Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la bourse Denis Pietton, une récompense attribuée pour son engagement à un jeune acteur de la société civile du monde arabe, à Paris le 17 novembre 2016.

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Circonstance : Remise de la bourse "Denis Pietton", à Paris le 17 novembre 2016

Texte intégral


Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Merci de votre présence, je suis très heureux de vous accueillir ici au Quai d'Orsay pour un moment très important pour nous tous.
Je voudrais d'abord saluer Madame Najwa Bassil-Pietton car, pour la première fois, nous allons remettre la bourse Denis Pietton. Je suis heureux de vous accueillir au Quai d'Orsay, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire avant cette cérémonie.
Je suis également heureux de saluer notre grand témoin, Madame Leïla Shahid. Nous avons évoqué quelques souvenirs et beaucoup d'autres choses aussi.
Je voudrais aussi saluer le Président de l'Institut français, Bruno Foucher, ainsi que la directrice générale, Madame Anne Tallineau, et je vous remercie tous de votre présence.
Ce soir, quelqu'un est à l'honneur mais je vous laisserai le présenter tout à l'heure.
La Bourse Denis Pietton, est avant tout une initiative engagée.
Engagée, elle l'est car, à travers elle, SafirLab, le «laboratoire du changement» de l'Institut français et de Canal France International, soutient des projets synonymes d'espoir. Ainsi, la Bourse Denis Pietton vient récompenser le travail de jeunes acteurs de la société civile du monde arabe, afin de les aider à jouer tout leur rôle dans la vie économique, sociale et culturelle de leur pays et d'y prendre toute leur place.
Ce soir, nous allons en effet remettre un prix, alors que la compétition a été particulièrement vive. Je crois qu'il y avait 24 projets et l'un d'entre eux a été retenu pour cette bourse. Cela s'inscrit dans un programme complet, une cohérence qui est celle de l'action de la France à travers ses opérateurs, dans un programme de coopération avec des actions qui sont mises en oeuvre, notamment par l'Institut français, qui a pour ambition de répondre aux nouvelles attentes de la société civile et de la jeunesse des pays arabes.
Ce programme privilégie l'aide à l'insertion professionnelle, l'aide à la création d'entreprises, l'appui aux nouvelles générations d'artistes et de spécialistes des médias. La Bourse Denis Pietton est, en ce sens, un formidable potentiel de mobilisation des énergies de la jeunesse du monde arabe.
Je disais que c'était un programme engagé. Engagée, la Bourse Denis Pietton l'est aussi à travers le nom qu'elle porte. Ce nom est un hommage rendu ce soir à un grand diplomate français, trop tôt disparu. J'ai eu la chance de connaître Denis Pietton comme beaucoup d'entre vous ici. Denis Pietton était un homme qui avait une haute idée de ce que devait être la politique étrangère de la France. J'ai eu la chance de le connaître, dès 2012, lorsqu'il était directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, et nous nous voyions presque une fois par semaine. Je l'ai ensuite retrouvé alors que je siégeais au Conseil d'administration de l'Institut français dont il assurait la présidence et où je représentais l'Assemblée nationale. J'ai toujours été admiratif de sa générosité et de son élégance intellectuelle. Cela se ressentait dès qu'on le rencontrait. Denis Pietton était un honnête homme, au sens de l'idéal classique d'humanité, de culture, de courtoisie et aussi d'une certaine forme d'humilité.
Avant de prendre la présidence de l'Institut français - une mission à sa mesure -, il était aussi un grand ambassadeur et connaissait à merveille le monde arabe. Il aimait cette civilisation. Il y avait d'ailleurs une partie de son âme et de son coeur dans ces sociétés.
La bourse qui nous réunit ce soir est une initiative à la hauteur de l'engagement humaniste de Denis Pietton, désireux d'accompagner la jeunesse d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient dans sa volonté de transformation des sociétés. En offrant à son lauréat les moyens de poursuivre un projet auquel il croit, un projet qui lui permet d'être un acteur du changement, cette bourse de 10.000 euros fait la différence dans la vie d'une jeune femme ou d'un jeune homme passionné et lui-même engagé. C'est le sens de cette bourse.
C'est surtout un acte de confiance dans ces sociétés civiles du monde arabe. Au moment où nous sommes toujours autant mobilisés - en tout cas c'est la volonté de la France - pour la paix au Moyen-Orient, mais aussi dans la réconciliation entre Israéliens et Palestiniens, un combat dont la perspective de deux États vivant côte-à-côte en paix et en sécurité est plus que jamais d'actualité. C'est bien un acte de confiance que d'attribuer cette bourse à un jeune de l'un des pays de cette région, à un jeune qui croit en l'avenir, à un jeune qui pense que toutes les stigmatisations sont des fautes et des erreurs contre l'espoir.
C'est avec les mots de Nelson Mandela dans son ouvrage Un long chemin vers la liberté que je souhaite conclure ce propos. Ces mots me semblent illustrer aujourd'hui l'action du futur lauréat de la Bourse Denis Pietton et l'esprit de SafirLab. Ils rendent aussi hommage à l'ancien président de l'Institut français et à son admirable attention aux autres. «Ce qui importe le plus», écrivait Mandela, «ce n'est pas le fait que nous ayons vécu. C'est la différence que nous avons faite dans la vie des autres qui déterminera le sens de la vie que nous avons menée». Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2016