Texte intégral
FLORENT PEIFFER
Bienvenue ! C'est la Matinale et c'est l'heure de l'interview politique, bonjour Barbara POMPILI
BARBARA POMPILI
Bonjour.
FLORENT PEIFFER
Merci d'être avec nous ce matin dans la Matinale sur I Télé, vous êtes la secrétaire d'Etat chargée des Relations internationales sur le climat et la biodiversité
BARBARA POMPILI
Non ! Juste de la Biodiversité
FLORENT PEIFFER
Que la biodiversité !
BARBARA POMPILI
Et ça me fait déjà beaucoup de travail.
FLORENT PEIFFER
On va parler des pesticides bien sûr, mais d'abord la politique et un homme Emmanuel MACRON il n'est pas l'obligé de François HOLLANDE, est-ce qu'on peut rester dans le gouvernement sans être l'obligé du président ?
BARBARA POMPILI
On doit être au gouvernement pour travailler avec ce gouvernement pour faire avancer sur les sujets pour les Français et qui sont des sujets de développement économique, ça tombe bien il parle de ce sujet-là, il a envie de montrer les côtés positifs et il a raison de le faire donc, du moment qu'il est dans le travail en équipe, il a toute sa place et il faut qu'il reste avec nous.
FLORENT PEIFFER
Il est dans le travail en équipe-là ?
BARBARA POMPILI
Bien sûr ! Bien sûr. Qu'après il ait une démarche de réflexion politique, ce n'est pas le seul, loin de là, on est un certain nombre au gouvernement à réfléchir, à essayer d'apporter des solutions, à essayer de dessiner le monde de maintenant et d'après, de ce qu'on voudrait faire - c'est une réflexion de fond que tout le monde doit faire et donc que lui apporte sa pierre à cette réflexion alors qu'il a justement des idées qui sont un petit peu iconoclastes c'est bien.
FLORENT PEIFFER
Non ! Barbara POMPILI je vous arrête, il n'apporte pas sa pierre, on va dire les choses franchement
BARBARA POMPILI
Bien sûr que si !
FLORENT PEIFFER
Il joue sa partition en solo, il essaie de se démarquer du président, il n'y a pas eu une sortie mais cinq sorties en une semaine, s'il n'est pas l'obligé du président est-ce que le président est obligé de le garder ?
BARBARA POMPILI
Est-ce que vous connaissez une personnalité qui ne joue pas un peu sa partition ?
FLORENT PEIFFER
Vous jouez votre partition vous ?
BARBARA POMPILI
Mais moi j'ai envie d'apporter quelque chose, j'ai envie d'être utile, donc je considère que mon utilité c'est de participer au gouvernement, c'est d'essayer de changer les choses petit à petit -, donc évidemment que quelque part c'est mon ambition - que lui ait ses ambitions, encore une fois l'important c'est que fait-on au service des Français ?
FLORENT PEIFFER
D'accord ! Mais est-ce qu'on peut jouer sa partition en concurrence avec le chef de l'Etat ?
BARBARA POMPILI
C'est vous qui êtes un peu aussi en train de monter cette concurrence, lui a dit qu'il avait envie d'apporter sa pierre au débat, restons-en là, il apporte sa pierre débat, et, en plus, il apporte des idées différentes.
FLORENT PEIFFER
Et il a dit d'autres choses, il a dit d'autres choses aussi
BARBARA POMPILI
Et, ça, c'est très bien.
FLORENT PEIFFER
Il a dit qu'il n'est pas l'obligé du président, ça ne vous choque pas, pour vous il n'y a pas de problème, il n'y a pas d'histoire ?
BARBARA POMPILI
Moi ce que je vois c'est qu'on passe énormément de temps à commenter des petites phrases, moi je ne veux pas faire de petites phrases, parce que notre pays a besoin qu'on soit tous à son service. Donc après je comprends le jeu médiatique, je comprends le jeu politique
FLORENT PEIFFER
Il n'y a pas que le jeu médiatique, il énerve des ministres, on sait bien que ça pose problème en ce moment, vous ne pouvez pas faire comme si ça n'existait pas ?
BARBARA POMPILI
Moi ce que je vois c'est qu'aujourd'hui, malheureusement, une grande partie de la classe partie, une grande partie de la classe médiatique est dans la pensée des Présidentielles, dans un an il y a les Présidentielles, donc il ne faut plus parler que de ça, il ne faut plus parler que du concours de beauté de la primaire d'un côté, de ceux qui veulent se faire un peu de pub parce qu'on voit des candidats fleurirent partout en ce moment, de témoignages mais c'est surtout des candidatures pour encore une fois avoir la lumière sur soi moi je trouve que ça affaiblit le débat politique, le débat politique ne me gêne pas, qu'il y ait des élections l'année prochaine c'est un fait, qu'on commence à réfléchir sur le fond, qu'on essaie de proposer le monde vers lequel on veut aller et quels sont les moyens pour y arriver, ça me parait. Sauf qu'aujourd'hui, malheureusement, il y a très peu de débats sur le fond et il y a beaucoup de commentaires, de petites phrases, je vous avoue que je trouve ça un petit peu fatigant.
FLORENT PEIFFER
Donc, vous n'êtes pas dans la petite phrase, il n'y a pas de problème Macron, c'est terminé pour vous ?
BARBARA POMPILI
Pour moi il y a des problèmes beaucoup plus importants à gérer et MACRON, Emmanuel, est avec nous et il est là pour les gérer.
FLORENT PEIFFER
D'accord. Bernard-Henri LEVY publie une tribune dans le prestigieux Time magazine à l'occasion du classement des 100 personnalités les plus influentes au monde, on savait que François HOLLANDE en fait partie tout comme Christine LAGARDE, et voilà ce qu'il dit, je cite : « quoi que nous puissions penser de l'action de HOLLANDE sur un plan national, pendant quatre années il a été l'un des grands dirigeants du monde, ce n'est pas une opinion, c'est un fait », il cite son action en Europe, pour la Syrie, la Russie. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui, est-ce que François HOLLANDE restera comme l'un des grands dirigeants du monde ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez il est le dirigeant d'une des plus grandes puissances mondiales, on a parfois tendance à l'oublier
FLORENT PEIFFER
Ca n'en fait pas forcément un grand dirigeant !
BARBARA POMPILI
Il a pris des décisions courageuses et c'est vrai que toutes les décisions sur le plan international sont reconnues - et là je pense au-delà des clivages politiques - comme des décisions courageuses, notamment effectivement sur la Syrie, mais il a aussi, malheureusement on est un peu dans une dépression ambiante et donc quand on ose dire que le pays est en train de se relevé, mon Dieu, c'est presque quelque chose qu'il ne faudrait pas dire, mais si il faut
FLORENT PEIFFER
Le problème c'est que vous dites ça à des Français qui sont chômage, il y a 25 % de chômage chez les jeunes
BARBARA POMPILI
Eh bien oui ! Vous savez je suis originaire d'Amiens, d'une région qui aujourd'hui est en train de se reconstruire, qui est dans les difficultés, mais qui essaie justement de se reconstruire, donc au lieu de dire que tout va mal il faut aussi essayer -. parce que ça il y a plein de gens qui le font donc moi je fais partie de ceux qui ont envie de montrer qu'il y a des choses qui sont en train de revenir, qu'on a réussi à maintenir notre modèle social alors que des pays sont tombés dans une austérité très lourde, nous grâce à la politique qui a été menée au gouvernement on a réussi à maintenir notre modèle social et à créer de nouveaux droits : aujourd'hui il y a des droits sur la complémentaire santé, aujourd'hui il y a la garantie Jeunes, aujourd'hui il y a notamment dans la loi El Khomri d'ailleurs il ne faut pas l'oublier un certain nombre de mesures qui sont des progrès ; et puis on a réussi aussi à baisser les déficits, on a réussi à baisser les impôts ne l'oublions pas en finançant grâce à la lutte contre la fraude fiscale
FLORENT PEIFFER
Les impôts ils se sont stabilisés après avoir augmenté, ils n'ont pas baissé.
BARBARA POMPILI
Bien avant les Panama Papers ! Et puis, après, on a réussi aussi à baisser
FLORENT PEIFFER
Oui ! Mais vous avez échoué sur le chômage, Barbara POMPILI vous avez échoué ?
BARBARA POMPILI
Ah ! Non, non.
FLORENT PEIFFER
Mais si vous avez échoué, le chômage c'était l'objectif du président, c'est le président qui a parlé du chômage.
BARBARA POMPILI
Moi ce que je vais vous dire c'est qu'on est en train de créer un nouveau modèle de développement économique grâce notamment à la transition énergétique, grâce notamment à la question de la biodiversité, on a créé là récemment 20.000 emplois « verts et bleus », c'est ça aussi qu'il faut qu'on essaie de faire, on est dans un modèle de développement qui est en train de changer, nous on essaie de l'anticiper. Alors tout n'est pas parfait, loin de là, mais en même temps nous avons comme devoir de lancer cette dynamique économique et environnementale pour aller vers un meilleur développement.
FLORENT PEIFFER
Ce discours c'est exactement le discours que va porter Stéphane LE FOLL lundi pour ce rassemblement qui s'appelle « Hé oh La gauche », vous y serez ?
BARBARA POMPILI
Oui, je vais certainement y passer. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois tous les lieux où on recrée du débat et où on essaie de parler de fond j'y suis favorable et quand j'ai des collègues comme Stéphane, qui lancent des lieux des débats, eh bien je les soutiens.
FLORENT PEIFFER
Vous parliez des bonnes choses que le gouvernement a accompli, est-ce que vous êtes d'accord avec Jean-Christophe CAMBADELIS, est-ce qu'l y a un complot médiatico-sondagier ?
BARBARA POMPILI
Non ! Je ne crois pas qu'il y ait de complot, je crois qu'on a par contre dans notre pays une tendance souvent à regarder ce qui va mal et à ne pas assez regarder ce qui va bien et donc ceux qui disent que ça va mal laissons-leur le dire, en même temps il faut aussi redonner de l'espoir, il faut aussi redonner des perspectives, moi je suis convaincue que nous avons des énormes richesses dans notre pays et qu'on doit les porter ; et moi aussi j'ai à Amiens un mouvement qui s'appelle « Nouvelle ère », on va essayer justement de montrer dans notre région quelles sont les initiatives qui sont des réussites qui vont créer de l'emploi, qui vont créer des dynamiques, pour donner aussi des exemples, pour donner des idées pour avancer, parce qu'on doit aussi être dans l'espoir et dans l'envie, dans l'envie de faire.
FLORENT PEIFFER
Denis BAUPIN a annoncé lundi qu'il rendait sa carte après 27 ans chez les Verts et puis chez Europe Ecologie Les Verts, c'est le sixième à quitter le navire, est-ce que ce parti que vous avez quitté c'était à la fin du mois de septembre dernier est-ce qu'il existe encore ou est-ce que c'est une coquille vide ?
BARBARA POMPILI
Malheureusement il est en train de devenir une coquille vide, c'était un parti qui était supposé réunir tous les écologistes, aujourd'hui il est devenu un parti qui exclut dès qu'on apporte une idée un peu nouvelle, dès qu'on apporte un peu de débat, on n'a plus le droit, on doit être dans une ligne très dure et dès qu'on ne l'est plus on est exclus. Denis BAUPIN ça faisait 27 ans qu'il était membre de ce parti, ça faisait 27 ans qu'il apportait des choses, il était dans l'écologie du concret, dans l'écologie qui fait avancer les choses pour les gens dans le quotidien et il a été lui aussi poussé vers la porte par Cécile DUFLOT et ses amis - je trouve que c'est terrible et donc nous recréons nous à côté un autre parti écologique pour dire que l'écologie n'appartient pas à ces gens-là qui veulent la mettre dans un corner.
FLORENT PEIFFER
Cécile DUFLOT et ses amis, cest ce que vous dites, ça vous a blessé, ça vous touche ces mots, par exemple Eva JOLY qui dit que vous lui inspirez de la pitié ?
BARBARA POMPILI
Ah ! Non, pas du tout, alors là ça ne me touche absolument pas. Je sais pourquoi je fais de la politique, moi je fais de la politique pour faire avancer les choses
FLORENT PEIFFER
Et pas pour entrer dans un gouvernement ?
BARBARA POMPILI
Je fais de la politique pour changer la vie des gens, on ne change pas la vie des gens en restant sur le bord de la route à faire des commentaires plus ou moins agréables.
FLORENT PEIFFER
La COP21 c'était il y a quatre mois
BARBARA POMPILI
Voilà aussi un point très important !
FLORENT PEIFFER
Voilà un point qui relève de l'espoir dont vous nous parliez, 160 pays sont réunis à New-York pour signer cet accord de Paris, alors c'est vraiment un évènement sur quoi ça sera la plus grande signature, ce sera
BARBARA POMPILI
C'est un record, vous avez raison de le citer, c'est un record.
FLORENT PEIFFER
C'est historique !
BARBARA POMPILI
Oui !
FLORENT PEIFFER
Est-ce qu'on peut pour autant crier victoire ou est-ce que tout reste à faire aujourd'hui ?
BARBARA POMPILI
Evidemment qu'il faut rester prudents, évidemment qu'il faut essayer de faire en sorte que cet accord soit ratifié le plus largement possible, parce qu'on a besoin que les pays s'engagent ensemble. Maintenant la COP21 c'est quand même une belle victoire et, c'est pareil, il ne faut pas toujours essayer de voir le verre à moitié vide, notamment grâce à Laurent FABIUS, grâce à Ségolène ROYAL on est là sur une dynamique avec des pays qui s'investissent, ce qui a beaucoup changé par rapport à Copenhague on se souvient de l'échec de Copenhague parce qu'il n'y avait pas eu cette prise de conscience, aujourd'hui la prise de conscience est mondiale sur le fait qu'il faut lutter contre le réchauffement climatique et qu'il faut engager justement un autre mode de développement économique, un mode de développement économique ce n'est pas mettre la nature sous cloche jamais de la vie - c'est, au contraire, prendre en compte le fait que nous devons protéger notre environnement et créer un développement autour de cela. C'est des potentiels de création d'emplois énormes, de développement économique et aussi pour les pays qui aujourd'hui sont en difficulté en Afrique, en Asie, de pouvoir se développer et de pouvoir rendre les gens heureux chez eux, aujourd'hui nous avons des problèmes de réfugiés, nous avons des problèmes de migration à cause du climat, de migration à cause de la pauvreté, travaillons tous ensemble pour que les gens soient heureux chez eux et nous résoudrons d'autres problèmes qui sont très graves aujourd'hui.
FLORENT PEIFFER
Vous avez parlé de Laurent FABIUS, de Ségolène ROYAL, Nicolas HULOT aussi qui a joué un rôle déterminant dans cette COP21, ce serait un bon candidat lui tiens pour 2017 ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez Nicolas HULOT c'est quelqu'un qui a apporté énormément pour l'écologie, qui apporte toujours pour l'écologie, qu'il donne sa voix, qu'il essaie de donner son poids pour parler d'écologie et pour parler du développement qu'on peut créer, parce qu'encore une fois - j'insiste - écologie et économie ça rime et ce n'est pas pour rien. Après les candidatures, moi je fais attention, la Présidentielle c'est pour élire un président de la République, donc toutes les personnes qui veulent s'engager dedans doivent dire qu'elles veulent être président de la République, sinon les candidatures de témoignage j'y crois moyen, on va dire ça
FLORENT PEIFFER
C'est ce que vous dites à Rama YADE ce matin ? Ca vous inspire quoi sa candidature ?
BARBARA POMPILI
Ca m'inspire que le monde politique est tellement fou autour de la Présidentielle qu'aujourd'hui on voit fleurir énormément de candidatures, franchement est-ce qu'on croit une seconde que l'élection présidentielle va se jouer entre Rama YADE, Geoffroy DIDIER ou Nadine MORANO ? Soyons un petit peu sérieux ! Moi ce que je voudrais c'est qu'on arrête de faire une espèce de course à l'échalote où chacun veut montrer sa figure à la télévision, mais par contre que l'on parle de fond et de débat de fond, ça nous manque beaucoup aujourd'hui.
FLORENT PEIFFER
Allez ! Allons-y. Sur un problème qui concerne beaucoup les Français, l'association Générations futures a publié hier une carte, une carte qui recense 400 témoignages de personnes victimes de pesticides en France, là on est clairement dans votre domaine
BARBARA POMPILI
Ah oui !
FLORENT PEIFFER
C'est vraiment la biodiversité, la France, avec 67.00 tonnes par an - c'est le deuxième consommateur de pesticides en Europe qu'est-ce que vous faites vous dans votre ministère pour changer ça ?
BARBARA POMPILI
D'abord des associations comme Générations futures, mais aussi comme WWF, etc., jouent un rôle de lanceurs d'alerte et cest très important, dans notre démocratie on a besoin de ces associations qui jouent ce rôle-là. Après il y a des vérifications scientifiques à faire, il faut avoir des certitudes scientifiques et, après, les politiques doivent prendre des décisions claires. Il y a des exemples, il y a des plans : le plan Ecophyto, le plan Ecophyto 2 qui a été mis en place et qui va venir
FLORENT PEIFFER
Parce que le précédent n'avait pas marché, hein ?
BARBARA POMPILI
Justement ! Eh bien justement là il y a eu un accord pour qu'il y ait vraiment qu'on passe un palier et il y a des décisions qui sont prises, Stéphane LE FOLL là a pris une décision courageuse qui interdit le diméthoate alors ça c'est un pesticide qu'on met sur les cerises pour les protéger contre certaines mouches il a pris cette décision, c'est une décision courageuse parce qu'il y a des gros problèmes de santé qui se sont créés à cause de ce pesticide, on va aider à côté les agriculteurs pour passer ce cap ; l'Europe est mise aussi dans l'action, on interdit l'importation
FLORENT PEIFFER
L'Europe dans l'action, précisément l'Europe qui autorise MOSANTO, ça ce n'est pas un problème ?
BARBARA POMPILI
Oui, justement il y a un travail de tous les pays pour faire en sorte que les lobbies ne gagnent pas.
FLORENT PEIFFER
C'est important, je voudrais qu'on arrête là-dessous
BARBARA POMPILI
On est en train de gagner sur les néonicotinoïdes aussi
FLORENT PEIFFER
D'accord !
BARBARA POMPILI
Qui tuent les abeilles, ça c'est très important.
FLORENT PEIFFER
Les lobbies, Barbara POMPILI, on a l'impression que ces lobbies ont un poids énorme c'est toute l'agriculture, ça représente évidemment un enjeu économique très important est-ce que l'économie est en train de l'emporter, j'allais dire presque trop facilement sur l'écologie ?
BARBARA POMPILI
Mais c'est pareil ! Aujourd'hui on est en train de changer le monde, notamment sur lagriculture, les pesticides ne sont pas un avenir pour notre agriculture et les agriculteurs qui s'en rendent compte et qui sont en train de partir vers un autre mode de production s'en sortent mieux que ceux qui restent enfermés dans l'ancien monde - malheureusement il y a encore des gros syndicats qui n'ont pas compris qu'on était en train de changer le monde donc
FLORENT PEIFFER
Et donc qu'est-ce que vous faites, qu'est-ce que vous leur dites à ces gros syndicats ?
BARBARA POMPILI
Les politiques doivent avoir le courage de dire aux syndicats : « on ne va pas laisser les agriculteurs tous seuls dans la nature, on va les aider à réorienter leur mode de production » mais on ne peut plus continuer à avoir une agriculture qui abîme nos sols, qui abîme a santé de nos agriculteurs qui sont les premiers acteurs de la biodiversité et qui sont les premières victimes.
FLORENT PEIFFER
Donc, vous les appelez aujourd'hui à cesser le plus vite possible cette agriculture intensive à coup de pesticides ?
BARBARA POMPILI
Tout à fait ! Tout à fait - et c'est ce que j'étais en train de vous dire sur les néonicotinoïdes qui sont donc les insecticides qui tuent les abeilles eh bien on les interdire, on l'a mis dans la loi sur la biodiversité, mais on va évidemment mettre en place des processus pour aider les agriculteurs à passer ce cap, parce qu'il y a une transition à faire, cette transition est une transition nécessaire, et donc on va les accompagner. Mais encore une fois ce n'est pas parce qu'économie ne rimerait pas avec écologie, encore une fois l'économie et l'écologie c'est l'avenir, c'est la création d'emplois et ceux qui se sont réorientés vers une agriculture plus durable ont des emplois et gagnent mieux leur vie.
FLORENT PEIFFER
Votre gros chantier c'est ce projet de loi sur la biodiversité ! La biodiversité, pour qu'on comprenne bien, c'est le vivant, c'est ça, c'est tout ce qui attrait à la nature ?
BARBARA POMPILI
Oui ! C'est ça.
FLORENT PEIFFER
Le point le plus important sans doute c'est cette Agence française de la biodiversité, elle va servir à quoi et est-ce qu'elle a les moyens de ses ambitions cette agence ?
BARBARA POMPILI
C'est une agence qui va enfin qui va regrouper d'autres on ne crée pas un bidule, on regroupe en fait des organismes qui existent déjà et qui travaillent justement sur la protection de la biodiversité, le développement économique grâce à la biodiversité et qui va avoir une visibilité, c'est-à-dire que les acteurs publics - les collectivités, les entreprises - vont avoir des interlocuteurs qui, là seront bien visibles. Je veux mettre ce sujet de la protection de la biodiversité sur le devant de la scène, je veux que l'année 2016 soit l'année de la biodiversité, pas pour me faire plaisir, mais parce que la biodiversité c'est la vie, c'est notre vie, si on commence à enlever c'est comme un tissu si vous voulez, c'est comme un tissu, si on enlève une maille tout peu se déliter, nous devons absolument le préserver. Il y en a qui parle juste de l'immédiat, moi je pense à notre avenir, nous devons préserver notre avenir ; et encore une fois nous allons créer beaucoup d'emplois grâce à ça, beaucoup de
FLORENT PEIFFER
On verra ça. Une dernière question sur la légende PRINCE, vous avez 40 ans, ce n'est pas un secret, je peux le dire
BARBARA POMPILI
Oui ! Non, ce n'est pas un secret.
FLORENT PEIFFER
Le chanteur est mort hier à 57 ans, c'est vraiment votre génération, vous en gardez quel souvenir de PRINCE ?
BARBARA POMPILI
Ce sont beaucoup de souvenirs d'adolescence, des très beaux souvenirs et des souvenirs notamment avec une amie à laquelle je pense, une amie très chère qui est en deuil aujourd'hui parce que c'était sa fan absolue, donc voilà c'est surtout à elle que je pense aujourd'hui.
FLORENT PEIFFER
PRINCE par Barbara POMPILI, la secrétaire d'Etat à la Biodiversité. Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin dans la Matinale
BARBARA POMPILI
Merci à vous !Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 avril 2016
Bienvenue ! C'est la Matinale et c'est l'heure de l'interview politique, bonjour Barbara POMPILI
BARBARA POMPILI
Bonjour.
FLORENT PEIFFER
Merci d'être avec nous ce matin dans la Matinale sur I Télé, vous êtes la secrétaire d'Etat chargée des Relations internationales sur le climat et la biodiversité
BARBARA POMPILI
Non ! Juste de la Biodiversité
FLORENT PEIFFER
Que la biodiversité !
BARBARA POMPILI
Et ça me fait déjà beaucoup de travail.
FLORENT PEIFFER
On va parler des pesticides bien sûr, mais d'abord la politique et un homme Emmanuel MACRON il n'est pas l'obligé de François HOLLANDE, est-ce qu'on peut rester dans le gouvernement sans être l'obligé du président ?
BARBARA POMPILI
On doit être au gouvernement pour travailler avec ce gouvernement pour faire avancer sur les sujets pour les Français et qui sont des sujets de développement économique, ça tombe bien il parle de ce sujet-là, il a envie de montrer les côtés positifs et il a raison de le faire donc, du moment qu'il est dans le travail en équipe, il a toute sa place et il faut qu'il reste avec nous.
FLORENT PEIFFER
Il est dans le travail en équipe-là ?
BARBARA POMPILI
Bien sûr ! Bien sûr. Qu'après il ait une démarche de réflexion politique, ce n'est pas le seul, loin de là, on est un certain nombre au gouvernement à réfléchir, à essayer d'apporter des solutions, à essayer de dessiner le monde de maintenant et d'après, de ce qu'on voudrait faire - c'est une réflexion de fond que tout le monde doit faire et donc que lui apporte sa pierre à cette réflexion alors qu'il a justement des idées qui sont un petit peu iconoclastes c'est bien.
FLORENT PEIFFER
Non ! Barbara POMPILI je vous arrête, il n'apporte pas sa pierre, on va dire les choses franchement
BARBARA POMPILI
Bien sûr que si !
FLORENT PEIFFER
Il joue sa partition en solo, il essaie de se démarquer du président, il n'y a pas eu une sortie mais cinq sorties en une semaine, s'il n'est pas l'obligé du président est-ce que le président est obligé de le garder ?
BARBARA POMPILI
Est-ce que vous connaissez une personnalité qui ne joue pas un peu sa partition ?
FLORENT PEIFFER
Vous jouez votre partition vous ?
BARBARA POMPILI
Mais moi j'ai envie d'apporter quelque chose, j'ai envie d'être utile, donc je considère que mon utilité c'est de participer au gouvernement, c'est d'essayer de changer les choses petit à petit -, donc évidemment que quelque part c'est mon ambition - que lui ait ses ambitions, encore une fois l'important c'est que fait-on au service des Français ?
FLORENT PEIFFER
D'accord ! Mais est-ce qu'on peut jouer sa partition en concurrence avec le chef de l'Etat ?
BARBARA POMPILI
C'est vous qui êtes un peu aussi en train de monter cette concurrence, lui a dit qu'il avait envie d'apporter sa pierre au débat, restons-en là, il apporte sa pierre débat, et, en plus, il apporte des idées différentes.
FLORENT PEIFFER
Et il a dit d'autres choses, il a dit d'autres choses aussi
BARBARA POMPILI
Et, ça, c'est très bien.
FLORENT PEIFFER
Il a dit qu'il n'est pas l'obligé du président, ça ne vous choque pas, pour vous il n'y a pas de problème, il n'y a pas d'histoire ?
BARBARA POMPILI
Moi ce que je vois c'est qu'on passe énormément de temps à commenter des petites phrases, moi je ne veux pas faire de petites phrases, parce que notre pays a besoin qu'on soit tous à son service. Donc après je comprends le jeu médiatique, je comprends le jeu politique
FLORENT PEIFFER
Il n'y a pas que le jeu médiatique, il énerve des ministres, on sait bien que ça pose problème en ce moment, vous ne pouvez pas faire comme si ça n'existait pas ?
BARBARA POMPILI
Moi ce que je vois c'est qu'aujourd'hui, malheureusement, une grande partie de la classe partie, une grande partie de la classe médiatique est dans la pensée des Présidentielles, dans un an il y a les Présidentielles, donc il ne faut plus parler que de ça, il ne faut plus parler que du concours de beauté de la primaire d'un côté, de ceux qui veulent se faire un peu de pub parce qu'on voit des candidats fleurirent partout en ce moment, de témoignages mais c'est surtout des candidatures pour encore une fois avoir la lumière sur soi moi je trouve que ça affaiblit le débat politique, le débat politique ne me gêne pas, qu'il y ait des élections l'année prochaine c'est un fait, qu'on commence à réfléchir sur le fond, qu'on essaie de proposer le monde vers lequel on veut aller et quels sont les moyens pour y arriver, ça me parait. Sauf qu'aujourd'hui, malheureusement, il y a très peu de débats sur le fond et il y a beaucoup de commentaires, de petites phrases, je vous avoue que je trouve ça un petit peu fatigant.
FLORENT PEIFFER
Donc, vous n'êtes pas dans la petite phrase, il n'y a pas de problème Macron, c'est terminé pour vous ?
BARBARA POMPILI
Pour moi il y a des problèmes beaucoup plus importants à gérer et MACRON, Emmanuel, est avec nous et il est là pour les gérer.
FLORENT PEIFFER
D'accord. Bernard-Henri LEVY publie une tribune dans le prestigieux Time magazine à l'occasion du classement des 100 personnalités les plus influentes au monde, on savait que François HOLLANDE en fait partie tout comme Christine LAGARDE, et voilà ce qu'il dit, je cite : « quoi que nous puissions penser de l'action de HOLLANDE sur un plan national, pendant quatre années il a été l'un des grands dirigeants du monde, ce n'est pas une opinion, c'est un fait », il cite son action en Europe, pour la Syrie, la Russie. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui, est-ce que François HOLLANDE restera comme l'un des grands dirigeants du monde ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez il est le dirigeant d'une des plus grandes puissances mondiales, on a parfois tendance à l'oublier
FLORENT PEIFFER
Ca n'en fait pas forcément un grand dirigeant !
BARBARA POMPILI
Il a pris des décisions courageuses et c'est vrai que toutes les décisions sur le plan international sont reconnues - et là je pense au-delà des clivages politiques - comme des décisions courageuses, notamment effectivement sur la Syrie, mais il a aussi, malheureusement on est un peu dans une dépression ambiante et donc quand on ose dire que le pays est en train de se relevé, mon Dieu, c'est presque quelque chose qu'il ne faudrait pas dire, mais si il faut
FLORENT PEIFFER
Le problème c'est que vous dites ça à des Français qui sont chômage, il y a 25 % de chômage chez les jeunes
BARBARA POMPILI
Eh bien oui ! Vous savez je suis originaire d'Amiens, d'une région qui aujourd'hui est en train de se reconstruire, qui est dans les difficultés, mais qui essaie justement de se reconstruire, donc au lieu de dire que tout va mal il faut aussi essayer -. parce que ça il y a plein de gens qui le font donc moi je fais partie de ceux qui ont envie de montrer qu'il y a des choses qui sont en train de revenir, qu'on a réussi à maintenir notre modèle social alors que des pays sont tombés dans une austérité très lourde, nous grâce à la politique qui a été menée au gouvernement on a réussi à maintenir notre modèle social et à créer de nouveaux droits : aujourd'hui il y a des droits sur la complémentaire santé, aujourd'hui il y a la garantie Jeunes, aujourd'hui il y a notamment dans la loi El Khomri d'ailleurs il ne faut pas l'oublier un certain nombre de mesures qui sont des progrès ; et puis on a réussi aussi à baisser les déficits, on a réussi à baisser les impôts ne l'oublions pas en finançant grâce à la lutte contre la fraude fiscale
FLORENT PEIFFER
Les impôts ils se sont stabilisés après avoir augmenté, ils n'ont pas baissé.
BARBARA POMPILI
Bien avant les Panama Papers ! Et puis, après, on a réussi aussi à baisser
FLORENT PEIFFER
Oui ! Mais vous avez échoué sur le chômage, Barbara POMPILI vous avez échoué ?
BARBARA POMPILI
Ah ! Non, non.
FLORENT PEIFFER
Mais si vous avez échoué, le chômage c'était l'objectif du président, c'est le président qui a parlé du chômage.
BARBARA POMPILI
Moi ce que je vais vous dire c'est qu'on est en train de créer un nouveau modèle de développement économique grâce notamment à la transition énergétique, grâce notamment à la question de la biodiversité, on a créé là récemment 20.000 emplois « verts et bleus », c'est ça aussi qu'il faut qu'on essaie de faire, on est dans un modèle de développement qui est en train de changer, nous on essaie de l'anticiper. Alors tout n'est pas parfait, loin de là, mais en même temps nous avons comme devoir de lancer cette dynamique économique et environnementale pour aller vers un meilleur développement.
FLORENT PEIFFER
Ce discours c'est exactement le discours que va porter Stéphane LE FOLL lundi pour ce rassemblement qui s'appelle « Hé oh La gauche », vous y serez ?
BARBARA POMPILI
Oui, je vais certainement y passer. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois tous les lieux où on recrée du débat et où on essaie de parler de fond j'y suis favorable et quand j'ai des collègues comme Stéphane, qui lancent des lieux des débats, eh bien je les soutiens.
FLORENT PEIFFER
Vous parliez des bonnes choses que le gouvernement a accompli, est-ce que vous êtes d'accord avec Jean-Christophe CAMBADELIS, est-ce qu'l y a un complot médiatico-sondagier ?
BARBARA POMPILI
Non ! Je ne crois pas qu'il y ait de complot, je crois qu'on a par contre dans notre pays une tendance souvent à regarder ce qui va mal et à ne pas assez regarder ce qui va bien et donc ceux qui disent que ça va mal laissons-leur le dire, en même temps il faut aussi redonner de l'espoir, il faut aussi redonner des perspectives, moi je suis convaincue que nous avons des énormes richesses dans notre pays et qu'on doit les porter ; et moi aussi j'ai à Amiens un mouvement qui s'appelle « Nouvelle ère », on va essayer justement de montrer dans notre région quelles sont les initiatives qui sont des réussites qui vont créer de l'emploi, qui vont créer des dynamiques, pour donner aussi des exemples, pour donner des idées pour avancer, parce qu'on doit aussi être dans l'espoir et dans l'envie, dans l'envie de faire.
FLORENT PEIFFER
Denis BAUPIN a annoncé lundi qu'il rendait sa carte après 27 ans chez les Verts et puis chez Europe Ecologie Les Verts, c'est le sixième à quitter le navire, est-ce que ce parti que vous avez quitté c'était à la fin du mois de septembre dernier est-ce qu'il existe encore ou est-ce que c'est une coquille vide ?
BARBARA POMPILI
Malheureusement il est en train de devenir une coquille vide, c'était un parti qui était supposé réunir tous les écologistes, aujourd'hui il est devenu un parti qui exclut dès qu'on apporte une idée un peu nouvelle, dès qu'on apporte un peu de débat, on n'a plus le droit, on doit être dans une ligne très dure et dès qu'on ne l'est plus on est exclus. Denis BAUPIN ça faisait 27 ans qu'il était membre de ce parti, ça faisait 27 ans qu'il apportait des choses, il était dans l'écologie du concret, dans l'écologie qui fait avancer les choses pour les gens dans le quotidien et il a été lui aussi poussé vers la porte par Cécile DUFLOT et ses amis - je trouve que c'est terrible et donc nous recréons nous à côté un autre parti écologique pour dire que l'écologie n'appartient pas à ces gens-là qui veulent la mettre dans un corner.
FLORENT PEIFFER
Cécile DUFLOT et ses amis, cest ce que vous dites, ça vous a blessé, ça vous touche ces mots, par exemple Eva JOLY qui dit que vous lui inspirez de la pitié ?
BARBARA POMPILI
Ah ! Non, pas du tout, alors là ça ne me touche absolument pas. Je sais pourquoi je fais de la politique, moi je fais de la politique pour faire avancer les choses
FLORENT PEIFFER
Et pas pour entrer dans un gouvernement ?
BARBARA POMPILI
Je fais de la politique pour changer la vie des gens, on ne change pas la vie des gens en restant sur le bord de la route à faire des commentaires plus ou moins agréables.
FLORENT PEIFFER
La COP21 c'était il y a quatre mois
BARBARA POMPILI
Voilà aussi un point très important !
FLORENT PEIFFER
Voilà un point qui relève de l'espoir dont vous nous parliez, 160 pays sont réunis à New-York pour signer cet accord de Paris, alors c'est vraiment un évènement sur quoi ça sera la plus grande signature, ce sera
BARBARA POMPILI
C'est un record, vous avez raison de le citer, c'est un record.
FLORENT PEIFFER
C'est historique !
BARBARA POMPILI
Oui !
FLORENT PEIFFER
Est-ce qu'on peut pour autant crier victoire ou est-ce que tout reste à faire aujourd'hui ?
BARBARA POMPILI
Evidemment qu'il faut rester prudents, évidemment qu'il faut essayer de faire en sorte que cet accord soit ratifié le plus largement possible, parce qu'on a besoin que les pays s'engagent ensemble. Maintenant la COP21 c'est quand même une belle victoire et, c'est pareil, il ne faut pas toujours essayer de voir le verre à moitié vide, notamment grâce à Laurent FABIUS, grâce à Ségolène ROYAL on est là sur une dynamique avec des pays qui s'investissent, ce qui a beaucoup changé par rapport à Copenhague on se souvient de l'échec de Copenhague parce qu'il n'y avait pas eu cette prise de conscience, aujourd'hui la prise de conscience est mondiale sur le fait qu'il faut lutter contre le réchauffement climatique et qu'il faut engager justement un autre mode de développement économique, un mode de développement économique ce n'est pas mettre la nature sous cloche jamais de la vie - c'est, au contraire, prendre en compte le fait que nous devons protéger notre environnement et créer un développement autour de cela. C'est des potentiels de création d'emplois énormes, de développement économique et aussi pour les pays qui aujourd'hui sont en difficulté en Afrique, en Asie, de pouvoir se développer et de pouvoir rendre les gens heureux chez eux, aujourd'hui nous avons des problèmes de réfugiés, nous avons des problèmes de migration à cause du climat, de migration à cause de la pauvreté, travaillons tous ensemble pour que les gens soient heureux chez eux et nous résoudrons d'autres problèmes qui sont très graves aujourd'hui.
FLORENT PEIFFER
Vous avez parlé de Laurent FABIUS, de Ségolène ROYAL, Nicolas HULOT aussi qui a joué un rôle déterminant dans cette COP21, ce serait un bon candidat lui tiens pour 2017 ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez Nicolas HULOT c'est quelqu'un qui a apporté énormément pour l'écologie, qui apporte toujours pour l'écologie, qu'il donne sa voix, qu'il essaie de donner son poids pour parler d'écologie et pour parler du développement qu'on peut créer, parce qu'encore une fois - j'insiste - écologie et économie ça rime et ce n'est pas pour rien. Après les candidatures, moi je fais attention, la Présidentielle c'est pour élire un président de la République, donc toutes les personnes qui veulent s'engager dedans doivent dire qu'elles veulent être président de la République, sinon les candidatures de témoignage j'y crois moyen, on va dire ça
FLORENT PEIFFER
C'est ce que vous dites à Rama YADE ce matin ? Ca vous inspire quoi sa candidature ?
BARBARA POMPILI
Ca m'inspire que le monde politique est tellement fou autour de la Présidentielle qu'aujourd'hui on voit fleurir énormément de candidatures, franchement est-ce qu'on croit une seconde que l'élection présidentielle va se jouer entre Rama YADE, Geoffroy DIDIER ou Nadine MORANO ? Soyons un petit peu sérieux ! Moi ce que je voudrais c'est qu'on arrête de faire une espèce de course à l'échalote où chacun veut montrer sa figure à la télévision, mais par contre que l'on parle de fond et de débat de fond, ça nous manque beaucoup aujourd'hui.
FLORENT PEIFFER
Allez ! Allons-y. Sur un problème qui concerne beaucoup les Français, l'association Générations futures a publié hier une carte, une carte qui recense 400 témoignages de personnes victimes de pesticides en France, là on est clairement dans votre domaine
BARBARA POMPILI
Ah oui !
FLORENT PEIFFER
C'est vraiment la biodiversité, la France, avec 67.00 tonnes par an - c'est le deuxième consommateur de pesticides en Europe qu'est-ce que vous faites vous dans votre ministère pour changer ça ?
BARBARA POMPILI
D'abord des associations comme Générations futures, mais aussi comme WWF, etc., jouent un rôle de lanceurs d'alerte et cest très important, dans notre démocratie on a besoin de ces associations qui jouent ce rôle-là. Après il y a des vérifications scientifiques à faire, il faut avoir des certitudes scientifiques et, après, les politiques doivent prendre des décisions claires. Il y a des exemples, il y a des plans : le plan Ecophyto, le plan Ecophyto 2 qui a été mis en place et qui va venir
FLORENT PEIFFER
Parce que le précédent n'avait pas marché, hein ?
BARBARA POMPILI
Justement ! Eh bien justement là il y a eu un accord pour qu'il y ait vraiment qu'on passe un palier et il y a des décisions qui sont prises, Stéphane LE FOLL là a pris une décision courageuse qui interdit le diméthoate alors ça c'est un pesticide qu'on met sur les cerises pour les protéger contre certaines mouches il a pris cette décision, c'est une décision courageuse parce qu'il y a des gros problèmes de santé qui se sont créés à cause de ce pesticide, on va aider à côté les agriculteurs pour passer ce cap ; l'Europe est mise aussi dans l'action, on interdit l'importation
FLORENT PEIFFER
L'Europe dans l'action, précisément l'Europe qui autorise MOSANTO, ça ce n'est pas un problème ?
BARBARA POMPILI
Oui, justement il y a un travail de tous les pays pour faire en sorte que les lobbies ne gagnent pas.
FLORENT PEIFFER
C'est important, je voudrais qu'on arrête là-dessous
BARBARA POMPILI
On est en train de gagner sur les néonicotinoïdes aussi
FLORENT PEIFFER
D'accord !
BARBARA POMPILI
Qui tuent les abeilles, ça c'est très important.
FLORENT PEIFFER
Les lobbies, Barbara POMPILI, on a l'impression que ces lobbies ont un poids énorme c'est toute l'agriculture, ça représente évidemment un enjeu économique très important est-ce que l'économie est en train de l'emporter, j'allais dire presque trop facilement sur l'écologie ?
BARBARA POMPILI
Mais c'est pareil ! Aujourd'hui on est en train de changer le monde, notamment sur lagriculture, les pesticides ne sont pas un avenir pour notre agriculture et les agriculteurs qui s'en rendent compte et qui sont en train de partir vers un autre mode de production s'en sortent mieux que ceux qui restent enfermés dans l'ancien monde - malheureusement il y a encore des gros syndicats qui n'ont pas compris qu'on était en train de changer le monde donc
FLORENT PEIFFER
Et donc qu'est-ce que vous faites, qu'est-ce que vous leur dites à ces gros syndicats ?
BARBARA POMPILI
Les politiques doivent avoir le courage de dire aux syndicats : « on ne va pas laisser les agriculteurs tous seuls dans la nature, on va les aider à réorienter leur mode de production » mais on ne peut plus continuer à avoir une agriculture qui abîme nos sols, qui abîme a santé de nos agriculteurs qui sont les premiers acteurs de la biodiversité et qui sont les premières victimes.
FLORENT PEIFFER
Donc, vous les appelez aujourd'hui à cesser le plus vite possible cette agriculture intensive à coup de pesticides ?
BARBARA POMPILI
Tout à fait ! Tout à fait - et c'est ce que j'étais en train de vous dire sur les néonicotinoïdes qui sont donc les insecticides qui tuent les abeilles eh bien on les interdire, on l'a mis dans la loi sur la biodiversité, mais on va évidemment mettre en place des processus pour aider les agriculteurs à passer ce cap, parce qu'il y a une transition à faire, cette transition est une transition nécessaire, et donc on va les accompagner. Mais encore une fois ce n'est pas parce qu'économie ne rimerait pas avec écologie, encore une fois l'économie et l'écologie c'est l'avenir, c'est la création d'emplois et ceux qui se sont réorientés vers une agriculture plus durable ont des emplois et gagnent mieux leur vie.
FLORENT PEIFFER
Votre gros chantier c'est ce projet de loi sur la biodiversité ! La biodiversité, pour qu'on comprenne bien, c'est le vivant, c'est ça, c'est tout ce qui attrait à la nature ?
BARBARA POMPILI
Oui ! C'est ça.
FLORENT PEIFFER
Le point le plus important sans doute c'est cette Agence française de la biodiversité, elle va servir à quoi et est-ce qu'elle a les moyens de ses ambitions cette agence ?
BARBARA POMPILI
C'est une agence qui va enfin qui va regrouper d'autres on ne crée pas un bidule, on regroupe en fait des organismes qui existent déjà et qui travaillent justement sur la protection de la biodiversité, le développement économique grâce à la biodiversité et qui va avoir une visibilité, c'est-à-dire que les acteurs publics - les collectivités, les entreprises - vont avoir des interlocuteurs qui, là seront bien visibles. Je veux mettre ce sujet de la protection de la biodiversité sur le devant de la scène, je veux que l'année 2016 soit l'année de la biodiversité, pas pour me faire plaisir, mais parce que la biodiversité c'est la vie, c'est notre vie, si on commence à enlever c'est comme un tissu si vous voulez, c'est comme un tissu, si on enlève une maille tout peu se déliter, nous devons absolument le préserver. Il y en a qui parle juste de l'immédiat, moi je pense à notre avenir, nous devons préserver notre avenir ; et encore une fois nous allons créer beaucoup d'emplois grâce à ça, beaucoup de
FLORENT PEIFFER
On verra ça. Une dernière question sur la légende PRINCE, vous avez 40 ans, ce n'est pas un secret, je peux le dire
BARBARA POMPILI
Oui ! Non, ce n'est pas un secret.
FLORENT PEIFFER
Le chanteur est mort hier à 57 ans, c'est vraiment votre génération, vous en gardez quel souvenir de PRINCE ?
BARBARA POMPILI
Ce sont beaucoup de souvenirs d'adolescence, des très beaux souvenirs et des souvenirs notamment avec une amie à laquelle je pense, une amie très chère qui est en deuil aujourd'hui parce que c'était sa fan absolue, donc voilà c'est surtout à elle que je pense aujourd'hui.
FLORENT PEIFFER
PRINCE par Barbara POMPILI, la secrétaire d'Etat à la Biodiversité. Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin dans la Matinale
BARBARA POMPILI
Merci à vous !Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 avril 2016