Discours de M. Pierre Mauroy, Premier ministre, sur la coopération franco-britannique et la relance de l'Europe, Paris le 22 novembre 1982.

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Circonstance : Dîner annuel de la Chambre de commerce et d'industrie franco-britannique

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Dans les relations entre deux grands pays européens comme le Royaume-Uni et la France - démocraties chargées d'histoire et de culture, économies de vieille tradition industrielle dont les élites se côtoient presque quotidiennement, partenaires depuis bientôt dix ans au sein de la Communauté Economique Européenne - les moments comme ceux que nous passons ensemble ce soir sont essentiels pour faire le point du chemin parcouru et pour dresser des perspectives d'actions communes.
Oui, l'histoire, avec son cortège de souffrances et de sacrifices, nous a rendu solidaires.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les nations européennes se refusèrent à ce que l'Europe fût réduite à un territoire sans identité. Le sens de la continuité historique, la conviction des enrichissements collectifs qu'apporterait une mise en commun de leurs valeurs et de leurs ressources propres, amenèrent les nations européennes à prendre conscience de la nécessité de constituer un ensemble plus vaste.
Pour les hommes du Nord, cette prise de conscience et cette insertion ne dataient pas de la guerre. La solidarité économique, par delà les différences d'approche entre les pays et les rivalités commerciales, s'est exprimée dans ce puissant mouvement d'industrialisation et d'urbanisation du XIXème siècle qui a fait du Nord-Pas-de-Calais, de la Belgique, des Pays-Bas, de la Ruhr et du sud de l'Angleterre, le centre du développement.
Comment ne pas songer à certaines des grandes mutations économiques dont l'Europe a été le théâtre au XIXème siècle ? L'intervention de la machine à vapeur ou plutôt sa réinvention par Watt, en 1769, a permis une extraction industrielle du charbon, a bouleversé les moyens de transport, a rendu possible la production, en série et à des coûts décroissants, des tissus de coton et a ouvert le marché des biens industriels.
L'avance de l'Angleterre était alors indéniable. Chacun sait que la création du réseau bancaire en Angleterre a entraîné une forte augmentation de l'investissement industriel.
La France ne sera touchée par la révolution industrielle que plus tardivement. C'est sans doute grâce à un réseau routier de grande qualité et à une technologie très avancée que notre pays a développé une industrie automobile plus vite que dans d'autres pays.
Mais, cette révolution industrielle était celle d'hier. De nouvelles productions ont surgi, les centres d'activités et les circuits commerciaux ont été bouleversés.
La nouvelle révolution technologique transforme les processus de production en augmentant massivement la quantité ainsi que la vitesse de traitement de l'information. Elle entraîne un abaissement très important des coûts et, avec l'apparition de nouveaux produits ou services, une modification progressive de notre mode de vie.
Surtout, elle transforme les rapports mondiaux. Le Japon. et la côte ouest des Etats-Unis sont en passe d'assurer la primauté de la zone pacifique sur l'industrie mondiale et les modes de vie futurs.
Face à cette nouvelle révolution technologique, les dangers d'une politique industrielle trop dispersée sont réels. En témoignent, par exemple, les retards de la France et de ses partenaires européens dans la filière électronique. L'importance des efforts financiers à engager et des risques industriels à assumer exige une coopération entre les grandes entreprises, les banques, les petites et moyennes entreprises dynamiques et l'Etat. Elle appelle aussi une coopération au niveau européen.
Pour ce qui la concerne, la France a souffert d'une trop longue période de sous-investissement. Le gouvernement est déterminé à favoriser un effort d'investissement massif et immédiat. C'est dans cette perspective que se sont inscrites les mesures de nationalisations industrielles décidées l'an dernier.
Le niveau global d'investissements industriels en France a été fixé, comme le Président de la République l'a annoncé, à 25 milliards de francs dans le secteur public concurrentiel en 1983. Comme je l'ai indiqué dans une déclaration à la presse le 4 novembre, cet investissement industriel privé sera encouragé notamment par une amélioration des dispositions fiscales en matière d'amortissement. Un effort particulier sera engagé, sur les cinq prochaines années, dans la filière électronique à la suite des restructurations industrielles en cours.
La reprise de l'investissement productif passe toutefois, et nous ne l'ignorons pas, par la maîtrise des charges d'exploitation des entreprises. L'Etat y a apporté et continuera d'y apporter une contribution importante. Je rappelle simplement que nous avons allégé la taxe professionnelle et pris l'engagement de ne pas augmenter, en 1983, les cotisations patronales au régime général de sécurité sociale.
Mais face à la compétitivité croissante des produits japonais, à la montée des nouveaux pays industrialisés, et à l'offensive américaine - je pense notamment au secteur aéronautique et spatial ou au secteur des composants électroniques -, les solutions industrielles ne peuvent plus être exclusivement nationales. Des coopérations bilatérales ou multilatérales s'avèrent nécessaires dans (...)
La volonté de coopérer dans des programmes industriels et scientifiques existe entre la France et le Royaume-Uni.
Lors du Sommet franco-britannique des 10 et 11 septembre 1981, le Président de la République avait souligné fortement que, dans les relations franco-britanniques, l'habitude ne devait pas devenir routine. Il était convenu avec le Premier ministre britannique de donner à la relance de la coopération bilatérale une impulsion et une orientation nouvelles.
Voilà une grande ambition pour les 85.000 Français qui résident en Grande-Bretagne et pour les 40.000 Britanniques qui vivent en France ; pour les industriels des deux pays qui - pour certains d'entre eux - sont habitués à travailler ensemble.
Depuis, les contacts entre les gouvernements ont été nombreux. Le dialogue politique s'est intensifié. Le Président de la République s'est entretenu avec Mme TATCHER à cinq reprises, sans compter les rencontres internationales. J'ai moi-même co-présidé avec le Premier ministre britannique le dîner du colloque d'Edimbourg. Vous savez sans doute que ce colloque a permis d'identifier plusieurs domaines concrets et prometteurs de coopération :
- dans le domaine industriel, un groupe de travail a été chargé de présenter des propositions concernant les progrès possibles dans les secteurs de l'énergie, de l'aérospatiale, des télécommunications, de l'électronique et des bio-technologies,
- dans le secteur de l'audiovisuel, ont été retenues les modalités concrètes d'une coopération bilatérale pour la télévision par satellite et la télévision par câble. Un colloque doit d'ailleurs se tenir sur ces questions dans les tout prochains jours au Royaume-Uni.
Les rencontres bilatérales entre les ministres à Londres, à Paris, à Bruxelles ou à Luxembourg ne se comptent plus et permettent de faire avancer les dossiers, parfois même, comme cela a été le cas pour la pêche, de jeter les bases d'un accord susceptible d'être repris au niveau communautaire.
Le Président de la République et Mme TATCHER ont décidé qu'il y aurait désormais chaque mois une rencontre franco-britannique au niveau soit de leurs représentants personnels, soit des hauts fonctionnaires des administrations centrales, afin de mieux préparer sur le plan bilatéral les négociations internationales et de réduire au maximum les conflits ou les préjugés qui peuvent subsister entre les fonctions publiques des deux pays.
Dans ces conditions, il nous semble que les relations économiques bilatérales peuvent être approfondies.
Votre présence ici ce soir témoigne de l'excellence de ces relations, d'une volonté, commune aux responsables économiques et politiques des deux pays, d'approfondir les liens de coopération tissés au fil des ans, d'associer les expériences industrielles, le savoir-faire et les moyens financiers.
Je constate, à ce propos, que les échanges commerciaux entre la France et le Royaume-Uni continuent à se développer en dépit d'un environnement économique international pourtant défavorable. Ils ont atteint en 1981 près de 75 milliards francs contre 14,2 milliards de francs en 1972. Ce qui signifie que depuis l'année qui a précédé l'adhésion du Royaume-Uni au marché commun ces échanges ont presque quintuplé. Pour les neuf premiers mois de 1982, ils sont en progression de 20 % par rapport à la même période de 1981.
L'interpénétration des deux économies n'a cessé de se renforcer. La France, qui était en 1973 au 6ème rang des clients et fournisseurs du Royaume-Uni, est en 1981 son 3ème fournisseur et son 4ème client. Parallèlement le Royaume-Uni occupe respectivement les 4ème et 7ème places en 1981.
Au cours de la même période, la part des produits français dans les importations britanniques est passée de 6,2 % à 7,7 % et la part des ventes à la France dans les exportations britanniques est passée de 5,4 % à 7,2 %.
700 entreprises françaises sont implantées en Grande-Bretagne et occupent souvent une place importante. C'est ainsi que sur la liste des 1.000 premières filiales étrangères implantées en Grande-Bretagne figurent 52 sociétés françaises contre 520 américaines, 52 néerlandaises et 50 allemandes. De la même façon, 1.400 entreprises britanniques ont investi en France. Le Royaume-Uni est ainsi le 4ème investisseur étranger en France avec 12 % des filiales étrangères après les Etats-Unis, la R.F.A. et la Suisse.
Le gouvernement français est très attaché à la poursuite et au développement de ces flux croisés dès lors qu'ils assurent des avantages mutuellement satisfaisants en termes d'emplois, de transfert de savoir-faire et de revenus des capitaux investis.
Dans tel ou tel secteur particulier, l'arrivée d'une firme étrangère peut nous permettre d'acquérir une technologie nouvelle et un savoir-faire qui se diffuseront peu à peu dans notre tissu industriel. A l'inverse, le rachat d'un réseau commercial en France par une entreprise étrangère ne présente guère d'intérêt à nos yeux s'il n'est pas accompagné d'un développement de la production sur le territoire national et d'un bilan positif pour notre balance commerciale.
Cette politique d'implantations croisées ne doit cependant pas être l'apanage des grands groupes industriels. Les petites et moyennes entreprises doivent y être associées. Il existe en France des petites et moyennes entreprises qui ont réussi à prendre une part significative du marché mondial dans l'électronique, l'informatique ou l'agro-alimentaire. Elles sont trop peu nombreuses. C'est pourquoi le gouvernement a pris récemment la décision de faciliter, au regard de l'application des règles du contrôle des changes, les investissements commerciaux et industriels des entreprises dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 350 millions de francs. Des projets pourraient donc concerner, plus que par le passé, le marché britannique.
La question de l'accueil des investissements non communautaires est toutefois plus délicate, surtout quand il s'agit d'investissement japonais et qu'il semble pouvoir exister des solutions alternatives européennes. Vous savez sans doute que sur 4,5 milliards de dollars d'investissements effectués par le Japon en Europe, 2 milliards de dollars sont localisés au Royaume-Uni et 400 millions de dollars seulement en France. En soulignant ce point, je ne souhaite pas contester telle ou telle autorisation d'implantation de groupes japonais. Il s'agit, à l'évidence, de décisions qui relèvent de la souveraineté britannique. De la même façon, Une augmentation des investissements industriels japonais en France, qui est une des réponses possibles au déséquilibre des échanges commerciaux franco-japonais, doit être évoquée dans le cadre des relations bilatérales avec le Japon.
Il n'en demeure pas moins que l'accueil dans la Communauté des investissements en provenance de pays tiers mérite, nous semble-t-il, examen. Les dix ministres de l'industrie de la Communauté l'ont évoqué lors d'une réunion informelle le 4 mai dernier à Bruxelles. Pour nous, la réalisation de tels investissements ne doit pas avoir pour effet de créer des distorsions de concurrence susceptibles de porter atteinte aux productions des Etats membres. Il nous parait donc utile de trouver, avec nos partenaires de la Communauté, des critères de référence objectifs tels que l'emploi, le taux d'intégration, la situation du secteur concerné et les transferts de technologies.
Apporter des réponses à ces questions nous paraît essentiel pour la mise en oeuvre des politiques industrielles nationales. Les solutions ne sont en effet pas sans incidence sur l'évolution des échanges commerciaux au sein de la Communauté et vis-à-vis des pays tiers.
Traditionnellement, les échanges franco-britanniques ont dégagé un solde excédentaire en faveur de la France. La situation n'est plus la même aujourd'hui. Sur les neufs derniers mois de 1982, la France a enregistré, avec le Royaume-Uni, un déficit commercial de près de 300 millions de francs. Même si le pétrole explique pour l'essentiel cette inversion, ces chiffres montrent l'importance des débouchés que les entreprises britanniques ont trouvés dans notre pays. Permettez-moi d'y voir une preuve du caractère peu fondé des accusations de protectionnisme qui sont parfois portées contre la France.
Nous tenons à répondre à ces attaques.
- Nos partenaires commerciaux ont en effet largement bénéficié des choix de politique économique du gouvernement français depuis juin 1981.
- L'effort de relance qui a été accompli par la France ne peut rester à sens unique.
- La liberté des échanges, à laquelle nous demeurons très attachée, n'a de sens que si elle permet de préserver leur développement sur une base équitable.
Tous nos partenaires commerciaux peuvent se voir reprocher des pratiques commerciales ou techniques qui s'apparentent à des entraves aux échanges. Nous avons décidé de les évoquer avec chacun. Ainsi les ministres français et britanniques de l'agriculture se sont entretenu notamment des problèmes de la dinde et du lait UHT.
L'évolution des échanges constatée depuis bientôt dix ans justifie donc pleinement, de la part des entreprises françaises et britanniques, de nouveaux efforts. Nous devons intensifier la coopération industrielle et scientifique bilatérale.
Comme avec beaucoup de pays industrialisés, les échanges scientifiques et techniques se déroulent de manière spontanée entre les chercheurs ou laboratoires français et britanniques. Les deux gouvernements se sont néanmoins fixés des objectifs ambitieux en matière de recherche-développement.
Les échanges sont déjà très fructueux dans le domaine agronomique, entre le CNRS et plusieurs organismes scientifiques britanniques. Un inventaire approfondi a été établi en février dernier pour l'identification de nouveaux programmes. Qu'il suffise de citer l'électro-chimie, les polymères, les calculateurs vectoriels, la climatologie ou l'océanologie. Des applications industrielles sont en cours ou sont susceptibles de déboucher dans le domaine nucléaire et dans le domaine spatial.
Les exemples de coopération industrielle, souvent en liaison avec d'autres partenaires européens, sont également nombreux. Il suffit de mentionner les programmes Airbus, les avions Jaguar, les hélicoptères Gazelle, Puma et Lynx, le missile Martel, la fusée Ariane et le satellite Télécom I.
Dans le domaine énergétique, une présence active, et même exemplaire, en mer du Nord dans des zones où la recherche et l'exploitation deviennent de plus en plus difficiles, constitue une référence permanente pour l'industrie para-pétrolière française. NBC et charbonnages de France entretiennent des relations suivies.
Cette coopération industrielle doit être préservée et doit trouver de nouveaux points d'application à l'initiative des entreprises des deux pays et avec le soutien des deux gouvernements. Le maintien d'une entente bilatérale de qualité, par delà tel ou tel contentieux commercial d'importance mineure, est à ce prix.
Une mention particulière doit être faite pour les programmes Airbus. La coopération européenne bâtie autour d'Airbus Industrie constitue une réussite exemplaire. Elle a permis de prendre 50 % du marché mondial des avions gros porteurs court et moyen courrier. Mais les difficultés que connaît aujourd'hui le transport aérien nécessitent une grande vigilance pour que les succès acquis soient consolidés durablement. Une attention toute particulière doit être portée par les gouvernements aux problèmes de financement qui se posent sur certaines commandes en négociation.
Lors du dernier sommet, le gouvernement français a rappelé aux autorités britanniques l'intérêt qui s'attachait à un lancement rapide du programme Airbus A 320, avion de 150 places dont la justification commerciale n'est plus contestable. Il importe que les problèmes de motorisation soient résolus sans tarder.
Nous pouvons enfin aller de l'avant dans les secteurs de la robotique, des équipements automobiles, de l'informatique.
Dans le domaine nucléaire, des perspectives intéressantes existent également.
Pour exister, l'Europe a besoin de s'affirmer, de prendre confiance en elle-même. Elle doit retrouver l'élan qui, il y a un quart de siècle, avait permis de signer le Traité de Paris. Or, aujourd'hui, dans une crise économique mondiale sans précédent depuis 1945, elle doute et s'interroge.
De même que sans la Communauté, nous n'aurions pas pu, au lendemain de la seconde guerre mondiale, relever les défis du redressement économique de l'Europe, de même aujourd'hui nous ne pouvons poursuivre notre route que collectivement.
Dans un très grand nombre d'industries, le champ d'opérations est devenu mondial. Pour certaines branches, la crise impose des solutions qui dépassent les limites nationales. On le voit douloureusement pour la sidérurgie, la chimie de base ou l'électronique grand public. Les industries de pointe deviennent à leur tour des industries lourdes par l'ampleur et la durée des efforts de recherche et de développement à soutenir.
Il faut dix années et 8 milliards de francs pour développer et mettre au point un nouveau moteur d'avion, six ans et cinq milliards de francs pour présenter un nouveau modèle de voiture et rééquiper la chaîne de fabrication.
Chaque secteur doit faire l'objet, au niveau européen, d'un diagnostic précis et d'une réflexion particulière. La division des Européens fait le jeu des Etats-Unis et du Japon en matière de bio-industries par exemple ! Il est indispensable de s'opposer à la perspective d'une Europe vassalisée économiquement et réduite progressivement à un statut de super-sous-traitant. Il ne serait digne ni de notre passé, ni de la richesse de notre potentiel scientifique et technologique.
Il n'appartient pas à la Communauté de se substituer aux efforts nationaux, mais elle doit les favoriser ou les prolonger.
Nous devons comprendre qu'au-delà de nos habitudes et de nos modes de pensée respectifs, l'Europe est, pour nos deux pays comme pour leurs huit autres partenaires que rejoindront bientôt l'Espagne et le Portugal, une dimension essentielle de l'action et sans nul doute le cadre d'une solution appropriée aux problèmes que nos économiques affrontent.
Le gouvernement français a formulé à de nombreuses reprises des propositions en vue d'assurer une relance de la construction européenne :
- par le développement de politiques communes nouvelles ;
- par l'aménagement de l'acquis communautaire pour les productions méditerranéennes dans la perspective de l'élargissement ;
- par la mise en oeuvre d'une concertation plus étroite sur la conduite des politiques économiques et sur les grandes questions économiques internationales.
La France attache une importance particulière au renforcement de la politique commerciale commune. L'ampleur du contentieux commercial avec les Etats-Unis, l'opacité du marché japonais et les difficultés auxquelles sont confrontés des pans entiers de l'industrie européenne, justifient pleinement de prendre sans tarder des dispositions dans ce sens. Nous avons formulé des propositions précises. Nous constatons aujourd'hui que nos idées sont prises en considération par nos partenaires.
Permettez-moi, pour conclure, d'évoquer quelques instants nos politiques économiques respectives.
Le conseil conjoint des ministres de l'économie et des finances et des affaires sociales s'est réuni la semaine dernière et il a adopté des conclusions très constructives qui seront transmises aux chefs d'État et de gouvernement pour le Conseil Européen des 4 et 5 décembre.
Face au chômage, drame personnel pour ceux qu'il touche, facteur d'affaiblissement de nos sociétés et contre-sens économique, il n'existe pas de solution miracle. Néanmoins les pays européens doivent donner le signe de leur capacité à agir ensemble. Un assainissement en profondeur de nos économies est nécessaire. Chaque pays doit utiliser les marges de manoeuvre dont il dispose pour maintenir son activité et celle de ses partenaires et oeuvrer efficacement à la préparation de l'avenir.
Il revient aux Etats européens, et à la Communauté dans son ensemble, de prendre des initiatives afin de stimuler l'innovation et l'investissement industriel. Le ministre français de l'économie et des finances a proposé à ses collègues de décider ensemble de consacrer 1 % du Produit National Brut supplémentaire à l'investissement. Cette proposition n'a pu être retenue à ce stade. Elle marque toutefois clairement une direction.
Cette grande ambition européenne appelle, face aux défis de l'avenir, un effort conjoint d'imagination et de volonté de la part des gouvernements mais aussi de tous les responsables économiques.
Dans la difficile période que nous traversons, le renforcement de la coopération bilatérale, la préservation des acquis communautaires et l'approfondissement de la construction européenne sont des conditions essentielles de la restauration de la croissance et de l'emploi.
Les adhérents de la Chambre de commerce et d'industrie franco-britannique, qui oeuvrent depuis de nombreuses années pour le développement de relations industrielles et commerciales confiantes, perçoivent mieux que quiconque l'importance de l'enjeu. L'audience dont jouit votre institution auprès des autorités et des milieux d'affaires des deux pays constitue une assurance de réussite dans les réflexions qui seront conduites, comme dans les initiatives qui seront prises au service d'une coopération économique toujours plus forte et plus exigeante entre le Royaume-Uni et la France. Le sillon est tracé. A chacun la responsabilité de le cultiver au mieux de l'intérêt de nos deux pays et de nos deux peuples.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, je vous remercie.