Interview de M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et du cadre de vie, dans "Le Monde" du 11 novembre 2001, sur l'accord signé à Marrakech pour mettre en oeuvre le processus de Kyoto sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

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Circonstance : 7ème conférence des parties sur le changement climatique, à Marrakech (Maroc), du 7 au 10 novembre 2001

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Q - Yves Cochet, vous êtes ministre de l'Environnement et avez représenté la France à Marrakech. Comment jugez-vous l'accord adopté samedi matin ?
R - Avec satisfaction : cet accord confirme l'engagement international dans le protocole de Kyoto et ouvre la voie à sa ratification. Celle-ci pourrait commencer à se produire rapidement, j'espère en 2002, avant le Sommet de la Terre qui aura lieu à Johannesburg, dix ans après le sommet de Rio. Concrètement, cet accord complète le protocole de Kyoto, en lui ajoutant un système d'observance, c'est-à-dire de respect des engagements, qui n'existait pas dans le protocole. A mesure que les pays commenceront à utiliser les instruments de Kyoto, tel le marché des émissions de gaz carbonique, ils constateront le besoin de règles claires et rigoureuses.
Q - Sur le plan politique, que représente l'accord de Marrakech dans le contexte actuel ?
R - Il souligne encore l'unilatéralisme des Etats-Unis, qui n'ont fait aucun effort, malgré ce qui s'est passé le 11 septembre, pour se rapprocher du processus de Kyoto. Il montre aussi que la majorité des pays du monde ne visent plus à adopter le mode de vie américain, un mode de consommation matérielle et énergétique très gaspilleur. Ils veulent un transfert de technologies, mais la fascination des pays du Sud pour le modèle américain n'existe plus. C'est une mutation très importante.
Q - Sur quoi la discussion s'est-elle focalisée ?
R - Sur la question du lien entre possibilité de recourir aux mécanismes de flexibilité et observance. Nous n'avons peut-être pas obtenu le tex te que nous aurions préféré, mais ce lien existe, et il a une force politique. Le blocage provenait essentiellement du Japon, qui, pour des raisons de droit interne, ne voulait pas un texte juridiquement contraignant. Mais il a pris un engagement politique à suivre tout le système. L'Europe a pesé fortement pour le convaincre, et aussi bien M. Jospin que M. Blair ont téléphoné au Premier ministre nippon, Junishiro Koizumi. Je ne sais pas s'ils ont réussi à le joindre, mais ils ont au moins laissé des messages.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 novembre 2001)