Interview de M. Christian Eckert, secrétaire d'Etat au budget, à "LCP-AN" le 7 juillet 2016, sur les prévisions économiques et le débat d'orientation budgétaire pour 2017, et sur les frondeurs du parti socialiste contre le projet de loi travail.

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Média : LCP Assemblée nationale

Texte intégral

BRIGITTE BOUCHER
Christian ECKERT, bonjour.
CHRISTIAN ECKERT
Bonjour.
BRIGITTE BOUCHER
Vous êtes Secrétaire d'Etat en charge du Budget. On va commencer par parler de la loi Travail qui a donc été adoptée en nouvelle lecture hier après l'échec de dépôt d'une motion de censure de gauche. Est-ce que les signataires et notamment les frondeurs socialistes doivent être exclus du Parti socialiste ?
CHRISTIAN ECKERT
Ce n'est pas au gouvernement d'en décider. C'est d'abord au groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno LE ROUX et l'ensemble des députés socialistes, de voir s'il y a lieu de prendre un certain nombre de décisions.
BRIGITTE BOUCHER
C'est ce qui avait été décidé au dernier conseil national du parti.
CHRISTIAN ECKERT
A titre personnel, je pense qu'à un moment donné, il faut effectivement marquer des choses. Signer une motion de censure contre le gouvernement issu de ses rangs, c'est quand même un acte grave.
BRIGITTE BOUCHER
On va écouter Christian PAUL, leader des frondeurs, qui s'est exprimé ce matin à ce sujet.
- Document LCI :
CHRISTIAN PAUL, DEPUTE SOCIALISTE DE LA MEUSE
Ce qui s'est passé ces dernières heures me questionne, c'est vrai, sur l'aptitude du Premier ministre à réformer le pays sans brutaliser les Français. Je m'interroge sur sa capacité à gouverner réellement, à créer du compromis, à réformer le pays, à moderniser la France sans faire usage de l'article 49-3 qui est quand même une survivance. Il y a énormément de cynisme quand même pour un gouvernement de gauche qui dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale.
BRIGITTE BOUCHER
Manuel VALLS a-t-il braqué une partie de sa majorité ?
CHRISTIAN ECKERT
Je crois qu'il y a eu plusieurs semaines, plusieurs mois de discussion. Christophe SIRUGUE a fait un travail remarquable en essayant de concilier un certain nombre de points de vue. Venir en dernière minute tenter une position d'équilibre, je crois que c'était une manoeuvre qui avait trop longtemps été attendue et qui n'a pas pu aboutir. Je connais bien Manuel VALLS, je travaille régulièrement avec lui ; c'est quelqu'un qui dialogue et qui écoute, je peux vous le dire. On n'a pas toujours été d'accord sur tout mais on trouve toujours des positions d'équilibre. Et puis c'est le Premier ministre, il y a le président de la République et il a toute la confiance du président.
BRIGITTE BOUCHER
Est-ce que cette loi en valait la peine ? Valait la peine de sacrifier une partie de cette majorité ?
CHRISTIAN ECKERT
Je crois que beaucoup de gens, un certain nombre de syndicats, l'ensemble des syndicats réformistes, attendaient des mesures, attendaient plus de dialogue dans les entreprises. C'est quand même une marque de confiance dans le dialogue social. Je crois que c'est une loi importante. Elle montre une évolution qui permet au dialogue social de s'adapter à la modernité des temps. Je veux dire on n'est plus au syndicalisme du XXème siècle et d'un certain nombre de structurations de l'économie qui n'est plus structurée comme auparavant. Il y a beaucoup moins de très grandes entreprises, il y a beaucoup plus d'entreprises de taille moyenne et de très petites, de PME. Je crois qu'il faut adapter les formes du dialogue social à une nouvelle forme de l'économie.
BRIGITTE BOUCHER
Mais Pierre GATTAZ dans la presse ce matin dit que ça ne va pas faire baisser le chômage, que le taux de chômage ne passera pas sous les 9 % alors qu'il est à 10 % plutôt aujourd'hui.
CHRISTIAN ECKERT
Pierre GATTAZ avait dit qu'avec un Pacte de responsabilité à 40 ou 41 milliards d'euros, il créerait un million d'emplois.
BRIGITTE BOUCHER
Je crois qu'il espérait le double. Il espérait un peu plus je crois.
CHRISTIAN ECKERT
Vous vous souvenez du pin's ?
BRIGITTE BOUCHER
Un million d'emplois.
CHRISTIAN ECKERT
Franchement, je crois que Pierre GATTAZ devrait garder un petit peu plus de réserve parce que nous avons restauré les marges des entreprises, tous les indicateurs le montrent. Elles avaient été très fortement dégradées. Les mesures fiscales, les mesures concernant les allégements de cotisations sociales qui ont été prises ont permis un retour à des marges, à des possibilités d'investir. Elles le font d'ailleurs, les entreprises, et je crois que ça va se traduire sur l'emploi. On voit déjà des signes assez positifs ces derniers mois.
BRIGITTE BOUCHER
Le débat d'orientation des finances publiques pour 2017 va s'ouvrir dans une demi-heure maintenant.
CHRISTIAN ECKERT
C'est tout à l'heure, oui, dans une demi-heure.
BRIGITTE BOUCHER
Les dépenses augmentent de 6,8 milliards d'euros. C'est plus que prévu. Ça veut dire que l'objectif de cinquante milliards d'économies sur trois ans ne sera pas tenu ?
CHRISTIAN ECKERT
Il faut d'abord se réjouir que depuis deux ans, nous avons réalisé nos objectifs en termes de déficit. Ce qui compte, c'est le résultat à la sortie. Les économies à réaliser, c'est un moyen, c'est un chemin pour arriver à l'objectif.
BRIGITTE BOUCHER
Mais si vous ne faites pas cinquante milliards d'économies, vous n'arriverez peut-être pas à tenir l'objectif de 2,7 % de déficit public.
CHRISTIAN ECKERT
C'est vous qui le dites. Pour l'instant, les deux dernières années, on nous avait dit à chaque fois : « Vous ne tiendrez pas. Vous n'arriverez pas à l'objectif ». En 2015, on a fait même mieux que ce que nous avions prévu.
BRIGITTE BOUCHER
Mais c'est mathématique, non ? Comment, sans faire les économies prévues, on peut tenir l'objectif ?
CHRISTIAN ECKERT
Je vais revenir sur les économies, mais il y a d'autres paramètres. Je veux dire, il y a des économies que l'on fait. Lorsque les taux d'intérêt sont historiquement bas, c'est de l'argent que l'Etat dépense en moins ; lorsque les prélèvements pour l'Union européenne sont moins élevés que prévus – plus d'un milliard – c'est de l'argent que l'on dépense en moins. Est-ce qu'il ne faut pas recycler effectivement cet argent pour faire des dépenses nouvelles ? Je reviens sur le chiffre de cinquante milliards. Lorsque nous avons été face au terrorisme, face à l'engagement nécessaire de nos armées, face à une crise agricole qui nous a conduits à accorder presque sept cents millions d'euros d'allègements de cotisations pour les entreprises, pour les agriculteurs, ce sont des événements auxquels on a su faire face et qui nous ont conduits effectivement parfois à renoncer à un certain nombre de mesures. C'est important. Il faut être réactif.
BRIGITTE BOUCHER
Donc ce chiffre de cinquante milliards, vous l'abandonnez pour le moment ?
CHRISTIAN ECKERT
D'abord, ce chiffre a toujours été contesté : comment on les calcule ; par rapport à l'évolution tendancielle ; par rapport en euros constants. Ce qui est important à retenir, c'est qu'entre 2013 et 2016, l'Etat aura réalisé une dépense inférieure – inférieure je dis bien – en euros constants sans parler de tendancielle – de neuf milliards d'euros en cinq ans. Avec l'année 2007 (sic), nous ramènerons ce différentiel à six milliards d'euros environ. J'arrondis les chiffres pour que nos téléspectateurs comprennent bien. Et donc, il faut bien considérer que sur cette législature, les dépenses de l'Etat auront baissé en euros constants de l'ordre de six milliards d'euros. Alors quand on parle d'explosion des dépenses, il faut faire face à des priorités.
BRIGITTE BOUCHER
Mais les cinquante milliards, ç'a quand même été écrit dans une lettre aux députés. Vous avez du mal à le dire quand même.
CHRISTIAN ECKERT
Non, mais les cinquante milliards… Vous savez, quand vous voulez perdre dix kilos – il faudrait d'ailleurs que je le fasse ! – et que vous n'en perdez que neuf, il ne faut pas dire que vous n'avez pas fait de régime et que vous n'êtes pas arrivé à un certain résultat. On a aujourd'hui l'assurance ou la quasi assurance de réaliser – je veux rester prudent – 3,3 % de déficit en 2016. On nous avait dit : « Ce sera impossible, vous n'y arriverez pas ». Nous maintenant, l'objectif je dis bien de 2,7 % pour 2017 – je suis précis puisque…
BRIGITTE BOUCHER
Parce que vous avez été moins précis hier dans l'hémicycle.
CHRISTIAN ECKERT
J'ai entendu votre reportage avant d'entrer dans ce studio.
BRIGITTE BOUCHER
2,7 %, c'est l'objectif de 2017.
CHRISTIAN ECKERT
2,7 %, c'est l'objectif de 2017. C'est un objectif clair, assumé. Je note au passage d'ailleurs que la Commission européenne, sa recommandation était de faire 2,8 %. Nous avons une ligne de conduite : c'est d'arriver à 2,7 % l'année prochaine.
BRIGITTE BOUCHER
Sauf que les dépenses augmentent plus fortement que prévu, 6,8 milliards. Est-ce que tous ces gestes de François HOLLANDE avant 2017 ne ruinent pas un peu vos efforts ?
CHRISTIAN ECKERT
Il faut quand même dire que ces six milliards de dépenses nouvelles, diverses – on pourrait les détailler, simplement nous n'en avons probablement pas le temps – sont couvertes. Elles sont couvertes par des dépenses inférieures en ce qui concerne, je l'ai dit, la charge de la dette, par le prélèvement européen qui diminue. Elles sont couvertes par un meilleur rendement de la lutte contre la fraude. Vous savez, j'observe – j'ai lu le programme des Républicains qui a été adopté récemment ; la lutte contre la fraude, ce n'est pas l'objectif. J'ai vu que les contrôles sur place vont être abandonnés, qu'on ne redressera plus que sur une année au lieu des trois années lorsque l'on le fait maintenant. La lutte contre la fraude aujourd'hui nous permet d'engranger 1,4 milliard d'euros supplémentaires entre les mesures traditionnelles de nos agents, de nos services et ce qu'on appelle le STDR, le Service de régularisation des comptes à l'étranger.
BRIGITTE BOUCHER
Donc vous comptez effectivement en partie là-dessus.
CHRISTIAN ECKERT
Tout ça permet, justement, de mettre six milliards de dépenses nouvelles et six milliards de recettes ou de moindres dépenses sur un certain nombre de postes. C'est pour ça qu'on ne change pas notre trajectoire.
BRIGITTE BOUCHER
Mais vous aviez toujours dit : « Toute dépense nouvelle sera financée par des économies ». Ce sera totalement compensé ?
CHRISTIAN ECKERT
Par des recettes parfois aussi nouvelles. Je pense là à la lutte contre la fraude par exemple.
BRIGITTE BOUCHER
On va écouter Eric WOERTH justement pour Les Républicains qui s'est exprimé à ce sujet ce matin.
- Document Public Sénat :
ERIC WOERTH, DEPUTE LES REPUBLICAINS DE L'OISE
Il y a beaucoup de cadeaux électoraux qui sont faits. Aujourd'hui tout est fait sur le plan électoral. Ça veut dire qu'on dépense beaucoup d'argent, on a fait le compte : c'est sept à huit milliards en année pleine. Donc s'il y a alternance, on va revenir avec des cadavres dans le placard un peu partout. Il y a des cadavres financiers dans le placard qui sont considérables. Ce sera difficile à gérer.
BRIGITTE BOUCHER
Vous allez laisser une ardoise, des cadavres dans le placard ?
CHRISTIAN ECKERT
Mais monsieur WOERTH, c'est un cimetière entier qu'il a laissé, je suis désolé, si on veut aller sur ce terrain, moi, je voudrais parler des contentieux européens qui nous ont coûtés plusieurs milliards d'euros, qui nous avaient été laissés par nos prédécesseurs, des nombreuses dépenses qui n'étaient pas financées, rassurez- vous, nous sommes tout à fait confiants dans notre capacité à tenir nos objectifs. Il y a un débat, ça, c'est bien, il va avoir lieu d'ici une demi-heure dans l'hémicycle, et puis, il y aura un projet de Loi de Finances, donc l'opposition aura tout à fait loisir de le faire.
BRIGITTE BOUCHER
Il y a aussi des économies qui sont prévues dans les ministères, est-ce que les deux milliards annoncés, c'était 1,9 milliard précisément, seront tenus ? Est-ce que c'est toujours l'objectif qui avait été écrit dans les lettres de cadrage ?
CHRISTIAN ECKERT
Il y a un certain nombre de ministères auxquels… enfin, qui ont obtenu un certain nombre de crédits supplémentaires, il y a des priorités, alors, je veux dire, la Loi de programmation militaire, la Loi de programmation militaire nous a conduit à remonter les crédits de la Défense, même au-delà de la Loi de programmation militaire, vous observerez que nous avons quelques centaines de millions d'euros supplémentaires par rapport à la Loi de programmation militaire, l'Education nationale, et l'ensemble des ministères tirent les conséquences de l'augmentation du point d'indice et du protocole d'accord qui a été… protocole en tout cas qui sera mis en oeuvre sur l'évolution des carrières de l'ensemble des fonctionnaires, parce que vous savez, c'est un peu facile de dire qu'il s'agit là de cadeaux, c'est-à-dire, les agents…
BRIGITTE BOUCHER
Non, mais ce n'est pas des cadeaux, mais du coup, il n'y aura pas 1,9 milliard d'économies dans les ministères du coup.…
CHRISTIAN ECKERT
Non, mais c'est ce que dit Eric WOERTH… Ecoutez, il y a des ministères qui ont des crédits qui diminuent, c'est le cas d'ailleurs du ministère des Finances…
BRIGITTE BOUCHER
Si on fait le solde, on arrive à combien ?
CHRISTIAN ECKERT
Si on fait le solde, on arrive à deux ou trois milliards d'euros de dépenses supplémentaires, c'est effectivement le chiffre que nous ne contestons pas. Mais en face duquel nous mettons d'autres économies sur la charge sur la dette, je ne vais pas les répéter à nouveau. Vous savez, retenons les choses depuis 2013 (sic)… depuis 2012, pardon, les dépenses de l'Etat auront diminué en valeur de l'ordre de neuf milliards jusqu'en 2016 et six milliards jusqu'en 2017, si le projet de Loi de Finances est adopté, ce dont je…
BRIGITTE BOUCHER
Qu'est-ce que vous répondez à Didier MIGAUD, socialiste, président de la Cour des comptes, qui, lui, doute de votre objectif de déficit public, qui dit que l'augmentation de la masse salariale est trop importante ?
CHRISTIAN ECKERT
Eh bien écoutez, Didier MIGAUD, c'est une habitude à la Cour des comptes de ne jamais croire dans les chiffrages et dans les prévisions du gouvernement…
BRIGITTE BOUCHER
Il se trompe alors ?
CHRISTIAN ECKERT
Je pense que si nous regardions les rapports de la Cour des compte de 2014 et de 2015, moi, je l'ai fait, on trouve exactement les mêmes mots, on trouve exactement le même vocabulaire, et comme par hasard, les objectifs sont atteins. Donc je crois que la Cour des comptes peut aussi se poser cette question, vous savez, parfois, le passé éclaire l'avenir. Donc qu'ils regardent leurs rapports précédents et qu'ils regardent les lois de règlement que nous adoptons et qui montrent que les objectifs sont atteints.
BRIGITTE BOUCHER
François HOLLANDE a ouvert la porte à des baisses d'impôts, de l'ordre de deux milliards d'euros pour les classes moyennes, si la croissance était de 1,7 % en 2017. Est-ce que vous pouvez nous garantir qu'il y aura ces baisses d'impôts ?
CHRISTIAN ECKERT
Eh bien, vous avez vous-même donné la réponse, si les marges de manoeuvre se dégagent, nous ferons le point à la fin du mois d'août, au début du mois de septembre, c'est-à-dire si la meilleure croissance que prévue se confirme, pour l'instant, on la constate, mais on la constate sur le premier trimestre, je pense qu'on va la constater aussi sur le deuxième trimestre…
BRIGITTE BOUCHER
Pour l'instant, on pourrait atteindre 1,7 % avec l'acquis et les premiers trimestres ?
CHRISTIAN ECKERT
Les chiffres inscrits dans nos documents, et les documents servent, bien sûr, à faire des calculs, c'est 1,5 % en 2016…
BRIGITTE BOUCHER
Vous ne relevez pas officiellement cette prévision ?
CHRISTIAN ECKERT
Nous ne relevons pas cette prévision, mais si nous nous apercevons qu'elle peut être relevée, plus de croissance…
BRIGITTE BOUCHER
Ce que vous constatez en ce moment ?
CHRISTIAN ECKERT
Ce que nous commençons à constater, ça demande à être confirmé, il faut regarder les conséquences du Brexit aussi sur cette question, il pourrait se dégager des marges, et le président de la République a évalué à, au maximum, deux milliards, je crois, une mesure de type allègements d'impôts ou de cotisations possibles si les chiffres…
BRIGITTE BOUCHER
Donc aujourd'hui…
CHRISTIAN ECKERT
Si les bonnes nouvelles se confirment…
BRIGITTE BOUCHER
Aujourd'hui, au vu des chiffres, il peut y avoir ces deux milliards maximum de baisses d'impôts ?
CHRISTIAN ECKERT
Il faut que les chiffres se confirment. Nous avons eu au premier trimestre une meilleure croissance que prévue, 0,6, nous avons ce qu'on appelle l'acquis de croissance aujourd'hui qui est tout à fait significatif, c'est 1 %. Donc si le second trimestre, et les éléments sur le troisième confirment les choses, je pense que nous pourrons dégager cette marge, parce que l'objectif – je le répète – c'est de ramener le déficit à moins de 3 %, 2,7 % pour être précis, en 2017.
BRIGITTE BOUCHER
Et l'impact sur la croissance du Brexit, vous l'avez calculé ?
CHRISTIAN ECKERT
Oui, enfin, nos spécialistes…
BRIGITTE BOUCHER
Vous l'estimez à combien ?
CHRISTIAN ECKERT
Nos spécialistes y travaillent, les échanges avec le Royaume-Uni sont de l'ordre de 8 %, et donc une baisse de la croissance et de l'activité en Grande-Bretagne pourrait avoir une conséquence comprise entre 0,1 et 0,2 point de PIB, comme le disent les spécialistes, aujourd'hui, c'est un peu tôt quand même pour le dire. Là encore, il faudra observer attentivement les choses.
BRIGITTE BOUCHER
Un mot d'Emmanuel MACRON, parce que vous avez commis un tweet ravageur lundi, quand il a passé une commande de Sea Bubble, c'est des petites voitures solaires qui flottent sur la Seine, MACRON passe des commandes de Sea Bubble pour la douane. Il fait donc tout à la fois ce surhomme. Ministre de tous les étages de Bercy ? Vous considérez qu'il marche sur vos plates-bandes, Emmanuel MACRON ?
CHRISTIAN ECKERT
Oui, enfin, en l'occurrence, sur ce point, qui n'est pas un point majeur, il ne s'agit pas là d'une affaire d'Etat…
BRIGITTE BOUCHER
Enfin, il y a eu quand même deux tweets consacrés à ça, on sent que ça vous agace.
CHRISTIAN ECKERT
Non, mais écoutez, on parle toujours de Bercy, vous savez, Bercy, c'est une grande maison, certains disent une citadelle où il y a plusieurs étages, monsieur MACRON est au troisième, je suis personnellement au cinquième, Michel SAPIN au sixième, Axelle LEMAIRE et Martine PINVILLE au quatrième étage. Et nous avons, chacun, notre rôle, notre travail, notre couloir dans lequel nous travaillons. Il se trouve que la douane est de la responsabilité de Michel SAPIN et donc de moi-même, puisque c'est auprès de lui que je suis secrétaire d'Etat. Et j'entretiens une relation assez particulière avec la douane, je dois le dire, c'est une famille, il y a 16.000 douaniers en France…
BRIGITTE BOUCHER
Pourquoi ? Ça vous a blessé ? Ça vous a choqué ? Ça vous a agacé ?
CHRISTIAN ECKERT
Eh bien écoutez, pourquoi j'entretiens une relation particulière, parce que c'est un corps de notre administration à qui on a demandé beaucoup d'efforts, beaucoup d'efforts, en termes de restructurations, en termes de personnels, on a inversé d'ailleurs la tendance suite aux attentats et aux décisions du président de la République. Et donc il faut renouer la confiance. Donc qu'on nous laisse nous occuper des relations avec la douane, ça dépend de notre ministère. Et donc, moi, vous savez, je ne cherche pas…
BRIGITTE BOUCHER
Il ne faut pas changer de couloir…
CHRISTIAN ECKERT
Je ne cherche pas la lumière, mais de temps en temps, je peux donner mon éclairage, donc c'est ce que j'ai voulu faire au travers de ce petit tweet, oui, effectivement.
BRIGITTE BOUCHER
Lui demander de rester à sa place.
CHRISTIAN ECKERT
Eh bien, lui demander en tout cas de me laisser m'occuper des affaires dont j'ai la charge, vous savez, c'est mon objectif, moi, je n'ai pas de vision à long terme, d'engagement, d'ambition particulière, c'est une lourde responsabilité quand on vous confie une tâche au sein du gouvernement, il faut l'exercer avec conscience, responsabilité, et ne pas se perdre dans des conjectures, et essayer de marcher effectivement sur les pieds du voisin.
BRIGITTE BOUCHER
Christian ECKERT, il y a un rendez-vous important ce soir, France-Allemagne en football, votre pronostic ?
CHRISTIAN ECKERT
Ecoutez, moi, j'habite pas très loin de l'Allemagne, et je suis lorrain, vous savez l'histoire entre la Lorraine et l'Allemagne est importante, je n'ai pas de pronostic, je trouve que le football évolue un peu négativement, je trouve que…
BRIGITTE BOUCHER
Vous n'espérez pas une victoire de la France ?
CHRISTIAN ECKERT
J'espère bien sûr une victoire de la France, je regarderai le match, mais je suis beaucoup moins passionné de football que je n'ai pu l'être. Et puis, je trouve que ce monde est un peu curieux quand même, il y a beaucoup d'argent, il y a beaucoup de transferts, on perd un peu… j'étais supporter du FC Metz pendant de longues années, mais aujourd'hui, l'esprit régional des équipes, avec tous les transferts, avec ces millions, dizaines de millions qui se promènent, ça m'effraie un petit peu…
BRIGITTE BOUCHER
Vous restez en politique…
CHRISTIAN ECKERT
Oui.
BRIGITTE BOUCHER
Merci Christian ECKERT d'avoir été avec nous ce matin…
CHRISTIAN ECKERT
Mais je souhaite la victoire de la France, bien sûr.
BRIGITTE BOUCHER
La victoire de la France. Secrétaire d'Etat, chargé du Budget, et vous serez dans l'hémicycle dans un petit quart d'heure maintenant pour le débat de réorientation des Finances publiques pour 2017.
CHRISTIAN ECKERT
Merci Brigitte BOUCHER.
BRIGITTE BOUCHER
Merci à vous. Et très bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2016