Déclaration de M. Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l'étranger, en réponse à des questions sur l'accord entre l'Union européenne et la Turquie face à la crise migratoire, à l'Assemblée nationale le 23 mars 2016.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 23 mars 2016

Texte intégral


* Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser le ministre des affaires étrangères qui est actuellement en déplacement en Corée, pour le lancement de l'année France Corée et la célébration des 130 ans des relations diplomatiques avec ce pays.
Je voulais également présenter les excuses du ministre de l'intérieur qui est en ce moment-même au Sénat pour un débat sur les moyens du renseignement.
Le gouvernement partage bien sûr la préoccupation et l'humanisme qui a présidé à votre question et l'attention aux libertés publiques qui en résulte. Nous sommes aujourd'hui confrontés à une crise migratoire d'une gravité et d'une importance sans précédent, avec plus de deux millions de réfugiés qui se trouvent aujourd'hui en Turquie. L'accord du 18 mars auquel est parvenue l'Union européenne a pour vocation de répondre à cela.
Nous sommes extrêmement attentifs, dans le cadre de ces travaux bien sûr à la question des droits de l'Homme et à la question du respect du droit d'asile. C'est la raison pour laquelle la France et l'Allemagne ont décidé en commun, dans une lettre commune, à la décision du président de la République et du ministre de l'intérieur pour ce qui concerne la France, d'envoyer des moyens supplémentaires sur place, pour respecter et faire respecter le droit d'asile et les libertés.
Nous ne sommes pas engagés dans un marchandage, nous sommes engagés dans une résolution globale d'une situation dans laquelle toutes les parties prenantes doivent prendre leurs responsabilités. La Turquie qui est en première ligne, c'est un fait - qu'on le veuille ou non - de cette situation doit évidemment en être partie prenante.
Telle est la philosophie qui a présidé à cet accord et nous sommes extrêmement attentifs à ce que, dans les principes et dans la mise en oeuvre, les libertés fondamentales qui sont au coeur de l?Union européenne soient respectées.
* Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Vous m'interrogez à votre tour sur un sujet très important. Le gouvernement se félicite que le Parlement exerce un contrôle attentif et scrupuleux de toutes les questions qui touchent aux libertés publiques, y compris dans cette situation concernant la crise migratoire. Mais encore une fois, la Turquie est en première ligne. Elle est en première ligne des flux migratoires, avec plus de deux millions de réfugiés aujourd'hui sur son territoire, et avec un afflux quotidien de 2.000 réfugiés depuis la Turquie vers la Grèce, dont un certain nombre se trouvent, en Grèce et en Turquie, dans des situations indignes de toutes personnes humaines.
C'est la réalité de la situation telle qu'elle est aujourd'hui. La visée de cet accord, c'est de répondre à cette préoccupation, c'est aussi de dissuader un certain nombre de personnes de traverser la mer Égée à leurs risques et périls, avec parfois la mort à la clef. C'est aussi la volonté de lutter contre le trafic des êtres humains qui, dans cette crise, comme dans beaucoup d'autres migrations, existe.
La France est attentive, fidèle à sa tradition, fidèle à nos principes constitutionnels, fidèle à nos droits fondamentaux, à cette question du droit d'asile évidemment. Cela se traduit sur les principes, nous veillons à ce qu'en Grèce et en Turquie, un certain nombre d'adaptations législatives intervienne, et elles sont nécessaires pour le plein respect du droit international. Nous le sommes aussi sur le plan des pratiques, avec l'envoi de plus de 200 personnels pour Frontex et de plus de 100 personnels pour le bureau commun du droit d'asile européen.
C'est ainsi que nous parviendrons à régler la question migratoire, dans le respect des principes de l'Union européenne, car l'Europe dans cette affaire joue son âme, elle joue aussi une partie de son avenir.
* Merci Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Je sais bien que tout est dans tout et réciproquement, mais, néanmoins, sur des sujets d'une telle gravité, il faut regarder les choses avec beaucoup de lucidité et aussi avec beaucoup de calme.
Sur cette question dramatique où, encore une fois, l'essentiel est en jeu pour l'Union européenne. Je pense que nous pouvons être d'accord là-dessus : est-ce que la question est parfaite aujourd'hui ? Non ! Est-ce que l'Union européenne, telle qu'elle est aujourd'hui, parvient à parfaitement régler la situation ? Non, à l'évidence non. Pourquoi ? Parce que l'Europe n'a pas été créée pour cela. Et elle est aujourd'hui à un tournant, elle doit se réinventer face à une crise majeure, face à des afflux de réfugiés important.
Il y a, sur ce sujet, une approche globale à avoir avec, encore une fois, un pays qui est en première ligne ; c'est vrai pour le nombre de réfugiés qui sont, en Turquie, deux millions ; c'est vrai pour la menace terroriste qui frappe aussi le peuple turc, à Istanbul comme ailleurs. Et je veux, ici, au nom du gouvernement de la France, redire notre solidarité avec le peuple turc qui, comme des peuples de l'Union européenne, sont victimes de la barbarie terroriste et ont le droit à être défendus. Il faut donc travailler là-dessus. D'ailleurs, le Premier ministre est en ce moment-même à Bruxelles avec le secrétaire d'État chargé des affaires européennes pour travailler aussi sur ces sujets.
Nous travaillons pour avoir une approche globale avec la Turquie, pour respecter le droit d'asile, pour accueillir les réfugiés qui doivent l'être en Europe et aussi, mais c'est un travail de longue haleine, pour sécuriser les frontières de l'Union européenne, c'est un défi majeur pour l'avenir de l'Europe.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 2016