Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le porte-parole d'un gouvernement sans majorité, bienvenue Stéphane LE FOLL, bonjour.
STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cet après-midi la droite et le centre vont donc déposer leur motion de censure, pas de problème apparemment pour le gouvernement, les dissidents PS ne voteront pas, mais est-ce pour autant une victoire de votre gouvernement VALLS ?
STÉPHANE LE FOLL
D'abord c'est un échec de ceux qui ont voulu faire une motion de censure contre le gouvernement, alors pas les partis qui sont hors du Parti socialiste, mais ceux qui sont membres du Parti socialiste, il y en a eu quelques-uns qui ont signé cette motion de censure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous demandez que les noms soient publiés ?
STÉPHANE LE FOLL
Ils ont été publiés, je crois, hier, donc il n'y a pas, là-dessus, de
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tous les noms ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, tous les noms, je crois oui, puisqu'il y avait les 56 noms, mais ils ont pris une lourde responsabilité, très lourde responsabilité. Dans ce débat, ils confondent l'idée que le seul débat qui existe serait celui qu'il y aurait au sein du Parti socialiste, et contre le gouvernement, à un moment où chacun voit, ce matin dans la presse, et c'est légitime, l'opposition préparer son projet, et son projet c'est des dispositions qui sont clairement, mais alors clairement, une remise en cause du modèle social. C'est un choix qu'ils ont fait, que ce soit Bruno LE MAIRE, que ce soit François FILLON, que ce soit Alain JUPPE, que ce soit bien sûr Nicolas SARKOZY. Dans ce moment-là, certains pensent que le seul débat qui existe il est au sein du Parti socialiste, eh bien je leur dis qu'ils ont pris une lourde responsabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils s'en fichent, c'est ce que vous leur dites.
STÉPHANE LE FOLL
J'ai l'impression qu'ils s'en fichent, oui, malheureusement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, ils ont donc échoué à censurer leur gouvernement
STÉPHANE LE FOLL
Oui, c'est un échec pour eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils voulaient le censurer. L'intention vaut-elle le délit ?
STÉPHANE LE FOLL
L'intention vaut-elle le délit
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire est-ce que
STÉPHANE LE FOLL
Oui, je vois à peu près ce que vous voulez dire. Oui l'intention, aujourd'hui, d'avoir été jusqu'à chercher une motion de censure, quand je vois d'ailleurs que le Front de gauche, c'est-à-dire ceux qui sont avec Jean-Luc MELENCHON, vont voter la motion de censure, de la droite, les mêmes qui disent qu'on ne fait pas une politique assez à gauche, ils vont voter avec la droite. Voilà la confusion dans laquelle nous sommes aujourd'hui. Je la dénonce. Et, derrière ça, il y a un enjeu politique. Je pense que la gauche a besoin de renouveler son message politique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais là, ce matin, la gauche est en trois morceaux, irréconciliables, ou inconciliables, elle est en crise, vous ne pouvez pas le nier.
STÉPHANE LE FOLL
La gauche est à un moment de l'Histoire où ce que nous faisons doit être assumé comme une gauche nouvelle, qui doit porter l'espoir et qui combine trois éléments majeurs : l'économie, l'écologie et le social.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est drôle qu'une partie de vous-mêmes ne le croit pas. Personne ne comprendrait qu'il n'y ait pas de sanction, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Alors, le Parti socialiste a des règles, il y a des instances au Parti socialiste, les décisions ne se prennent pas simplement avec une décision-même du premier secrétaire, ça nécessite des votes, donc ça c'est la responsabilité du Parti socialiste
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ils ne risquent rien, ils peuvent continuer, ils peuvent même faire un groupe, s'en aller et
STÉPHANE LE FOLL
Ah non ! s'ils s'en vont, mais ça serait la logique, s'ils allaient parce que, le fait d'être au Parti socialiste garantie quand même, pour beaucoup, d'avoir les possibilités d'être élu, donc on ne peut pas toujours contester
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça veut dire qu'il y a des conséquences sur les investitures, les circonscriptions ?
STÉPHANE LE FOLL
On ne peut pas toujours contester le Parti socialiste et le gouvernement qui le représente, avec d'autres d'ailleurs, et être en même temps dans cette situation où, lorsqu'on se présente, on se présente avec l'étiquette.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous ne me répondez pas sur les sanctions.
STÉPHANE LE FOLL
Mais je ne peux pas vous
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que dans le gouvernement et le PS, est-ce que ça veut dire qu'on peut faire ce que l'on veut et après vous soyez surpris que des critiques viennent sur la crise d'autorité au sommet de l'État ?
STÉPHANE LE FOLL
Je ne suis pas responsable du Parti socialiste, j'en suis membre, et je l'ai été longtemps, j'ai été aussi un dirigeant, ou un directeur de cabinet du Parti socialiste, mais je ne vais pas prendre de décisions qui ne sont pas de ma responsabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui doit les prendre alors ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais, je vous l'ai dit, il y a des instances au Parti socialiste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous demandez qu'elles se mettent en route.
STÉPHANE LE FOLL
Il y aura des débats, bien sûr, après ce qui s'est passé, puisque jusqu'au bout certains ont cherché à faire tomber le gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour 2017 on voit bien que les 30 frondeurs, et Antonin ANDRE en parlait tout à l'heure, veulent un candidat, mais pas pour gagner, pour faire perdre François HOLLANDE. Vous le savez ça ?
STÉPHANE LE FOLL
J'en ai parfaitement conscience. Ils pensent qu'en ayant ce débat au sein du Parti socialiste, et avec un autre candidat, d'ailleurs qu'ils n'ont pas choisi encore, je voudrais savoir lequel serait-il, ou laquelle serait-elle
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Soyez patient.
STÉPHANE LE FOLL
Peut-être ; c'est là que ça va se jouer. Non. la seule chose que ça aura comme résultat c'est de diviser encore la gauche et de faire gagner, parce que ça, il faut qu'ils en aient conscience, la droite, voire aujourd'hui la menace de l'extrême droite qui est précise, et on le voit partout en Europe aujourd'hui, il n'y qu'à regarder ce qui se passe en Allemagne, avec la perte des partis de gouvernement, la montée du nouveau parti d'extrême droite aujourd'hui en Allemagne, en Autriche, partout. Et, dans ce moment historique, dans ce moment politique, on a des gens, au sein du Parti socialiste, qui ne trouvent rien de mieux que de considérer que l'essentiel c'est le débat au sein du Parti socialiste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous leur dites qu'il y a un espace pour un candidat de fronde ou que l'objectif ce n'est pas ça, c'est faire dégager toute l'équipe que vous représentez et après être dans l'opposition ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a toujours un espace. Le seul résultat de cette volonté délibérée ça sera de diviser, de manière supplémentaire la gauche, et au bout du compte, de faire gagner la droite, et avec, aujourd'hui de manière très claire, en plus une menace de l'extrême droite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On entend la colère de Stéphane LE FOLL. Mais la loi Travail, même si elle est réduite, est-ce qu'elle marque un tournant idéologique, à vous écouter, entre au moins deux ou trois gauches, mais si c'est ça, pourquoi, cette fois, vous ne l'assumez pas, pourquoi avoir peur d'eux encore, pourquoi avoir l'occasion d'être leurs otages, pourquoi ne pas vous en débarrasser ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais, moi je n'ai pas peur d'eux, et je le dis, il faut qu'on assume ce que l'on fait, et je l'ai dit. Cette gauche, nouvelle, cette gauche d'espoir, elle porte trois grands principes, on est dans une économie, en Europe et dans le monde, l'entreprise est un lieu de création de richesse et de création d'emplois, et il faut qu'on l'assume
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais ils ne l'entendent pas.
STÉPHANE LE FOLL
Ensuite, il y a la question écologique et il y a la question sociale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous l'avez dit Stéphane LE FOLL, et ils ne sont pas les seuls à ne pas l'entendre aujourd'hui, et à deux reprises la semaine prochaine Force Ouvrière et la CGT organisent des manifestations pour vous obliger au retrait de la loi, « même si elle est votée » disait hier Jean-Claude MAILLY. Céderez-vous, question simple, ou est-ce qu'il n'y aura pas de retrait de cette loi ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais il n'y aura pas de retrait de cette loi. On a fait des propositions, même avec les fameux frondeurs, on a cherché à trouver des compromis, le Premier ministre s'est lui-même engagé, la volonté était de ne pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque ou item. Même sans le vouloir, votre ami Emmanuel MACRON provoque de l'électricité. Hier Médiapart croit révéler qu'Emmanuel MACRON annoncerait le 10 juin, même la date est donnée, sa candidature à l'Elysée. Est-ce que c'est un canular de plus ou une prochaine vérité qui vous pend au nez ?
STÉPHANE LE FOLL
J'espère que c'est un canular, j'espère, parce que là, ce que vous me dites, ou ce que j'ai vu hier avec cette annonce de Médiapart, m'a d'abord surpris, ensuite il y a eu un démenti qui a été fait, et je reste sur ce démenti, mais
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De Pascal TERRASSE, c'est un proche.
STÉPHANE LE FOLL
Oui, Pascal TERRASSE, et l'entourage d'Emmanuel MACRON, j'espère qu'il sera clair, Emmanuel MACRON, sur ce sujet, parce que, oui, j'espère que c'était une fausse information.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'attendez-vous de lui ?
STÉPHANE LE FOLL
J'attends, de lui, et avec toutes les qualités qui sont les siennes, et avec ce qu'il est capable d'apporter, qu'on puisse continuer à porter un projet et de l'espoir, pour le pays, dans toutes ses dimensions, dans son ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais s'il pense que c'est lui qui peut symboliser cet espoir désormais ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que là il ferait, mais je ne lui prête pas cette intention, j'espère que ce que vous avez indiqué, ce qui a été annoncé, sera et ça a déjà été fait infirmé, mais aujourd'hui on est engagé pour la France et les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous pensez qu'il en a parlé au président de la République ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a eu une élection présidentielle, c'était en 2012, il y a un président de la République qui s'appelle François HOLLANDE, et il y a un gouvernement, et on doit s'adresser aux Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque ; d'autant plus qu'hier on avait vu l'altercation, en plein hémicycle, entre le Premier ministre et Emmanuel MACRON qui dénonçait une classe politique à laquelle il ne fait pas partie. Un matin vous avez dit ici, avec humour, « François HOLLANDE a besoin des grognards », Stéphane LE FOLL, « et des voltigeurs flamboyants comme MACRON. » Le voltigeur, est-ce qu'il agit déjà à son compte ?
STÉPHANE LE FOLL
Je l'ai dit en pensant à une histoire d'un certain nombre d'armées, c'était parce qu'il y avait des armées qui étaient cohérentes. Elles avaient besoin de grognards, certes, elles avaient besoin aussi de voltigeurs, mais ça fait une armée, donc il faut rester
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il se met à son compte ?
STÉPHANE LE FOLL
Eh bien non, je le dis, on doit rester cohérent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui doit, et peut encore, si c'est possible, mettre de l'ordre dans tout ça, dans votre camp ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que chacun est appelé à ses propres responsabilités, et le Premier ministre est là pour rappeler tout le monde à son devoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
« Hé oh la gauche » c'est fini, c'est fini ça ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, « Hé oh la gauche » continuera, sur cette ligne, et sur cette thématique. Il y a un enjeu aujourd'hui : assumer, affirmer ce que nous faisons et défendre ce que nous faisons.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL d'être venu sur Europe 1 ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mai 2016
Le porte-parole d'un gouvernement sans majorité, bienvenue Stéphane LE FOLL, bonjour.
STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cet après-midi la droite et le centre vont donc déposer leur motion de censure, pas de problème apparemment pour le gouvernement, les dissidents PS ne voteront pas, mais est-ce pour autant une victoire de votre gouvernement VALLS ?
STÉPHANE LE FOLL
D'abord c'est un échec de ceux qui ont voulu faire une motion de censure contre le gouvernement, alors pas les partis qui sont hors du Parti socialiste, mais ceux qui sont membres du Parti socialiste, il y en a eu quelques-uns qui ont signé cette motion de censure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous demandez que les noms soient publiés ?
STÉPHANE LE FOLL
Ils ont été publiés, je crois, hier, donc il n'y a pas, là-dessus, de
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tous les noms ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, tous les noms, je crois oui, puisqu'il y avait les 56 noms, mais ils ont pris une lourde responsabilité, très lourde responsabilité. Dans ce débat, ils confondent l'idée que le seul débat qui existe serait celui qu'il y aurait au sein du Parti socialiste, et contre le gouvernement, à un moment où chacun voit, ce matin dans la presse, et c'est légitime, l'opposition préparer son projet, et son projet c'est des dispositions qui sont clairement, mais alors clairement, une remise en cause du modèle social. C'est un choix qu'ils ont fait, que ce soit Bruno LE MAIRE, que ce soit François FILLON, que ce soit Alain JUPPE, que ce soit bien sûr Nicolas SARKOZY. Dans ce moment-là, certains pensent que le seul débat qui existe il est au sein du Parti socialiste, eh bien je leur dis qu'ils ont pris une lourde responsabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils s'en fichent, c'est ce que vous leur dites.
STÉPHANE LE FOLL
J'ai l'impression qu'ils s'en fichent, oui, malheureusement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, ils ont donc échoué à censurer leur gouvernement
STÉPHANE LE FOLL
Oui, c'est un échec pour eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils voulaient le censurer. L'intention vaut-elle le délit ?
STÉPHANE LE FOLL
L'intention vaut-elle le délit
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire est-ce que
STÉPHANE LE FOLL
Oui, je vois à peu près ce que vous voulez dire. Oui l'intention, aujourd'hui, d'avoir été jusqu'à chercher une motion de censure, quand je vois d'ailleurs que le Front de gauche, c'est-à-dire ceux qui sont avec Jean-Luc MELENCHON, vont voter la motion de censure, de la droite, les mêmes qui disent qu'on ne fait pas une politique assez à gauche, ils vont voter avec la droite. Voilà la confusion dans laquelle nous sommes aujourd'hui. Je la dénonce. Et, derrière ça, il y a un enjeu politique. Je pense que la gauche a besoin de renouveler son message politique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais là, ce matin, la gauche est en trois morceaux, irréconciliables, ou inconciliables, elle est en crise, vous ne pouvez pas le nier.
STÉPHANE LE FOLL
La gauche est à un moment de l'Histoire où ce que nous faisons doit être assumé comme une gauche nouvelle, qui doit porter l'espoir et qui combine trois éléments majeurs : l'économie, l'écologie et le social.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est drôle qu'une partie de vous-mêmes ne le croit pas. Personne ne comprendrait qu'il n'y ait pas de sanction, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Alors, le Parti socialiste a des règles, il y a des instances au Parti socialiste, les décisions ne se prennent pas simplement avec une décision-même du premier secrétaire, ça nécessite des votes, donc ça c'est la responsabilité du Parti socialiste
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ils ne risquent rien, ils peuvent continuer, ils peuvent même faire un groupe, s'en aller et
STÉPHANE LE FOLL
Ah non ! s'ils s'en vont, mais ça serait la logique, s'ils allaient parce que, le fait d'être au Parti socialiste garantie quand même, pour beaucoup, d'avoir les possibilités d'être élu, donc on ne peut pas toujours contester
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça veut dire qu'il y a des conséquences sur les investitures, les circonscriptions ?
STÉPHANE LE FOLL
On ne peut pas toujours contester le Parti socialiste et le gouvernement qui le représente, avec d'autres d'ailleurs, et être en même temps dans cette situation où, lorsqu'on se présente, on se présente avec l'étiquette.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous ne me répondez pas sur les sanctions.
STÉPHANE LE FOLL
Mais je ne peux pas vous
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que dans le gouvernement et le PS, est-ce que ça veut dire qu'on peut faire ce que l'on veut et après vous soyez surpris que des critiques viennent sur la crise d'autorité au sommet de l'État ?
STÉPHANE LE FOLL
Je ne suis pas responsable du Parti socialiste, j'en suis membre, et je l'ai été longtemps, j'ai été aussi un dirigeant, ou un directeur de cabinet du Parti socialiste, mais je ne vais pas prendre de décisions qui ne sont pas de ma responsabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui doit les prendre alors ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais, je vous l'ai dit, il y a des instances au Parti socialiste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous demandez qu'elles se mettent en route.
STÉPHANE LE FOLL
Il y aura des débats, bien sûr, après ce qui s'est passé, puisque jusqu'au bout certains ont cherché à faire tomber le gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour 2017 on voit bien que les 30 frondeurs, et Antonin ANDRE en parlait tout à l'heure, veulent un candidat, mais pas pour gagner, pour faire perdre François HOLLANDE. Vous le savez ça ?
STÉPHANE LE FOLL
J'en ai parfaitement conscience. Ils pensent qu'en ayant ce débat au sein du Parti socialiste, et avec un autre candidat, d'ailleurs qu'ils n'ont pas choisi encore, je voudrais savoir lequel serait-il, ou laquelle serait-elle
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Soyez patient.
STÉPHANE LE FOLL
Peut-être ; c'est là que ça va se jouer. Non. la seule chose que ça aura comme résultat c'est de diviser encore la gauche et de faire gagner, parce que ça, il faut qu'ils en aient conscience, la droite, voire aujourd'hui la menace de l'extrême droite qui est précise, et on le voit partout en Europe aujourd'hui, il n'y qu'à regarder ce qui se passe en Allemagne, avec la perte des partis de gouvernement, la montée du nouveau parti d'extrême droite aujourd'hui en Allemagne, en Autriche, partout. Et, dans ce moment historique, dans ce moment politique, on a des gens, au sein du Parti socialiste, qui ne trouvent rien de mieux que de considérer que l'essentiel c'est le débat au sein du Parti socialiste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous leur dites qu'il y a un espace pour un candidat de fronde ou que l'objectif ce n'est pas ça, c'est faire dégager toute l'équipe que vous représentez et après être dans l'opposition ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a toujours un espace. Le seul résultat de cette volonté délibérée ça sera de diviser, de manière supplémentaire la gauche, et au bout du compte, de faire gagner la droite, et avec, aujourd'hui de manière très claire, en plus une menace de l'extrême droite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On entend la colère de Stéphane LE FOLL. Mais la loi Travail, même si elle est réduite, est-ce qu'elle marque un tournant idéologique, à vous écouter, entre au moins deux ou trois gauches, mais si c'est ça, pourquoi, cette fois, vous ne l'assumez pas, pourquoi avoir peur d'eux encore, pourquoi avoir l'occasion d'être leurs otages, pourquoi ne pas vous en débarrasser ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais, moi je n'ai pas peur d'eux, et je le dis, il faut qu'on assume ce que l'on fait, et je l'ai dit. Cette gauche, nouvelle, cette gauche d'espoir, elle porte trois grands principes, on est dans une économie, en Europe et dans le monde, l'entreprise est un lieu de création de richesse et de création d'emplois, et il faut qu'on l'assume
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais ils ne l'entendent pas.
STÉPHANE LE FOLL
Ensuite, il y a la question écologique et il y a la question sociale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous l'avez dit Stéphane LE FOLL, et ils ne sont pas les seuls à ne pas l'entendre aujourd'hui, et à deux reprises la semaine prochaine Force Ouvrière et la CGT organisent des manifestations pour vous obliger au retrait de la loi, « même si elle est votée » disait hier Jean-Claude MAILLY. Céderez-vous, question simple, ou est-ce qu'il n'y aura pas de retrait de cette loi ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais il n'y aura pas de retrait de cette loi. On a fait des propositions, même avec les fameux frondeurs, on a cherché à trouver des compromis, le Premier ministre s'est lui-même engagé, la volonté était de ne pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque ou item. Même sans le vouloir, votre ami Emmanuel MACRON provoque de l'électricité. Hier Médiapart croit révéler qu'Emmanuel MACRON annoncerait le 10 juin, même la date est donnée, sa candidature à l'Elysée. Est-ce que c'est un canular de plus ou une prochaine vérité qui vous pend au nez ?
STÉPHANE LE FOLL
J'espère que c'est un canular, j'espère, parce que là, ce que vous me dites, ou ce que j'ai vu hier avec cette annonce de Médiapart, m'a d'abord surpris, ensuite il y a eu un démenti qui a été fait, et je reste sur ce démenti, mais
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De Pascal TERRASSE, c'est un proche.
STÉPHANE LE FOLL
Oui, Pascal TERRASSE, et l'entourage d'Emmanuel MACRON, j'espère qu'il sera clair, Emmanuel MACRON, sur ce sujet, parce que, oui, j'espère que c'était une fausse information.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'attendez-vous de lui ?
STÉPHANE LE FOLL
J'attends, de lui, et avec toutes les qualités qui sont les siennes, et avec ce qu'il est capable d'apporter, qu'on puisse continuer à porter un projet et de l'espoir, pour le pays, dans toutes ses dimensions, dans son ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais s'il pense que c'est lui qui peut symboliser cet espoir désormais ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que là il ferait, mais je ne lui prête pas cette intention, j'espère que ce que vous avez indiqué, ce qui a été annoncé, sera et ça a déjà été fait infirmé, mais aujourd'hui on est engagé pour la France et les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous pensez qu'il en a parlé au président de la République ?
STÉPHANE LE FOLL
Il y a eu une élection présidentielle, c'était en 2012, il y a un président de la République qui s'appelle François HOLLANDE, et il y a un gouvernement, et on doit s'adresser aux Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque ; d'autant plus qu'hier on avait vu l'altercation, en plein hémicycle, entre le Premier ministre et Emmanuel MACRON qui dénonçait une classe politique à laquelle il ne fait pas partie. Un matin vous avez dit ici, avec humour, « François HOLLANDE a besoin des grognards », Stéphane LE FOLL, « et des voltigeurs flamboyants comme MACRON. » Le voltigeur, est-ce qu'il agit déjà à son compte ?
STÉPHANE LE FOLL
Je l'ai dit en pensant à une histoire d'un certain nombre d'armées, c'était parce qu'il y avait des armées qui étaient cohérentes. Elles avaient besoin de grognards, certes, elles avaient besoin aussi de voltigeurs, mais ça fait une armée, donc il faut rester
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il se met à son compte ?
STÉPHANE LE FOLL
Eh bien non, je le dis, on doit rester cohérent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui doit, et peut encore, si c'est possible, mettre de l'ordre dans tout ça, dans votre camp ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que chacun est appelé à ses propres responsabilités, et le Premier ministre est là pour rappeler tout le monde à son devoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
« Hé oh la gauche » c'est fini, c'est fini ça ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, « Hé oh la gauche » continuera, sur cette ligne, et sur cette thématique. Il y a un enjeu aujourd'hui : assumer, affirmer ce que nous faisons et défendre ce que nous faisons.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL d'être venu sur Europe 1 ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mai 2016