOUSSAINT
Bien ! Ségolène ROYAL, j'aimerais vous parler de deux de vos ex-collègues, Christiane TAUBIRA qui visiblement dit que rester au gouvernement pour elle c'était au-dessus de ses forces c'est une déclaration qu'elle fait aujourd'hui enfin on a le sentiment de découvrir au fur et à mesure que vraiment elle était au plus mal dans ce gouvernement. Vous l'aviez ressenti ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne l'ai pas ressenti du tout quand je l'ai côtoyée au gouvernement, mais c'est un honneur immense de servir son pays au plus haut niveau des responsabilités, ce n'est ni un droit, ce n'est pas une place, ce n'est pas une mission qui dure toute la vie, on sait parfaitement que lorsqu'on est nommé membre du gouvernement ça peut s'arrêter à tout instant, qu'on est là pour servir et pas pour se servir.
BRUCE TOUSSAINT
Justement Fleur PELLERIN prend la parole pour la première fois dans un entretien à l'Obs, alors que dit-elle ? Elle dit que ça été dur évidemment son départ du gouvernement
SEGOLENE ROYAL
Oui, bien sûr.
BRUCE TOUSSAINT
Elle dit que ça été soldé en quatre minutes, dire que je n'ai pas accusé le coup, que je n'ai pas été choquée serait mentir, mais je n'ai pas pleuré -ajoute-t-elle comme je l'ai entendu ici ou là et elle ajoute aussi la chose suivante : je n'ai pas assez flatté. Est-ce que ça c'est quelque chose que vous comprenez ? Vas au spectacle et flatte, ce sont des choses que le président de la République et le Premier ministre lui avaient dit, on l'a vu dans un documentaire d'Yves JEULAND, j'avais pris ses mots du président pour une boutade, en fait c'était ma feuille de route. C'est une drôle de vision de la politique, non ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je pense que là aussi, il faut revenir à des principes fondamentaux, c'est que lorsque l'on a eu la chance d'accomplir ces responsabilités-là, il faut s'en souvenir, il faut s'en souvenir de cette responsabilité, il faut avoir l'honneur, être fier d'avoir servi, et que ce n'est pas un droit de rester éternellement. Alors, je comprends son amertume, parce que ce n'est jamais facile du jour au lendemain, vous savez, quand on est élu et qu'on est battu du jour au lendemain aussi, c'est très douloureux. Là, quand on a la chance d'avoir été nommé et d'avoir accompli des fonctions éminentes et pendant plusieurs années, mais c'est une chance extraordinaire. Et on doit plutôt remercier à la fois le sort et cette opportunité
BRUCE TOUSSAINT
C'est un peu brutal, reconnaissez-le
SEGOLENE ROYAL
Cette opportunité
BRUCE TOUSSAINT
C'est un peu brutal, 4 minutes
SEGOLENE ROYAL
Mais c'est la vie politique, on le sait ça dès le départ.
BRUCE TOUSSAINT
Bon. Deux dernières questions très vite, les primaires à gauche. Quel est votre sentiment sur cette initiative qui a été lancée par des personnalités comme Thomas PIKETTY, comme Daniel COHN-BENDIT ?
SEGOLENE ROYAL
Vous savez, alors, là, j'ai une réponse toute faite
BRUCE TOUSSAINT
Alors, allez-y !
SEGOLENE ROYAL
Pardon, mais
BRUCE TOUSSAINT
Bon, alors, allons-y pour la réponse toute faite.
SEGOLENE ROYAL
Je ne m'occupe pas des échéances électorales
BRUCE TOUSSAINT
Non, mais la primaire !
SEGOLENE ROYAL
En plus avec les responsabilités qui me sont confiées, je dois rester un peu au-dessus des partis politiques. J'essaie de rassembler. Les sujets de l'environnement et de la protection de la planète, ce sont des sujets de convergence, de rassemblement, où la droite, la gauche, le centre, je crois, tout le monde peut se retrouver sur des grandes valeurs fondamentales.
BRUCE TOUSSAINT
Je n'insiste pas alors. Dernière question, c'est dans L'Express, un écho dans L'Express, elle est sympa, elle s'est vraiment bonifiée parce qu'elle est elle-même, de qui parle Luc CHATEL, qui est citée dans L'Express ? De vous, Ségolène ROYAL. Le titre, c'est : elle séduit la droite, qui l'eût cru ?
SEGOLENE ROYAL
Qui l'eût cru ! C'est vrai, qui l'eût cru ! Mais je crois que c'est ce que je viens de dire
BRUCE TOUSSAINT
Et il a dit ça après un déplacement au Maroc avec vous
SEGOLENE ROYAL
Mais j'ai du respect pour ceux qui sont engagés, qui sont dans l'action, quelle que soit leur sensibilité politique, peut-être en raison d'ailleurs de la nature des responsabilités qui me sont confiées
BRUCE TOUSSAINT
Un peu au-dessus de la mêlée, vous voulez dire, c'est un sujet qui
SEGOLENE ROYAL
Non, ce n'est pas ça, c'est que je suis
BRUCE TOUSSAINT
Transversal
SEGOLENE ROYAL
C'est un peu c'est transversal, oui, parce que, pourquoi c'est transversal ? Parce que ce sont des enjeux qui nous engagent pour les générations qui viennent à un moment où ça ne sera plus nous qui serons aux responsabilités. Donc on a un devoir de transmission, d'abord de l'environnement de notre pays, dans le meilleur état dans lequel nous l'avons trouvé, pour lutter contre toutes les formes de pollution, et en même temps, pour la planète, parce que nous préparons la survie des générations futures dans les meilleures conditions possibles.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Ségolène ROYAL.
SEGOLENE ROYAL
Merci.
BRUCE TOUSSAINT
Et je rappelle que vous avez annoncé au cours de cette interview que vous deveniez présidente de la COP21. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 février 2016
Ségolène ROYAL est l'invitée d'I TELE ce matin, bonjour.
SEGOLENE ROYAL
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Au terme de 12 heures d'audition hier, Nicolas SARKOZY a été mis en examen pour financement illégal de sa campagne électorale en 2012. C'est grave, Ségolène ROYAL ?
SEGOLENE ROYAL
Vous comprendrez que la justice étant saisie je ne fasse aucun commentaire sur ce sujet-là.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a quand même un ancien président qui est mis en examen, c'est un événement, même si je comprends votre réserve.
SEGOLENE ROYAL
Oui, mais vous comprendrez aussi que je me tiens à cette réserve.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce que politiquement c'est une mauvaise nouvelle pour François HOLLANDE ? On dit que la gauche souhaite la candidature, avec un peu de cynisme, de Nicolas SARKOZY, que ça ferait un bon adversaire pour la présidentielle de 2017.
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, laissons la justice se dérouler, une mise en examen n'est pas une condamnation, donc ce n'est pas parce que c'est un adversaire politique qu'il ne faut pas adopter les mêmes règles de réserve à son égard qu'à l'égard de tout citoyen.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'avez pas un candidat préféré pour la droite, pour la présidentielle de 2017 ?
SEGOLENE ROYAL
Non, non
BRUCE TOUSSAINT
JUPPE, SARKOZY, j'imagine que vous n'irez pas voter à la primaire, mais
SEGOLENE ROYAL
C'est aux électeurs de droite de choisir.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'avez pas de candidat favori. Vous avez très peu parlé, et même pas du tout parlé, depuis le remaniement, c'est votre première interview ce matin sur I TELE depuis ce changement de gouvernement. Vous êtes toujours ministre de l'Ecologie
SEGOLENE ROYAL
Oui, de l'Environnement.
BRUCE TOUSSAINT
De l'Environnement. C'est vous qui avez dit « non » au Quai d'Orsay, qu'est-ce qui s'est passé ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne pense pas qu'il faille revenir sur ce sujet-là
BRUCE TOUSSAINT
Tout le monde a dit que vous alliez prendre les Affaires étrangères.
SEGOLENE ROYAL
Oui, c'est vrai que ça m'a été proposé, un moment, par le président de la République, et puis voilà. Il y a aussi des contraintes d'organisation d'un gouvernement. Vous savez, moi je suis une femme d'Etat, au service de l'Etat, au service des Français, donc je remplie la tâche qui m'est confiée.
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes déçue ou pas ?
SEGOLENE ROYAL
Ah non, sûrement pas. D'abord parce que c'est une continuité très lourde, c'est un enjeu majeur l'environnement, l'énergie, la mer aussi, les transports, enfin tous les équipements, et la question en plus des relations internationales sur le climat.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, vous avez une nouvelle secrétaire d'Etat maintenant.
SEGOLENE ROYAL
Oui, c'est ça, Barbara POMPILI.
BRUCE TOUSSAINT
Quel va être son rôle ? Elle est secrétaire d'Etat à la Biodiversité.
SEGOLENE ROYAL
Oui, vous savez que la biodiversité c'était un volet très important de l'action environnementale, c'est toujours un volet très important, puisque j'ai déjà fait voter la loi sur la biodiversité et la reconquête des paysages et de la nature par l'Assemblée nationale, et par le Sénat, avec un vote magnifique, 100% des voix pour l'Agence de la biodiversité. La secrétaire d'Etat, Barbara POMPILI, va m'aider à mettre en place cette Agence de la biodiversité et puis à finaliser aussi le vote de la loi et les actions concrètes qui vont avec.
BRUCE TOUSSAINT
C'est l'une des trois écologistes qui entrent au gouvernement. Vous vous félicitez d'ailleurs de ce retour de personnalités écologistes au gouvernement ?
SEGOLENE ROYAL
C'est bien quand il y a un élargissement politique. A partir du moment où ils voulaient, de façon constructive, participer à l'action gouvernementale, c'était bien, oui, de procéder à cet élargissement.
BRUCE TOUSSAINT
Nicolas HULOT, lui, il n'a pas voulu, il a refusé. C'est dommage ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne sais pas si ça lui a été proposé d'ailleurs, d'entrer au gouvernement.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez un doute là-dessus ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne sais pas si ça lui a été vraiment proposé, si c'était vraiment son souhait d'avoir une activité gouvernementale.
BRUCE TOUSSAINT
Encore un mot sur ce remaniement. Ça a été un peu compliqué quand même, on a le sentiment « Certains n'ont pas voulu monter à bord du Titanic » a-t-on pu lire parfois. Quel est votre regard ? Ça n'a pas été accueilli par les « Viva » de la foule !
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je crois que ce qui est important c'est d'être jugé sur les actes. C'est une fonction éminente, que d'être membre d'un gouvernement, d'un pays aussi magnifique que la France, avec autant de potentiels. Au-delà du gouvernement il y a toutes les forces vives d'un pays qui doivent être entraînées pour faire sorte que nous sortions aussi de la crise économique, que nous reprenions le chemin de la croissance, que nous donnions de l'emploi à tous les jeunes dans notre pays, qui en attendent, et c'est cette mission-là à laquelle nous sommes attelés, au service de la France.
BRUCE TOUSSAINT
Laurent FABIUS quitte le gouvernement, il devient président du Conseil constitutionnel, son départ du gouvernement a été marqué par une polémique parce qu'il a voulu rester président de la COP21, finalement il y a renoncé. D'ailleurs, qui va devenir président de la COP21 ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je ne sais pas, vous verrez peut-être dans la journée ce qui va se passer.
BRUCE TOUSSAINT
On dit que c'est vous qui allez prendre cette présidence, est-ce que vous pouvez nous le dire ce matin ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je ne vais pas non plus faire semblant de ne pas savoir, vous avez raison. C'est vrai que le président de la République m'a proposé hier de prendre cette responsabilité, que j'ai acceptée, mais vous savez, qui est une continuité tout simplement du travail qui a été accompli, d'ailleurs à son initiative, parce que je rappelle que c'est lui qui avait demandé l'accueil de la Conférence de Paris sur le climat. Pendant cette conférence j'étais chef de la délégation française. Et maintenant de quoi s'agit-il ? Parce que beaucoup de Français se disent « finalement la COP21 c'est terminé puisque l'accord est signé. » Mais comme l'a dit Ban KI-MOON, le secrétaire général des Nations Unies, l'accord est signé, donc tout commence, donc le travail commence. Mais aussi c'est un travail de continuité, de longue haleine, parce que ça fait quand même des années qu'il y a des conférences sur le climat et donc il y a trois éléments essentiels. Il y a d'abord s'assurer que tous les pays qui ont levé la main à la Conférence de Paris ratifient l'accord, signent bien cet accord et dans leur politique nationale appliquent les décisions qui vont permettre de lutter contre le réchauffement climatique. Ensuite, il y a l'application de toutes les décisions, de ce qu'on a appelé « les coalitions » pendant la COP21, il y en a 70. Par exemple l'électrification de l'Afrique grâce aux énergies renouvelables, par exemple l'engagement des entreprises, ça va constituer l'une de mes priorités, parce que si les entreprises s'engagent dans la transition énergétique elles vont créer des activités, des emplois, et les Français, et les citoyens du monde, vont comprendre que lutter contre le réchauffement climatique, c'est-à-dire atténuer toutes les catastrophes climatiques, permet aussi de créer des activités et des emplois, et donc ça c'est l'élément le plus important.
BRUCE TOUSSAINT
Comment ça va se passer concrètement ? Est-ce que vous allez faire l'inventaire, tout au long de l'année, de la mise en oeuvre de cette COP21 ? Vous avez le mandat, j'allais dire, pour pouvoir, comme ça, rappeler à l'ordre certains pays, en féliciter d'autres ?
SEGOLENE ROYAL
D'abord c'est un travail des Nations Unies, les Conférences climat, donc il y a toute une équipe aux Nations Unies pour que l'ensemble des pays qui se sont engagés, en effet, soient mis devant leurs responsabilités, et en particulier il y aura le 22 avril la réunion de tous les pays pour qu'ils viennent concrètement signer ce qu'ils ont décidé à main levée pendant la Conférence de Paris. Mais surtout, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cet accord n'est applicable qu'à partir de 2020, et donc entre temps c'est ce qui va se passer concrètement sur tous les sujets environnementaux, c'est-à-dire les énergies renouvelables, les économies d'énergie, l'efficacité des bâtiments, la forêt, l'océan - c'est la France qui a demandé à ce qu'il y ait des actions sur l'océan, la question de l'eau, la question de la prévention des risques, l'agriculture, donc sur tous ces sujets. Des pays, des entreprises, des territoires, des villes, se sont engagés pendant la COP21, c'est moi qui avait la charge de cet agenda des solutions, donc je vois tout le travail qui a déjà été fait, qu'il faut maintenant accélérer et concrétiser avec, je le disais tout à l'heure, plusieurs grandes coalitions dans lesquelles les chefs d'Etat se sont engagés. Par exemple Barack OBAMA était là pour la coalition sur le doublement des investissements dans la recherche sur l'énergie, il y a eu la coalition sur le prix du carbone. Et aussi, l'une de nos priorités, parce qu'il y a eu des réunions de chefs d'Etat au niveau du continent africain, c'est comment sortir l'Afrique de la pauvreté, grâce à l'accès aux énergies renouvelables, et c'est aussi un élément clé de la sécurité mondiale parce qu'aujourd'hui les migrations, ce qu'on appelle les migrations climatiques, c'est-à-dire les gens qui fuient le manque d'eau, qui fuient l'avancée des déserts, sont finalement plus important que le nombre de gens qui fuient les guerres. Donc, comme l'a dit le Pape au Mexique, avec cette phrase magnifique, en disant « nous ne pouvons plus fermer les yeux sur cette crise environnementale, qui est aussi une crise de civilisation. »
BRUCE TOUSSAINT
Ça c'est au niveau international, donc vous devenez, aujourd'hui, vous nous l'annoncez, présidente de la COP21. Au niveau national, François HOLLANDE a fixé trois priorités à la télévision la semaine dernière après le remaniement, la troisième priorité étant l'écologie, c'est la première fois d'ailleurs qu'il le dit aussi clairement. En quoi va consister votre travail, là, jusqu'à la fin du mandat, jusqu'à la fin du quinquennat ? Qu'est-ce qu'il reste à faire, qu'est-ce qui est mis en oeuvre et qui va, encore une fois, faire partie de votre action d'ici à 2017 ?
SEGOLENE ROYAL
Il y a trois choses qui restent à faire. C'est l'application, qui a déjà commencé, de la loi de transition énergétique, c'est très lié d'ailleurs à la Conférence mondiale sur le climat puisque la France, qui recevait cette Conférence mondiale sur le climat, a voulu être exemplaire. Ça c'était mon rôle de chef de la délégation française, je me suis dit la France doit être exemplaire. Donc nous, nous sommes le seul pays au monde à avoir déjà transcrit dans la loi française nos engagements nationaux, c'est-à-dire dire comment nous allions faire pour lutter contre les gaz à effet de serre, avec la montée en puissance du renouvelable. Et ça y est, puisque vous avez peut-être vu le bilan de l'année 2015, c'est +25 % de production d'énergies renouvelables, c'est 400 territoires à énergie positive, c'est la Fédération des entreprises que j'ai réunie il y a 2 jours, sur l'investissement, sur les technologies du changement climatique, ce sont les start-up, c'est-à-dire ces nouvelles petites entreprises, que j'encourage, dans le domaine de la transition énergétique. Ensuite, le deuxième pilier c'est tout ce qui concerne la protection de la nature, la protection de l'environnement, la biodiversité, avec l'application de la loi sur la biodiversité. Et puis enfin, l'élément clé c'est la croissance verte. C'est-à-dire, ma conviction profonde, celle du président de la République, celle des grands leaders du monde, c'est de se dire que finalement les nouvelles bases du développement économique, le monde qui naît, que nous devons encourager, par rapport au monde ancien qui disparaît, qui était accès sur le pétrole, c'est aussi une chance extraordinaire à saisir parce que ce sont des filières de développement économique, regardez, la gestion des déchets, la gestion de l'eau, les énergies renouvelables, l'agriculture durable, la filière bois, et donc nous devons accélérer les investissements dans ce domaine.
BRUCE TOUSSAINT
Ça fait trois grands chantiers pour vous, qui sont en cours évidemment, on peut en ajouter un quatrième, Notre-Dame-des-Landes quand même !
SEGOLENE ROYAL
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va être un sujet important. Ecoutez ce que disait Manuel VALLS au sujet de ce dossier épineux.
MANUEL VALLS (A L'ASSEMBLEE)
Avec la ministre de l'Ecologie, les consultations nécessaires auront lieu à la fois sur la question qui sera posée, sur le périmètre de la consultation, et sur les modalités, parce que personne, ici, n'ignore, ça a été rappelé depuis jeudi dernier, toute une série de problématiques juridiques, mais cette consultation aura lieu, et elle aura force de loi, d'une certaine manière, au-delà de la loi et de l'avis des élus.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, Ségolène ROYAL, je vous le dis franchement, on n'a toujours pas compris.
SEGOLENE ROYAL
Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ?
BRUCE TOUSSAINT
Quand ça allait avoir lieu, qui allait pouvoir voter, le département, la région, l'agglomération ? C'est flou.
SEGOLENE ROYAL
Alors, de quoi s'agit-il ? Deux choses. D'abord il s'agir de sortir d'un blocage, ce n'est pas satisfaisant que dans un pays comme la France il y ait une occupation illégale d'un domaine privé et que par ailleurs il y ait aussi des blocages par rapport à l'équipement d'un territoire dont les élus veulent le développement de ce territoire. Donc, il y a à la fois une légitimité de la part de ceux des élus qui veulent créer cet équipement, et en même temps il y a une situation de blocage qu'on est obligé de constater. Alors certains disent, vous avez entendu les cris à l'Assemblée, « évacuez, évacuez le terrain. » Je pense que si eux-mêmes étaient aux responsabilités ils n'enverraient pas des compagnies de CRS avec les risques quand même, on est dans un pays démocratique, on n'est quand même pas capable de renouer le dialogue. Et la seconde chose c'est de trouver une solution pour montrer qu'on peut parfaitement rendre conciliables l'équipement du pays, le développement économique, et la protection de l'environnement.
BRUCE TOUSSAINT
Ça c'est la philosophie.
SEGOLENE ROYAL
Oui, mais ça c'est très important, parce que je rappelle quand même que 98 % des projets d'équipements en France se passent correctement et dans de bonnes conditions.
BRUCE TOUSSAINT
Quand ça aura lieu Ségolène ROYAL, quand souhaitez-vous que ce référendum local ait lieu ?
SEGOLENE ROYAL
Le souhait du Premier ministre c'est que ça ait lieu avant l'été, il l'a dit hier. Donc ça veut dire quoi ?
BRUCE TOUSSAINT
Bon ! Ça, vous pouvez le confirmer.
SEGOLENE ROYAL
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
Ca aura lieu avant l'été ?
SEGOLENE ROYAL
On va tout faire pour que ça ait lieu avant l'été.
BRUCE TOUSSAINT
Mais dans quel cadre ?
SEGOLENE ROYAL
Alors, ça, ça reste à définir. Mais il faut se parler, voilà il faut qu'on regarde tranquillement quelle est la meilleure solution.
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes ministre de l'Ecologie, quel est votre souhait sans que ça soit forcément un diktat quel est votre souhait, vous souhaitez que ça soit où, ça concerne qui ?
SEGOLENE ROYAL
Il y a plusieurs hypothèses ! Soit c'est le département
BRUCE TOUSSAINT
Mais vous, votre souhait à vous ?
SEGOLENE ROYAL
Mais moi mon souhait c'est ce qui va mettre les gens d'accord.
BRUCE TOUSSAINT
D'accord ! Mais
SEGOLENE ROYAL
Je l'ai fait sur Sivens, je l'ai fait sur la loi de transition énergétique, on me disait que cétait impossible
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez bien une opinion, département, région ?
SEGOLENE ROYAL
L'opinion, de toute façon ce n'est pas toute la France déjà, donc c'est un référendum local
BRUCE TOUSSAINT
Bien sûr !
SEGOLENE ROYAL
Donc il faut qu'il y ait si je vous dis là tout de suite de but en blanc une solution ça veut dire que
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Mais moi je ne vous demande votre avis, vous avez bien un avis ?
SEGOLENE ROYAL
J'essaie de déployer des
BRUCE TOUSSAINT
Moi j'ai un avis par exemple, ça n'intéresse personne, mais vous vous avez bien un avis ?
SEGOLENE ROYAL
Des talents diplomatiques pour trouver des solutions.
BRUCE TOUSSAINT
Oui. C'est si compliqué que ça ?
SEGOLENE ROYAL
C'est très compliqué ! Pourquoi c'est très compliqué ? Parce que ça fait 10 ans qu'il y a des blocages et que les gens sont enkystés dans leur position d'opposition et parfois même de violence et, ça, ce n'est pas acceptable. Donc il faut remettre sur la table des règles du jeu, refaire une brève consultation et ensuite que l'Etat dise en effet clairement ce qui est souhaitable, comment ça va se faire et ensuite que chacun obéisse à la façon dont les choses seront décidées pour qu'on puisse sortir de ce blocage et donc qu'il y ait une consultation ; et par ailleurs comme vous le savez, avec l'accord du président de la République et du Premier ministre, j'ai mandaté mon inspection générale pour non pas tout remettre à plat comme j'entends dire de façon schématique mais pour faire en sorte qu'il y ait une synthèse quand même de toutes ces études qui ont été faites pour voir quelles étaient les grandes stratégies aéroportuaires du Ouest France parce qu'il y a d'autres aéroports, etc. et jamais il n'a été pensée la question globale, parce qu'en 10 ans quand même les choses évoluent, les flux économiques évoluent, l'urbanisme évolue et donc au moment où nous sommes aujourd'hui qu'est-ce qu'il est sérieux de faire par rapport à une comparaison aussi des coûts d'un nouvel aéroport ou de l'utilisation des aéroports existants, ou de la requalification de l'aéroport prévu et donc que l'on puisse rapidement, c'est la commande que j'ai passée à l'Inspection générale du ministère, pour voir rapidement quels sont les enjeux économiques qui permettent au fond à des gens intelligents quelle que soit leur étiquette politique ou leur mission de se mettre autour de la table et de regarder ce qu'est l'intérêt général et notamment celui du Grand Ouest de la France.
BRUCE TOUSSAINT
Bien ! Ségolène ROYAL, j'aimerais vous parler de deux de vos ex-collègues, Christiane TAUBIRA qui visiblement dit que rester au gouvernement pour elle c'était au-dessus de ses forces c'est une déclaration qu'elle fait aujourd'hui enfin on a le sentiment de découvrir au fur et à mesure que vraiment elle était au plus mal dans ce gouvernement. Vous l'aviez ressenti ?
SEGOLENE ROYAL
Je ne l'ai pas ressenti du tout quand je l'ai côtoyée au gouvernement, mais c'est un honneur immense de servir son pays au plus haut niveau des responsabilités, ce n'est ni un droit, ce n'est pas une place, ce n'est pas une mission qui dure toute la vie, on sait parfaitement que lorsqu'on est nommé membre du gouvernement ça peut s'arrêter à tout instant, qu'on est là pour servir et pas pour se servir.
BRUCE TOUSSAINT
Justement Fleur PELLERIN prend la parole pour la première fois dans un entretien à l'Obs, alors que dit-elle ? Elle dit que ça été dur évidemment son départ du gouvernement
SEGOLENE ROYAL
Oui, bien sûr.
BRUCE TOUSSAINT
Elle dit que ça été soldé en quatre minutes, dire que je n'ai pas accusé le coup, que je n'ai pas été choquée serait mentir, mais je n'ai pas pleuré -ajoute-t-elle comme je l'ai entendu ici ou là et elle ajoute aussi la chose suivante : je n'ai pas assez flatté. Est-ce que ça c'est quelque chose que vous comprenez ? Vas au spectacle et flatte, ce sont des choses que le président de la République et le Premier ministre lui avaient dit, on l'a vu dans un documentaire d'Yves JEULAND, j'avais pris ses mots du président pour une boutade, en fait c'était ma feuille de route. C'est une drôle de vision de la politique, non ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez, je pense que là aussi, il faut revenir à des principes fondamentaux, c'est que lorsque l'on a eu la chance d'accomplir ces responsabilités-là, il faut s'en souvenir, il faut s'en souvenir de cette responsabilité, il faut avoir l'honneur, être fier d'avoir servi, et que ce n'est pas un droit de rester éternellement. Alors, je comprends son amertume, parce que ce n'est jamais facile du jour au lendemain, vous savez, quand on est élu et qu'on est battu du jour au lendemain aussi, c'est très douloureux. Là, quand on a la chance d'avoir été nommé et d'avoir accompli des fonctions éminentes et pendant plusieurs années, mais c'est une chance extraordinaire. Et on doit plutôt remercier à la fois le sort et cette opportunité
BRUCE TOUSSAINT
C'est un peu brutal, reconnaissez-le
SEGOLENE ROYAL
Cette opportunité
BRUCE TOUSSAINT
C'est un peu brutal, 4 minutes
SEGOLENE ROYAL
Mais c'est la vie politique, on le sait ça dès le départ.
BRUCE TOUSSAINT
Bon. Deux dernières questions très vite, les primaires à gauche. Quel est votre sentiment sur cette initiative qui a été lancée par des personnalités comme Thomas PIKETTY, comme Daniel COHN-BENDIT ?
SEGOLENE ROYAL
Vous savez, alors, là, j'ai une réponse toute faite
BRUCE TOUSSAINT
Alors, allez-y !
SEGOLENE ROYAL
Pardon, mais
BRUCE TOUSSAINT
Bon, alors, allons-y pour la réponse toute faite.
SEGOLENE ROYAL
Je ne m'occupe pas des échéances électorales
BRUCE TOUSSAINT
Non, mais la primaire !
SEGOLENE ROYAL
En plus avec les responsabilités qui me sont confiées, je dois rester un peu au-dessus des partis politiques. J'essaie de rassembler. Les sujets de l'environnement et de la protection de la planète, ce sont des sujets de convergence, de rassemblement, où la droite, la gauche, le centre, je crois, tout le monde peut se retrouver sur des grandes valeurs fondamentales.
BRUCE TOUSSAINT
Je n'insiste pas alors. Dernière question, c'est dans L'Express, un écho dans L'Express, elle est sympa, elle s'est vraiment bonifiée parce qu'elle est elle-même, de qui parle Luc CHATEL, qui est citée dans L'Express ? De vous, Ségolène ROYAL. Le titre, c'est : elle séduit la droite, qui l'eût cru ?
SEGOLENE ROYAL
Qui l'eût cru ! C'est vrai, qui l'eût cru ! Mais je crois que c'est ce que je viens de dire
BRUCE TOUSSAINT
Et il a dit ça après un déplacement au Maroc avec vous
SEGOLENE ROYAL
Mais j'ai du respect pour ceux qui sont engagés, qui sont dans l'action, quelle que soit leur sensibilité politique, peut-être en raison d'ailleurs de la nature des responsabilités qui me sont confiées
BRUCE TOUSSAINT
Un peu au-dessus de la mêlée, vous voulez dire, c'est un sujet qui
SEGOLENE ROYAL
Non, ce n'est pas ça, c'est que je suis
BRUCE TOUSSAINT
Transversal
SEGOLENE ROYAL
C'est un peu c'est transversal, oui, parce que, pourquoi c'est transversal ? Parce que ce sont des enjeux qui nous engagent pour les générations qui viennent à un moment où ça ne sera plus nous qui serons aux responsabilités. Donc on a un devoir de transmission, d'abord de l'environnement de notre pays, dans le meilleur état dans lequel nous l'avons trouvé, pour lutter contre toutes les formes de pollution, et en même temps, pour la planète, parce que nous préparons la survie des générations futures dans les meilleures conditions possibles.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Ségolène ROYAL.
SEGOLENE ROYAL
Merci.
BRUCE TOUSSAINT
Et je rappelle que vous avez annoncé au cours de cette interview que vous deveniez présidente de la COP21. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 février 2016