Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur lexposition « 36 000 communes, 36 000 cicatrices » consacrée aux soldats français tués pendant la Première Guerre mondiale, à Paris le 20 mai 2016
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Circonstance : Vernissage de lexposition « 36 000 communes, 36 000 cicatrices », à Paris le 20 mai 2016
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Texte intégral
Mesdames et messieurs les ambassadeurs,Messieurs les Préfets,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Madame la maire du 5èmearrondissement,
Monsieur le Président du Centre des Monuments Nationaux,
Monsieur le Directeur général de la Mission du Centenaire,
Monsieur le Président du conseil scientifique de la Mission du Centenaire,
Monsieur le Directeur des rencontres dArles,
Monsieur Jeanneney, ancien ministre, ancien président des rencontres dArles,
Madame la Directrice de la communication du groupe SANEF,
M. le Directeur de la communication de la Caisse dEpargne Ile-de-France
Mesdames et messieurs,
Cest avec une grande émotion que jinaugure aujourdhui lexposition « 36 000 communes, 36 000 cicatrices ». Cette exposition nous confronte directement à une horrible réalité, celle de la mort de masse, celle du deuil de millions de familles que la Grande Guerre, dans son tourbillon de violences, a fauchées. Il y partout des vies, des familles au destin brisé.
Face à la tragédie, le besoin de ne pas oublier, de se recueillir, se manifeste. Les communes, souvent de leur propre initiative, se sont dotées de leur monument aux morts. Entre 1919 et 1922, on compte en moyenne trois inaugurations par jour. Sur la place du village, près de la mairie, le monument devient un lieu de deuil, mais aussi un lieu de rassemblement patriotique.
Les cérémonies se déroulent selon un cérémoniel précis : unité de temps, le 11 novembre ; unité daction, lhommage aux morts ; unité de lieu, enfin, le monument aux morts. Encore aujourdhui, la puissance symbolique de ces monuments demeure. Cest le point de rassemblement de la nation où chacun vient se recueillir, lors des cérémonies annuelles du 8 mai ou du 11 novembre.
Cest également près de ces monuments que des hommages nationaux forts sont rendus, comme dans la majorité des communes après les attentats qui ont endeuillé lannée 2015.
Chacun le comprend, depuis que les Etats ont fait le choix dhonorer leurs morts tombés au combat, le monument est un lieu de rassemblement où chacun vient se recueillir et marquer son engagement.
Je veux féliciter chacun des acteurs qui ont su mobiliser leurs énergies au service de la mémoire de notre pays : le Centre des monuments nationaux, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, lInstitut de recherches historiques du Septentrion, lUniversité de Lille 3, et les Rencontres de la photographie dArles.
Je salue plus particulièrement Raymond Depardon pour son parrainage de lexposition et pour ses propres photos « Présence dune génération perdue » qui la complètent.
Je veux également faire part de ma reconnaissance à François Hébel, ancien directeur des Rencontres de la photographie dArles, qui avait porté lexposition en 2014 et qui est le commissaire de lexposition du Panthéon.
Je salue le travail de Martine Aubry, ingénieur de recherche de luniversité Lille 3, qui a uvré sans relâche pour bâtir le projet de lexposition et du site internet « Monument aux morts » de lInstitut de recherche historique du Septentrion, sans lequel rien naurait jamais été possible.
Je salue enfin le concours de lhistorien Antoine Prost et du sculpteur Patrice Alexandre, qui ont apporté leur précieuse aide à la rédaction du catalogue de lexposition et qui participent régulièrement à dautres initiatives mémorielles aux côtés du ministère de la Défense.
Je félicite aussi tous ces anonymes qui ont participé à la collecte des photographies. Lexposition est le fruit de la mobilisation populaire sur tout le territoire pour la mémoire de notre pays. Cest un beau témoignage de lattachement des Français à leur histoire.
La photographie est un art populaire, une grande source pour notre histoire et un témoignage précieux de la réalité du quotidien.
Dans les tranchées, les poilus eux aussi prenaient de nombreuses photos ; ils montraient sans détour la dureté de leurs conditions de vie, leur peur, leur angoisse, mais aussi leur espoir et la camaraderie de la troupe. De nos jours, au sein de lEtablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense, des photographes de grand talent témoignent de lengagement de notre armée.
Je crois au pouvoir de limage et la photographie en est un support essentiel dans la transmission de la mémoire. Jai ainsi tenu à ce que le ministère de la Défense, à travers la direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives, soutienne lexposition « Ligne Maginot » du photographe Alexandre Guirkinger lors des prochaines rencontres photographiques dArles.
Ce partenariat sera complété par la mise en place dun atelier pédagogique spécifique autour des questions mémorielles. Car la photographie, comme la mémoire, doit sapprendre et se travailler dès le plus jeune âge, pour que la jeunesse daujourdhui nait plus jamais à revivre ce que les enfants des photographies de Léon Gimpel ici exposées ont vécu.
La construction et lentretien des monuments aux morts reviennent en majorité aux communes. Cependant, le ministère de la Défense est conscient de la richesse de ce patrimoine de pierre. Cest la raison pour laquelle, par lintermédiaire de lOffice National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre, il aide financièrement les communes qui engagent des travaux de rénovation de leurs monuments aux morts.
Veiller à la conservation de la diversité fascinante de notre patrimoine lapidaire est un devoir moral envers nos ainés qui ont fait le sacrifice suprême.
Récemment, jai soutenu le projet de la mairie de Paris dinaugurer prochainement un monument consacré aux soldats parisiens morts durant la Grande Guerre.
Ce projet qui devrait voir le jour en 2018, a été précédé par la construction dun monument virtuel dores et déjà consultable sur Internet.
Lhistorien du Moyen Âge, Raoul Glaber, narrait dans ses chroniques que vers lan mil, la France sétait couverte dun « blanc manteau dEglises ».
Au début du XXème siècle, cest dun manteau gris et noir que la France se couvre, celui des monuments aux morts. Ces monuments nous parlent encore. Ils sont des témoins historiques de notre passé. Ensemble, grâce à cette exposition, nous découvrons leur richesse.
Ensemble, grâce à cette exposition, nous honorons lavertissement du monument de la commune de Fère-Champenoise, commune qui fut au cur de la bataille de la Marne en 1914 : « Souvenons-nous ».
Je vous remercie.
Source : http://www.defense.gouv.fr, le 30 mai 2016
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