Déclaration de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, sur l'évaluation de la politique de la ville, notamment par l'installation de l'Observatoire national de la politique de la Ville, Saint Denis le 19 janvier 2016.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral


Je suis à vos côtés aujourd'hui pour installer l'Observatoire national de la politique de la ville qui à un rôle majeur dans la connaissance de l'évolution de nos quartiers et dans l'évaluation de notre action publique.
Je tiens à remercier l'ensemble des 47 membres du comité d'orientation de cet observatoire et tout particulièrement Jean Daubigny pour avoir accepté de le présider.
Monsieur le Président, vous avez été préfet de la région d'Ile-de-France, préfet de la région Bretagne, préfet de la Loire-Atlantique, préfet de la région Midi-Pyrénées, de la Marne, de la Réunion, de la Loire, du Vaucluse… bref ! Autant dire que vous connaissez bien la France, ses territoires, sa population et nos quartiers.
D'autant plus que vous avez également été délégué interministériel à la ville.
Votre riche expérience sera précieuse pour animer cet observatoire dont la composition a été très largement renouvelée, en particulier avec de nouvelles personnalités qualifiées, qui sont des chercheurs réputés.
Une autre nouveauté tient à la participation des membres du bureau du nouveau Conseil national des Villes. Cela témoigne de notre volonté d'associer les habitants tant que possible à la politique de la ville.
Les élus sont bien évidemment représentés au sein de cet observatoire, la politique de la ville étant par essence partenariale.
Par ailleurs, les membres du comité d'orientation pourront compter sur l'appui du CGET qui en assure le secrétariat et en particulier sur l'équipe très compétente de Valérie DARRIAU.
L'observatoire national de la politique de la ville change de forme, change de nom et aussi voit ses attributions enrichies puisque désormais il assurera une fonction d'évaluation.
Cet Observatoire intègre donc le comité d'évaluation et de suivi de l'ANRU, ce qui constitue une avancée pour avoir une approche globale de la situation des quartiers prioritaires, de leur évolution.
On entend parler dans les médias de la politique de la ville, de nos quartiers ; chacun y va de son commentaire sans que les propos tenus ne soient toujours vérifiés, documentés, argumentés.
On omet d'ailleurs le plus souvent d'évoquer les progrès, les réussites, ce qui nuit fortement à l'image de ces quartiers. Or, nous avons un devoir de vérité sur la réalité de la situation, sur l'évolution économique et sociale, sur les conditions de vie des habitants.
A vous de nous éclairer par vos travaux, à nous d'agir de manière avisée.
La nouvelle géographie prioritaire, telle qu'elle a été a été redéfinie par le Gouvernement, est plus claire, plus juste. Elle se fonde sur un critère unique et objectif : la concentration de la pauvreté. Plus de 100 communes sont entrées dans la politique de la ville, 300 en sont sorties car leur situation s'était améliorée.
Votre rapport annuel pour 2015 sera le premier à traiter de cette nouvelle géographie prioritaire. Il sera regardé de très près, je n'en doute pas.
J'accorderai une attention particulière à l'évolution des nouveaux territoires de la politique de la ville, ceux dont la population s'est trop longtemps sentie délaissée, abandonnée par les pouvoirs publics et dont une partie d'entre elle a pu être tentée par le vote extrême.
Je souhaite regarder de près le déploiement des contrats de ville puisque désormais tous sont signés.
J'ai prévu de nombreux déplacements tout au long de l'année pour vérifier un an après leur signature que les engagements des différents partenaires sont tenus, que les orientations fixées se traduisent concrètement sur le terrain.
Evidemment, votre propre analyse sera précieuse et nous aurons besoin que vous élaboriez une méthodologie nationale pour évaluer ces contrats de ville.
Votre mission d'évaluation dépasse le cadre de mon seul ministère. La mobilisation des moyens de droit commun, on l'oublie, c'est aussi la collecte de données, la mise à profit de statistiques, d'outils d'évaluation.
Je compte sur l'ensemble des administrations, des services représentés au sein de ce comité d'orientation pour faciliter le travail en la matière.
Je tiens à ce que vous travailliez dans une grande autonomie et que vous ayez les moyens de mener à bien vos missions.
Je vous indique ce que sera ma propre feuille de route en 2016 et que j'ai adressée sous la forme d'une circulaire aux Préfets :
Premier axe : renforcer la présence des adultes et du lien social dans les quartiers grâce au soutien des associations de proximité, en particulier. Il faut aussi investir les quartiers dans les moments où les services publics sont en retrait, en soirée et le week-end.
Le deuxième axe d'intervention consiste à construire une solution pour chaque jeune en difficulté pour permettre leur insertion sociale et professionnelle et pour prévenir les dérives de la marginalisation, de la délinquance, de la radicalisation.
Troisième axe : amplifier et accélérer la dynamique du renouvellement urbain qui doit favoriser la mixité sociale, j'y suis très attaché.
Quatrième axe enfin : « faire ensemble », le partenariat est au cœur de notre action qui suppose d'associer pleinement les habitants des quartiers prioritaires.
Vous allez arrêter votre programme de travail qui doit vous permettre dans un premier temps d'établir le rapport annuel de la politique de la ville pour 2015, j'y serai très attentif.
Je tiens à ce que vous conserviez la qualité scientifique des travaux tels qu'ils ont été menés jusqu'ici.
Si je ne devais m'autoriser qu'un conseil, ce serait de veiller à ce que le plus grand nombre puisse en profiter.
En tout état de cause, je vous remercie pour votre engagement en faveur de la population des quartiers en difficulté.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 22 juin 2016