Texte intégral
Madame la Ministre,
Je suis venu ici en Asie, consacrant mon voyage essentiellement à la Birmanie. C'est un grand honneur d'être aujourd'hui à vos côtés, car vous avez fait renaître dans votre pays un immense espoir. La France et les Français, qui vous ont toujours soutenu depuis longtemps, sont heureux du retour de la démocratie en Birmanie. Vous avez été pendant des années une lueur vive perçue de loin, Prix Nobel de la paix, et chez nous, citoyenne d'honneur de la ville de Paris. Beaucoup avec vous ont payé cette résistance de leur liberté et de leur vie. Aujourd'hui, vous êtes ici à la tête de ce gouvernement et je suis venu vous apporter le soutien de la France et du peuple français.
La première force de la Birmanie, c'est son peuple, le peuple birman, digne et courageux. Madame la Ministre, notre confiance en votre gouvernement et en vous-même est très grande. Je suis venu, au-delà des paroles et des symboles, vous apporter le soutien concret de la France.
L'Agence française de développement va répondre vite à la demande de votre gouvernement en finançant plusieurs projets dans le domaine du développement urbain de la ville de Rangoon, de l'énergie, de la santé. Notre aide au développement va augmenter très vite pour monter jusqu'à 200 millions d'euros d'ici 2018. Nous répondrons également à l'urgence humanitaire en doublant en 2016 nos contributions à travers les ONG françaises qui travaillent sur le terrain, par exemple auprès des agriculteurs du delta ou de l'État Chin, ou auprès des populations bouddhistes et musulmanes de l'Arakan.
Au-delà de l'aide au développement et de l'aide humanitaire, nous voulons que les échanges se multiplient entre nos citoyens, entre nos entreprises. Les relations culturelles entre la France et la Birmanie ont débuté il y a 55 ans, elles doivent se poursuivre.
Nous souhaitons que l'Ecole française de Rangoon se transforme progressivement en lycée pour contribuer à l'attractivité de la Birmanie pour les investissements, les expatriés de toutes les nationalités. Je crois que c'est important pour toutes les entreprises françaises. Ces entreprises françaises s'installent ici de plus en plus nombreuses pour contribuer au développement économique du pays dans tous les domaines, avec une attention particulière - le gouvernement français y veille - à leur responsabilité sociale et environnementale.
Madame, vous êtes, dans un moment historique, à la tête de la Birmanie, la France est à vos côtés. Nous vous faisons pleinement confiance pour réussir et vous pouvez compter sur notre soutien et notre amitié.
Q - Dans quels secteurs économiques souhaitez-vous coopérer avec la Birmanie ?
R - Nous souhaitons coopérer dans tous les domaines, celui de l'énergie, des infrastructures, des transports. Mais nous voulons aussi soutenir des projets dans le domaine de la santé. Et bien sûr dans le domaine de l'urbanisme : logements, environnement, transports, réseaux d'eau et d'assainissement. Avec un engagement particulier pour les grandes villes, et en particulier pour la ville de Rangoon. Et la ville de Paris s'associe aussi au gouvernement français pour apporter son concours particulier à la ville de Rangoon.
Q - Vous avez une réunion avec le chef des forces armées cet après-midi. Qu'est-ce que vous allez lui dire ? Quel est le point de vue de la France sur le rôle de l'armée dans la transition démocratique de la Birmanie ?
R - La France respecte les institutions birmanes. Elle dialogue donc avec tous les membres de ces institutions qui sont prévues par la Constitution. L'armée birmane a accompagné le processus électoral, a accepté les résultats. Nous souhaitons encourager le processus de réconciliation. Le dialogue de l'armée birmane avec un pays comme la France, dont l'armée est parfaitement démocratique, peut être utile. Mais nous respectons très attentivement les décisions du pouvoir civil. Puisque vous le savez, dans une démocratie, c'est le pouvoir civil qui dirige l'ensemble des institutions, y compris l'armée. C'est un processus qui est engagé ici et qui va se poursuivre bien sûr.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que la France est prête à s'engager, à participer activement au processus de paix en Birmanie ?
R - Nous respectons le rôle et l'action des autorités birmanes et de Mme Aung San Suu Kyi. Nous sommes trop respectueux du processus qui est engagé ici pour dire ce qui doit être fait ou ne pas être fait. Vous connaissez l'engagement de la France, le soutien que nous apportons au gouvernement et à la transition qui est en cours. Cela demande du temps, nous en avons parlé ensemble, beaucoup de patience, mais je crois que la patience et la détermination sont au coeur de votre action, Madame, et nous avons tout à fait confiance. Vous avez aussi engagé un processus de réconciliation qui est difficile, qui demande du temps.
Quelle que soit l'aide que vous nous demandez, nous serons à vos côtés. Nous respectons ce que vous avez engagé avec beaucoup de courage et beaucoup de dignité. Nous savons aussi l'effort que vous faites pour créer les conditions d'une plus grande équité, d'une plus grande justice, du respect aussi de la diversité de votre peuple et des minorités. C'est un long travail, nous le savons, vous m'en avez parlé, mais vous êtes déterminée à le conduire. Vous avez souligné l'importance que vous attachiez aussi à une reconnaissance par la communauté internationale - la France y prendra sa part - du respect des droits de l'Homme auxquels vous avez consacré toute votre vie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 2016