Texte intégral
Je vous suis particulièrement reconnaissante de m'avoir invitée à venir clôturer cette journée d'échanges et de débats autour du thème de la parentalité d'un enfant en situation de handicap, et du rôle des professionnels dans l'accompagnement des familles.
Ce n'est pas un hasard si un tel évènement est organisé dans le Gard, quand on sait la priorité que représente l'action sociale dans ce département, et les efforts successifs de cette collectivité et de ses dirigeants pour accompagner au mieux les enfants en situation de handicap et leurs familles.
Je tiens ainsi à rendre hommage à l'action de Monsieur Damien ALARY, qui avait fait de cette question l'un des axes principaux de la politique du Département.
Au-delà de la qualité de l'accompagnement sur le territoire, vous avez également su être forces d'innovation sociale : je pense à la création du Relais accueil petite enfance handicapée, qui propose un soutien dédié aux familles ainsi qu'aux professionnels de l'accueil et travailleurs médico-sociaux, ainsi qu'à celle du Relais Loisirs Handicap 30, qui, en regroupant 70 structures sur l'ensemble du département, permet à près de 200 enfants en situation de handicap de participer pleinement aux activités de loisirs proposées dans la région.
Ces innovations, cette volonté de rendre la société plus inclusive, c'est également ce qui motive l'ensemble de mon action politique, en tant qu'élue locale et bien sûr en tant que membre du Gouvernement.
Aujourd'hui, le secteur médico-social évolue et il est temps d'ouvrir une nouvelle étape. Il nous faut ainsi confirmer et renforcer le virage inclusif des établissements et services médico-sociaux, au service de l'éducation inclusive, de l'emploi, du logement, de la participation sociale. Notre priorité est aussi, surtout, de répondre aux besoins quotidiens des personnes qui nécessitent une attention toute particulière, et donc en priorité les plus jeunes. Afin de soutenir les réformes déjà engagées qui vont dans ce sens, le Président de la République a annoncé, lors de la Conférence nationale du Handicap du 19 mai dernier, que l'État allait consacrer 240 millions d'euros supplémentaires pour la transformation du secteur médico-social.
Cette stratégie pluriannuelle permettra de lier les créations de réponses nouvelles et la transformation des modalités actuelles de prise en charge et cela démarrera dès 2017.
Je souhaite que, par cet engagement financier important annoncé par le Président de la République, les personnes en situation de handicap sans solution ou insuffisamment aidées puissent bénéficier de réponses adaptées à leurs attentes et à leurs besoins.
Ce plan d'investissement pluriannuel comprendra notamment un volet polyhandicap, autour duquel des discussions doivent s'engager dès cet été, et s'attachera à la fois à la formation des équipes de soins et d'accompagnement, au renforcement des moyens des équipes médico-sociales, à de nouvelles réponses dès le plus jeune âge mais aussi au soutien des proches, qui ressentent inévitablement de l'épuisement.
Ce soutien aux parents et aux familles, il peut passer également par le déploiement des Pôles de compétences et de prestations externalisées.
En effet, afin de compenser l'insuffisance de prise en charge financière des interventions de certains professionnels indépendants, tels que les psychologues, éducateurs ou psychomotriciens, j'ai fait le choix de mettre en place un système qui permette de financer et de réguler ces interventions et ces professionnels, choisis avec les parents, qui peuvent désormais passer des conventions ou des contrats avec des structures médico-sociales.
Ces pôles de compétences et de prestations externalisées fonctionnent avec un système simple d'appel à candidatures, et certains projets sont déjà sur le point de pouvoir être lancés.
Leur financement a lui été prévu sur des budgets du Plan Autisme non encore dépensés par les ARS, et leurs coûts pourront aussi être prélevés sur les 15 millions d'euros qui ont été distribués aux Agences, afin de stopper les départs contraints vers la Belgique.
Ces pôles de compétences et de prestations étaient attendus depuis longtemps par les familles, je m'engage donc à faire de leur développement une des priorités de mon action. Ils sont une réponse souple, sur mesure et de proximité pour permettre aux personnes en situation de handicap de trouver des réponses à leurs besoins de manière simplifiée. Je ne doute pas que pour les professionnels et les familles cette souplesse de l'accompagnement sera d'une aide précieuse au quotidien.
Vous le savez, la priorité du gouvernement ma priorité - est également de faire en sorte que les enfants en situation de handicap aillent à l'école avec leurs camarades. Nous avançons sur ce point main dans la main avec Najat VALAUD-BELKACEM, Ministre de l'Éducation nationale.
Aujourd'hui, ce sont 290.000 élèves en situation de handicap qui sont accueillis dans les écoles de la République, soit un tiers de plus qu'à la rentrée 2011.
Cette scolarisation passe en premier lieu par l'accompagnement, avec la mobilisation des 85 000 auxiliaires de vie scolaire, dont le rôle est désormais pleinement reconnu.
Le Président de la République a ainsi annoncé la pérennisation des contrats aidés d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) dès la rentrée 2016. A terme, ce seront 50.000 accompagnants qui seront pérennisés dans leurs missions, avec une plus grande continuité d'intervention auprès des élèves, et de véritables perspectives professionnelles pour les salariés exerçant ces missions.
Ces perspectives professionnelles sont permises par la mise en oeuvre du nouveau diplôme de niveau V accompagnant éducatif et social qui prévoit trois spécialisations dont l'une porte justement sur l'éducation inclusive.
Je tiens aussi souligner le rôle de la Caisse nationale d'Allocations familiales (CNAF) qui mobilise des financements importants pour permettre aux communes sur l'ensemble du territoire de rendre leurs activités périscolaires accessibles.
Mais, comme vous avez pu le constater aujourd'hui, beaucoup reste encore à faire. Si je suis intimement persuadée que la politique que nous menons initie un cercle vertueux, de nombreux chantiers restent encore à ouvrir, comme cela a pu être évoqué aujourd'hui.
Des travaux restent ainsi à mener sur l'annonce aux parents, qui demeure un moment critique dans la vie des familles, et pour lequel un accompagnement dédié doit pouvoir être généralisé.
J'ai également parlé de la formation des professionnels, qu'il s'agisse du médico-social ou des accompagnants en milieu scolaire. La CNSA a déjà pu produire des guides à l'attention des professionnels et des MDPH pour appuyer l'élaboration des réponses, qu'il s'agisse des troubles Dys ou plus récemment des troubles du spectre autistique.
Ce travail va se poursuivre, notamment sur le Polyhandicap et les handicaps psychiques. Et la formation ne doit pas se limiter qu'au médico-social ! Il nous faut agir plus globalement, et de manière plus continue. Il est temps d'initier un véritable travail d'acculturation de notre société, afin que l'accompagnement des personnes et la conception universelle deviennent des automatismes dans la France du XXIème siècle.
Il nous faut en outre améliorer le dialogue entre professionnels de l'accompagnement social. On sait aujourd'hui qu'une méconnaissance de certains types de handicap peut avoir des conséquences dramatiques pour les familles, et c'est la raison pour laquelle j'ai décidé d'adjoindre au 3ème Plan Autisme une fiche action destinée à accompagner la formation des professionnels de l'Aide sociale à l'Enfance, pour éviter notamment les erreurs de diagnostics et les ruptures d'accompagnement.
Je sais la qualité du travail effectué sur le terrain, et c'est aujourd'hui à l'État de donner toutes les armes à ces travailleurs animés par la protection des plus fragiles d'entre nous pour qu'ils puissent exercer leur métier dans les meilleures conditions.
Enfin, le plus grand chantier s'ouvrant à nous reste le projet de vie des personnes.
Si des efforts ont été faits depuis plusieurs années sur la scolarisation en milieu ordinaire et l'accompagnement des élèves en situation de handicap, il nous faut désormais réfléchir à la formation professionnelle, à l'accès à l'emploi et au logement. Dans une société inclusive et accessible, c'est l'autonomie des personnes qui est en jeu, et des solutions d'emploi et de logement accompagnés devront voir le jour à plus grande échelle.
Parents, professionnels du médico-social, responsables associatifs, dirigeants politiques, c'est ensemble que nous construisons, jour après jour, une société plus inclusive, qui réponde au mieux aux besoins d'accompagnement de chacun.
La loi de 2005 nous a fixé un impératif, celui de garantir à tous, quelle que soit sa situation de handicap, la possibilité de se rêver un avenir, des projets, un parcours, des loisirs.
C'est tout le sens de notre action aux côtés des plus fragiles, et, je le crois, ce qui nous fera rendre notre société plus humaine.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 6 juillet 2016