Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Madame la Haute Représentante, Chère Federica,
Tout d'abord, je suis très heureux d'accueillir aujourd'hui à Paris la vice-présidente de la commission européenne et la Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Dès ma nomination, Federica m'a adressé un message d'encouragement tout à fait sympathique. Nous avons partagé le souhait de travailler étroitement ensemble et c'est le cas, je m'en félicite.
À l'occasion de ce déjeuner de travail, nous avons abordé bien des sujets. Je constate que nous partageons la même conviction : la réponse à toutes les crises que nous connaissons doit aussi avoir des réponses européennes. Les menaces sont là, elles sont nombreuses et il nous revient, à nous Européens, de définir une réponse à la hauteur des enjeux. L'Union européenne agit déjà beaucoup et on ne le sait pas assez. Elle agit en matière de développement, je rappelle que l'Union européenne fournit la moitié de l'aide au développement, et l'Union européenne mobilise des moyens civils et militaires pour la prévention ou la gestion des crises internationales. Actuellement, ce sont onze missions civiles et six opérations militaires qui sont déployées, servies par 7.000 hommes à travers le monde. Ces moyens, l'Union européenne doit les mettre davantage encore au service de la résolution des crises, en particulier celles qui traversent son voisinage.
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Bien sûr, nous avons également abordé la proposition d'engager une action pour le processus de paix au Proche-Orient. Nous partageons le même constat, la même nécessité d'agir et de ne pas laisser s'installer ce fatalisme. J'ai salué le travail du Quartet auquel participe l'Union européenne qui sera évidemment totalement associée à cette première réunion qui aura lieu le 30 mai.
Nous avons aussi abordé les sujets d'avenir : la stratégie globale de politique étrangère et de sécurité de l'Union européenne.
La Haute représentante prépare actuellement, à la demande du Conseil européen, un projet dont nous avons discuté. Nous avons déjà commencé à le faire et nous aborderons cette question ensemble puisque Federica et moi-même ferons une intervention à l'Institut européen de sécurité, dans quelques instants, pour faire un constat de la nécessité que l'Europe se protège plus, et en même temps, commencer à dessiner les propositions concrètes.
Encore merci Federica pour cette visite à la fois amicale, chaleureuse et constructive.
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* Syrie
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Bien sûr, nous avons longuement évoqué le dossier syrien et les principes qui ont été posés à Munich lorsqu'a été annoncé le cessez-le-feu restent toujours valables : c'est-à-dire que la cessation des hostilités doit être totalement respectée, ce qui n'est, malheureusement, plus le cas. Quant à l'action humanitaire, l'accès doit être total et trop d'entraves ont été mises à cet accès. Certes, de bonnes nouvelles sont arrivées, notamment hier avec un convoi humanitaire d'une importance sans précédent, mais il faut poursuivre dans cette voie.
Aujourd'hui les négociations politiques sont entrées dans une zone de danger. M. Staffan de Mistura, le négociateur aux Nations unies l'a rappelé encore hier, ce conflit a déjà fait 400.000 morts. C'est une tragédie pour toute la région, pour le monde, et chaque pays partenaire à une responsabilité et un rôle à jouer. Nous ne pouvons pas laisser se dégrader cette situation et prendre le risque qu'un terme soit mis à la négociation.
Voilà les engagements que nous partageons et nous faisons passer les messages. J'étais à Moscou ce mardi, je l'ai dit à Vladimir Poutine et à Sergueï Lavrov, il faut que le processus de paix puisse retrouver toutes ses chances de réussite.
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Q - Monsieur le Ministre, ces dernières heures vous avez parlé plusieurs fois d'une réunion du groupe de soutien à la Syrie. A-t-on une date et un lieu pour cette réunion ?
Par ailleurs, vous avez eu des discussions à Moscou très récemment, tous pensaient que le problème, c'est la transition politique et la conception de chacune des parties de cette transition. Croyez-vous qu'il est possible de parvenir à une approche commune de cette question conflictuelle ?
R - Sur le premier point, nous l'avons évoqué avec Federica, nous sommes prêts pour que cette réunion du groupe de soutien se tienne le plus vite possible quel que soit l'endroit car l'objectif, nous l'avons rappelé tous les deux, c'est le processus de paix. Comme il est fragilisé, il faut agir pour le relancer.
Quant à la deuxième partie de votre question, est-il possible qu'avec la Russie, nous puissions nous mettre d'accord sur la transition et la solution de paix ? Je répondrai qu'il le faut. Évidemment, il faut travailler, il faut échanger, mais si nous ne le faisons pas, alors il n'y aura pas de solution. Cela ne peut pas être une solution unilatérale et je crois, pour l'avoir dit à Moscou, que l'étape qui a été franchie qui était celle du cessez-le-feu, pour laquelle la Russie, comme d'autres, s'était engagée, est une étape essentielle. Il ne faut prendre aucun risque de retour en arrière, c'est à la fois l'intérêt de la communauté internationale, l'intérêt de la Syrie et des Syriens et de tous ceux qui veulent la paix pour le pays et la reconstruction de la Syrie pour revenir dans le pays, je pense aux réfugiés, Mais c'est aussi l'intérêt de la Russie. C'est le message que j'ai adressé, donc maintenant, ne perdons pas de temps.
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* Russie - Ukraine
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Enfin nous avons abordé l'Ukraine, parce qu?évidemment nous souhaitons une solution de stabilité qui soit équitable, ce qui serait l'occasion pour l'Union européenne de répondre à l'interrogation si nous allons maintenir des sanctions. Pour cela, il faut des résultats et nous allons continuer à y travailler ensemble, notamment dans le cadre du format Normandie mais l'Union européenne évidemment est directement concernée.
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Q - Avez-vous parlé de la question de maintenir des sanctions en point d'interrogation, faut-il maintenir ou non des sanctions ? La France est-elle prête à lever partiellement un certain nombre de sanctions contre la Russie, notamment celles qui portent sur certains actifs de l'État russe ?
R - Nous n'allons pas entrer dans le détail des sanctions, il faudrait les décrire toutes précisément. Nous faisons ce travail d'évaluation avec l'Union européenne et nous en avons aussi parlé avec Federica. Ce n'est pas une décision de la France seule, c'est une décision de l'Union européenne et nous en parlons ensemble. Nous avons rappelé les conditions. Ces sanctions ne sont pas venues de nulle part, elles ont une cause. C'est ce que j'ai dit à Moscou et je redis ici la même chose. Il faut que les choses bougent en Ukraine, c'est possible et, encore une fois, c'est l'intérêt de tous. Nous le souhaitons, et comme je l'ai dit, les sanctions ne sont pas un but en soi, c'était un moyen. Encore une fois, le format Normandie est là pour aider les parties russe et ukrainienne. Nous envisageons d'ailleurs une nouvelle réunion, à l'initiative de l'Allemagne, qui pourrait se tenir rapidement pour franchir une nouvelle étape.
* Libye
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Nous avons aussi évoqué la situation en Libye, avec enfin l'installation d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par M. Serraj. Je me suis rendu à Tripoli avec Frank-Walter Steinmeier, après que les Italiens aient fait de même, et avant les Britanniques, pour montrer le soutien à ce gouvernement d'unité nationale, comme nous l'avons fait ensemble lundi à Luxembourg, sous ta présidence Federica. Je pense que c'est important que ce gouvernement puisse asseoir sa légitimité et donc, il est nécessaire que le Parlement puisse se réunir, sans entrave et le plus vite possible pour lui donner toute sa force et pour engager avec lui les chantiers qui sont devant nous : la lutte contre le trafic des migrants en Méditerranée centrale et la lutte contre le trafic d'armes, c'est-à-dire celui qui alimente le terrorisme de Daech.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2016