Texte intégral
Madame le Préfet,
Monsieur le Sénateur,
Madame la Présidente du Conseil général de la Creuse,
Monsieur le maire,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais remercier Thomas Bayrle pour son intervention et bien sûr pour l'uvre dont nous venons de découvrir la maquette.
Je remercie également la Cité de la tapisserie qui est à l'origine de ce beau projet et l'a porté à travers un syndicat mixte comprenant le Conseil régional de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, le Conseil Départemental de la Creuse et la communauté de communes d'Aubusson-Felletin.
Ce projet s'inscrit en effet dans une démarche engagée par les collectivités locales, car l'action mémorielle s'inscrit au cur des territoires de notre pays, non seulement sur le front, mais aussi dans les territoires de l'arrière.
Aubusson, ville de la Cité internationale de la Tapisserie d'Aubusson, classée en 2009 par l'UNESCO au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité, continue ainsi d'honorer une histoire ancestrale.
Mes remerciements s'adressent aussi au Groupe Würth, un groupe franco-allemand, qui a apporté son concours à ce projet de tapisserie. La tapisserie nous représentera une mère éplorée derrière ces dizaines de crânes.
Que nous dit cette pietà ? Cette illusion d'optique avec ces multitudes de crânes nous rappelle d'abord que la mort, de 1914 à 1918, fut la triste compagne de millions de familles. La mort recouvrait tout et n'ignorait personne. Elle fut une injustice incompréhensible pour les parents qui voyaient mourir leurs enfants.
Mais cette tapisserie souligne aussi la dignité des victimes dans la peine la plus profonde. Une dignité que nous retrouvons sur de nombreux monuments aux morts, où figurent tant de mères éplorées, qui parfois enlacent leurs fils fauchés par la guerre.
Cette pietà constituera une immense tapisserie de plus de 20 m². Elle sera l'un des chefs d'uvre marquants du Centenaire de la Grande Guerre.
Célébrer le Centenaire, c'est se rappeler notre histoire, non seulement sur le front mais encore dans chacun des territoires de France. C'est aussi valoriser, cent années après, le dynamisme d'un territoire. C'est créer des projets en réseau qui font le lien entre l'arrière et le front et entre les territoires. Ce projet de tapisserie permet ainsi d'entretenir un travail de mémoire entre le Limousin et l'Alsace dont nous savons qu'il est primordial. En 2014, le Premier Ministre avait d'ailleurs invité le Limousin et l'Alsace à « avancer ensemble sur le chemin de la mémoire ».
Le Centenaire, c'est enfin valoriser une dimension internationale de la mémoire, ici une dimension franco-allemande. Ce projet de tapisserie rassemble toutes ces ambitions.
En effet, cette tapisserie sera exposée sur le site Hartmannswillerkopf, autour du projet d'Historial franco-allemand qui devrait ouvrir au public en 2017.
En tant que Secrétaire d'Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, je suis tout à fait reconnaissant envers la Cité et Thomas Bayrle pour avoir donné à cette tapisserie une forte dimension franco-allemande.
Ce projet s'inscrit parfaitement dans le cadre de l'action mémorielle « Verdun 2016 ». Le 29 mai prochain, une grande cérémonie franco-allemande aura lieu pour commémorer le centenaire de la bataille. 4000 jeunes, dont 1000 venus d'Allemagne, participeront pleinement à la scénographie de la cérémonie pour souligner que ce travail de mémoire doit se mener entre les jeunes générations des deux rives du Rhin.
Le projet de tapisserie méritait donc pleinement le soutien de la Mission du Centenaire. Mais il permet aussi de mettre en valeur la richesse de la création artistique contemporaine.
Cher Thomas Baryle, vous nous permettez de comprendre en quoi le Pop Art qui consiste dans la répétition d'un motif mis en abîme pour créer des illusions d'optique constitue une des formes les plus originales et les plus profondes de l'art contemporain.
La tapisserie met donc en valeur le dynamisme culturel d'un territoire de l'arrière. Elle démontre son savoir-faire et son attractivité. Vous-même, cher Thomas Bayrle, êtes né à Berlin et travaillez à Francfort. Vos uvres sont exposées et reconnues internationalement, y compris en France.
Cette double dimension, culturelle et mémorielle, est un exemple dont je me félicite des initiatives menées pour commémorer le Centenaire de la Grande Guerre.
C'est pourquoi je tenais à venir aujourd'hui. J'aurai bien sûr un grand plaisir à découvrir l'uvre lorsqu'elle sera achevée l'année prochaine.
Je vous remercie.Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 avril 2016