Texte intégral
L'idée que se fait une société de sa jeunesse est très caractéristique de l'état d'esprit de cette société.
Dans l'image d'une jeunesse paumée, repliée sur elle-même, d'une jeunesse sans perspective, la France exprime ses propres doutes, ses propres inquiétudes.
Le contraste entre ce que le monde pense de la France et ce que la France pense d'elle-même est saisissant.
Nous ne sommes plus bien sûr de notre identité, de ce qui nous rassemble.
On a d'ailleurs entendu, dans certaines réactions à la réforme du collège, la manifestation d'une forme de nostalgie qui témoigne de ce trouble.
Nous devons changer de discours sur la jeunesse, nous devons changer de regard sur nous-mêmes.
La jeunesse n'est pas désengagée, désintéressée de la marche du monde. Elle se tourne vers la politique, dans l'acception la plus large du terme, de bien des manières.
Il y a dans notre pays trois millions de jeunes bénévoles. On en compte un tiers de plus qu'il y a trois ans.
Aujourd'hui, pour quatre jeunes souhaitant effectuer un service civique, seul un obtient une réponse favorable.
L'appétit est là. C'est aux pouvoirs publics de permettre à cette énergie de se déployer.
Nous voulons donc d'ici 2016 que tous les jeunes qui le souhaitent puissent faire un service civique.
Cela signifie une montée en charge exceptionnelle : nous passons d'un dispositif confidentiel à un dispositif universel.
Et cela en conservant la même exigence de qualité, quant à la durée et l'intérêt des missions.
Un tel objectif exige une mobilisation de l'ensemble du service public.
Les associations ont déjà beaucoup donné ; c'est à l'Etat, aux collectivités locales et à lhôpital d'ouvrir largement leur porte.
Je continuerai donc à frapper à toutes les portes, comme je l'ai fait auprès de Ségolène Royal et de Fleur Pellerin.
Fleur,
Dans la réponse au trouble identitaire que j'évoquais précédemment, il est évident que la culture a vocation à jouer un rôle central.
Certes, le chômage est dans bien des têtes et il déstructure à la fois les personnes et la société.
Mais quand nous aurons fait reculer le chômage car nous allons le faire reculer , il faudra encore que les Français se retrouvent, se rassemblent.
Ils le feront autour d'un imaginaire commun, façonné par la musique, par le cinéma, par le théâtre, par l'art sous toutes ses formes.
Sans doute aussi par le sport, mais je suis partial en disant cela !
La convention que nous signons aujourd'hui n'est pas un acte administratif, c'est un acte politique et symbolique puissant.
Par cette signature, nous clamons notre confiance à la jeunesse pour soutenir la diffusion de la culture et des arts.
Par cette signature, nous disons aux jeunes, à ceux qui voudront s'engager : la culture, c'est l'identité de la France, et c'est vous, aussi, qui en serez les ambassadeurs.
Il y a tant de missions d'intérêt général à mener dans le domaine de la culture.
* Aller à la rencontre des habitants d'un quartier pour leur présenter les événements culturels se déroulant sur leur territoire et leur en faciliter l'accès.
* Organiser des temps de découverte culturelle à destination des personnes handicapées, ou des personnes âgées isolées.
* Accompagner des enfants et des adolescents dans leurs projets culturels.
* Faire vivre la mémoire des lieux et des territoires en recueillant des témoignages ou en mobilisant le réseau des archives pour construire des parcours de découverte.
Voilà quelques-unes des missions concrètes que pourront effecteur les volontaires du service civique et qui contribueront à mettre de la joie partout sur le territoire.
Je remercie donc tous ceux qui rendent cela possible.
Evidemment toi, chère Fleur : grâce à l'engagement du Ministère de la Culture et de la Communication, 16 000 jeunes pourront s'engager dans une mission de service civique sur ce nouveau grand programme.
Merci à l'Agence du Service civique et à son Président François Chérèque, car l'Agence du service civique sera le pilote opérationnel de cette montée en charge.
Merci aussi aux opérateurs : la Ligue de l'enseignement, Unis-cité, pour leur présence aujourd'hui et leur mobilisation quotidienne.
Et merci aux jeunes volontaires, qui ont fait le choix de l'engagement et donc quelque part de l'optimisme.
On peut être critique et penser que les choses peuvent changer.
C'est à vous d'en faire la démonstration.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 27 juillet 2016