Texte intégral
Monsieur le maire,
Monsieur le député,
Monsieur le Président du conseil général,
Monsieur le Commissaire de la République,
Mesdames, Messieurs,
Il est particulièrement émouvant pour le Premier ministre du gouvernement de la gauche d'être reçu dans la ville, qui la première au monde, a eu un maire socialiste. "Première mairie socialiste du monde": quel symbole ! Je ne sais pas si nos amis les plus jeunes réalisent ce que ces mots représentent aujourd'hui pour des hommes qui comme vous Monsieur le maire, ou comme moi, nous trouvons à la tête de municipalités de gauche.
Le Premier maire socialiste du monde a donc été élu ici il y a plus de cent ans. Il se nommait Christophe THIVRIER. Il était entré à la mine encore enfant, pour devenir ensuite boulanger puis marchand de vin.
Je tiens à saluer ici la mémoire et le courage de votre illustre prédécesseur, Monsieur le maire, seul maire socialiste dans une France en majorité hostile aux idées qu'il défendait. Des idées auxquelles il resta pourtant fidèlement attaché.
Devenu premier conseiller général et premier député socialiste de l'Allier, il allait siéger à la chambre revêtu de la blouse bleue des ouvriers. Ce "député à la blouse" comme on le surnomma ensuite osa crier "vive la Commune" au cours de la séance du 27 janvier 1894. Cela lui valu, bien sûr, d'en être expulsé sur l'instant. Mais le chemin était ouvert. Si deux de ses fils furent députés, un troisième pris sa suite ici à la tête de la municipalité de Commentry.
Depuis, hormis deux interruptions dues aux guerres, la ville est restée fidèle au parti de "Christou", à la gauche. Quelle belle leçon de socialisme, votre ville nous donne aujourd'hui avec la célébration de ce centenaire !
Vous avez rappelé, Monsieur le maire, que tout ici est chargé d'histoire, chargé de l'histoire de socialisme et des socialistes, chargé de l'histoire de la gauche.
Vous avez souligné l'effort idéologique d'hommes comme Jules Guesde, mais aussi de ces centaines de travailleurs, mineurs ou forgerons, puis des élus municipaux socialistes, de tous ces hommes qui peu à peu au fil des ans, au prix de leur attachement à leurs idées, ont fait en sorte comme vous l'avez si bien dit "que leur petits enfants vivent aujourd'hui mieux qu'ils n'ont eux mêmes vécu".
Quand on évoque le passé de Commentry,quand on retrace son évolution, des forges d'hier aux aciers spéciaux aujourd'hui, on mesure l'évolution profonde qu'a connue notre pays. Au cours des 30 dernières années, l'appareil de production français a plus changé qu'il ne l'avait fait durant le siècle précédent. Et cette mutation est loin d'être achevée puisqu'à travers la crise économique actuelle c'est un nouvel effort d'adaptation qui nous est demandé.
A travers ces bouleversements que sont devenus les travailleurs, qu'est devenue la classe ouvrière ?
Avec des hommes comme Christophe THIVRIER c'est la prise de conscience qui s'est effectuée et l'élément pivot autour duquel s'est constituée la classe ouvrière c'est la solidarité.
C'est d'ailleurs cet héritage, qui vient du coeur même de l'histoire ouvrière, que nous élargissons aujourd'hui aux dimensions de la nation tout entière. C'est cet héritage que nous proposons comme référence pour les relations entre Etats.
La solidarité doit être notre règle et notre préoccupation constante.
C'est cette solidarité active qui, à travers les luttes du mouvement ouvrier, a permis les conquêtes sociales d'hier. C'est à cette solidarité que nous devons être fidèles aujourd'hui. Ce qui signifie que nous devons avoir une juste perception des réalités du monde du travail contemporain.
Car, comme notre appareil de production s'est Profondément modifié, le monde du travail a lui aussi considérablement évolué. C'est d'ailleurs cette mutation qui a permis les victoires électorales de mai et juin 1981. Depuis plus d'une décennie la progression constante de la gauche accompagne le large mouvement d'extension du salariat et d'urbanisation du pays.
A travers ce profond bouleversement la plupart des travailleurs ont su conquérir un statut et sont ainsi mieux armés pour affronter les difficultés des temps.
C'est pourquoi la solidarité doit surtout s'exprimer en faveur de ceux qui sont moins bien armés et qui sont les premières victimes de la crise et du chômage. Il s'agit de groupes qui ont pour caractéristiques commune un faible niveau de formation professionnelle.
Je pense aux immigrés qui constituent environ 17% des ouvriers travaillant dans notre pays. On peut dire que près d'un OS sur cinq est un immigré.
Je pense aux femmes qui, depuis 1968, ont effectué une poussée exceptionnelle dans toutes les activités salariées. Elles forment par exemple, les trois quarts des employés. Et, dans la population ouvrière, la part des femmes a été croissante parmi les catégories les moins qualifiées.
Je pense aux jeunes, victimes de l'échec scolaire et qui tentent d'entrer dans la production sans y être préparées ! Ils se sont trouvés condamnés depuis des années à errer d'une agence de l'ANPE à un bureau d'intérim, sans perspective d'avenir. N'oubliez pas que près de la moitié des chômeurs ont moins de 25 ans.
Je pense aussi à tous ceux qui ont dépassé cinquante ans, qui arrivent, fatigués, en fin de carrière et qui, victimes accidentelles du chômage, ne parviennent pas à retrouver un emploi.
C'est à cette situation que le gouvernement a fait face en garantissant les droits des immigrés, en assurant l'égalité entre les hommes et les femmes, en lançant un programme exceptionnel de formation en faveur des 16-18 ans, en examinant cas par cas la situation des chômeurs de longue durée et en particulier des plus âgés.
Bref, le gouvernement de la gauche inscrit son action dans la grande tradition qui a été mise en oeuvre par les municipalités ouvrières. Il pratique une politique de solidarité active tout en s'attachant à soutenir notre vie économique et à moderniser notre industrie.
C'est la même démarche de rigueur dans la gestion que celle qui, depuis un siècle, a permis à la gauche de rester à la tête de la mairie de Commentry.
C'est le même dévouement et la même compétence mise au service de nos compatriotes qui ont permis à la gauche de gagner la majorité des grandes villes françaises.
Chacun connait, dans sa ville, le bilan de la gestion de la gauche. La fidélité des Françaises et des Français à leurs équipes municipales le montre. Chacun a pu mesurer l'avancée démocratique permise par la gauche. Avancée démocratique qui vient de se traduire par la décentralisation et la réforme de la loi électorale municipale. Grâce à la gauche les minorités seront enfin représentées au sein des conseils municipaux. Grâce à la gauche les responsabilités des élus, et en particulier des maires, sont élargies.
La droite parlait de décentralisation mais durant un quart de siècle elle n'a rien fait.
La droite parlait de démocratie mais elle refusait aux oppositions locales le moyen de contrôler la gestion de nos cités. La gauche, elle, n'a pas peur de la démocratie ! Elle permet que la gestion municipale soit encore plus proche des citoyens, encore plus transparente.
Et c'est pourquoi je suis convaincu que, lorsque le moment sera venu, les Françaises et les Français demeureront fidèles à leurs élus municipaux de gauche. Je suis convaincu qu'ils considèreront que ceux qui ont réalisé les réformes tant attendues seront les plus qualifiés pour les appliquer.
Nous sommes les artisans d'une histoire commencée il y a plus d'un siècle et qui se poursuivra bien après nous. Et c'est pourquoi, au milieu des difficultés du quotidien, nous ne devons jamais oublier le message dont nous sommes les dépositaires, nous ne devons jamais perdre de vue nos objectifs.
La route est longue, c'est vrai. Elle est rude, qui pouvait en douter ?
Si la condition ouvrière a changé, si la démocratie locale a été conquise, c'est justement grâce aux luttes des travailleurs, grâce à leur mobilisation. Nous ne l'oublions pas.
Ces luttes ont permis la promotion du monde ouvrier. Elle s'est traduite, concrètement, par une augmentation du pouvoir d'achat, par la mise en place d'un important système de protection sociale, par la reconnaissance du droit au travail.
Qui pourrait imaginer que sur ces trois points le gouvernement de la gauche ne poursuive pas l'avancée réalisée ?
Qui pourrait croire que, même au milieu d'une crise économique mondiale qui redouble, nous ne nous attacherons pas à préserver le pouvoir d'achat des travailleurs et même à l'améliorer pour les plus basses catégories ?
Qui ne voit que notre souci d'équilibrer financièrement les régimes sociaux a pour premier objectif de maintenir le haut niveau de protection sociale que nous avons su bâtir ?
Qui ne mesure l'ampleur de la bataille que nous avons engagée contre le chômage ? Un chômage qui a doublé lorsque M. CHIRAC était premier ministre pour doubler à nouveau avec M. BARRE. Eh bien depuis le 10 mai 1981, depuis que la gauche est au pouvoir, le chômage augmente trois fois moins vite que sous le gouvernement précédent. Il augmente quatre fois moins vite qu'aux Etats-Unis et en Allemagne Fédérale ! Voilà des résultats. J'avais pris en septembre 1981 l'engagement qu'à la fin de 1982 nous nous battrions sur la ligne de crète des deux millions de chômeurs. Nous y sommes.
Le gouvernement de la gauche c'est le gouvernement de la parole tenue. Je le dis aussi en pensant à ceux qui nous interrogent sur l'évolution du SMIC. Son pouvoir d'achat a augmenté de 11,6% depuis le 10 mai 1981 ! Il a déjà augmenté cette année de 2,2% et il va encore augmenter au 1er décembre. Mais tenons compte de la période du blocage qui a décalé révolution de l'ensemble des salaires et donnons nous le début de 1983, pour atteindre l'objectif de 4% de hausse du pouvoir d'achat que nous nous étions fixé !
Ce que je vois c'est qu'en France la politique du gouvernement a permis le maintien et même la progression du pouvoir d'achat des ménages : + 4% pour 1981 et 1982. Dans le même temps, le pouvoir d'achat a baissé en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Belgique. Voilà la réalité !
Nous devons garantir les conquêtes ouvrières mais nous devons, bien sûr, faire de nouveaux progrès. Et, là encore, nous avons agi :
- l'extension des droits des travailleurs dans l'entreprise ;
- la retraite à 60 ans ;
- la cinquième semaine de congés ;
- les avancées progressives vers le passage aux 35 heures qui doivent être atteintes en 1985 ;
- l'instauration des chèques-vacances ;
Comment ne pas se sentir fier de voir ici, chez vous, et avec cent ans de recul, que le socialisme ça marche !
Les Français connaissent les traditions de gestionnaires et de bons gestionnaires des hommes de gauche. C'est dans les municipalités que, jour après jour, les socialistes ont gagné des points en appliquant dans les villes les principes de solidarité, de participation, de responsabilité, de rigueur budgétaire. En réalisant des équipements populaires, des logements...
Rien d'étonnant dès lors si les maires de gauche, les présidents de conseils généraux, les présidents de région de gauche s'imposent au plan local comme au plan national par leur savoir-faire. Car si le socialisme ça marche dans les municipalités, ça marche aussi pour la France.
Il suffit de demander à tous les gagnants du changement, à tous ceux qui ont vu leur niveau de vie, leurs droits ou leur statut s'améliorer depuis 18 mois. Je parle des travailleurs payés aux plus bas salaires, des retraités, des personnes âgées, des agriculteurs, mais aussi des familles.
Le gouvernement de la gauche a mis en oeuvre, conformément à la tradition inaugurée à Commentry, une large politique de solidarité. Il a en même temps fait faire des progrès sensibles à l'avancée sociale. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui pour célébrer cet anniversaire.
Je suis venu pour participer à une fête. A une célébration qui me touche profondément à la fois comme militant socialiste et comme maire. Mais je n'oublie pas que c'est aussi le Premier ministre de la République qui vous parle et que vous attendez de lui des précisions sur votre avenir et celui de la région. Je n'ignore pas, croyez-le, vos problèmes. Ils sont sérieux. Et le gouvernement les traite avec toute l'attention nécessaire, avec le souci constant de vous aider.
Nous évoquions, il y a un instant, les traditions de gestion, de compétence, de dévouement qui sont celles des élus ouvriers, des élus de la gauche. Eh bien ce sont ces qualités que nous entendons mettre à présent au service du pays tout entier et d'abord à votre service.
Quels sont les grands dossiers qui vous préoccupent ? Il y a d'abord et toujours les communications et plus particulièrement le désenclavement routier.
Vous savez que la décision a été prise de réaliser la liaison Bourges-Clermont-Ferrand sous forme d'une autoroute à péage. Le tracé retenu, qui passe par Montluçon, a été déclaré d'utilité publique. La concession de cette réalisation est en cours de discussion avec la société choisie.
Les opérations préliminaires à la construction, c'est-à-dire les études et une partie des acquisitions foncières, seront financées sur l'exercice 1983, ce qui permettra un engagement effectif des travaux en 1984. Ces travaux débuteront par la section reliant Montluçon à Clermont-Ferrand en commençant par Gannat. Ils devront être menés à bien d'ici la fin du IXème plan.
La déviation est-ouest de Montluçon, qui emprunte le CD 94, permettra bien entendu l'accès à l'autoroute mais c'est aussi une opération qui intéresse directement la ville de Montluçon qui sera ainsi délivrée d'une circulation de transit. Afin d'en accélérer la réalisation, le gouvernement va engager une discussion avec la région Auvergne et les collectivités intéressées qui permettrait de revoir le financement. Si cette négociation aboutit, l'enquête publique sera lancée en 1983 et les travaux pourraient débuter l'année suivante.
Le second dossier, qui n'est, lui aussi, pas propre à votre seule région, concerne la formation professionnelle. Vous connaissez l'effort exceptionnel que nous avons engagé dans ce domaine et que je rappelais à l'instant.
C'est dans cet esprit que la construction d'un nouveau lycée d'enseignement professionnel à Montluçon a été inscrite à la carte scolaire. Ce LEP permettra l'ouverture de filières de formation professionnelle et technologique répondant aux difficultés particulières et aux débouchés spécifiques du bassin d'emploi de Montluçon. Nous allons améliorer ainsi la formation aux métiers du bâtiment et ouvrir une formation aux métiers de la mécanique ainsi qu'une section de formation continue.
Mais la nouvelle mutation technologique demande toujours plus d'efforts, un niveau de compétence toujours plus élevé. Car pour un pays comme la France, pauvre en matières premières et en énergies, c'est d'abord par la qualité de ses produits, de ses technologies, de sa recherche, que se construira l'avenir.
La formation technologique supérieure répond donc à des nécessités sociales et économiques. Vous le savez bien d'ailleurs puisque, depuis plusieurs années, vous demandez l'ouverture d'un nouveau département à l'IUT de Montluçon. Je suis heureux de vous confirmer aujourd'hui que le Ministre de I'Education nationale affectera les postes nécessaires à l'ouverture, pour la rentrée 1983, d'un département "techniques de Commercialisation". Sera ainsi ouverte une formation supérieure dans un domaine essentiel pour l'essor et le développement des entreprises du secteur tertiaire où un rattrapage doit être opéré en matière d'emplois.
Et je sais combien ce problème est préoccupant dans la région Auvergne dont de trop nombreux enfants sont conduits à aller chercher ailleurs le travail qu'ils ne trouvent pas sur place.
A cet égard, je voudrais souligner l'importance du plan de redressement qui vient d'être mis au point pour la société Dunlop-France, laquelle dispose à Montluçon d'un très grand établissement, principal employeur de ce bassin d'emploi. Ce plan, qui porte sur les années 1982-1984 vise à renforcer les bases de production industrielle de Dunlop, à poursuivre la rationalisation de sa gestion et à réaliser d'importants investissements ainsi qu'un développement de nouveaux produits.
Les apports de fonds propres conséquents effectués par la société-mère, d'une part ; les prêts de l'Etat et des banques d'autre part, constituent un gage de l'intérêt porté à cette entreprise.
L'usine de Montluçon va donc pouvoir poursuivre sa production de pneumatiques sur des bases assainies. Il est vrai que, dans le cadre de cette relance, un nombre important de départs en pré-retraites a dû être décidé. Il ne s'agit pas de licenciements et, pour les travailleurs concernés, ce n'est pas la même chose. Et je sais qu'une telle démarche s'inscrit elle aussi dans le cadre de la solidarité qui, comme je l'expliquais à l'instant, est à l'origine de la prise de conscience ouvrière. C'est une solidarité qui s'exprime cette fois entre les générations et qui permet à l'ouvrier, au terme d'une longue carrière, de préserver l'outil de travail, qui permettra à ses fils et à ses filles de continuer de vivre et de travailler au pays.
L'Etat, pour sa part, est soucieux de venir appuyer et compléter cet effort. C'est pourquoi, le gouvernement a décidé la mise en place d'antennes temporaires dans quelques bassins d'emploi particulièrement touchés. Ces antennes auront pour mission, sous l'autorité du Commissaire de la République concerné et de la DATAR, par l'intermédiaire du Commissaire à l'industrialisation, de préparer l'implantation d'activités nouvelles, d'aider au traitement des entreprises en difficulté et de favoriser le développement des entreprises existantes.
Il ne s'agira pas, pour les experts auxquels cette mission va être confiée, de se substituer aux administrations et organismes existants, mais d'apporter leur expérience à la recherche d'un nouveau dynamisme.
J'ai tenu à ce que cette mission soit confiée à des hommes qui, de par leur expérience professionnelle, connaissent les problèmes industriels et ont eu l'habitude de les résoudre. Ce sont donc des hommes de l'industrie. Dans l'immédiat, cette expérience bénéficiera à 4 zones en France : Montluçon, Albi-Carmaux, Rouen et Amiens.
Vous le voyez, même si c'est la célébration du passé qui nous réunit aujourd'hui, les difficultés du présent ne sont pas pour autant oubliées. C'est en les saisissant à bras le corps, en les traitant systématiquement et avec rigueur, que nous bâtirons tous ensemble un avenir digne de la grande tradition des "Marianneux".
Le pays ne s'y trompe d'ailleurs pas. Entré 1974 et 1980 la France a déjà traversé de longues années de crise, c'est vrai. Mais d'une crise qui, il faut bien en avoir conscience, était moins grave et moins profonde qu'aujourd'hui. Car la crise, parce qu'elle dure, parce qu'elle est entretenue par les politiques de déflation mises en oeuvre dans de trop nombreux pays, parce qu'elle en arrive à se nourrir elle même, change de nature.
Entre 1976 et 1980 nos pays européens connaissaient encore un croissance de 3%. Certes, c'était moitié moins que dans les années soixante mais cela laissait encore des marges de manoeuvre.
Aujourd'hui, avec un point et demi de croissance la France réalise le meilleur résultat après le Japon. La moyenne de nos partenaires européens est, en revanche, zéro : la croissance zéro. Ceux qui nous vantaient il n'y a pas si longtemps les charmes de la croissance douce, de la croissance zéro, peuvent mesurer concrètement, à présent, ce que cela signifie C'est pourquoi toute notre politique est -et demeurera- fondée sur la recherche du maximum de croissance compatible avec l'environnement international qui est le notre.
Car nous sommes les hommes de l'avenir, car nous avons confiance dans le travail des hommes, dans leur capacité à vaincre les difficultés. Ce n'est pas nous qui nous abandonnerons à la "gestion de l'imprévisible". Oui les temps sont difficiles, mais notre confiance est intacte. C'est dans la mobilisation de toutes les énergies que nous trouverons les solutions. Et le courage et la ténacité dont su faire preuve Christophe THIVRIER doit nous servir d'exemple.
Monsieur le député,
Monsieur le Président du conseil général,
Monsieur le Commissaire de la République,
Mesdames, Messieurs,
Il est particulièrement émouvant pour le Premier ministre du gouvernement de la gauche d'être reçu dans la ville, qui la première au monde, a eu un maire socialiste. "Première mairie socialiste du monde": quel symbole ! Je ne sais pas si nos amis les plus jeunes réalisent ce que ces mots représentent aujourd'hui pour des hommes qui comme vous Monsieur le maire, ou comme moi, nous trouvons à la tête de municipalités de gauche.
Le Premier maire socialiste du monde a donc été élu ici il y a plus de cent ans. Il se nommait Christophe THIVRIER. Il était entré à la mine encore enfant, pour devenir ensuite boulanger puis marchand de vin.
Je tiens à saluer ici la mémoire et le courage de votre illustre prédécesseur, Monsieur le maire, seul maire socialiste dans une France en majorité hostile aux idées qu'il défendait. Des idées auxquelles il resta pourtant fidèlement attaché.
Devenu premier conseiller général et premier député socialiste de l'Allier, il allait siéger à la chambre revêtu de la blouse bleue des ouvriers. Ce "député à la blouse" comme on le surnomma ensuite osa crier "vive la Commune" au cours de la séance du 27 janvier 1894. Cela lui valu, bien sûr, d'en être expulsé sur l'instant. Mais le chemin était ouvert. Si deux de ses fils furent députés, un troisième pris sa suite ici à la tête de la municipalité de Commentry.
Depuis, hormis deux interruptions dues aux guerres, la ville est restée fidèle au parti de "Christou", à la gauche. Quelle belle leçon de socialisme, votre ville nous donne aujourd'hui avec la célébration de ce centenaire !
Vous avez rappelé, Monsieur le maire, que tout ici est chargé d'histoire, chargé de l'histoire de socialisme et des socialistes, chargé de l'histoire de la gauche.
Vous avez souligné l'effort idéologique d'hommes comme Jules Guesde, mais aussi de ces centaines de travailleurs, mineurs ou forgerons, puis des élus municipaux socialistes, de tous ces hommes qui peu à peu au fil des ans, au prix de leur attachement à leurs idées, ont fait en sorte comme vous l'avez si bien dit "que leur petits enfants vivent aujourd'hui mieux qu'ils n'ont eux mêmes vécu".
Quand on évoque le passé de Commentry,quand on retrace son évolution, des forges d'hier aux aciers spéciaux aujourd'hui, on mesure l'évolution profonde qu'a connue notre pays. Au cours des 30 dernières années, l'appareil de production français a plus changé qu'il ne l'avait fait durant le siècle précédent. Et cette mutation est loin d'être achevée puisqu'à travers la crise économique actuelle c'est un nouvel effort d'adaptation qui nous est demandé.
A travers ces bouleversements que sont devenus les travailleurs, qu'est devenue la classe ouvrière ?
Avec des hommes comme Christophe THIVRIER c'est la prise de conscience qui s'est effectuée et l'élément pivot autour duquel s'est constituée la classe ouvrière c'est la solidarité.
C'est d'ailleurs cet héritage, qui vient du coeur même de l'histoire ouvrière, que nous élargissons aujourd'hui aux dimensions de la nation tout entière. C'est cet héritage que nous proposons comme référence pour les relations entre Etats.
La solidarité doit être notre règle et notre préoccupation constante.
C'est cette solidarité active qui, à travers les luttes du mouvement ouvrier, a permis les conquêtes sociales d'hier. C'est à cette solidarité que nous devons être fidèles aujourd'hui. Ce qui signifie que nous devons avoir une juste perception des réalités du monde du travail contemporain.
Car, comme notre appareil de production s'est Profondément modifié, le monde du travail a lui aussi considérablement évolué. C'est d'ailleurs cette mutation qui a permis les victoires électorales de mai et juin 1981. Depuis plus d'une décennie la progression constante de la gauche accompagne le large mouvement d'extension du salariat et d'urbanisation du pays.
A travers ce profond bouleversement la plupart des travailleurs ont su conquérir un statut et sont ainsi mieux armés pour affronter les difficultés des temps.
C'est pourquoi la solidarité doit surtout s'exprimer en faveur de ceux qui sont moins bien armés et qui sont les premières victimes de la crise et du chômage. Il s'agit de groupes qui ont pour caractéristiques commune un faible niveau de formation professionnelle.
Je pense aux immigrés qui constituent environ 17% des ouvriers travaillant dans notre pays. On peut dire que près d'un OS sur cinq est un immigré.
Je pense aux femmes qui, depuis 1968, ont effectué une poussée exceptionnelle dans toutes les activités salariées. Elles forment par exemple, les trois quarts des employés. Et, dans la population ouvrière, la part des femmes a été croissante parmi les catégories les moins qualifiées.
Je pense aux jeunes, victimes de l'échec scolaire et qui tentent d'entrer dans la production sans y être préparées ! Ils se sont trouvés condamnés depuis des années à errer d'une agence de l'ANPE à un bureau d'intérim, sans perspective d'avenir. N'oubliez pas que près de la moitié des chômeurs ont moins de 25 ans.
Je pense aussi à tous ceux qui ont dépassé cinquante ans, qui arrivent, fatigués, en fin de carrière et qui, victimes accidentelles du chômage, ne parviennent pas à retrouver un emploi.
C'est à cette situation que le gouvernement a fait face en garantissant les droits des immigrés, en assurant l'égalité entre les hommes et les femmes, en lançant un programme exceptionnel de formation en faveur des 16-18 ans, en examinant cas par cas la situation des chômeurs de longue durée et en particulier des plus âgés.
Bref, le gouvernement de la gauche inscrit son action dans la grande tradition qui a été mise en oeuvre par les municipalités ouvrières. Il pratique une politique de solidarité active tout en s'attachant à soutenir notre vie économique et à moderniser notre industrie.
C'est la même démarche de rigueur dans la gestion que celle qui, depuis un siècle, a permis à la gauche de rester à la tête de la mairie de Commentry.
C'est le même dévouement et la même compétence mise au service de nos compatriotes qui ont permis à la gauche de gagner la majorité des grandes villes françaises.
Chacun connait, dans sa ville, le bilan de la gestion de la gauche. La fidélité des Françaises et des Français à leurs équipes municipales le montre. Chacun a pu mesurer l'avancée démocratique permise par la gauche. Avancée démocratique qui vient de se traduire par la décentralisation et la réforme de la loi électorale municipale. Grâce à la gauche les minorités seront enfin représentées au sein des conseils municipaux. Grâce à la gauche les responsabilités des élus, et en particulier des maires, sont élargies.
La droite parlait de décentralisation mais durant un quart de siècle elle n'a rien fait.
La droite parlait de démocratie mais elle refusait aux oppositions locales le moyen de contrôler la gestion de nos cités. La gauche, elle, n'a pas peur de la démocratie ! Elle permet que la gestion municipale soit encore plus proche des citoyens, encore plus transparente.
Et c'est pourquoi je suis convaincu que, lorsque le moment sera venu, les Françaises et les Français demeureront fidèles à leurs élus municipaux de gauche. Je suis convaincu qu'ils considèreront que ceux qui ont réalisé les réformes tant attendues seront les plus qualifiés pour les appliquer.
Nous sommes les artisans d'une histoire commencée il y a plus d'un siècle et qui se poursuivra bien après nous. Et c'est pourquoi, au milieu des difficultés du quotidien, nous ne devons jamais oublier le message dont nous sommes les dépositaires, nous ne devons jamais perdre de vue nos objectifs.
La route est longue, c'est vrai. Elle est rude, qui pouvait en douter ?
Si la condition ouvrière a changé, si la démocratie locale a été conquise, c'est justement grâce aux luttes des travailleurs, grâce à leur mobilisation. Nous ne l'oublions pas.
Ces luttes ont permis la promotion du monde ouvrier. Elle s'est traduite, concrètement, par une augmentation du pouvoir d'achat, par la mise en place d'un important système de protection sociale, par la reconnaissance du droit au travail.
Qui pourrait imaginer que sur ces trois points le gouvernement de la gauche ne poursuive pas l'avancée réalisée ?
Qui pourrait croire que, même au milieu d'une crise économique mondiale qui redouble, nous ne nous attacherons pas à préserver le pouvoir d'achat des travailleurs et même à l'améliorer pour les plus basses catégories ?
Qui ne voit que notre souci d'équilibrer financièrement les régimes sociaux a pour premier objectif de maintenir le haut niveau de protection sociale que nous avons su bâtir ?
Qui ne mesure l'ampleur de la bataille que nous avons engagée contre le chômage ? Un chômage qui a doublé lorsque M. CHIRAC était premier ministre pour doubler à nouveau avec M. BARRE. Eh bien depuis le 10 mai 1981, depuis que la gauche est au pouvoir, le chômage augmente trois fois moins vite que sous le gouvernement précédent. Il augmente quatre fois moins vite qu'aux Etats-Unis et en Allemagne Fédérale ! Voilà des résultats. J'avais pris en septembre 1981 l'engagement qu'à la fin de 1982 nous nous battrions sur la ligne de crète des deux millions de chômeurs. Nous y sommes.
Le gouvernement de la gauche c'est le gouvernement de la parole tenue. Je le dis aussi en pensant à ceux qui nous interrogent sur l'évolution du SMIC. Son pouvoir d'achat a augmenté de 11,6% depuis le 10 mai 1981 ! Il a déjà augmenté cette année de 2,2% et il va encore augmenter au 1er décembre. Mais tenons compte de la période du blocage qui a décalé révolution de l'ensemble des salaires et donnons nous le début de 1983, pour atteindre l'objectif de 4% de hausse du pouvoir d'achat que nous nous étions fixé !
Ce que je vois c'est qu'en France la politique du gouvernement a permis le maintien et même la progression du pouvoir d'achat des ménages : + 4% pour 1981 et 1982. Dans le même temps, le pouvoir d'achat a baissé en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Belgique. Voilà la réalité !
Nous devons garantir les conquêtes ouvrières mais nous devons, bien sûr, faire de nouveaux progrès. Et, là encore, nous avons agi :
- l'extension des droits des travailleurs dans l'entreprise ;
- la retraite à 60 ans ;
- la cinquième semaine de congés ;
- les avancées progressives vers le passage aux 35 heures qui doivent être atteintes en 1985 ;
- l'instauration des chèques-vacances ;
Comment ne pas se sentir fier de voir ici, chez vous, et avec cent ans de recul, que le socialisme ça marche !
Les Français connaissent les traditions de gestionnaires et de bons gestionnaires des hommes de gauche. C'est dans les municipalités que, jour après jour, les socialistes ont gagné des points en appliquant dans les villes les principes de solidarité, de participation, de responsabilité, de rigueur budgétaire. En réalisant des équipements populaires, des logements...
Rien d'étonnant dès lors si les maires de gauche, les présidents de conseils généraux, les présidents de région de gauche s'imposent au plan local comme au plan national par leur savoir-faire. Car si le socialisme ça marche dans les municipalités, ça marche aussi pour la France.
Il suffit de demander à tous les gagnants du changement, à tous ceux qui ont vu leur niveau de vie, leurs droits ou leur statut s'améliorer depuis 18 mois. Je parle des travailleurs payés aux plus bas salaires, des retraités, des personnes âgées, des agriculteurs, mais aussi des familles.
Le gouvernement de la gauche a mis en oeuvre, conformément à la tradition inaugurée à Commentry, une large politique de solidarité. Il a en même temps fait faire des progrès sensibles à l'avancée sociale. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui pour célébrer cet anniversaire.
Je suis venu pour participer à une fête. A une célébration qui me touche profondément à la fois comme militant socialiste et comme maire. Mais je n'oublie pas que c'est aussi le Premier ministre de la République qui vous parle et que vous attendez de lui des précisions sur votre avenir et celui de la région. Je n'ignore pas, croyez-le, vos problèmes. Ils sont sérieux. Et le gouvernement les traite avec toute l'attention nécessaire, avec le souci constant de vous aider.
Nous évoquions, il y a un instant, les traditions de gestion, de compétence, de dévouement qui sont celles des élus ouvriers, des élus de la gauche. Eh bien ce sont ces qualités que nous entendons mettre à présent au service du pays tout entier et d'abord à votre service.
Quels sont les grands dossiers qui vous préoccupent ? Il y a d'abord et toujours les communications et plus particulièrement le désenclavement routier.
Vous savez que la décision a été prise de réaliser la liaison Bourges-Clermont-Ferrand sous forme d'une autoroute à péage. Le tracé retenu, qui passe par Montluçon, a été déclaré d'utilité publique. La concession de cette réalisation est en cours de discussion avec la société choisie.
Les opérations préliminaires à la construction, c'est-à-dire les études et une partie des acquisitions foncières, seront financées sur l'exercice 1983, ce qui permettra un engagement effectif des travaux en 1984. Ces travaux débuteront par la section reliant Montluçon à Clermont-Ferrand en commençant par Gannat. Ils devront être menés à bien d'ici la fin du IXème plan.
La déviation est-ouest de Montluçon, qui emprunte le CD 94, permettra bien entendu l'accès à l'autoroute mais c'est aussi une opération qui intéresse directement la ville de Montluçon qui sera ainsi délivrée d'une circulation de transit. Afin d'en accélérer la réalisation, le gouvernement va engager une discussion avec la région Auvergne et les collectivités intéressées qui permettrait de revoir le financement. Si cette négociation aboutit, l'enquête publique sera lancée en 1983 et les travaux pourraient débuter l'année suivante.
Le second dossier, qui n'est, lui aussi, pas propre à votre seule région, concerne la formation professionnelle. Vous connaissez l'effort exceptionnel que nous avons engagé dans ce domaine et que je rappelais à l'instant.
C'est dans cet esprit que la construction d'un nouveau lycée d'enseignement professionnel à Montluçon a été inscrite à la carte scolaire. Ce LEP permettra l'ouverture de filières de formation professionnelle et technologique répondant aux difficultés particulières et aux débouchés spécifiques du bassin d'emploi de Montluçon. Nous allons améliorer ainsi la formation aux métiers du bâtiment et ouvrir une formation aux métiers de la mécanique ainsi qu'une section de formation continue.
Mais la nouvelle mutation technologique demande toujours plus d'efforts, un niveau de compétence toujours plus élevé. Car pour un pays comme la France, pauvre en matières premières et en énergies, c'est d'abord par la qualité de ses produits, de ses technologies, de sa recherche, que se construira l'avenir.
La formation technologique supérieure répond donc à des nécessités sociales et économiques. Vous le savez bien d'ailleurs puisque, depuis plusieurs années, vous demandez l'ouverture d'un nouveau département à l'IUT de Montluçon. Je suis heureux de vous confirmer aujourd'hui que le Ministre de I'Education nationale affectera les postes nécessaires à l'ouverture, pour la rentrée 1983, d'un département "techniques de Commercialisation". Sera ainsi ouverte une formation supérieure dans un domaine essentiel pour l'essor et le développement des entreprises du secteur tertiaire où un rattrapage doit être opéré en matière d'emplois.
Et je sais combien ce problème est préoccupant dans la région Auvergne dont de trop nombreux enfants sont conduits à aller chercher ailleurs le travail qu'ils ne trouvent pas sur place.
A cet égard, je voudrais souligner l'importance du plan de redressement qui vient d'être mis au point pour la société Dunlop-France, laquelle dispose à Montluçon d'un très grand établissement, principal employeur de ce bassin d'emploi. Ce plan, qui porte sur les années 1982-1984 vise à renforcer les bases de production industrielle de Dunlop, à poursuivre la rationalisation de sa gestion et à réaliser d'importants investissements ainsi qu'un développement de nouveaux produits.
Les apports de fonds propres conséquents effectués par la société-mère, d'une part ; les prêts de l'Etat et des banques d'autre part, constituent un gage de l'intérêt porté à cette entreprise.
L'usine de Montluçon va donc pouvoir poursuivre sa production de pneumatiques sur des bases assainies. Il est vrai que, dans le cadre de cette relance, un nombre important de départs en pré-retraites a dû être décidé. Il ne s'agit pas de licenciements et, pour les travailleurs concernés, ce n'est pas la même chose. Et je sais qu'une telle démarche s'inscrit elle aussi dans le cadre de la solidarité qui, comme je l'expliquais à l'instant, est à l'origine de la prise de conscience ouvrière. C'est une solidarité qui s'exprime cette fois entre les générations et qui permet à l'ouvrier, au terme d'une longue carrière, de préserver l'outil de travail, qui permettra à ses fils et à ses filles de continuer de vivre et de travailler au pays.
L'Etat, pour sa part, est soucieux de venir appuyer et compléter cet effort. C'est pourquoi, le gouvernement a décidé la mise en place d'antennes temporaires dans quelques bassins d'emploi particulièrement touchés. Ces antennes auront pour mission, sous l'autorité du Commissaire de la République concerné et de la DATAR, par l'intermédiaire du Commissaire à l'industrialisation, de préparer l'implantation d'activités nouvelles, d'aider au traitement des entreprises en difficulté et de favoriser le développement des entreprises existantes.
Il ne s'agira pas, pour les experts auxquels cette mission va être confiée, de se substituer aux administrations et organismes existants, mais d'apporter leur expérience à la recherche d'un nouveau dynamisme.
J'ai tenu à ce que cette mission soit confiée à des hommes qui, de par leur expérience professionnelle, connaissent les problèmes industriels et ont eu l'habitude de les résoudre. Ce sont donc des hommes de l'industrie. Dans l'immédiat, cette expérience bénéficiera à 4 zones en France : Montluçon, Albi-Carmaux, Rouen et Amiens.
Vous le voyez, même si c'est la célébration du passé qui nous réunit aujourd'hui, les difficultés du présent ne sont pas pour autant oubliées. C'est en les saisissant à bras le corps, en les traitant systématiquement et avec rigueur, que nous bâtirons tous ensemble un avenir digne de la grande tradition des "Marianneux".
Le pays ne s'y trompe d'ailleurs pas. Entré 1974 et 1980 la France a déjà traversé de longues années de crise, c'est vrai. Mais d'une crise qui, il faut bien en avoir conscience, était moins grave et moins profonde qu'aujourd'hui. Car la crise, parce qu'elle dure, parce qu'elle est entretenue par les politiques de déflation mises en oeuvre dans de trop nombreux pays, parce qu'elle en arrive à se nourrir elle même, change de nature.
Entre 1976 et 1980 nos pays européens connaissaient encore un croissance de 3%. Certes, c'était moitié moins que dans les années soixante mais cela laissait encore des marges de manoeuvre.
Aujourd'hui, avec un point et demi de croissance la France réalise le meilleur résultat après le Japon. La moyenne de nos partenaires européens est, en revanche, zéro : la croissance zéro. Ceux qui nous vantaient il n'y a pas si longtemps les charmes de la croissance douce, de la croissance zéro, peuvent mesurer concrètement, à présent, ce que cela signifie C'est pourquoi toute notre politique est -et demeurera- fondée sur la recherche du maximum de croissance compatible avec l'environnement international qui est le notre.
Car nous sommes les hommes de l'avenir, car nous avons confiance dans le travail des hommes, dans leur capacité à vaincre les difficultés. Ce n'est pas nous qui nous abandonnerons à la "gestion de l'imprévisible". Oui les temps sont difficiles, mais notre confiance est intacte. C'est dans la mobilisation de toutes les énergies que nous trouverons les solutions. Et le courage et la ténacité dont su faire preuve Christophe THIVRIER doit nous servir d'exemple.