Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur les victimes civiles de la Deuxième Guerre mondiale, à Paris le 6 octobre 2016.

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Circonstance : Lancement du site internet du Maitron, à Paris le 19 octobre 2016

Texte intégral


Madame la directrice du musée du Général Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin,
Messieurs le Président et Vice-Président de l'association « Pour un Maitron des fusillés exécutés » et je salue à travers vous l'ensemble de votre équipe,
Mesdames et messieurs les historiens,
Mesdames et messieurs,
Je remercie madame Christine Levisse-Touzé de nous accueillir une nouvelle fois ici. J'étais mardi entre ces murs, aux côtés de la ministre de la défense de la République fédérale allemande pour inaugurer une exposition sur la résistance allemande.
Aujourd'hui, c'est un autre sujet qui nous réunit, celui des fusillés, exécutés et massacrés durant la Seconde Guerre mondiale, témoignage de la vitalité de ce lieu symbole de l'esprit de Résistance. C'est pourquoi le ministère de la défense soutient le projet de transfert de ce musée sur un site plus attractif et qui fait sens historiquement.
La rencontre des deux cycles commémoratifs exceptionnels du centenaire de la Grande Guerre et du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, nous a offert l'occasion de rendre un hommage sans précédent aux victimes civiles.
C'était la volonté du Président de la République, exprimée le 6 juin 2014 en Normandie.
Je me suis rendu le 8 mai dernier à Falaise, pour inaugurer le mémorial aux victimes civiles. J'étais le 10 juin à Oradour, le 24 août à Buchères, le 25 à Maillé pour dire l'innommable, pour exprimer l'inacceptable.
Je serai fin octobre à Châteaubriant à l'occasion du 75e anniversaire de l'exécution des otages parmi lesquels figurait Guy Môquet.
La Seconde Guerre mondiale a ravagé des villes et villages entiers, des familles, des femmes, des hommes, des enfants. Elle a indistinctement frappé des ouvriers, des étudiants, des médecins, des paysans.
Le Mosellan que je suis est tout particulièrement sensible à l'histoire des civils dans la guerre tant l'Alsace-Moselle a vu l'ensemble de sa population et de ses familles affronter la guerre et supporter l'annexion avec courage et foi en la France.
Longtemps délaissé par la mémoire, le souvenir des souffrances des civils est ravivé ces dernières années à l'aune des recherches historiques, des associations de familles mais aussi à l'aune du travail remarquable accompli par une association comme la vôtre.
Je veux saluer l'énergie déployée par Claude Pennetier et toute l'équipe du Maitron et je veux avoir une pensée émue pour Jean-Pierre Besse, à l'initiative de ce projet ambitieux, qui nous a quittés en 2012.
En donnant accès à ces 10 000 fiches biographiques, bientôt 30 000, vous rendez à chacune de ces victimes de la répression un nom, un parcours, une histoire.
Vous leur rendez la place qui leur est due dans notre mémoire collective.
C'est un véritable monument aux morts virtuel qui prend forme, point de ralliement de toutes les mémoires civiles du conflit comme vit au Mont-Valérien, Haut lieu de la mémoire nationale, le souvenir de 1008 fusillés dont le nom est inscrit dans l'éternité de la pierre.
Ce projet du Maitron a mobilisé de nombreux historiens pour offrir à la question des victimes civiles une approche scientifique, premier pas indispensable vers la pleine reconnaissance.
Et c'est aujourd'hui ma responsabilité, en tant que Secrétaire d'Etat à la mémoire, de participer au lancement du site internet et de vous assurer du soutien du ministère de la défense pour la poursuite de vos recherches.
C'est une responsabilité à l'égard des familles des victimes, pour construire leur travail de mémoire.
C'est une responsabilité à l'égard des plus jeunes d'entre nous qui doivent mesurer le sacrifice de la génération de la guerre. Une génération en train de s'éteindre à laquelle doit succéder le travail pédagogique comme œuvre de témoignage.
Mesdames et messieurs, le grand projet du Maitron nous ouvre les yeux sur une réalité cruelle : la guerre s'en prend aussi aux civils.
Aujourd'hui encore, ailleurs dans le monde, elle fait des morts, des blessés, des réfugiés. Cette vérité est bien là, sous nos yeux. Elle est insupportable pour l'âme humaine.
Mais cette vérité nous engage aussi à répondre à ce drame humain avec courage et esprit de fraternité.
C'est pourquoi je remercie une nouvelle fois toute l'équipe de l'Association « pour un Maitron des fusillés exécutés » qui nous aide à mieux connaître l'histoire des victimes civiles en temps de guerre et à mieux mesurer leur sacrifice.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 19 octobre 2016