Texte intégral
FABIENNE SINTES
Notre invitée ce matin est ministre de la Santé et des Affaires sociales.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
50.200 chômeurs de plus au mois d'août, ce sont les chiffres dont nous avons pris connaissance hier soir. Le chômage c'est un drame, bien entendu, pour ceux qui ne travaillent pas, pour le gouvernement, comment vous qualifieriez ce chiffre, c'est une déception, c'est un coup dur ?
MARISOL TOURAINE
Les résultats qui ont été annoncés hier sont décevants, mais, vous l'avez dit, avant de parler de chiffres, il faut parler d'hommes et de femmes, de familles, qui sont confrontés à des situations extraordinairement difficiles, et qui vivent dans l'inquiétude, et moi je pense à ces hommes et à ces femmes avant tout. 50.000 chômeurs de plus, c'est un résultat décevant, inattendu d'ailleurs, je dois le dire, décevant même si on peut trouver des explications. On peut trouver des explications conjoncturelles, les attentats terroristes, la météo qui a été mauvaise, les inondations, enfin toute une série de facteurs. Il n'empêche que, ces résultats sont décevants, mais moi je ne perds pas le cap de la politique qui est menée, et nous serrons les coudes, nous avançons, de façon résolue, déterminée, parce que ce qui compte aussi c'est la tendance. Encore une fois, je ne minimise pas les résultats d'hier, je dis simplement il y a une trajectoire, nous sommes dans une période, à la suite d'un mois de turbulences, mais la trajectoire nous n'en devions pas, les objectifs sont là, et le chômage, depuis 1 an, a baissé, même si on aurait souhaité qu'il baisse davantage
JEAN-MICHEL APHATIE
Très peu.
MARISOL TOURAINE
Mais, il a baissé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il a baissé très peu. Les perspectives, selon l'UNEDIC, ne sont pas bonnes pour l'année prochaine
MARISOL TOURAINE
Non, mais ces turbulences
JEAN-MICHEL APHATIE
La croissance risque de ne pas être très importante dans les mois qui viennent.
MARISOL TOURAINE
Les résultats sont décevants, mais ils n'effacent ni le chemin qui a été parcouru, ni la trajectoire que nous suivons et dont nous ne dévions pas, et la croissance, la politique économique qui est suivie, doivent nous permettre d'accélérer, si j'ose dire, de renforcer ce que nous faisons pour permettre aux jeunes et aux moins jeunes de trouver un emploi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le chômage c'est la préoccupation principale des Français, tout le monde sait, le président de la République le premier, qu'il sera jugé là-dessus. Il en parlait, comme nous allons l'entendre, le 15 juillet 2015, c'est-à-dire le 15 juillet de l'année dernière, en ces termes.
FRANÇOIS HOLLANDE
Donc, je serai jugé sur une obligation de résultat. S'il n'y a pas de baisse du chômage, je l'ai dit plusieurs fois, je ne serai pas candidat.
DAVID PUJADAS
La baisse du chômage par rapport à mai 2012 ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Non, d'inversion de ce qui est une augmentation du chômage.
DAVID PUJADAS
Durable.
FRANÇOIS HOLLANDE
Oui, durable.
DAVID PUJADAS
C'est-à-dire plusieurs mois de baisse
FRANÇOIS HOLLANDE
Pourquoi ? Parce que, s'il n'y a pas de résultat, pourquoi ils me feraient confiance pour 5 ans de plus. Moi c'est un principe, c'est un principe de responsabilité.
JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà, 14 juillet 2015, « si je n'ai pas de résultat, pourquoi me feraient-ils confiance ? »
MARISOL TOURAINE
Mais le chômage a baissé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Très peu.
MARISOL TOURAINE
Le chômage a baissé.
JEAN-MICHEL APHATIE
10.000 depuis le début de l'année, c'est-à-dire pratiquement rien.
MARISOL TOURAINE
Non, plus, on est à 25 ou 30.000, puisque l'augmentation d'hier a effacé une partie des résultats obtenus, mais nous sommes à 25.000 chômeurs de moins, le travail est engagé, et, encore une fois, le cap est pris, la trajectoire est là, et moi je suis confiante pour les mois à venir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça ne remet pas en cause le projet de François HOLLANDE d'être à nouveau candidat à un mandat à l'Elysée ?
MARISOL TOURAINE
Non, pour moi cela ne remet pas en cause ce projet et je dois le dire, je souhaite que les termes de la campagne soient plantés rapidement et que le cadre de la campagne soit connu le plus rapidement possible. François HOLLANDE
JEAN-MICHEL APHATIE
En décembre.
MARISOL TOURAINE
Non, François HOLLANDE présente son bilan, marque son action, donne le sens de l'action qu'il a menée et celle qu'il veut porter, il a une vision à présenter pour le pays, pour la France, il doit rappeler ce qui a été fait, parce que, si l'on parle de bilan, on parle de chômage, mais on doit aussi parler du rétablissement des comptes de la Sécurité sociale, on doit parler de la mise en place de politiques sociales qui sont fortes, qui sont ambitieuses, et on doit parler de politique éducative.
JEAN-MICHEL APHATIE
Tout ne se résume pas au chômage, mais le chômage c'est important quand même.
MARISOL TOURAINE
Mais je ne vous dis pas que le chômage n'est pas important, je dis simplement qu'une politique gouvernementale ne se résume pas à cet élément-là, même s'il est tout à fait important. Et, moi, ministre des Affaires sociales, qui depuis 4,5 ans maintenant, ou presque 4,5 ans, me bats pour améliorer la santé de nos concitoyens, pour faire en sorte que les retraites soient garanties, pour faire en sorte que les familles les plus pauvres puissent bénéficier d'allocations supplémentaires, je suis évidemment soucieuse de porter ce bilan et de montrer que le quinquennat de François HOLLANDE c'est un quinquennat de progrès social.
GILLES BORNSTEIN
Il n'empêche qu'hier Le Monde a publié une enquête IPSOS pour le CEVIPOF qui montre qu'il n'y a pas la moindre perspective de présence de François HOLLANDE, au deuxième tour il est 3e, parfois 4e. Votre responsabilité n'est-elle pas de, finalement, soutenir un autre candidat ?
MARISOL TOURAINE
Ma responsabilité c'est de rappeler le travail considérable qui a été réalisé et de marquer une ambition.
GILLES BORNSTEIN
Mais l'opinion ne vous entend pas, il est loin, loin, loin.
MARISOL TOURAINE
Nous devons marteler, marteler, marteler, et une campagne ça commence lorsque les candidats sont connus et lorsque les termes du débat sont connus.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il ne faut pas faire de déni de réalité non plus, la relation de François HOLLANDE à l'opinion publique est très dégradée, vous êtes obligée d'en convenir, ou sinon c'est artificiel.
MARISOL TOURAINE
Aujourd'hui nous sommes dans une phase de primaire ou de précampagne, en quelque sorte, les candidats se préparent, les Français vont choisir leurs candidats, parce que c'est quelque chose de nouveau dans notre pays, les Français vont choisir leurs candidats, puis la bataille politique va s'engager, c'est à ce moment-là que les choses se joueront, et nous devons faire en sorte que la gauche puisse porter ses valeurs, son projet, dans cette bataille-là.
FABIENNE SINTES
Mais quand même, quand on voit ces chiffres, il la plombe la gauche François HOLLANDE, en tout cas en ce moment, non. Est-ce qu'il ne vous met pas des semelles de plomb ?
MARISOL TOURAINE
Ce raisonnement voudrait dire qu'il y aurait un candidat qui serait susceptible de nous porter
JEAN-MICHEL APHATIE
Qui ? Un nom, pas deux, un.
MARISOL TOURAINE
Non, je n'en vois aucun
JEAN-MICHEL APHATIE
Nous on en voit un dans l'opinion publique.
MARISOL TOURAINE
Et François HOLLANDE a un bilan dont je dis qu'il est un bilan important, solide, considérable sur le plan social, mais pas uniquement sur le plan social, je prêche pour ma paroisse, et vous me le permettrez, et il a cette vision à porter, d'une France qui avance sur le chemin d'un progrès raisonnable, tout en étant compétitif sur le plan économique.
JEAN-MICHEL APHATIE
On voit un nom, mais on va garder le suspens.
MARISOL TOURAINE
Moi je ne le vois pas.
GILLES BORNSTEIN
Enorme suspens.
FABIENNE SINTES
Avec 12 à 14 % d'intentions de vote, mais on n'en dit pas plus.
( )
FABIENNE SINTES
L'homme mystère, Marisol TOURAINE, vous savez qui c'est bien sûr, Emmanuel MACRON crédité donc de 12 à 14 % des intentions de vote. Est-ce que ce n'est pas le grand perturbateur cet homme-là ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, je ne sais pas ce qu'il propose, je ne sais pas ce qu'il pense, et donc nous verrons en temps et en heure.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous voyez l'impact qu'il a. On ne peut pas nier la réalité politique aujourd'hui.
MARISOL TOURAINE
Je ne nie rien.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il a un impact Emmanuel MACRON, vous en convenez ou pas ?
MARISOL TOURAINE
Jean-Michel APHATIE, je ne nie rien, je soutiens le président de la République et la candidature du président de la République à sa réélection, parce que je pense qu'il porte les valeurs de la gauche et que je suis, moi, femme de gauche, attentive à ce que ces valeurs-là soient portées dans l'élection présidentielle.
GILLES BORNSTEIN
On dirait que vous préférez vous crasher avec François HOLLANDE que gagner avec un autre.
MARISOL TOURAINE
Non, je préfère rappeler ce qui a été fait, et si vous voulez bien, moi je voudrais évoquer les dossiers concrets.
GILLES BORNSTEIN
On y va.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez vous poser les questions à vous-même
MARISOL TOURAINE
On peut faire des débats généraux et dire ceci ou cela, moi ce que je sais, c'est que depuis 4,5 ans, alors que la Sécurité sociale était menacée par son déficit, qui était abyssal, nous allons vers l'équilibre et que le trou de la Sécu ça va bientôt être un mauvais souvenir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce que conteste un peu la Cour des comptes.
MARISOL TOURAINE
Non, la Cour des comptes ne conteste pas
JEAN-MICHEL APHATIE
En disant que peut-être vous sous-estimez les dépenses que vous faites.
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, je vais vous dire, Jean-Michel APHATIE
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est une éternelle querelle de chiffres vous me direz.
MARISOL TOURAINE
Non, ce n'est pas une éternelle querelle de chiffres, parce que, moi je suis ministre depuis 4,5 ans, et chaque année j'ai le même rapport, chaque année j'ai le même doute, chaque année on m'explique que les objectifs que je fixe je ne vais pas les tenir, et chaque année je fais mieux que ce que j'ai annoncé. Moi je suis quelqu'un d'assez prudent et raisonnable dans les annonces que je fais, j'annonce ce que je pense pouvoir tenir, jusqu'à maintenant j'ai fait mieux que ce que j'annonçais. Et donc, ce que je prévois pour l'année prochaine, c'est un déficit de 400 millions d'euros, sur 500 milliards de dépenses, donc je dis on est quasiment à l'équilibre, j'aurais pu dire zéro, j'aurais pu jouer les matamores, je ne l'ai pas fait. Je joue la responsabilité, et ce qui pour moi est important c'est que ce résultat, financier, ce n'est pas seulement un résultat comptable, c'est important que les comptes soient bien tenus, mais ça ne suffit pas, il faut que dans le même temps des droits sociaux nouveaux soient apportés. Je vous donne un exemple. En matière de retraite, j'ai assumé mes responsabilités, j'ai allongé la durée de cotisation, mais en même temps j'ai fait en sorte que les personnes qui ont connu un travail pénible puissent partir à la retraite plus tôt, puisque comme ces personnes ont une espérance de vie plus courte, je trouve juste qu'elles puissent partir à la retraite plus tôt. Et la même chose se fait en matière de politique familiale ou en matière de santé. Ce n'est donc pas en remettant en cause les droits des Français que j'atteins ce résultat financier, c'est en mettant en place des politiques d'organisation, et je lance aujourd'hui une campagne sur les médicaments génériques, qui est très importante. Le médicament générique c'est justement quelque chose d'important, la campagne c'est « Le médicament générique ça se mérite », parce que c'est gagnant/ gagnant. C'est aussi sûr, aussi efficace, qu'un médicament de marque, ça coûte moins cher, et donc nous avons intérêt à développer ces médicaments, des progrès important ont été réalisés depuis quelques années, depuis que je suis aux responsabilités, mais il faut poursuivre et c'est pour ça qu'une grande campagne, à destination du public, des médecins, des pharmaciens, est lancée à partir d'aujourd'hui, des spots télé, etc.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez présenter cette campagne tout à l'heure, effectivement, on pourra en voir des spots à la télévision et écouter à la radio.
MARISOL TOURAINE
« Le médicament générique, ça se mérite », parce que ce n'est pas un médicament au rabais.
GUY BIRENBAUM
Ce n'est pas génial non plus comme slogan, si je puis me permettre.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, un spécialiste des slogans !
GUY BIRENBAUM
« Générique, ça se mérite », ça ne rime même pas, mais bon ! Ce n'est pas grave.
MARISOL TOURAINE
Ça ne rime pas, oui, mais l'idée c'est que c'est facile
GUY BIRENBAUM
Je vous dis ça comme ça
GILLES BORNSTEIN
C'est comme « Les antibiotiques, c'est pas automatique. »
MARISOL TOURAINE
Ça se retient facilement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous dites que la situation de la Sécurité sociale s'améliore sur le plan financier, on note qu'à l'hôpital public la situation a plutôt tendance à se dégrader, une grève se poursuit actuellement, elle a commencé hier, qui occupe des médecins qui sont assez insatisfaits de leurs conditions de travail, et je vous propose d'écouter au micro de Véronique JULIA de France Info, Éric, qui est infirmier, et qui décrit lui aussi ce qu'il a vécu à l'hôpital public, parce qu'il l'a quitté. Écoutez-le.
ERIC
J'étais en état de burn-out. Sous prétexter de la permanence des soins on peut faire des semaines à 100 heures. Les conditions de travail étaient très mauvaises.
VÉRONIQUE JULIA
Le salaire, il suit ?
ERIC
Bien sûr que non, parce que 16 heures, de nuit médicale, sont payées 230 euros nets à peu près.
JEAN-MICHEL APHATIE
L'hôpital proche du burn-out ?
MARISOL TOURAINE
Il y a des conditions de travail qui peuvent être difficiles à l'hôpital public. La grève que vous évoquiez, hier, a été peu suivie, mais pour moi l'essentiel n'est pas là
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a un malaise.
MARISOL TOURAINE
Puisque je dois retrouver les médecins, leurs représentants, la semaine prochaine, pour annoncer le contenu précis de mesures permettant de rendre plus attractif le travail à l'hôpital, parce qu'il y a des hôpitaux dans lesquels il n'y a pas assez de médecins, et il y a des spécialités médicales dans lesquelles on n'a pas assez non plus de professionnels, donc
FABIENNE SINTES
Mesures donc financières, parce que c'est ça qu'ils réclament, mesures financières ou pas ?
MARISOL TOURAINE
Oui, il y aura des mesures financières, et des mesures financières significatives, sur lesquelles nous travaillons, avec les médecins d'ailleurs, depuis plusieurs mois. Il y a des infirmiers qui ont bénéficié de revalorisation salariale significative, entre 250 et 500 euros par an selon la catégorie de la carrière, le niveau de la carrière. Mais moi je suis extrêmement attentive aux conditions de travail et je souhaite que, service par service, hôpital par hôpital, les questions soient posées, il y a des mesures nationales, et tout ce qui pourra être fait le sera, y compris, lorsque c'est nécessaire, des recrutements. Mais puisque vous interrogiez un infirmier, moi je voudrais dire que, contrairement aux idées reçues, il y a plus d'infirmiers qui travaillent à l'hôpital aujourd'hui, qu'il y a 4 ans. Nous avons recruté 26.000 officiers, infirmiers pardon, depuis 4 ans, 26.000 infirmiers, ce qui représente des bras, du soutien, pour l'hôpital public, et je suis très attentive à l'hôpital public parce qu'il joue un rôle essentiel dans notre système de santé et dans notre pays de façon général.
GUY BIRENBAUM
Le lapsus officiers/ infirmiers me permet de dérouler la Une du Figaro qui évoque des problèmes de violence dans l'hôpital, et notamment il y a cette déclaration qu'on a tous repérée en Une, de Patrick PELLOUX, l'urgentiste, qui dit : pour peu qu'il y ait un foyer islamique dans le quartier, ils font la loi aux urgences. Vous avez forcément vu ça avant d'arriver.
MARISOL TOURAINE
Oui, le rapport qui est évoqué dans Le Figaro est un rapport qui n'est pas nouveau, puisqu'il date de 2015, c'est un rapport sur lequel nous travaillons. Et je veux dire, sans minimiser les difficultés, que s'il y a davantage de faits de violence connus, c'est parce qu'il y a davantage de déclarations, et que j'ai moi-même appelé les hôpitaux à déclarer systématiquement tous les faits de violence, ce qui n'est probablement pas encore le cas, parce que si on veut lutter contre la violence à l'hôpital il faut qu'il y ait des plaintes déposées auprès des commissariats. Des actions ont commencé à être menées, des conventions entre les hôpitaux, le ministère de la Justice, les commissariats de police, ont été signées, 530 conventions ont d'ores et déjà été signées. Il faut aller plus loin, j'ai moi-même nommé un commissaire de police, à mon ministère, pour suivre ces questions-là, et donc nous travaillons, et là encore avec les enjeux liés au terrorisme, on voit bien que des mesures complémentaires doivent être prises.
FABIENNE SINTES
Ce n'est pas ça que dit PELLOUX.
GUY BIRENBAUM
Ce n'est pas ça ce qu'il dit.
MARISOL TOURAINE
Ce que dit Patrick PELLOUX ne renvoie pas uniquement à la question de la sécurité
GILLES BORNSTEIN
Mais c'est vrai ou ce n'est pas vrai ?
MARISOL TOURAINE
Ça renvoie à la question de la pression
FABIENNE SINTES
Aux tensions religieuses.
MARISOL TOURAINE
Aux tensions religieuses, qui existent dans certains hôpitaux.
JEAN-MICHEL APHATIE
Qui existent et qui s'accroissent, qui sont un problème aujourd'hui à l'hôpital ?
MARISOL TOURAINE
Non, qui ne sont pas un problème général
GILLES BORNSTEIN
« Ils font la loi », dit-il.
MARISOL TOURAINE
Dans certains hôpitaux, il y a des difficultés, ils ne font pas la loi, les médecins sont extrêmement fermes, et moi je dis de la manière la plus ferme et déterminée possible, il n'est pas acceptable que dans l'hôpital d'autres règles que celles de la santé et de la sécurité, soient applicables. Lorsqu'un homme demande que sa femme soit examinée de telle ou telle manière ou
FABIENNE SINTES
Examinée par une femme en l'occurrence.
MARISOL TOURAINE
Oui, par une femme, si une femme est disponible pourquoi pas, quand il y a une urgence on ne pose pas la question. Lorsqu'un homme demande que sa femme garde son voile alors qu'elle accouche, ce n'est pas acceptable et ce n'est pas soutenable, et d'ailleurs ce n'est pas accepté. Donc, le message que je passe, est le message de la plus absolue fermeté, de la plus grande détermination et les équipes médicales, les équipes hospitalières, peuvent compter sur moi dans telles circonstances, mais ne faisons pas comme si ces situations particulières étaient généralisées à l'hôpital public ou, d'ailleurs, dans les hôpitaux privés.
FABIENNE SINTES
Marisol TOURAINE, vous restez avec nous.
( )
FABIENNE SINTES
Retour dans l'émission politique de Franceinfo avec Marisol TOURAINE, question.
JEAN-MICHEL APHATIE
Anne HIDALGO a fait voter hier au conseil municipal de Paris l'interdiction des voies sur berges, donc il y a le débat de fond, la pollution, mais ce n'est pas là-dessus que j'ai envie, que nous avons envie de vous entendre, Marisol TOURAINE, on voulait vous faire écouter la Maire de paris qui justifie de la manière que nous allons écouter ensemble le vote obtenu en Conseil de Paris sur l'interdiction des voies sur berges.
Extrait Anne HIDALGO
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce son nous a marqué parce qu'Anne HIDALGO est à gauche, elle soutient normalement le gouvernement, mais vous voyez là, elle n'est pas sympa avec le gouvernement, la division est quand même assez, l'expression est assez étonnante.
MARISOL TOURAINE
Oui et sans doute inutile. Elle a fait passer son projet, c'est ça que je retiens. Elle a fait passer son projet qui est un bon projet même si sa mise en oeuvre appellera sans doute à des évolutions, des modifications, mais au fond les enjeux de santé publique sont importants et il faut faire en sorte que la voiture occupe moins l'espace. Mais nous sommes dans un moment, vous l'avez évoqué vous-même en début d'émission qui est difficile et le pays est confronté à des défis importants et donc c'est aussi dans les moments difficiles que l'on peut apprécier la solidarité des uns et des autres.
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle n'est pas très bonne camarade.
MARISOL TOURAINE
Je n'ai rien d'autre à dire, je crois que c'est, la solidarité dans les moments faciles, c'est facile.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et donc la solidarité dans les moments difficiles, c'est difficile, Anne HIDALGO qui fait dire, alors ça il n'y a pas d'expression publique qu'elle ne veut pas que les ministres soient candidats, en l'occurrence candidates aux élections législatives du mois de juin, Myriam EL KHOMRI et Audrey AZOULAY ont envie d'être candidates à Paris, et Anne HIDALGO s'y oppose.
MARISOL TOURAINE
Écoutez là il y a des règles qui sont que les militants tranchent, que des ministres aient envie de poursuivre une action politique en disons, en essayant de conquérir le suffrage universel, ça me parait une bonne chose, il ne m'appartient pas de déterminer où elles doivent ou peuvent être candidates.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pas de ministre à Paris dit Anne HIDALGO.
MARISOL TOURAINE
Au fond je pense que Paris aurait par ailleurs tout à gagner à ce qu'il y ait des personnalités fortes, ambitieuses pour le pays qui puissent porter des politiques de gauche et des valeurs de gauche dans la capitale. Mais encore une fois ce n'est pas de mon ressort, moi je ne me mêle pas de ce qui n'est pas de ma compétence, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous serez candidate vous aux élections législatives, Marisol TOURAINE ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, je suis comment dire enracinée en Indre et Loire, le temps des candidatures viendra, mais c'est mon département et c'est là que j'ai fait ma vie politique.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et que vous la continuerez si on comprend bien.
GILLES BORNSTEIN
L'étiquetage nutritionnel n'est pas encore entré en vigueur, est-ce que vous avez cédée au lobby des distributeurs et des industriels ? On en parle depuis je ne sais combien de temps.
MARISOL TOURAINE
Oui mais en ce moment on expérimente.
GILLES BORNSTEIN
Oui mais enfin à un moment il faut arrêter d'expérimenter, il faut y aller.
MARISOL TOURAINE
Il faut y aller, mais il faut y aller à condition que ça marche, parce que moi je n'ai pas la possibilité d'imposer l'étiquetage nutritionnel.
FABIENNE SINTES
On expérimente sur 1 300 produits dans 40 supermarchés.
MARISOL TOURAINE
Oui voilà, enfin c'est une expérimentation, en gros il y a deux grands logos, il y en a davantage en réalité, mais il y a deux grands logos, on a tous vu un paquet de biscuits ou d'autres choses
FABIENNE SINTES
Il y a un logo simple, un logo compliqué.
MARISOL TOURAINE
Non, il y a des tas d'informations et l'objectif qui est le mien, c'est d'apposer un logo, ce qu'on appelle synthétique, c'est-à-dire qui permette de voir du premier coup d'oeil si c'est bon pour la santé, enfin ou quelles sont les qualités nutritionnelles du produit. Il y a deux logos qui sont en piste et les deux logos ont été jugés équivalents par les agences sanitaires. Moi, je ne me mêle pas
GILLES BORNSTEIN
Vous vous engagez à ce que l'un des deux soit appliqué à tous les produits ?
MARISOL TOURAINE
Ah oui.
GILLES BORNSTEIN
Quand ?
MARISOL TOURAINE
A partir de l'année prochaine. L'expérimentation a lieu à l'automne et nous allons voir si les consommateurs réagissent davantage à l'un des logos qu'à l'autre et si par ailleurs, ça les amène à faire des choix de consommateurs d'achats qui soient plus favorables pour leur santé. Donc c'est des équipes de scientifiques qui examinent cela, et moi je verrais les résultats de cette enquête, les résultats de cette expérimentation et il y aura un logo sur les paquets industriels.
FABIENNE SINTES
Marisol TOURAINE, il nous reste un peu plus d'un minute, est-ce que vous avez eu le temps de jeter un oeil sur le débat CLINTON/TRUMP, au moins sur ce qui s'est dit, est-ce que ça vous intéresse ce qui a pu être raconté hier soir ?
MARISOL TOURAINE
Evidemment que ça m'intéresse parce que c'est un fait, ce qui se passe aux Etats-Unis a des répercussions sur le monde entier et je dirais par ailleurs que la personnalité de Donald TRUMP ne peut pas laisser indifférente.
FABIENNE SINTES
C'était le corollaire de ma question, ça vous fait peur ou pas ?
MARISOL TOURAINE
Oui, ça inquiète. Je dois dire que ça inquiète parce que c'est un homme qui porte des propos extrêmes, extrémistes, outranciers, ce n'est pas ma conception de la politique et je ne pense pas que le monde ait à gagner à ce genre de responsables politiques. Ce qui m'inquiète c'est qu'au fond on a le sentiment en regardant ce qui se passe en Europe que Donald TRUMP fait des petits. Il y a, y compris dans notre pays la tentation de l'outrance, la tentation de l'extrême, la tentation du populisme, c'est vrai en France, c'est vrai en Italie, c'est vrai en Allemagne, ce qu'on ne pensait pas possible, c'est vrai évidemment en Europe orientale, et donc notre planète traverse une période difficile où les populismes semblent avoir tous les droits et moi je souhaite évidemment qu'aux États-Unis, cette tentation-là ne se concrétise pas ?
FABIENNE SINTES
Ils votent bien avant nous, peut-être que le vote sera contagieux après tout.
MARISOL TOURAINE
C'est bien pour ça, je souhaite que cette tentation populiste ne se concrétise pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Merci Marisol TOURAINE d'avoir acceptée l'invitation de Franceinfo.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 octobre 2016