Texte intégral
Madame la Secrétaire d'Etat, chère Hélène Geoffroy,
Mesdames, Messieurs les Préfets,
J'ai procédé ce matin à l'installation des délégués du Gouvernement qui viendront renforcer votre action dans les quartiers prioritaires de la ville.
J'ai évoqué la difficulté de leur mission qui est de montrer une République en actes à des habitants qui ont des raisons de douter de la réalité de cette République.
Cette mission est aussi évidemment la vôtre. La présence de ces délégués du Gouvernement doit vous aider dans cette mission, notamment vous aider à apporter des réponses immédiates car la question du temps est centrale dans la perception qu'ont les citoyens de l'action publique, de son efficacité.
La défiance est forte dans notre pays. Elle s'adresse au Gouvernement.
Mais ne nous trompons pas de diagnostic : elle s'adresse aussi, et peut-être de manière plus structurelle, à l'Etat.
La police est aujourd'hui visée par des manifestants violents parce qu'elle est la police.
On pourrait penser que les heurts avec la police sont pour ces manifestants un moyen pour parvenir à leurs fins : le retrait de la loi travail, supposément scélérate.
J'ai la conviction que la situation est inverse : la loi travail est le moyen ; en découdre avec ceux qui représentent l'autorité de l'Etat la fin.
Ce doit être pour nous, pour vous qui consacrez votre vie à la chose publique, qui incarnez cet Etat, un sujet de préoccupation majeur.
Comment en sortir, du moins comment améliorer les choses ?
Par une action publique plus rapide et plus efficace. C'est le sens du message que j'ai adressé aux délégués du Gouvernement.
Indépendamment des orientations politiques qui sont prises, rien de pire pour le crédit de l'Etat que des décisions qui ne s'appliquent pas, ou qui ne produisent aucun effet.
Je vous demande de poursuivre avec célérité et diligence la mise en uvre des mesures des trois comités interministériels égalité et citoyenneté, que la loi égalité citoyenneté viendra compléter.
Autre dimension : la proximité, l'incarnation.
L'Etat doit être présent, physiquement présent auprès de ses citoyens. Il doit avoir un visage, des visages, auxquels on peut se référer.
Je suis l'un des ministres qui s'est le plus déplacé l'an dernier, et je reste pleinement disponible à vos invitations.
Vous-mêmes, je vous encourage vous et vos services à vous rendre tant qu'il est possible sur le terrain, auprès des habitants des quartiers prioritaires notamment.
Troisième axe de vigilance : apporter respect et considération aux citoyens.
Cela passe essentiellement par deux vecteurs dans le cadre de la politique de la ville :
Plus de participation des habitants
Des relations police-population apaisées
Nous devons accorder plus d'importance à la parole citoyenne et surtout encourager son expression.
C'est l'objet des conseils citoyens, c'est l'objet du renforcement de leurs prérogatives dans le cadre de la loi égalité citoyenneté avec un droit d'interpellation.
Veillez à ce que ces dispositifs ne soient pas des coquilles vides. Il faut les faire vivre, il faut qu'ils revêtent une réalité pour les habitants des quartiers.
Et l'autre manière d'apporter aux habitants le respect qui leur est dû, c'est d'être irréprochable dans les relations avec le service public, en particulier avec les forces de l'ordre.
Celles-ci sont mises à très rude épreuve, je le rappelais il y a quelques minutes.
Le travail qu'elles accomplissent depuis janvier 2015 est remarquable et mérite d'être salué, ce que ne manquent jamais de faire le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de l'Intérieur.
Il faut qu'ils continuent à intervenir de manière extrêmement pacifique, quelles que puissent être les provocations dont ils sont l'objet.
Il faut que jamais le doute de la discrimination ne puisse s'installer quant à leurs pratiques.
Je ne doute pas que mon projet de loi sera l'occasion pour des parlementaires de remettre dans le débat public la question du récépissé en lien avec les contrôles d'identité.
Cette procédure de contrôle serait mal acceptée par les forces de l'ordre mais l'objectif reste totalement légitime. Et le mérite qui est le leur collectivement ne peut les dédouaner d'être en toutes circonstances impartiales. Vous êtes les garants de cette impartialité.
Mesdames, Messieurs les Préfets,
Nous avons besoin de retrouver confiance et cohésion. Tout ne dépend pas de vous mais votre rôle est central.
J'espère que ce qui s'annonce comme une amélioration durable de notre économie, ainsi que des moments exceptionnels de rassemblement comme l'Euro de football serviront notre volonté commune.
Pour ce qui set de votre ressort, je vous remercie et vous souhaite bon courage.
Source www.patrickkanner.fr, le 22 juin 2016