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Bien sûr j'ai tenu à être avec vous pour cette journée pour ouvrir ces ateliers du bénévolat. J'y viens avec plaisir mais c'est surtout pour moi un engagement politique.
Car au fond, quelle est la politique du handicap ? De quoi parle-t-on ? Elle ne se réduit pas à la politique du secteur médico-social, elle va plus loin. Si on veut que la politique du handicap soit complète, il faut l'ouverture de l'ensemble de la société, l'accessibilité universelle, pour que toutes les personnes en situation de handicap choisissent la vie qu'elles souhaitent vivre. C'est comme cela que nous agirons pour l'émancipation et la liberté de choix de tous.
Je suis satisfaite de voir que France Bénévolat s'engage sur le bénévolat pour tous qui est une ambition du plan stratégique « Ambitions 2020 ». C'est une manière, parmi toutes les autres actions menées, de contribuer à la mise en application de la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
L'objectif est d'ouvrir la société pour que chaque personne en situation de handicap ait sa place. Avoir sa place dans la société, c'est pouvoir s'exprimer, s'épanouir en fonction de ses souhaits et envies, c'est choisir sa manière de vivre, son logement, ses loisirs, ses sports, sa voie professionnelle
Le bénévolat par définition est un engagement volontaire. Je le dis, car certains départements ont voulu imposer le bénévolat pour les personnes bénéficiaires du RSA. Heureusement, la justice a tranché en rappelant que ce n'était pas possible. Je me suis exprimée contre cette mesure et nous devons rester vigilants. Il faut promouvoir le bénévolat bien sûr mais sans le rendre obligatoire.
Quel est l'intérêt du bénévolat ? Vous le savez, mieux que personne, s'engager en tant que bénévole permet de créer du lien social, de se sentir utile autour d'un projet commun et dans un contexte de mixité, mais également de retrouver de la confiance en soi. Le bénévolat permet de retrouver une image positive de soi-même quand on se sent moins bien. Favoriser l'engagement bénévole des personnes handicapées, c'est favoriser leur engagement citoyen.
Je crois que le fait que les associations et le bénévolat s'ouvrent aux personnes en situation de handicap permet de changer les mentalités, les stéréotypes, et plus globalement contribue au changement de regard sur la différence. Ainsi, le champ des possibles est extraordinaire.
Tout cela évolue, et notamment dans les établissements médico-sociaux, où l'on donne toute leur place aux personnes en situation de handicap au sein des instances de participation, au sein des instances de gouvernance et de décision des associations ou encore les instances de démocratie sanitaire comme on les appelle. Cette participation est à organiser à tous les niveaux.
L'engagement peut prendre de multiples formes. Au-delà du bénévolat, un autre dispositif est à ouvrir davantage, il s'agit du service civique. Nous avons souhaité, avec Patrick Kanner, étendre l'accès au service civique aux personnes en situation de handicap à l'âge de 30 ans. Nous avions en effet constaté un faible taux de participation de ce public, c'est pourquoi nous avons voulu élargir le dispositif pour que plus de jeunes adultes s'engagent.
Vous avez remis à l'instant l'étude-action sur la place des personnes en situation de handicap dans l'engagement bénévole que France-Bénévolat a mené auprès d'un grand nombre d'associations et les résultats seront présentés juste après mon intervention. Cette enquête permet de faire le recensement des pratiques associatives en matière d'accueil et de participation des personnes en situation de handicap dans les activités bénévoles. Elle permet de mettre en avant 71 « bonnes pratiques » pour favoriser l'accès au bénévolat des personnes en situation de handicap. Elle met en lumière l'intérêt de l'engagement bénévole des personnes en situation de handicap, l'environnement favorable à leur accueil et l'accompagnement à mettre en place. Il n'est pas question de mettre la personne en situation de handicap en difficulté.
Cette étude peut permettre d'insuffler de la dynamique si elle est bien diffusée. Ce serait alors un vrai encouragement pour essaimer les bonnes pratiques au sein du secteur associatif. Je suis heureuse de voir la créativité des projets qui vous ont été remontés dans le cadre de ces travaux et notamment ceux des lauréats que vous annoncerez tout à l'heure. Il y a un peu partout en France des projets inventifs à valoriser.
Je crois d'ailleurs qu'il serait intéressant de diffuser les résultats de votre enquête dans le monde de l'entreprise afin de les sensibiliser davantage sur l'accueil des personnes en situation de handicap.
Car encore une fois, bâtir une société accessible, ça ne se fait pas tout seul. C'est un engagement bien sûr des pouvoirs publics, des responsables politiques, mais aussi des associations, des entreprises et à vrai dire de la société toute entière. C'est l'accessibilité de tout à tous, le bâti, les services, l'école, les universités, le théâtre, le sport
Je me réjouis d'ailleurs de l'annonce de Matignon sur la mesure du CICE associatif. Cette mesure permet de soutenir les associations. Quel rapport avec le bénévolat ? Et bien quand les associations sont plus à l'aise sur le plan financier, elles peuvent multiplier leurs engagements et plus facilement prévoir leur avenir. Il est important que les pouvoirs publics montrent ce qu'apporte ce crédit d'impôt aux associations, à savoir plus d'engagement.
Un dernier élément : le sport. Je suis médecin et j'ai passé mon temps à dire que le sport est important pour être en bonne santé. Pendant longtemps, pour les personnes en situation de handicap ce n'était pas quelque chose qui se faisait. Aujourd'hui, c'est en train changer avec l'accessibilité des stades et des clubs sportifs grâce au travail de l'ensemble des fédérations sportives. On a des athlètes paralympiques de haut niveau et on les voit à la télévision comme récemment aux jeux paralympiques de Rio. Pour moi, cela fait partie des choses à développer, le lien social passe aussi par le sport.
Toute cette ouverture permet le vivre ensemble, mais vivre ensemble c'est aussi faire ensemble et c'est ce qui est recherché par votre action.
Bravo pour l'organisation de cette journée.
Bravo aux lauréats qui vont être récompensés tout à l'heure.
Je vous souhaite de riches échanges pour votre atelier du bénévolat.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 3 novembre 2016