Texte intégral
Point de presse conjoint à Jérusalem, le 23 septembre 2001 :
Mesdames et Messieurs,
J'ai donc entamé cet après-midi ce nouveau déplacement en Israël et dans les Territoires palestiniens. Je suis venu dans le même esprit que tous mes amis et collègues européens, c'est-à-dire, pour voir ce que nous pouvons faire d'utile pour le processus de paix. J'ai eu des entretiens très importants avec M. Shimon Peres, en raison d'un sentiment de confiance et d'amitié qui règne entre nous et qui me permet de vous redire ici que je souhaite très vivement que les obstacles qui existent encore et qui ont retardé la rencontre entre lui-même et le président de l'Autorité palestinienne, j'espère très fortement que ces obstacles pourront être surmontés. Les Européens ont tous le même point de vue, vous le savez. Les Américains aussi je crois. Il serait temps que cette rencontre ait lieu, même si nous savons que ce n'est que le début d'un nouveau processus et qu'il y a beaucoup de travail à faire, encore, après.
En arrivant, ce soir, en Israël, je suis dans un pays meurtri par de nombreux attentats cruels, meurtri, blessé, inquiet légitimement pour sa sécurité. Nous comprenons totalement ce besoin, cette aspiration à la sécurité. Nous approuvons totalement la nécessité de lutter contre le terrorisme et nous pensons, les Français, les Européens, nous pensons que la lutte implacable contre le terrorisme doit être complétée par un processus politique pour être encore plus efficace.
Nous éprouvons du respect pour le sentiment d'extrême inquiétude de la population israélienne dans ces périodes si difficiles et si troublées. Mais il faut en sortir, et en sortir avec une vision d'avenir. Donc il faut continuer à travailler. Il faut revenir à une situation qui permette d'enclencher le processus prévu par la Commission Mitchell. C'est ce que nous pensons. Naturellement sur tous ces sujets, il est très important pour la France d'entretenir un contact très étroit avec les autorités israéliennes. Je serai reçu par le Premier ministre Ariel Sharon demain. L'entretien et le dîner de ce soir avec M. Shimon Peres était extrêmement important. Cela permet de savoir exactement où nous en sommes, car je le répète, l'action de la France, comme celle des pays européens n'a pas d'autre but que d'être utile et de faire en sorte qu'Israéliens et Palestiniens sortent de cet engrenage fatal, reprennent la désescalade et puissent retravailler à leur sécurité.
Il y a beaucoup de choses à faire de part et d'autre. Je verrai les Autorités palestiniennes demain. Ce soir, je me concentre sur cet échange que je viens d'avoir avec Shimon Peres.
Q - (inaudible)
R - Concernant la situation après la tragédie du 11 septembre, j'ai raconté à Shimon Peres ce que nous avons vu à Washington compte tenu de l'esprit des échanges que nous avons eu avec le président Bush et Colin Powell. Vous connaissez la position de la France qui a exprimé sa solidarité comme celle des autres pays européens, mais vous savez aussi que les Etats-Unis n'ont pas encore déterminé exactement ce qu'ils comptent faire et par conséquent, on ne va pas spéculer sur la situation. Quant à la question sur laquelle nous n'avons aucun doute, c'est celle de la détermination implacable des gouvernements occidentaux et de nombreux autres gouvernements dans le monde à lutter contre le terrorisme. Pas uniquement punir le terrorisme, mais essayer de le prévenir en traitant toutes ses causes. C'est une grande affaire qui va naturellement durer très longtemps.
Quant à la question sur la coalition, M. Peres ne m'en a pas parlé en ces termes. Nous n'avons pas eu d'échange sous cet angle.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)
____________________________________________________________________________________
Conférence de presse à Jérusalem, le 24 septembre 2001 :
Mesdames et Messieurs,
Je poursuis ma visite et mes entretiens. Je viens de voir M. Beilin. Ce matin, j'ai été reçu très longuement par M. Sharon. Il m'a rappelé son analyse de la situation, sa position. Je lui ai redit à quel point la France était sensible au problème de sécurité d'Israël. Nous savons combien le pays est meurtri ; non seulement par les 160 ou 180 morts et nombreux blessés, mais par le sentiment d'insécurité. Et donc, je lui ai dit que tout le monde comprenait que la sécurité soit l'objectif numéro un des Israéliens et de sa politique, et je lui ai redit aussi que pour les Français, comme je crois, tous les Européens, il n'y a pas de contradiction entre la lutte contre le terrorisme et la recherche d'une solution politique. Nous pensons même que l'absence de perspective politique est un facteur de danger et d'insécurité supplémentaire. Ce qui m'amène à souhaiter une fois de plus que la rencontre qui devait se faire entre Shimon Peres et Yasser Arafat ait lieu le plus vite possible. Cela permettrait de remettre en marche un dialogue qui porterait évidemment sur la sécurité, mais aussi sur les conditions de vie des Palestiniens et sur les perspectives politiques. Donc cette rencontre est urgente ; non pas pour tout régler : c'est naturellement impossible, mais pour entamer la désescalade. Je dois voir cet après-midi Yasser Arafat.
Q - Comment le Premier ministre a-t-il réagi à la question d'une rencontre avec Yasser Arafat ?
R - Il m'a redit qu'il n'était pas hostile en principe, qu'il l'avait depuis longtemps acceptée dans le principe, mais que cela supposait une période de calme. Et que de toute façon, il ne voulait pas négocier sous la menace de la violence. Et je lui ai dit qu'à mes yeux, les deux choses ne sont pas contradictoires, la violence, et la recherche d'une solution.
Q - M. Sharon vous a-t-il indiqué le moment auquel devrait se tenir cette rencontre : bientôt ou est-elle repoussée à plus loin ?
R - Je n'ai pas l'impression qu'elle soit remise aux calendes grecques. J'ai l'impression qu'elle va se tenir mais je ne sais pas quand exactement.
Q - (inaudible)
R - M. Sharon ne m'a tenu que des propos amicaux en ce qui concerne le dialogue entre la France et Israël, et entre Israël et les pays européens. Je l'ai déjà rencontré à plusieurs reprises quand il était ministre des Affaires étrangères. Il connaît nos positions. On se parle franchement. Nous respectons son engagement et sa détermination pour la sécurité d'Israël. Nous pensons que cela doit être complété par une perspective et des initiatives politiques. Je pense qu'il a très bien pris notre démarche. Il trouve notre activité légitime, ça l'intéresse. D'ailleurs, la rencontre a duré beaucoup plus longtemps que prévu. Donc, il n'y a pas de problème de principe sur le rôle des Européens. D'autant que les Européens sont aujourd'hui très cohérents, très homogènes dans leur démarche et leurs conceptions. Et l'actuelle administration américaine n'a aucune réticence, au contraire, contre une importante activité européenne au Proche-Orient puisque nous avons tous le même objectif en fait. Cela ne fait pas disparaître le problème, mais c'est un contexte plus favorable.
Q - Voyez-vous un lien entre le conflit israélo-palestinien et le terrorisme aux Etats-Unis ?
R - Non, ce que je dirais, c'est qu'avant le 11 septembre, mon pays estimait indispensable de relancer le processus de paix au Proche-Orient. Je le pense au moins autant après. Comme l'a dit Colin Powell d'ailleurs. Il a dit : "Raison de plus pour faire la paix au Proche-Orient". Ce n'est pas un rapport de cause à effet. La paix au Proche-Orient est toujours aussi indispensable, pour les Israéliens et pour les Palestiniens.
Q - La France et l'Europe ont condamné les attentats... (inaudible)
R - Il y a beaucoup de choses qui sont condamnables, dans la situation et dans les comportements de part et d'autre. Mais je ne suis pas là pour juger ou condamner. Ce n'est pas l'objet de ma visite. Ce qui m'intéresse c'est de contribuer à un effort qui est fait par beaucoup de pays européens ou autres aujourd'hui pour surmonter le problème. Moi, c'est ça qui m'intéresse. La situation actuelle est très mauvaise. L'engrenage conduit à des situations de pire en pire. Mais ce qui est intéressant, c'est comment on en sort. Et en ce moment, nous sommes concentrés sur ce point : comment surmonter les obstacles, c'est ce à quoi je m'emploie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)
____________________________________________________________________________________
Interview à des medias, à Jérusalem le 24 septembre 2001 :
Q - Alors Monsieur le Ministre, après votre rencontre avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon, vous allez rencontrer le président de l'Autorité palestinienne. Quel message adresserez-vous à Yasser Arafat après cette rencontre avec Ariel Sharon ?
R - Le message, c'est que nous attendons de lui qu'il fasse tous les efforts possibles pour faciliter la reprise d'un processus de rencontres, un processus politique. Je crois qu'on ne peut pas rester dans la trappe où sont les Israéliens et les Palestiniens en ce moment. Il faut interrompre l'engrenage, il faut amorcer la désescalade et je crois que les Palestiniens doivent être engagés complètement dans la maîtrise de la violence, même si eux peuvent considérer qu'ils sont coincés par ceci ou par cela. Mais la solution, c'est de désenclencher un processus qui puisse permettre d'avancer dans le contexte politique actuel.
Q - Après l'attentat de ce matin, vous pensez que la France et les pays européens doivent exercer plus de pression sur l'Autorité palestinienne pour réguler la violence ?
R - Je pense que les attentats que nous condamnons absolument, créent de nouvelles souffrances humaines terribles, et ont pour but d'empêcher la reprise de ce processus. Comme je l'ai dit à M. Sharon ce matin, nous comprenons tout à fait que la population israélienne soit meurtrie et soit extrêmement inquiète, et que ce soit l'objectif numéro un de ce gouvernement israélien. Et nous ne pensons pas non plus - les gouvernements européens partagent ce point de vue - que l'on puisse garantir la sécurité uniquement par des moyens militaires. Malheureusement on le voit. Il faut donc compléter cette politique de sécurité par des initiatives politiques, qui réenclenchent les choses. Parce que l'absence de perspective politique qui existe depuis quelques temps est à elle seule un facteur d'insécurité, un facteur de désespoir. Même si l'Autorité palestinienne fait plus, et M. Sharon a dit devant moi que l'Autorité palestinienne commençait à faire plus pour la sécurité, l'ensemble n'est pas complètement contrôlable malheureusement.
Q - Monsieur le Ministre, vous revenez de Washington. Avez-vous l'impression que les Américains vont changer leur politique vis-à-vis du Proche-Orient après le 11 septembre et coordonnent-ils cette politique avec les Européens ?
R - J'ai constaté que le président Bush et M. Powell accueillaient très favorablement l'activité des Européens au Proche-Orient, coordonnée et organisée par les ministères des Affaires étrangères européens. Quant aux Américains, je voudrais simplement citer ce qu'a dit M. Powell deux jours après l'attentat terrible du 11 septembre. Il a dit "raison de plus pour qu'il y ait la paix au Proche-Orient." Nous pensions avant le 11 septembre qu'il était indispensable d'enclencher un processus de paix au Proche-Orient, y compris avec une dimension politique parce que sans cela, il n'y aura pas de sécurité vraie. Nous le pensons autant après. Au moins autant.
Q - La France et l'Europe pensent-elles que les pays comme la Syrie et l'Iran doivent faire partie de la coalition anti-terroriste ?
R: Je pense qu'on donne à ce mot coalition une importance exagérée. D'abord parce que les autorités américaines ne sont pas en train de mettre sur pied une coalition militaire, comme lors de la guerre du Golfe. Mais c'est plutôt une coalition politique dans la durée pour lutter contre le terrorisme, pour en extirper les racines. Evidemment, il ne suffit pas de dire qu'on entre dans une coalition pour lutter contre le terrorisme pour être en mesure de passer à l'acte et d'être opérationnel. Cela pose évidemment beaucoup de problèmes. Alors je comprends très bien que M. Powell et le président Bush puissent avoir une coalition très large, mais il faudra après que chacun en tire les conséquences et soit logique sur ce plan. Ce n'est pas une coalition au sens militaire, mais au sens institutionnel. Donc, il faut attendre quelques jours pour voir la forme que cela va prendre.
Q - La rencontre Peres/ Arafat, qui se fait attendre, vous paraît-elle être le tremplin incontournable pour relancer les négociations israélo-palestiniennes ?
R - Nous pensons que cette rencontre est indispensable. Et que plus tôt elle aura lieu, mieux cela vaudra. Cela vaut pour les deux côtés. Nous ne pensons pas qu'elle puisse résoudre les problèmes par enchantement, surtout dans la situation qui est celle du Proche-Orient après la dégradation quotidienne de ces derniers mois. Mais il n'y a pas d'autre possibilité à l'heure actuelle pour relancer les choses. Cette rencontre, suivie d'autres rencontres, débouche sur une perspective. Et naturellement, cela permet de parler de sécurité, mais également des conditions de vie des Palestiniens dans les territoires, et aussi d'une perspective politique. Et naturellement, cela suppose, après, que de part et d'autre, on soit logique avec ce nouveau processus. Dans la situation où se trouvent Israël et les Palestiniens aujourd'hui, je pense que grâce à cette rencontre les choses peuvent recommencer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)
Mesdames et Messieurs,
J'ai donc entamé cet après-midi ce nouveau déplacement en Israël et dans les Territoires palestiniens. Je suis venu dans le même esprit que tous mes amis et collègues européens, c'est-à-dire, pour voir ce que nous pouvons faire d'utile pour le processus de paix. J'ai eu des entretiens très importants avec M. Shimon Peres, en raison d'un sentiment de confiance et d'amitié qui règne entre nous et qui me permet de vous redire ici que je souhaite très vivement que les obstacles qui existent encore et qui ont retardé la rencontre entre lui-même et le président de l'Autorité palestinienne, j'espère très fortement que ces obstacles pourront être surmontés. Les Européens ont tous le même point de vue, vous le savez. Les Américains aussi je crois. Il serait temps que cette rencontre ait lieu, même si nous savons que ce n'est que le début d'un nouveau processus et qu'il y a beaucoup de travail à faire, encore, après.
En arrivant, ce soir, en Israël, je suis dans un pays meurtri par de nombreux attentats cruels, meurtri, blessé, inquiet légitimement pour sa sécurité. Nous comprenons totalement ce besoin, cette aspiration à la sécurité. Nous approuvons totalement la nécessité de lutter contre le terrorisme et nous pensons, les Français, les Européens, nous pensons que la lutte implacable contre le terrorisme doit être complétée par un processus politique pour être encore plus efficace.
Nous éprouvons du respect pour le sentiment d'extrême inquiétude de la population israélienne dans ces périodes si difficiles et si troublées. Mais il faut en sortir, et en sortir avec une vision d'avenir. Donc il faut continuer à travailler. Il faut revenir à une situation qui permette d'enclencher le processus prévu par la Commission Mitchell. C'est ce que nous pensons. Naturellement sur tous ces sujets, il est très important pour la France d'entretenir un contact très étroit avec les autorités israéliennes. Je serai reçu par le Premier ministre Ariel Sharon demain. L'entretien et le dîner de ce soir avec M. Shimon Peres était extrêmement important. Cela permet de savoir exactement où nous en sommes, car je le répète, l'action de la France, comme celle des pays européens n'a pas d'autre but que d'être utile et de faire en sorte qu'Israéliens et Palestiniens sortent de cet engrenage fatal, reprennent la désescalade et puissent retravailler à leur sécurité.
Il y a beaucoup de choses à faire de part et d'autre. Je verrai les Autorités palestiniennes demain. Ce soir, je me concentre sur cet échange que je viens d'avoir avec Shimon Peres.
Q - (inaudible)
R - Concernant la situation après la tragédie du 11 septembre, j'ai raconté à Shimon Peres ce que nous avons vu à Washington compte tenu de l'esprit des échanges que nous avons eu avec le président Bush et Colin Powell. Vous connaissez la position de la France qui a exprimé sa solidarité comme celle des autres pays européens, mais vous savez aussi que les Etats-Unis n'ont pas encore déterminé exactement ce qu'ils comptent faire et par conséquent, on ne va pas spéculer sur la situation. Quant à la question sur laquelle nous n'avons aucun doute, c'est celle de la détermination implacable des gouvernements occidentaux et de nombreux autres gouvernements dans le monde à lutter contre le terrorisme. Pas uniquement punir le terrorisme, mais essayer de le prévenir en traitant toutes ses causes. C'est une grande affaire qui va naturellement durer très longtemps.
Quant à la question sur la coalition, M. Peres ne m'en a pas parlé en ces termes. Nous n'avons pas eu d'échange sous cet angle.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)
____________________________________________________________________________________
Conférence de presse à Jérusalem, le 24 septembre 2001 :
Mesdames et Messieurs,
Je poursuis ma visite et mes entretiens. Je viens de voir M. Beilin. Ce matin, j'ai été reçu très longuement par M. Sharon. Il m'a rappelé son analyse de la situation, sa position. Je lui ai redit à quel point la France était sensible au problème de sécurité d'Israël. Nous savons combien le pays est meurtri ; non seulement par les 160 ou 180 morts et nombreux blessés, mais par le sentiment d'insécurité. Et donc, je lui ai dit que tout le monde comprenait que la sécurité soit l'objectif numéro un des Israéliens et de sa politique, et je lui ai redit aussi que pour les Français, comme je crois, tous les Européens, il n'y a pas de contradiction entre la lutte contre le terrorisme et la recherche d'une solution politique. Nous pensons même que l'absence de perspective politique est un facteur de danger et d'insécurité supplémentaire. Ce qui m'amène à souhaiter une fois de plus que la rencontre qui devait se faire entre Shimon Peres et Yasser Arafat ait lieu le plus vite possible. Cela permettrait de remettre en marche un dialogue qui porterait évidemment sur la sécurité, mais aussi sur les conditions de vie des Palestiniens et sur les perspectives politiques. Donc cette rencontre est urgente ; non pas pour tout régler : c'est naturellement impossible, mais pour entamer la désescalade. Je dois voir cet après-midi Yasser Arafat.
Q - Comment le Premier ministre a-t-il réagi à la question d'une rencontre avec Yasser Arafat ?
R - Il m'a redit qu'il n'était pas hostile en principe, qu'il l'avait depuis longtemps acceptée dans le principe, mais que cela supposait une période de calme. Et que de toute façon, il ne voulait pas négocier sous la menace de la violence. Et je lui ai dit qu'à mes yeux, les deux choses ne sont pas contradictoires, la violence, et la recherche d'une solution.
Q - M. Sharon vous a-t-il indiqué le moment auquel devrait se tenir cette rencontre : bientôt ou est-elle repoussée à plus loin ?
R - Je n'ai pas l'impression qu'elle soit remise aux calendes grecques. J'ai l'impression qu'elle va se tenir mais je ne sais pas quand exactement.
Q - (inaudible)
R - M. Sharon ne m'a tenu que des propos amicaux en ce qui concerne le dialogue entre la France et Israël, et entre Israël et les pays européens. Je l'ai déjà rencontré à plusieurs reprises quand il était ministre des Affaires étrangères. Il connaît nos positions. On se parle franchement. Nous respectons son engagement et sa détermination pour la sécurité d'Israël. Nous pensons que cela doit être complété par une perspective et des initiatives politiques. Je pense qu'il a très bien pris notre démarche. Il trouve notre activité légitime, ça l'intéresse. D'ailleurs, la rencontre a duré beaucoup plus longtemps que prévu. Donc, il n'y a pas de problème de principe sur le rôle des Européens. D'autant que les Européens sont aujourd'hui très cohérents, très homogènes dans leur démarche et leurs conceptions. Et l'actuelle administration américaine n'a aucune réticence, au contraire, contre une importante activité européenne au Proche-Orient puisque nous avons tous le même objectif en fait. Cela ne fait pas disparaître le problème, mais c'est un contexte plus favorable.
Q - Voyez-vous un lien entre le conflit israélo-palestinien et le terrorisme aux Etats-Unis ?
R - Non, ce que je dirais, c'est qu'avant le 11 septembre, mon pays estimait indispensable de relancer le processus de paix au Proche-Orient. Je le pense au moins autant après. Comme l'a dit Colin Powell d'ailleurs. Il a dit : "Raison de plus pour faire la paix au Proche-Orient". Ce n'est pas un rapport de cause à effet. La paix au Proche-Orient est toujours aussi indispensable, pour les Israéliens et pour les Palestiniens.
Q - La France et l'Europe ont condamné les attentats... (inaudible)
R - Il y a beaucoup de choses qui sont condamnables, dans la situation et dans les comportements de part et d'autre. Mais je ne suis pas là pour juger ou condamner. Ce n'est pas l'objet de ma visite. Ce qui m'intéresse c'est de contribuer à un effort qui est fait par beaucoup de pays européens ou autres aujourd'hui pour surmonter le problème. Moi, c'est ça qui m'intéresse. La situation actuelle est très mauvaise. L'engrenage conduit à des situations de pire en pire. Mais ce qui est intéressant, c'est comment on en sort. Et en ce moment, nous sommes concentrés sur ce point : comment surmonter les obstacles, c'est ce à quoi je m'emploie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)
____________________________________________________________________________________
Interview à des medias, à Jérusalem le 24 septembre 2001 :
Q - Alors Monsieur le Ministre, après votre rencontre avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon, vous allez rencontrer le président de l'Autorité palestinienne. Quel message adresserez-vous à Yasser Arafat après cette rencontre avec Ariel Sharon ?
R - Le message, c'est que nous attendons de lui qu'il fasse tous les efforts possibles pour faciliter la reprise d'un processus de rencontres, un processus politique. Je crois qu'on ne peut pas rester dans la trappe où sont les Israéliens et les Palestiniens en ce moment. Il faut interrompre l'engrenage, il faut amorcer la désescalade et je crois que les Palestiniens doivent être engagés complètement dans la maîtrise de la violence, même si eux peuvent considérer qu'ils sont coincés par ceci ou par cela. Mais la solution, c'est de désenclencher un processus qui puisse permettre d'avancer dans le contexte politique actuel.
Q - Après l'attentat de ce matin, vous pensez que la France et les pays européens doivent exercer plus de pression sur l'Autorité palestinienne pour réguler la violence ?
R - Je pense que les attentats que nous condamnons absolument, créent de nouvelles souffrances humaines terribles, et ont pour but d'empêcher la reprise de ce processus. Comme je l'ai dit à M. Sharon ce matin, nous comprenons tout à fait que la population israélienne soit meurtrie et soit extrêmement inquiète, et que ce soit l'objectif numéro un de ce gouvernement israélien. Et nous ne pensons pas non plus - les gouvernements européens partagent ce point de vue - que l'on puisse garantir la sécurité uniquement par des moyens militaires. Malheureusement on le voit. Il faut donc compléter cette politique de sécurité par des initiatives politiques, qui réenclenchent les choses. Parce que l'absence de perspective politique qui existe depuis quelques temps est à elle seule un facteur d'insécurité, un facteur de désespoir. Même si l'Autorité palestinienne fait plus, et M. Sharon a dit devant moi que l'Autorité palestinienne commençait à faire plus pour la sécurité, l'ensemble n'est pas complètement contrôlable malheureusement.
Q - Monsieur le Ministre, vous revenez de Washington. Avez-vous l'impression que les Américains vont changer leur politique vis-à-vis du Proche-Orient après le 11 septembre et coordonnent-ils cette politique avec les Européens ?
R - J'ai constaté que le président Bush et M. Powell accueillaient très favorablement l'activité des Européens au Proche-Orient, coordonnée et organisée par les ministères des Affaires étrangères européens. Quant aux Américains, je voudrais simplement citer ce qu'a dit M. Powell deux jours après l'attentat terrible du 11 septembre. Il a dit "raison de plus pour qu'il y ait la paix au Proche-Orient." Nous pensions avant le 11 septembre qu'il était indispensable d'enclencher un processus de paix au Proche-Orient, y compris avec une dimension politique parce que sans cela, il n'y aura pas de sécurité vraie. Nous le pensons autant après. Au moins autant.
Q - La France et l'Europe pensent-elles que les pays comme la Syrie et l'Iran doivent faire partie de la coalition anti-terroriste ?
R: Je pense qu'on donne à ce mot coalition une importance exagérée. D'abord parce que les autorités américaines ne sont pas en train de mettre sur pied une coalition militaire, comme lors de la guerre du Golfe. Mais c'est plutôt une coalition politique dans la durée pour lutter contre le terrorisme, pour en extirper les racines. Evidemment, il ne suffit pas de dire qu'on entre dans une coalition pour lutter contre le terrorisme pour être en mesure de passer à l'acte et d'être opérationnel. Cela pose évidemment beaucoup de problèmes. Alors je comprends très bien que M. Powell et le président Bush puissent avoir une coalition très large, mais il faudra après que chacun en tire les conséquences et soit logique sur ce plan. Ce n'est pas une coalition au sens militaire, mais au sens institutionnel. Donc, il faut attendre quelques jours pour voir la forme que cela va prendre.
Q - La rencontre Peres/ Arafat, qui se fait attendre, vous paraît-elle être le tremplin incontournable pour relancer les négociations israélo-palestiniennes ?
R - Nous pensons que cette rencontre est indispensable. Et que plus tôt elle aura lieu, mieux cela vaudra. Cela vaut pour les deux côtés. Nous ne pensons pas qu'elle puisse résoudre les problèmes par enchantement, surtout dans la situation qui est celle du Proche-Orient après la dégradation quotidienne de ces derniers mois. Mais il n'y a pas d'autre possibilité à l'heure actuelle pour relancer les choses. Cette rencontre, suivie d'autres rencontres, débouche sur une perspective. Et naturellement, cela permet de parler de sécurité, mais également des conditions de vie des Palestiniens dans les territoires, et aussi d'une perspective politique. Et naturellement, cela suppose, après, que de part et d'autre, on soit logique avec ce nouveau processus. Dans la situation où se trouvent Israël et les Palestiniens aujourd'hui, je pense que grâce à cette rencontre les choses peuvent recommencer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)