Texte intégral
La défense des droits de l'Homme fait partie de l'identité de notre pays, la France, et elle est un principe d'action de la diplomatie française. C'est pour moi, aussi, un engagement ancien et personnel.
Et c'est le sens de mon déplacement ici à Genève aujourd'hui. Nous célébrons les dix ans du Conseil des droits de l'Homme. Nous célébrons les 50 ans des pactes internationaux fondateurs pour les droits de l'Homme. Je pense aux droits civils et politiques, aux droits économiques, sociaux et culturels.
Et devant le Conseil des droits de l'Homme, dans quelques instants je mettrai l'accent sur trois points.
- Le premier, c'est la Syrie. Il ne faut pas s'y tromper : le drame syrien est le test à l'aune duquel tous nos efforts en matière de droits de l'Homme sera jugé. Et pour l'instant, force est de constater que c'est un échec. La France souhaite ardemment la fin des hostilités. Elle soutient tous les efforts dans ce sens et la mise en oeuvre de l'accord est en vigueur officiellement depuis vendredi dernier.
Mais la France sera vigilante sur son application concrète. Nous avons d'ailleurs reçu des indications selon lesquelles les attaques, y compris aériennes, se poursuivent contre des zones contrôlées par l'opposition modérée. Tout ceci doit naturellement être vérifié. La France a demandé que la task force chargée de surveiller la mise en oeuvre de la cessation des hostilités se réunisse sans délai. J'aurai d'ailleurs l'occasion, dans quelques instants d'en parler avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et Staffan de Mistura, son envoyé spécial.
Deuxièmement, la France ne se mettra pas du côté de ceux qui voudraient mettre les violations des droits de l'Homme et le droit humanitaire entre parenthèses, sous le tapis.
- Le deuxième point que je soulignerai, justement, c'est le risque de retour en arrière au nom de la stabilité, de la sécurité ou de particularismes culturels. Les droits de l'Homme sont universels et je suis préoccupé par la tentation de revenir sur les libertés publiques et individuelles que l'on observe un peu partout dans le monde, y compris dans des pays qui se veulent des démocraties, et cela y compris en Europe.
À cet égard, la France a été interrogée sur les mesures qu'elle a prises. Je pense à l'état d'urgence en réaction aux attentats du 13 novembre dernier. J'ai réaffirmé notre ouverture au dialogue et la totale transparence sur les dispositions que nous prenons. Mais j'ai aussi affirmé, et je réaffirme aujourd'hui, l'engagement de la République française à concilier en permanence la sécurité que l'on doit à nos citoyens avec la préservation des libertés publiques.
- Le troisième point, c'est la confirmation de l'engagement de la France. J'ai annoncé que la France était candidate à être membre du Conseil des droits de l'Homme. Nous le sommes jusqu'en 2016. Il nous faudra un an pour pouvoir y revenir. En tout cas c'est mon souhait d'y revenir, et d'y revenir activement.
Dans le cadre de cet engagement, j'entends mettre l'accent sur quatre sujets prioritaires :
- d'abord la protection des civils et la défense du droit humanitaire, battus en brèche en Syrie et ailleurs. La France continuera à être en pointe sur ce sujet. Je compte en particulier saisir le Conseil de sécurité des Nations unies avec nos partenaires, sur la question de la protection des personnels de santé. Nous ne pouvons pas laisser passer les attaques inacceptables comme celle que nous avons connues il y a quelques jours contre Médecins sans Frontières en Syrie.
- La deuxième priorité, c'est les droits des femmes, sur lesquels il existe un vrai risque de recul. À cet égard, il faut sortir des clichés : ce n'est pas un problème des pays arabes ou musulmans, mais un problème dans tous les pays, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe. La défense des droits des LGBTI est aussi l'une de nos priorités.
- 3e sujet, c'est le combat pour l'abolition de la peine de mort, avec un constat paradoxal : 2015 a été à la fois le record en termes de nombre de pays abolitionnistes ou ayant un moratoire, mais aussi le record en nombre d'exécutions au cours des dernières années.
- Enfin, les droits économiques et sociaux, et notamment la question de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Trois ans après le drame du Rana Plaza, nous n'avons pas assez progressé. Je souhaite que la France, avec l'Europe, soit plus active sur ce sujet. Pas pour imposer des diktats - je pense à des pays comme le Bangladesh ou le Vietnam - mais pour responsabiliser tous les acteurs. Et en matière environnementale, l'accord historique de Paris sur le climat du 12 décembre doit maintenant se traduire par des gains concrets, car les désordres climatiques portent aussi atteinte aux droits de l'Homme, aux droits fondamentaux.
De façon plus générale, je souhaite renforcer la dimension «droits de l'Homme» de notre diplomatie.
La France fait déjà beaucoup, partout dans le monde :
- Elle est à la pointe du combat contre l'impunité - avec la poursuite de notre initiative sur l'encadrement du droit de veto en cas d'atrocités de masse au Conseil de sécurité et le soutien à une saisine de la CPI concernant les crimes commis en Syrie.
- La France mène un combat déjà ancien pour l'abolition de la peine de mort et elle le poursuivra.
- La France s'engage concrètement pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, en faisant des démarches quand ils sont menacés, en leur accordant des visas, en leur apportant un soutien financier et médiatique.
Mesdames, Messieurs, le choix n'est pas entre incantation et silence complice : entre les deux, il y a un espace pour l'action, et ce que je souhaite, c'est que la France l'occupe pleinement. Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mars 2016
Et c'est le sens de mon déplacement ici à Genève aujourd'hui. Nous célébrons les dix ans du Conseil des droits de l'Homme. Nous célébrons les 50 ans des pactes internationaux fondateurs pour les droits de l'Homme. Je pense aux droits civils et politiques, aux droits économiques, sociaux et culturels.
Et devant le Conseil des droits de l'Homme, dans quelques instants je mettrai l'accent sur trois points.
- Le premier, c'est la Syrie. Il ne faut pas s'y tromper : le drame syrien est le test à l'aune duquel tous nos efforts en matière de droits de l'Homme sera jugé. Et pour l'instant, force est de constater que c'est un échec. La France souhaite ardemment la fin des hostilités. Elle soutient tous les efforts dans ce sens et la mise en oeuvre de l'accord est en vigueur officiellement depuis vendredi dernier.
Mais la France sera vigilante sur son application concrète. Nous avons d'ailleurs reçu des indications selon lesquelles les attaques, y compris aériennes, se poursuivent contre des zones contrôlées par l'opposition modérée. Tout ceci doit naturellement être vérifié. La France a demandé que la task force chargée de surveiller la mise en oeuvre de la cessation des hostilités se réunisse sans délai. J'aurai d'ailleurs l'occasion, dans quelques instants d'en parler avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et Staffan de Mistura, son envoyé spécial.
Deuxièmement, la France ne se mettra pas du côté de ceux qui voudraient mettre les violations des droits de l'Homme et le droit humanitaire entre parenthèses, sous le tapis.
- Le deuxième point que je soulignerai, justement, c'est le risque de retour en arrière au nom de la stabilité, de la sécurité ou de particularismes culturels. Les droits de l'Homme sont universels et je suis préoccupé par la tentation de revenir sur les libertés publiques et individuelles que l'on observe un peu partout dans le monde, y compris dans des pays qui se veulent des démocraties, et cela y compris en Europe.
À cet égard, la France a été interrogée sur les mesures qu'elle a prises. Je pense à l'état d'urgence en réaction aux attentats du 13 novembre dernier. J'ai réaffirmé notre ouverture au dialogue et la totale transparence sur les dispositions que nous prenons. Mais j'ai aussi affirmé, et je réaffirme aujourd'hui, l'engagement de la République française à concilier en permanence la sécurité que l'on doit à nos citoyens avec la préservation des libertés publiques.
- Le troisième point, c'est la confirmation de l'engagement de la France. J'ai annoncé que la France était candidate à être membre du Conseil des droits de l'Homme. Nous le sommes jusqu'en 2016. Il nous faudra un an pour pouvoir y revenir. En tout cas c'est mon souhait d'y revenir, et d'y revenir activement.
Dans le cadre de cet engagement, j'entends mettre l'accent sur quatre sujets prioritaires :
- d'abord la protection des civils et la défense du droit humanitaire, battus en brèche en Syrie et ailleurs. La France continuera à être en pointe sur ce sujet. Je compte en particulier saisir le Conseil de sécurité des Nations unies avec nos partenaires, sur la question de la protection des personnels de santé. Nous ne pouvons pas laisser passer les attaques inacceptables comme celle que nous avons connues il y a quelques jours contre Médecins sans Frontières en Syrie.
- La deuxième priorité, c'est les droits des femmes, sur lesquels il existe un vrai risque de recul. À cet égard, il faut sortir des clichés : ce n'est pas un problème des pays arabes ou musulmans, mais un problème dans tous les pays, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe. La défense des droits des LGBTI est aussi l'une de nos priorités.
- 3e sujet, c'est le combat pour l'abolition de la peine de mort, avec un constat paradoxal : 2015 a été à la fois le record en termes de nombre de pays abolitionnistes ou ayant un moratoire, mais aussi le record en nombre d'exécutions au cours des dernières années.
- Enfin, les droits économiques et sociaux, et notamment la question de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Trois ans après le drame du Rana Plaza, nous n'avons pas assez progressé. Je souhaite que la France, avec l'Europe, soit plus active sur ce sujet. Pas pour imposer des diktats - je pense à des pays comme le Bangladesh ou le Vietnam - mais pour responsabiliser tous les acteurs. Et en matière environnementale, l'accord historique de Paris sur le climat du 12 décembre doit maintenant se traduire par des gains concrets, car les désordres climatiques portent aussi atteinte aux droits de l'Homme, aux droits fondamentaux.
De façon plus générale, je souhaite renforcer la dimension «droits de l'Homme» de notre diplomatie.
La France fait déjà beaucoup, partout dans le monde :
- Elle est à la pointe du combat contre l'impunité - avec la poursuite de notre initiative sur l'encadrement du droit de veto en cas d'atrocités de masse au Conseil de sécurité et le soutien à une saisine de la CPI concernant les crimes commis en Syrie.
- La France mène un combat déjà ancien pour l'abolition de la peine de mort et elle le poursuivra.
- La France s'engage concrètement pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, en faisant des démarches quand ils sont menacés, en leur accordant des visas, en leur apportant un soutien financier et médiatique.
Mesdames, Messieurs, le choix n'est pas entre incantation et silence complice : entre les deux, il y a un espace pour l'action, et ce que je souhaite, c'est que la France l'occupe pleinement. Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mars 2016