Texte intégral
Face à un phénomène inédit, nous devons être capables d'une mobilisation inédite. Une mobilisation proprement nationale dans la mesure où l'État y joue le premier rôle mais que les collectivités, les associations, les citoyens eux-mêmes y sont indispensables.
Cette mobilisation doit permettre d'intervenir tout au long du processus que constitue la radicalisation. Plus le processus est engagé, et plus la réponse sera régalienne. Plus nous intervenons en amont, et plus il s'agira d'éduquer et de convaincre. C'est à ce titre que mon ministère peut être utile dans cette ambition globale de lutte contre la radicalisation et de promotion des valeurs républicaines.
En refusant les raccourcis qui sont souvent des impasses, il faut avoir la lucidité de dire que les quartiers prioritaires sont concernés par ces problématiques de radicalisation.
C'est d'ailleurs le sens du comité interministériel égalité citoyenneté qui s'est déjà réuni deux fois.
Parce qu'il faut s'adresser en priorité à la jeunesse, parce que les associations et les clubs sportifs sont des relais privilégiés, le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports se doit d'être en première ligne dans le travail de prévention.
Ce travail est nécessairement un travail fin, étayé, et de ce point de vue, je remercie M. le Préfet, Adolphe Colrat, pour la restitution de cet atelier sur l'enjeu que constitue la coordination d'une approche globale.
Cette coordination incombera au préfet qui par conséquent conserve une position centrale. Mais la mission évolue quelque peu et consiste à fédérer et outiller les acteurs locaux autour de l'objectif de prévention.
Les délégués du préfet vont être mobilisés pour jouer un rôle d'interface entre le niveau local et les cellules de suivi départementales. Ils sont 317 qui interviennent au coeur des quartiers, 180 d'entre eux ont d'ores et déjà été formés à la prévention de la radicalisation, les autres le seront prochainement.
L'efficacité de cette prévention repose sur notre capacité à réussir la mobilisation dont je parlais au début de mon propos, c'est-à-dire à multiplier les relais territoriaux et à leur permettre de jouer un double rôle de récepteurs et d'émetteurs, de repérage et d'éducation entendue au sens large.
A ce titre, il faut favoriser l'implication des collectivités locales, et en particulier des communes. Nous avons un outil pour le faire : les contrats de ville.
Il nous faut aussi davantage solliciter les différents réseaux de la politique de la ville : les médiateurs, les éducateurs, les animateurs, notamment. Les dispositifs de la politique de la ville n'ont certes pas pour vocation première de prévenir la radicalisation mais peuvent utilement y concourir.
C'est tout l'objet de l'instruction aux préfets que je vais cosigner aujourd'hui avec le ministre de l'Intérieur.
Les préfets doivent en effet pouvoir s'appuyer sur un réseau de professionnels intervenant pour l'accompagnement des jeunes et des parents.
Pour résumer, nous devons resserrer les mailles de la République. Cela passe, vous l'avez compris, par davantage d'acteurs concernés, impliqués, mais aussi par une présence étendue dans le temps.
Il faut davantage investir nos quartiers dans les moments où les services publics sont en retrait, en soirée et le week-end, afin de ne pas laisser la place aux organisations communautaristes et aux militants de la radicalisation.
Je vous remercie par avance pour la mobilisation de chacun dans cette politique de prévention.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 1er mars 2016