Texte intégral
THOMAS SOTTO
Au lendemain de la charge de Martine AUBRY, Jean-Pierre ELKABBACH reçoit Jean-Marie LE GUEN, Secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement. Messieurs, c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La gauche où ce qu'il en reste. Bienvenu Jean-Marie LE GUEN, bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le chômage baisse. Est-ce que ça veut dire ce matin que François HOLLANDE peut être candidat en 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il peut sûrement être candidat en 2017 et je le souhaite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
J'ai dit ce matin, ce mois-ci, parce que se mettre soi-même dans une situation de dépendance à l'égard de la météo sociale, c'est plutôt une idée saugrenue de François HOLLANDE, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui. Moi, je n'ai jamais adhéré à cette idée. Je pense que l'action de François HOLLANDE est un bilan global d'une action internationale sur tout un tas d'autres sujets, des sujets de société, qui est suffisamment importante pour qu'elle justifie la présentation d'un bilan devant les Français. Bien sûr, le chômage est une question très importante et je me félicite des résultats.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La seule question ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ça ne peut pas être la seule question dans un monde aussi difficile que celui que nous connaissons, quand on voit les tourments, les divisions de la France sur des questions touchant à la xénophobie, au racisme. Il faut qu'il y ait un mandat républicain et François HOLLANDE a porté cette valeur républicaine depuis quatre ans avec beaucoup de force, me semble-t-il.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si le président de la République sait déjà qu'il ne relancera pas la croissance et l'emploi à 2017, pourquoi il crée dans le pays une sorte de suspense et d'incertitude qui sont à la fois dangereuses et inutiles ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, vous le ressentez comme ça. Moi, je n'ai pas de doute sur l'idée qu'il sera en situation d'être candidat. Je me place donc complètement dans cette perspective, je ne me laisse pas évidemment aller à des spéculations politiques. Je ne dis pas qu'elles n'existent pas y compris à gauche, Jean-Pierre ELKABBACH. Vous l'avez vu ces derniers jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On l'a vu hier et même ce matin. Ce matin sur RTL, Martine AUBRY dit qu'en amie, elle vous alerte. Donc, elle veut votre bien à vous la gauche, à la gauche que vous représentez.
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord ce que j'ai lu, ce n'était pas très amical. C'est le moins qu'on puisse dire. C'est une charge d'une très grande virulence, très globale, très radicale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi ? Qui vient de loin ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne sais pas. Oui, j'ai l'impression qu'en fait, si vous voulez, c'est la primaire de 2011 qui n'a jamais été digérée après son échec. Je pense qu'il y a effectivement deux gauches. Celle que représente François HOLLANDE, c'est une gauche pragmatique, réaliste, et qui a su entraîner dans ces primaires et dans l'action aujourd'hui. Parce que quoi qu'on en dise, la contestation de la gauche de gouvernement est minoritaire à gauche, très minoritaire. Il faut donc que cette gauche de gouvernement puisse rassembler et je trouve dommage que Martine AUBRY donne un coup de canif en quelque sorte à ce rassemblement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Seulement un coup de canif ou un coup de canon ? Parce qu'on voit qu'il y a la gauche qui veut gouverner, qui gouverne, et qui prétend réformer jusqu'au bout, et l'autre qui se sent peut-être mieux dans l'opposition.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, je le crois. Il y a des gens devant la difficulté du monde, devant peut-être parfois sa cruauté, ils préfèrent être dans l'opposition, dans l'indignation et ils n'assument pas leurs responsabilités. Ni au plan de l'action gouvernementale, ni parfois d'ailleurs dans des engagements. Moi, je me pose un certain nombre de questions. La responsabilité par exemple, est-ce que oui ou non il faut pouvoir soutenir nos entreprises. La gauche de responsabilité, elle dit : « Oui, il faut soutenir les entreprises ». Est-ce qu'il faut réformer le Code du travail ? Oui, il faut réformer le Code du travail. Est-ce qu'on doit accepter la politique migratoire de madame MERKEL ? Non, je ne le crois pas. Il faut une politique plus équilibrée et je ne sens pas que madame AUBRY dans le Nord-Pas-de-Calais, à Calais notamment, ait une attitude qui Est-ce qu'on la voit venir à Calais pour dire : « Il faut plusieurs milliers de migrants supplémentaires ? » Je ne crois pas que ce soit responsable, elle ne le fait pas, donc je ne comprends pas ces critiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous lui reprochez d'une certaine manière de ne s'être pas présentée dans les régionales. De ne pas avoir fait le combat politique qu'elle aurait dû faire.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, chacun est libre de ses engagements. Mais on ne peut pas donner des leçons de morale quand on voit notamment la situation dans laquelle est le Parti socialiste dans le Nord-Pas-de-Calais. Voilà. Et moi, je ne veux pas pour la gauche ce qui a été Ce qui s'est passé l'année dernière dans le Nord-Pas-de-Calais, c'est qu'on soit condamné à voter pour un candidat de droite face à l'extrême droite. Parce que l'alternative, et c'est là où il y a L'alternative à François HOLLANDE aujourd'hui, c'est la droite ou l'extrême droite. Ce n'est pas la gauche de Martine AUBRY. Et donc, il faut bien le comprendre. Les Français nous suivent parce que nous sommes face à ces responsabilités et parce que nous affrontons ces responsabilités et nous modernisons le socialisme. Voilà la réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il faut encore voir qui vous suit parce que ce matin, vous n'êtes plus la majorité dans le pays.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, il y a aujourd'hui trois forces : l'extrême droite, la droite, la gauche. Bien sûr, c'est la réalité politique du pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marie LE GUEN, pourquoi vous les appelez la gauche suicidaire ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Parce que quelque part pour eux, la situation est trop difficile. Ils préfèrent rester dans l'indignation. Ils préfèrent avoir des postures morales sans assumer la morale et l'éthique de la responsabilité. Comme disait Jean-Paul SARTRE : ils ont les mains blanches, mais en fait ils n'ont pas de mains. La réalité, c'est que pour gouverner aujourd'hui, il faut s'engager, il faut de l'unité. J'appelle la gauche à l'unité. Et là, vraiment, cette attitude qui est une attitude d'une critique vraiment tout à fait radicalisée, qui n'est pas constructive malheureusement. Il n'y a aucune proposition dans ce qu'elle fait, il n'y a aucune stratégie politique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, Martine AUBRY reste dure mais elle nuance. Elle dit qu'elle veut la victoire de la gauche et que cette victoire se joue aujourd'hui, mais c'est vrai que c'est une habitude chez elle. Un jour il y a les missiles, et le lendemain un pas en arrière, un pas en avant. C'est un peu le tango de la bande à Martine, mais elle le fait pour votre bien, encore une fois. Est-ce que vous pensez qu'elle vous fait du mal ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Qui aime bien châtie bien, ça serait ça son slogan. Non, je ne le crois pas. Je crois véritablement que la gauche a besoin d'unité, elle a besoin de sérénité. Je n'ai pas apprécié la manière dont elle a parlé de Myriam EL KHOMRI, la manière dont elle a attaqué Emmanuel MACRON, la manière dont elle attaque Manuel VALLS. C'est la critique systématique, parfois ad hominem, contre les gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle dit : « Ras-le-bol toujours MACRON ». Elle dit : « La loi El Khomri, je ne crois pas que ce soit vraiment EL KHOMRI, c'est l'obsession de Manuel VALLS ». Vous trouvez ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Quel mépris ! Est-ce qu'on pourrait accepter que je dise que ce n'est pas Martine AUBRY qui a écrit son texte ? Est-ce que véritablement on peut traiter les gens comme ça ? On voit bien qu'il y a effectivement une certaine gauche méprisante. D'ailleurs, c'est une gauche qui ne parle qu'à elle-même. Elle ne cherche pas à parler aux Français, elle s'adresse essentiellement à la gauche, comme si nous étions un monde clos : nous les gens de gauche, cette gauche militante qui se coupe malheureusement aussi beaucoup de l'électorat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous ici qu'ils ne représentent pas une alternative. Mais on va prendre des exemples, très, très vite. Martine AUBRY et les siens ont-ils tort quand ils disent : « Le congrès de Versailles serait une fêlure pour la gauche, évitons d'y aller ». Question : François HOLLANDE, est-ce qu'il peut avoir sa révision de la constitution à Versailles ? Oui ou non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui. Il le peut sur des bases aujourd'hui qui ont été clarifiées à l'Assemblée nationale. Evidemment, c'est un gage d'union nationale. Est-ce que la gauche a peur de l'union nationale ? Nous devrions Alors que l'extrême droite est aux portes du pouvoir, il faudrait toujours jouer la division, la polémique, l'affrontement ? C'est ça qu'on propose comme rassemblement aux Français ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les signataires, Jean-Marie LE PEN (sic), dénoncent votre projet de réforme du Code du travail : « Pas ça, pas nous, pas la gauche », et il demande à Manuel VALLS le retrait du texte. C'est oui, c'est non ? Il retire, il retire pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Bien sûr que non. Je regrette d'ailleurs, cette tribune est apparue au moment où le dialogue est en train de se nouer avec les organisations syndicales réformistes. La manière dont Martine AUBRY par exemple attaque le Pacte de responsabilité, qui avait été soutenu par la CFDT, on voit bien que dans la radicalisation de ses critiques
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez, attendez ! Elle dit : vous avez dépensé quarante et un milliards, mobilisé quarante et un milliards d'euros en trois ans pour rien.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais qu'est-ce qu'elle a fait elle-même quand elle a fait les 35 heures ? Ça a couté plus de dix milliards par an de cotisations remboursés au patronat. Est-ce qu'il peut y avoir des politiques sans qu'il y ait des politiques d'accompagnement des entreprises ? Est-ce que véritablement on peut tout simplement sans arrêt augmenter les impôts des Français et les charges sur les entreprises ? C'est ça ce qu'elle propose ? J'entendais ce matin ce qu'elle disait : elle propose de redonner de l'argent aux collectivités territoriales. C'est un projet politique pour les Français, ça ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très vite, très vite. On voit bien que vous dites qu'il y a deux gauches et peut-être qu'elle met en relief le réformisme de Manuel VALLS, de vous, de MACRON et cætera, mais montrez-le. Est-ce qu'il est vrai que Manuel VALLS ne croit plus en François HOLLANDE ? Qu'il est en train de s'émanciper et qu'il se prépare lui, déjà, pour 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Toutes ces spéculations font partie évidemment - surtout quand une ambiance se créée par ce type d'initiative. Evidemment, l'ambiance n'est pas excellente et les commentateurs et les spéculations ont lieu, mais la réalité c'est que sur tous ces points que nous avons évoqués, François HOLLANDE, Manuel VALLS et le gouvernement vont la main dans la main, sur la même orientation. Ces orientations sont décidées ensemble, elles sont assumées ensemble et elles permettent à la gauche d'avancer et à la France d'être gouvernée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci. La colère de Jean-Marie LE GUEN.Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 février 2016
Au lendemain de la charge de Martine AUBRY, Jean-Pierre ELKABBACH reçoit Jean-Marie LE GUEN, Secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement. Messieurs, c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La gauche où ce qu'il en reste. Bienvenu Jean-Marie LE GUEN, bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le chômage baisse. Est-ce que ça veut dire ce matin que François HOLLANDE peut être candidat en 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il peut sûrement être candidat en 2017 et je le souhaite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
J'ai dit ce matin, ce mois-ci, parce que se mettre soi-même dans une situation de dépendance à l'égard de la météo sociale, c'est plutôt une idée saugrenue de François HOLLANDE, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui. Moi, je n'ai jamais adhéré à cette idée. Je pense que l'action de François HOLLANDE est un bilan global d'une action internationale sur tout un tas d'autres sujets, des sujets de société, qui est suffisamment importante pour qu'elle justifie la présentation d'un bilan devant les Français. Bien sûr, le chômage est une question très importante et je me félicite des résultats.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La seule question ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ça ne peut pas être la seule question dans un monde aussi difficile que celui que nous connaissons, quand on voit les tourments, les divisions de la France sur des questions touchant à la xénophobie, au racisme. Il faut qu'il y ait un mandat républicain et François HOLLANDE a porté cette valeur républicaine depuis quatre ans avec beaucoup de force, me semble-t-il.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si le président de la République sait déjà qu'il ne relancera pas la croissance et l'emploi à 2017, pourquoi il crée dans le pays une sorte de suspense et d'incertitude qui sont à la fois dangereuses et inutiles ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, vous le ressentez comme ça. Moi, je n'ai pas de doute sur l'idée qu'il sera en situation d'être candidat. Je me place donc complètement dans cette perspective, je ne me laisse pas évidemment aller à des spéculations politiques. Je ne dis pas qu'elles n'existent pas y compris à gauche, Jean-Pierre ELKABBACH. Vous l'avez vu ces derniers jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On l'a vu hier et même ce matin. Ce matin sur RTL, Martine AUBRY dit qu'en amie, elle vous alerte. Donc, elle veut votre bien à vous la gauche, à la gauche que vous représentez.
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord ce que j'ai lu, ce n'était pas très amical. C'est le moins qu'on puisse dire. C'est une charge d'une très grande virulence, très globale, très radicale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi ? Qui vient de loin ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne sais pas. Oui, j'ai l'impression qu'en fait, si vous voulez, c'est la primaire de 2011 qui n'a jamais été digérée après son échec. Je pense qu'il y a effectivement deux gauches. Celle que représente François HOLLANDE, c'est une gauche pragmatique, réaliste, et qui a su entraîner dans ces primaires et dans l'action aujourd'hui. Parce que quoi qu'on en dise, la contestation de la gauche de gouvernement est minoritaire à gauche, très minoritaire. Il faut donc que cette gauche de gouvernement puisse rassembler et je trouve dommage que Martine AUBRY donne un coup de canif en quelque sorte à ce rassemblement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Seulement un coup de canif ou un coup de canon ? Parce qu'on voit qu'il y a la gauche qui veut gouverner, qui gouverne, et qui prétend réformer jusqu'au bout, et l'autre qui se sent peut-être mieux dans l'opposition.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, je le crois. Il y a des gens devant la difficulté du monde, devant peut-être parfois sa cruauté, ils préfèrent être dans l'opposition, dans l'indignation et ils n'assument pas leurs responsabilités. Ni au plan de l'action gouvernementale, ni parfois d'ailleurs dans des engagements. Moi, je me pose un certain nombre de questions. La responsabilité par exemple, est-ce que oui ou non il faut pouvoir soutenir nos entreprises. La gauche de responsabilité, elle dit : « Oui, il faut soutenir les entreprises ». Est-ce qu'il faut réformer le Code du travail ? Oui, il faut réformer le Code du travail. Est-ce qu'on doit accepter la politique migratoire de madame MERKEL ? Non, je ne le crois pas. Il faut une politique plus équilibrée et je ne sens pas que madame AUBRY dans le Nord-Pas-de-Calais, à Calais notamment, ait une attitude qui Est-ce qu'on la voit venir à Calais pour dire : « Il faut plusieurs milliers de migrants supplémentaires ? » Je ne crois pas que ce soit responsable, elle ne le fait pas, donc je ne comprends pas ces critiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous lui reprochez d'une certaine manière de ne s'être pas présentée dans les régionales. De ne pas avoir fait le combat politique qu'elle aurait dû faire.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, chacun est libre de ses engagements. Mais on ne peut pas donner des leçons de morale quand on voit notamment la situation dans laquelle est le Parti socialiste dans le Nord-Pas-de-Calais. Voilà. Et moi, je ne veux pas pour la gauche ce qui a été Ce qui s'est passé l'année dernière dans le Nord-Pas-de-Calais, c'est qu'on soit condamné à voter pour un candidat de droite face à l'extrême droite. Parce que l'alternative, et c'est là où il y a L'alternative à François HOLLANDE aujourd'hui, c'est la droite ou l'extrême droite. Ce n'est pas la gauche de Martine AUBRY. Et donc, il faut bien le comprendre. Les Français nous suivent parce que nous sommes face à ces responsabilités et parce que nous affrontons ces responsabilités et nous modernisons le socialisme. Voilà la réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il faut encore voir qui vous suit parce que ce matin, vous n'êtes plus la majorité dans le pays.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, il y a aujourd'hui trois forces : l'extrême droite, la droite, la gauche. Bien sûr, c'est la réalité politique du pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marie LE GUEN, pourquoi vous les appelez la gauche suicidaire ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Parce que quelque part pour eux, la situation est trop difficile. Ils préfèrent rester dans l'indignation. Ils préfèrent avoir des postures morales sans assumer la morale et l'éthique de la responsabilité. Comme disait Jean-Paul SARTRE : ils ont les mains blanches, mais en fait ils n'ont pas de mains. La réalité, c'est que pour gouverner aujourd'hui, il faut s'engager, il faut de l'unité. J'appelle la gauche à l'unité. Et là, vraiment, cette attitude qui est une attitude d'une critique vraiment tout à fait radicalisée, qui n'est pas constructive malheureusement. Il n'y a aucune proposition dans ce qu'elle fait, il n'y a aucune stratégie politique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, Martine AUBRY reste dure mais elle nuance. Elle dit qu'elle veut la victoire de la gauche et que cette victoire se joue aujourd'hui, mais c'est vrai que c'est une habitude chez elle. Un jour il y a les missiles, et le lendemain un pas en arrière, un pas en avant. C'est un peu le tango de la bande à Martine, mais elle le fait pour votre bien, encore une fois. Est-ce que vous pensez qu'elle vous fait du mal ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Qui aime bien châtie bien, ça serait ça son slogan. Non, je ne le crois pas. Je crois véritablement que la gauche a besoin d'unité, elle a besoin de sérénité. Je n'ai pas apprécié la manière dont elle a parlé de Myriam EL KHOMRI, la manière dont elle a attaqué Emmanuel MACRON, la manière dont elle attaque Manuel VALLS. C'est la critique systématique, parfois ad hominem, contre les gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle dit : « Ras-le-bol toujours MACRON ». Elle dit : « La loi El Khomri, je ne crois pas que ce soit vraiment EL KHOMRI, c'est l'obsession de Manuel VALLS ». Vous trouvez ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Quel mépris ! Est-ce qu'on pourrait accepter que je dise que ce n'est pas Martine AUBRY qui a écrit son texte ? Est-ce que véritablement on peut traiter les gens comme ça ? On voit bien qu'il y a effectivement une certaine gauche méprisante. D'ailleurs, c'est une gauche qui ne parle qu'à elle-même. Elle ne cherche pas à parler aux Français, elle s'adresse essentiellement à la gauche, comme si nous étions un monde clos : nous les gens de gauche, cette gauche militante qui se coupe malheureusement aussi beaucoup de l'électorat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous ici qu'ils ne représentent pas une alternative. Mais on va prendre des exemples, très, très vite. Martine AUBRY et les siens ont-ils tort quand ils disent : « Le congrès de Versailles serait une fêlure pour la gauche, évitons d'y aller ». Question : François HOLLANDE, est-ce qu'il peut avoir sa révision de la constitution à Versailles ? Oui ou non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui. Il le peut sur des bases aujourd'hui qui ont été clarifiées à l'Assemblée nationale. Evidemment, c'est un gage d'union nationale. Est-ce que la gauche a peur de l'union nationale ? Nous devrions Alors que l'extrême droite est aux portes du pouvoir, il faudrait toujours jouer la division, la polémique, l'affrontement ? C'est ça qu'on propose comme rassemblement aux Français ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les signataires, Jean-Marie LE PEN (sic), dénoncent votre projet de réforme du Code du travail : « Pas ça, pas nous, pas la gauche », et il demande à Manuel VALLS le retrait du texte. C'est oui, c'est non ? Il retire, il retire pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Bien sûr que non. Je regrette d'ailleurs, cette tribune est apparue au moment où le dialogue est en train de se nouer avec les organisations syndicales réformistes. La manière dont Martine AUBRY par exemple attaque le Pacte de responsabilité, qui avait été soutenu par la CFDT, on voit bien que dans la radicalisation de ses critiques
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez, attendez ! Elle dit : vous avez dépensé quarante et un milliards, mobilisé quarante et un milliards d'euros en trois ans pour rien.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais qu'est-ce qu'elle a fait elle-même quand elle a fait les 35 heures ? Ça a couté plus de dix milliards par an de cotisations remboursés au patronat. Est-ce qu'il peut y avoir des politiques sans qu'il y ait des politiques d'accompagnement des entreprises ? Est-ce que véritablement on peut tout simplement sans arrêt augmenter les impôts des Français et les charges sur les entreprises ? C'est ça ce qu'elle propose ? J'entendais ce matin ce qu'elle disait : elle propose de redonner de l'argent aux collectivités territoriales. C'est un projet politique pour les Français, ça ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très vite, très vite. On voit bien que vous dites qu'il y a deux gauches et peut-être qu'elle met en relief le réformisme de Manuel VALLS, de vous, de MACRON et cætera, mais montrez-le. Est-ce qu'il est vrai que Manuel VALLS ne croit plus en François HOLLANDE ? Qu'il est en train de s'émanciper et qu'il se prépare lui, déjà, pour 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. Toutes ces spéculations font partie évidemment - surtout quand une ambiance se créée par ce type d'initiative. Evidemment, l'ambiance n'est pas excellente et les commentateurs et les spéculations ont lieu, mais la réalité c'est que sur tous ces points que nous avons évoqués, François HOLLANDE, Manuel VALLS et le gouvernement vont la main dans la main, sur la même orientation. Ces orientations sont décidées ensemble, elles sont assumées ensemble et elles permettent à la gauche d'avancer et à la France d'être gouvernée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci. La colère de Jean-Marie LE GUEN.Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 février 2016