Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, en réponse à une question sur la relance de la construction européenne, au Sénat le 7 juillet 2016.

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Circonstance : Questions d'actualité au Sénat, le 7 juillet 2016

Texte intégral


Monsieur le Président,
Madame la Sénatrice,
Il faut mener sur deux fronts les deux questions, c'est-à-dire à la fois gérer la sortie de la Grande-Bretagne, comme je viens de le rappeler à votre collègue et, en même temps, relancer le projet européen, qui en a besoin.
Pour cela, il faut éviter d'utiliser des arguments qui cherchent uniquement à faire peur ; l'adhésion de la Turquie n'est pas à l'ordre du jour demain matin - vous le savez fort bien. D'ailleurs, au sujet des chapitres qui ont été ouverts [dans les négociations entre l'Union européenne et la Turquie], - vous venez de le rappeler - trois chapitres ont été ouverts depuis 2012. Sous la législature précédente, c'est-à-dire sous le président Sarkozy, onze chapitres ont été ouverts - c'est là qu'il y en a eu le plus - ; alors, s'il vous plaît, n'utilisez pas cet argument.
En même temps, là où vous avez raison, c'est qu'il faut que l'Europe redonne tout son sens au projet des pères fondateurs, il faut qu'elle revienne aux sources. Là, il y a un travail considérable à faire. Je partage votre ambition. C'est là qu'il faut mettre sur la table toute une série de propositions. J'ai moi-même, avec mon homologue, Frank-Walter Steinmeier, ministre des affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne, fait des propositions qui portent à la fois sur le thème de la sécurité, sécurité intérieure, sécurité en dehors de nos frontières face aux nouveaux défis stratégiques. Comment, aussi, aborder la question migratoire dans la clarté, la solidarité, en distinguant les réfugiés des migrants économiques et comment organiser notre relation entre l'Europe et l'Afrique.
Il y a également la question des investissements d'avenir, la croissance et l'emploi. Et puis, enfin, l'approfondissement de la zone euro qui est nécessaire. Et puis, tout en travaillant sur la question d'un meilleur fonctionnement de toutes les institutions européennes, sans systématiquement dire que c'est la faute à la Commission - parce que c'est un peu une facilité...
Et puis, en même temps, il faut prendre à bras-le-corps la question de la jeunesse. Nous avons été capable de faire Erasmus, maintenant il faut aller beaucoup plus loin, donner des signes concrets pour que l'Europe retrouve son élan, sa force. C'est notre responsabilité, c'est pour cela que le Conseil européen a décidé d'un Conseil extraordinaire qui aura lieu le 16 septembre, à Bratislava.
D'ici-là, rassurez-vous, la France continuera d'apporter ses propres propositions pour les mettre en débat et faire à nouveau avancer l'Europe.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juillet 2016