Texte intégral
A. Chabot - Beaucoup commentent, et il y a beaucoup de commentaires depuis la publication des chiffres de la délinquance pour le premier semestre de cette année. Vous n'avez pas encore donné votre sentiment sur ces chiffres mais vous allez le faire. Presque 10 % de plus. Qu'est-ce que cela signifie ? C'est vraiment l'échec du Gouvernement sur le plan de la sécurité qui apparaît ?
- "D'abord cela signifie que cette tendance lourde de l'augmentation de la délinquance, depuis maintenant pas mal d'années - notamment avec violence - est préoccupante. Moi, comme ministre de l'Intérieur, aux côtés de la police, et en lui demandant beaucoup, je considère qu'il faut faire de cette question une priorité. Je constate aussi que j'ai demandé au directeur de la police nationale de publier les chiffres - il l'a fait - à la fin du premier semestre. C'est une première car avant c'était tous les ans. Voilà un certain nombre d'éléments que je voulais vous dire. Deuxièmement, la police de proximité que nous mettons en place prend du temps. Cela prend du temps parce que cela n'a pas été fait avant, qu'il faut des effectifs supplémentaires et je suis heureux que dans le cadre du budget 2002, le Premier ministre ait tranché favorablement pour la création de 3000 postes de policiers supplémentaires - en plus des 3200 créés depuis 1999. Historiquement, c'est sous G. Defferre que nous avons eu les mêmes augmentations. Il y aussi le partenariat avec les élus. Bref, c'est un travail patient, méthodique de mobilisation des forces de police notamment. Je n'oublie pas que la justice doit sanctionner derrière tous les faits car l'insécurité est une injustice sociale qu'il faut combattre. Ce Gouvernement le fait avec des moyens : jamais les budgets de l'Intérieur n'ont été aussi importants. C'est ma priorité."
Vous dites aux Français : "Soyez patients, nos mesures vont bientôt faire de l'effet dans six mois..." ou dans un an juste avant les élections, par exemple ?
- "Actuellement, la police est efficace. D'une certaine manière, le fait qu'il y ait la police de proximité, qu'il y ait beaucoup plus de plaintes parce que les Français peuvent porter plainte ailleurs que dans leur commissariat d'habitation - c'est nouveau -, automatiquement cela fait monter les chiffres. Le chiffre noir de la délinquance, c'est celui que je voudrais qu'on puisse publier régulièrement. C'est pour ça qu'une mission a été confiée à MM. Pandraud et Caresche - députés RPR et socialiste -, qui devront préparer un observatoire pour l'après élection de 2002. Les Français ont besoin de transparence et moi, avec la publication semestrielle de ces chiffres, je commence à donner dans la transparence."
En tout cas, certains à gauche ne pourront plus dire que c'est le fantasme sécuritaire de la droite. La réalité de la délinquance, grâce à la transparence, elle éclate !
- "Mais la vérité, c'est que la sécurité n'est ni une valeur de gauche ni une valeur de droite, c'est une valeur républicaine. Il n'y a pas de liberté sans sécurité. De surcroît, l'insécurité une injustice sociale, il faut donc la combattre. Il faut la combattre avec la police, avec la justice mais avec aussi tous les acteurs de la société. La violence doit être combattue. Cela concerne les parents, l'Education nationale, tous ceux qui décident dans la société. L'autorité de l'Etat ne fait pas défaut mais bien évidemment, comme dans d'autres sociétés, dans d'autres pays, il y a la montée de ces violences inacceptables. Il faut les combattre par tous les moyens et s'attaquer aux causes."
Vous avez conscience que vous pouvez perdre les élections - présidentielle et législatives - sur ce problème de l'insécurité, préoccupation numéro 1 des Français ?
- "Je comprends les Français qui font de cette question leur première priorité. Je n'oublie pas non plus la lutte contre le chômage, dont on sait que c'est une lutte qui n'est jamais gagnée complètement. Il faut donc lutter contre le chômage et faire de la sécurité la priorité. C'est le cas du Gouvernement de L. Jospin. Vous savez que le budget de l'Intérieur, pour 2002, sera un budget en forte augmentation, comme il l'avait été l'année dernière. Cela veut dire concrètement que nous agissons et que nous ne découvrons pas l'insécurité avant les élections. Cela ne doit pas être un enjeu politicien, cela ne doit pas être un enjeu électoral. C'est trop sérieux pour être mis comme ça sur la place publique, sans savoir la réalité des choses. Je veux aussi vous redire qu'il ne faut pas critiquer systématiquement les policiers. Le ministre de l'Intérieur est à leurs côtés et je leur fais confiance. C'est un lourd travail et ils payent un lourd tribut. J'aimerais aussi, de temps en temps, qu'on leur rende davantage hommage, plutôt que les critiques que j'ai entendues hier."
La droite ne va pas se priver de vous attaquer, elle continue sur ce sujet : J. Chirac lors du 14 Juillet. On se dit : " Tiens, il n'avait pas tort le Président !"
- "Comparons les actes des uns et des autres, les budgets des uns et des autres, ceux qui ne remplaçaient pas les policiers qui partaient à la retraite et ceux qui le font. De ce point de vue, la comparaison ne me dérange pas."
Sur les chiffres de l'insécurité, vous n'avez pas réussi à la faire baisser.
- "La société n'a pas réussi, effectivement. C'est vrai aussi en Allemagne et en Italie ; cette question taraude nos sociétés. Il faut s'attaquer à ces questions, mais encore une fois, s'attaquer aux causes et ne pas donner dans la démagogie électoraliste."
Démagogie : est-ce une mesure démagogique que de décréter le "couvre-feu" - comme on dit - pour les enfants de moins de 13 ans dans des villes, comme l'ont fait un certain nombre de maires de l'opposition ?
- "Des enfants de 13 ou 14 ans n'ont pas, effectivement, à être livrés à eux-mêmes la nuit sur la voie publique."
Tout le monde est d'accord là-dessus ?
- "Cela me semble évidemment clair ; c'est le bon sens. Après, il faut se poser la question : pourquoi sont-ils dans la rue ? C'est la vraie question qu'il faut se poser. C'est donc aussi par une politique d'éducation, une politique familiale qu'on y arrivera. L'autorité parentale doit s'exprimer et il faut moins d'indifférence parentale. Il y a ces histoires d'arrêtés municipaux dont vous savez qu'ils ne règlent rien. Des dispositions existent déjà ; à Paris, cela a été mis en place - et cela a été dit par le préfet de police - : l'article 375 du code civil peut permettre aux policiers de raccompagner les enfants chez eux. Simplement, il y a des maires qui ont voulu dans l'exercice de leur mandat, élus en mars dernier, faire des arrêtés municipaux qui ne règlent rien, qui stigmatisent des quartiers."
Vous êtes contre ?
- "Je pense que ce n'est pas la formule mais c'est leur responsabilité."
Est-ce que les préfets vont effectivement saisir les tribunaux pour empêcher ces mesures. C'est une consigne du ministère de l'Intérieur ?
- "Si les arrêtés ne sont pas conformes à la jurisprudence du Conseil d'Etat, il est normal que les préfets saisissent l'autorité judiciaire."
Un convoyeur de fonds abattu, des syndicats qui demandent au ministre de l'Intérieur de faire plus et de prendre de nouvelles mesures. Qu'allez-vous répondre à cette interpellation des organisations syndicales ?
- "Quand un convoyeurs de fond est tué dans l'exercice de sa mission, cela créée pour moi de l'émotion et de la tristesse. Je veux, bien évidemment, face à la mort de ce convoyeur de fond, lui rendre hommage et dire à sa famille ma peine. Il y a la question légitime des convoyeurs de fonds, plus à l'égard - j'ai l'impression - des banques et de leur profession elle-même, parce qu'ils reconnaissent le travail qui a été engagé par J.-C. Gayssot et moi-même, notamment le décret qui permet de sécuriser des agences bancaires, en organisant des sas, etc. Simplement, face au passage à l'euro que nous avons préparé très sérieusement, avec un plan où la police, l'armée, la gendarmerie seront sur le front pour que cela se passe bien à la fin de l'année. Je crois que les convoyeurs de fonds doivent aussi, dans le cadre de leur profession, obtenir des garanties, des engagements et que ces engagements soient tenus."
En Corse, il y a des attentats revendiqués par le FLNC et ceux qui ne sont pas revendiqués, ce sont les lettres piégées adressées aux leaders nationalistes, dont J.-G. Talamoni. Est-ce que la trêve décrétée par les nationalistes est en train de voler en éclats ?
- "Le processus engagé, le premier projet de loi, l'investissement et le développement économique qui sont au coeur de notre démarche ne sont pas remis en cause. Tous les interlocuteurs que nous avons rencontrés dans la transparence, tous les élus, confirment leur attachement au processus et au fait que la Corse puisse vivre en paix, parce qu'il n'y a pas de violence possible dans la République."
C'est ce qu'on veut déstabiliser au travers des attentats ?
- "Je pense qu'effectivement, il y a beaucoup de confusion, peut-être même de débats à l'intérieur de la mouvance nationaliste."
La guerre entre nationalistes ou factions pourrait reprendre ?
- "Je pense que ce n'est pas la bonne formule. Bien évidemment, qu'il va de soi que les allégations disant que l'Etat pourrait être à l'origine de colis piégés sont fausses ; personne ne peut y croire. Il faut l'Etat de droit, le dialogue. Le préfet Lacroix l'a démontré ; il a aussi démontré l'autorité de l'Etat - je veux lui rendre hommage. Je pense que le processus n'est pas remis en cause dans toute cette période. Sachez que travailler pour sortir la Corse des difficultés, des violences dans lesquelles elle est depuis trente ans, ce n'est pas un fleuve tranquille. C'est toujours difficile mais il faut avoir du courage, de la ténacité et aimer la Corse."
Quand le FLNC demande l'amnistie tout de suite, le seul moyen de régler le problème politique, vous dites toujours "non" ?
- "Cette question ne se pose pas et ne s'est pas posée dans nos discussions, dans notre projet. Avançons pas à pas. Il y a la loi, celle que je présenterai au Sénat et dont j'espère qu'elle sera encore améliorée par rapport au vote de l'Assemblée nationale. Il y a ensuite le programme d'investissement ; il y a, je le souhaite, le retour à la paix civile. De ce point de vue, les chiffres sont encourageants car en 2000, il y a eu moins d'attentats que par le passé. Nous sommes revenus, au point de vue des statistiques, avant le drame d'Aléria. Il faut aussi dire ce qui va mieux ! Moi, je veux faire le pari de l'optimisme et de la responsabilité."
Et l'amnistie ?
- "Elle n'est pas à l'ordre du jour."
Donc rien à attendre de ce côté dans les semaines qui viennent ?
- "Cette question ne se pose pas."
L'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac est bouclée. Est-ce que le procès - sauf ce qui concerne évidemment Y. Colonna - peut s'ouvrir avant les élections ?
- "Tout d'abord, c'est la justice qui a son rythme et c'est aux juges, s'ils ont bouclé leur enquête d'instruction, de savoir quand ils font venir le procès, avec les six personnes qui ont été interpellés et qui sont les auteurs présumés de l'attentat du préfet Erignac. Quant au septième, celui dont vous avez cité le nom, il est recherché. Tout doit être fait et tout est fait."
Perquisition dans sa famille...
- "Ce sont des procédures judiciaires dans lesquelles, en tant que ministre de l'Intérieur, je ne veux pas m'immiscer. Tout doit être fait pour retrouver ce septième auteur présumé de l'attentat du préfet Erignac."
Si on fait le bilan : le chômage qui baisse moins, la délinquance qui continue à augmenter, un moral de ménages qui a tendance à chuter. Franchement, ce sera une rentrée difficile pour le Gouvernement ?
- "Gouverner n'est pas simple. Depuis 1997, je crois que notre pays a enregistré de vrais progrès en matière de baisse du chômage, même si l'on sait que c'est un combat qu'il faut continuer à mener inlassablement. Mais il y a aussi la croissance, la consommation des ménages, le moral des Français et des chefs d'entreprise. Il y a, bien évidemment, des trous d'air. Il en est arrivé au moment de la crise russe, japonaise ou brésilienne. Il y a encore une difficulté par rapport à la croissance américaine. Les Français peuvent avoir confiance en ce Gouvernement qui va continuer à gouverner et à agir, sans se laisser distraire par de futures campagnes électorales. Nous allons continuer, aux côtés du Premier ministre, à agir. C'est l'intérêt du pays, c'est l'intérêt général. C'est par ailleurs les engagements que nous avons pris devant les Français, nous allons continuer et ils peuvent nous faire confiance. Ils savent, de ce point de vue, qu'il n'y a pas de comparaisons - je dirais - négatives entre la droite et la gauche : la droite a échoué, la gauche fait ce qu'elle peut et je crois qu'on a déjà des résultats en matière de bilan qui, encore une fois, souffrent facilement la comparaison."
L. Jospin a intérêt à réfléchir à sa candidature pendant ses vacances ?
- "Ce sont des questions qui se poseront le moment venu. L. Jospin est tout à son action de Premier ministre. Il le démontre chaque jour et c'est ce que les Français attendent. Ils ne comprendraient pas qu'un Premier ministre soit en campagne électorale alors que ce qu'ils attendent de lui, c'est de gouverner. Alors nous allons gouverner jusqu'à la fin."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 3 août 2001)
- "D'abord cela signifie que cette tendance lourde de l'augmentation de la délinquance, depuis maintenant pas mal d'années - notamment avec violence - est préoccupante. Moi, comme ministre de l'Intérieur, aux côtés de la police, et en lui demandant beaucoup, je considère qu'il faut faire de cette question une priorité. Je constate aussi que j'ai demandé au directeur de la police nationale de publier les chiffres - il l'a fait - à la fin du premier semestre. C'est une première car avant c'était tous les ans. Voilà un certain nombre d'éléments que je voulais vous dire. Deuxièmement, la police de proximité que nous mettons en place prend du temps. Cela prend du temps parce que cela n'a pas été fait avant, qu'il faut des effectifs supplémentaires et je suis heureux que dans le cadre du budget 2002, le Premier ministre ait tranché favorablement pour la création de 3000 postes de policiers supplémentaires - en plus des 3200 créés depuis 1999. Historiquement, c'est sous G. Defferre que nous avons eu les mêmes augmentations. Il y aussi le partenariat avec les élus. Bref, c'est un travail patient, méthodique de mobilisation des forces de police notamment. Je n'oublie pas que la justice doit sanctionner derrière tous les faits car l'insécurité est une injustice sociale qu'il faut combattre. Ce Gouvernement le fait avec des moyens : jamais les budgets de l'Intérieur n'ont été aussi importants. C'est ma priorité."
Vous dites aux Français : "Soyez patients, nos mesures vont bientôt faire de l'effet dans six mois..." ou dans un an juste avant les élections, par exemple ?
- "Actuellement, la police est efficace. D'une certaine manière, le fait qu'il y ait la police de proximité, qu'il y ait beaucoup plus de plaintes parce que les Français peuvent porter plainte ailleurs que dans leur commissariat d'habitation - c'est nouveau -, automatiquement cela fait monter les chiffres. Le chiffre noir de la délinquance, c'est celui que je voudrais qu'on puisse publier régulièrement. C'est pour ça qu'une mission a été confiée à MM. Pandraud et Caresche - députés RPR et socialiste -, qui devront préparer un observatoire pour l'après élection de 2002. Les Français ont besoin de transparence et moi, avec la publication semestrielle de ces chiffres, je commence à donner dans la transparence."
En tout cas, certains à gauche ne pourront plus dire que c'est le fantasme sécuritaire de la droite. La réalité de la délinquance, grâce à la transparence, elle éclate !
- "Mais la vérité, c'est que la sécurité n'est ni une valeur de gauche ni une valeur de droite, c'est une valeur républicaine. Il n'y a pas de liberté sans sécurité. De surcroît, l'insécurité une injustice sociale, il faut donc la combattre. Il faut la combattre avec la police, avec la justice mais avec aussi tous les acteurs de la société. La violence doit être combattue. Cela concerne les parents, l'Education nationale, tous ceux qui décident dans la société. L'autorité de l'Etat ne fait pas défaut mais bien évidemment, comme dans d'autres sociétés, dans d'autres pays, il y a la montée de ces violences inacceptables. Il faut les combattre par tous les moyens et s'attaquer aux causes."
Vous avez conscience que vous pouvez perdre les élections - présidentielle et législatives - sur ce problème de l'insécurité, préoccupation numéro 1 des Français ?
- "Je comprends les Français qui font de cette question leur première priorité. Je n'oublie pas non plus la lutte contre le chômage, dont on sait que c'est une lutte qui n'est jamais gagnée complètement. Il faut donc lutter contre le chômage et faire de la sécurité la priorité. C'est le cas du Gouvernement de L. Jospin. Vous savez que le budget de l'Intérieur, pour 2002, sera un budget en forte augmentation, comme il l'avait été l'année dernière. Cela veut dire concrètement que nous agissons et que nous ne découvrons pas l'insécurité avant les élections. Cela ne doit pas être un enjeu politicien, cela ne doit pas être un enjeu électoral. C'est trop sérieux pour être mis comme ça sur la place publique, sans savoir la réalité des choses. Je veux aussi vous redire qu'il ne faut pas critiquer systématiquement les policiers. Le ministre de l'Intérieur est à leurs côtés et je leur fais confiance. C'est un lourd travail et ils payent un lourd tribut. J'aimerais aussi, de temps en temps, qu'on leur rende davantage hommage, plutôt que les critiques que j'ai entendues hier."
La droite ne va pas se priver de vous attaquer, elle continue sur ce sujet : J. Chirac lors du 14 Juillet. On se dit : " Tiens, il n'avait pas tort le Président !"
- "Comparons les actes des uns et des autres, les budgets des uns et des autres, ceux qui ne remplaçaient pas les policiers qui partaient à la retraite et ceux qui le font. De ce point de vue, la comparaison ne me dérange pas."
Sur les chiffres de l'insécurité, vous n'avez pas réussi à la faire baisser.
- "La société n'a pas réussi, effectivement. C'est vrai aussi en Allemagne et en Italie ; cette question taraude nos sociétés. Il faut s'attaquer à ces questions, mais encore une fois, s'attaquer aux causes et ne pas donner dans la démagogie électoraliste."
Démagogie : est-ce une mesure démagogique que de décréter le "couvre-feu" - comme on dit - pour les enfants de moins de 13 ans dans des villes, comme l'ont fait un certain nombre de maires de l'opposition ?
- "Des enfants de 13 ou 14 ans n'ont pas, effectivement, à être livrés à eux-mêmes la nuit sur la voie publique."
Tout le monde est d'accord là-dessus ?
- "Cela me semble évidemment clair ; c'est le bon sens. Après, il faut se poser la question : pourquoi sont-ils dans la rue ? C'est la vraie question qu'il faut se poser. C'est donc aussi par une politique d'éducation, une politique familiale qu'on y arrivera. L'autorité parentale doit s'exprimer et il faut moins d'indifférence parentale. Il y a ces histoires d'arrêtés municipaux dont vous savez qu'ils ne règlent rien. Des dispositions existent déjà ; à Paris, cela a été mis en place - et cela a été dit par le préfet de police - : l'article 375 du code civil peut permettre aux policiers de raccompagner les enfants chez eux. Simplement, il y a des maires qui ont voulu dans l'exercice de leur mandat, élus en mars dernier, faire des arrêtés municipaux qui ne règlent rien, qui stigmatisent des quartiers."
Vous êtes contre ?
- "Je pense que ce n'est pas la formule mais c'est leur responsabilité."
Est-ce que les préfets vont effectivement saisir les tribunaux pour empêcher ces mesures. C'est une consigne du ministère de l'Intérieur ?
- "Si les arrêtés ne sont pas conformes à la jurisprudence du Conseil d'Etat, il est normal que les préfets saisissent l'autorité judiciaire."
Un convoyeur de fonds abattu, des syndicats qui demandent au ministre de l'Intérieur de faire plus et de prendre de nouvelles mesures. Qu'allez-vous répondre à cette interpellation des organisations syndicales ?
- "Quand un convoyeurs de fond est tué dans l'exercice de sa mission, cela créée pour moi de l'émotion et de la tristesse. Je veux, bien évidemment, face à la mort de ce convoyeur de fond, lui rendre hommage et dire à sa famille ma peine. Il y a la question légitime des convoyeurs de fonds, plus à l'égard - j'ai l'impression - des banques et de leur profession elle-même, parce qu'ils reconnaissent le travail qui a été engagé par J.-C. Gayssot et moi-même, notamment le décret qui permet de sécuriser des agences bancaires, en organisant des sas, etc. Simplement, face au passage à l'euro que nous avons préparé très sérieusement, avec un plan où la police, l'armée, la gendarmerie seront sur le front pour que cela se passe bien à la fin de l'année. Je crois que les convoyeurs de fonds doivent aussi, dans le cadre de leur profession, obtenir des garanties, des engagements et que ces engagements soient tenus."
En Corse, il y a des attentats revendiqués par le FLNC et ceux qui ne sont pas revendiqués, ce sont les lettres piégées adressées aux leaders nationalistes, dont J.-G. Talamoni. Est-ce que la trêve décrétée par les nationalistes est en train de voler en éclats ?
- "Le processus engagé, le premier projet de loi, l'investissement et le développement économique qui sont au coeur de notre démarche ne sont pas remis en cause. Tous les interlocuteurs que nous avons rencontrés dans la transparence, tous les élus, confirment leur attachement au processus et au fait que la Corse puisse vivre en paix, parce qu'il n'y a pas de violence possible dans la République."
C'est ce qu'on veut déstabiliser au travers des attentats ?
- "Je pense qu'effectivement, il y a beaucoup de confusion, peut-être même de débats à l'intérieur de la mouvance nationaliste."
La guerre entre nationalistes ou factions pourrait reprendre ?
- "Je pense que ce n'est pas la bonne formule. Bien évidemment, qu'il va de soi que les allégations disant que l'Etat pourrait être à l'origine de colis piégés sont fausses ; personne ne peut y croire. Il faut l'Etat de droit, le dialogue. Le préfet Lacroix l'a démontré ; il a aussi démontré l'autorité de l'Etat - je veux lui rendre hommage. Je pense que le processus n'est pas remis en cause dans toute cette période. Sachez que travailler pour sortir la Corse des difficultés, des violences dans lesquelles elle est depuis trente ans, ce n'est pas un fleuve tranquille. C'est toujours difficile mais il faut avoir du courage, de la ténacité et aimer la Corse."
Quand le FLNC demande l'amnistie tout de suite, le seul moyen de régler le problème politique, vous dites toujours "non" ?
- "Cette question ne se pose pas et ne s'est pas posée dans nos discussions, dans notre projet. Avançons pas à pas. Il y a la loi, celle que je présenterai au Sénat et dont j'espère qu'elle sera encore améliorée par rapport au vote de l'Assemblée nationale. Il y a ensuite le programme d'investissement ; il y a, je le souhaite, le retour à la paix civile. De ce point de vue, les chiffres sont encourageants car en 2000, il y a eu moins d'attentats que par le passé. Nous sommes revenus, au point de vue des statistiques, avant le drame d'Aléria. Il faut aussi dire ce qui va mieux ! Moi, je veux faire le pari de l'optimisme et de la responsabilité."
Et l'amnistie ?
- "Elle n'est pas à l'ordre du jour."
Donc rien à attendre de ce côté dans les semaines qui viennent ?
- "Cette question ne se pose pas."
L'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac est bouclée. Est-ce que le procès - sauf ce qui concerne évidemment Y. Colonna - peut s'ouvrir avant les élections ?
- "Tout d'abord, c'est la justice qui a son rythme et c'est aux juges, s'ils ont bouclé leur enquête d'instruction, de savoir quand ils font venir le procès, avec les six personnes qui ont été interpellés et qui sont les auteurs présumés de l'attentat du préfet Erignac. Quant au septième, celui dont vous avez cité le nom, il est recherché. Tout doit être fait et tout est fait."
Perquisition dans sa famille...
- "Ce sont des procédures judiciaires dans lesquelles, en tant que ministre de l'Intérieur, je ne veux pas m'immiscer. Tout doit être fait pour retrouver ce septième auteur présumé de l'attentat du préfet Erignac."
Si on fait le bilan : le chômage qui baisse moins, la délinquance qui continue à augmenter, un moral de ménages qui a tendance à chuter. Franchement, ce sera une rentrée difficile pour le Gouvernement ?
- "Gouverner n'est pas simple. Depuis 1997, je crois que notre pays a enregistré de vrais progrès en matière de baisse du chômage, même si l'on sait que c'est un combat qu'il faut continuer à mener inlassablement. Mais il y a aussi la croissance, la consommation des ménages, le moral des Français et des chefs d'entreprise. Il y a, bien évidemment, des trous d'air. Il en est arrivé au moment de la crise russe, japonaise ou brésilienne. Il y a encore une difficulté par rapport à la croissance américaine. Les Français peuvent avoir confiance en ce Gouvernement qui va continuer à gouverner et à agir, sans se laisser distraire par de futures campagnes électorales. Nous allons continuer, aux côtés du Premier ministre, à agir. C'est l'intérêt du pays, c'est l'intérêt général. C'est par ailleurs les engagements que nous avons pris devant les Français, nous allons continuer et ils peuvent nous faire confiance. Ils savent, de ce point de vue, qu'il n'y a pas de comparaisons - je dirais - négatives entre la droite et la gauche : la droite a échoué, la gauche fait ce qu'elle peut et je crois qu'on a déjà des résultats en matière de bilan qui, encore une fois, souffrent facilement la comparaison."
L. Jospin a intérêt à réfléchir à sa candidature pendant ses vacances ?
- "Ce sont des questions qui se poseront le moment venu. L. Jospin est tout à son action de Premier ministre. Il le démontre chaque jour et c'est ce que les Français attendent. Ils ne comprendraient pas qu'un Premier ministre soit en campagne électorale alors que ce qu'ils attendent de lui, c'est de gouverner. Alors nous allons gouverner jusqu'à la fin."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 3 août 2001)