Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
J'ai eu l'honneur de recevoir aujourd'hui M. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Nous nous connaissons bien. Nous nous sommes rencontrés officiellement pour la première fois en 2012, lorsque j'étais Premier ministre et aujourd'hui il s'agit de votre quatrième visite en moins d'un an. Vous m'avez dit tout à l'heure que vous étiez venu 24 fois à Paris pendant les dix années où vous avez été secrétaire général des Nations unies.
C'est toujours un plaisir de vous recevoir, de s'entretenir avec vous des sujets à l'ordre du jour de l'ONU, des situations de crise et de constater, à chaque fois, la force de votre engagement pour trouver des réponses et des solutions en cohérence avec les valeurs des Nations unies, avec la sensibilité qui est la vôtre et la connaissance précise de ces questions. C'est à la fois agréable, réconfortant et rassurant pour tous ceux qui aspirent à la paix dans le monde. Cela me permet, Monsieur le Secrétaire général - comme l'a fait hier le président de la République en vous remettant les insignes de Grand Officier de la légion d'honneur - de vous exprimer à mon tour la reconnaissance et la gratitude de la France. Je le fais également à titre personnel, car au fil du temps se tissent des liens et des relations qui créent davantage de confiance, ce qui permet également d'avancer plus efficacement.
Vous avez su incarner cette conception à laquelle la France est très attachée, celle du multilatéralisme qui pour nous est la seule voie possible pour faire progresser la paix. La seule voie aussi pour faire progresser le développement et la protection de la planète.
Tout cela a déjà été rappelé hier, lorsque le président de la République s'est exprimé à l'occasion de la cérémonie en votre honneur, et vous avez répondu.
La France, je le répète, vous remercie notamment pour vos efforts inlassables en faveur du maintien de la paix, du règlement des conflits, du dialogue entre les peuples, de la défense de l'environnement, du développement humain et de la promotion des droits de l'Homme. Ce sont autant de combats que vous avez conduits avec détermination et avec un sens aigu de l'intérêt général.
À cette occasion, je voudrais dire quelques mots concernant la crise syrienne. Vous savez qu'elle exige de nous une mobilisation de tous les instants et cette nuit, le conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution dont je me félicite. La France y a pris toute sa part et c'est à l'unanimité qu'elle a été adoptée. La résolution 2319 qui permet un renouvellement, pour un an, du mandat de mécanisme conjoint d'enquêtes et d'attributions sur l'emploi des armes chimiques en Syrie. Pour la France, il est indispensable que les enquêteurs puissent poursuivre leur travail d'investigation sur l'emploi d'armes chimiques en Syrie. Vous savez que les premières conclusions des enquêteurs sont accablantes. Il est maintenant impossible de nier que le régime syrien a fait un usage répété d'armes chimiques, en violation claire du droit international et des engagements pris par la Syrie. Les responsables devront donc rendre des comptes.
Je profite de cet instant pour dire que ceux qui prétendent qu'il n'y a, pour la paix en Syrie, que le choix entre Bachar al-Assad et Daech n'ont aucun respect pour le peuple syrien. Aujourd'hui, la population syrienne est soit réfugiée en dehors du sol national soit déplacée à l'intérieur de la Syrie, soit sous les bombes. Alors, considérer qu'il n'y a qu'un choix possible entre un dictateur et ses alliés qui bombardent son propre peuple, et l'organisation terroriste, n'aide pas à régler la question. Pour nous, cette question ne peut être réglée que par la voie de la négociation et par la voie du respect des résolutions. La résolution 2254 du conseil de sécurité des Nations unies prévoit un processus politique et de négociations pour régler la question syrienne. Cela doit se faire avec un préalable qui est l'arrêt des hostilités et l'envoi d'aide humanitaire qui doit accéder avec la plus grande rapidité. Aujourd'hui, les populations civiles lancent chaque jour, chaque heure qui passe, un nouveau cri d'alarme.
Vous avez été, Monsieur le Secrétaire général, particulièrement mobilisé. Vous étiez encore hier à Marrakech pour le changement climatique avant de venir à Paris.
Je vous ai demandé tout à l'heure quels étaient vos deux meilleurs souvenirs durant les dix années que vous avez passées à la tête des Nations unies et vous m'avez parlé de l'accord de Paris. Cet accord engage la communauté internationale et il est l'exemple même d'un acte et d'un engagement multilatéral qu'il faut à tout prix préserver. C'est le sens de la COP22 à Marrakech.
Vous avez aussi parlé des objectifs pour le développement pour lesquels vous vous êtes engagé avec toute la force de vos convictions, objectifs qui ont été adoptés par les Nations unies en novembre 2015. Vous avez rappelé ces deux objectifs qui sont essentiels pour l'avenir de la planète et pour l'avenir de l?humanité.
Je me réjouis, Monsieur le Secrétaire général, de vous avoir à nouveau rencontré aujourd'hui, je vous souhaite encore un excellent travail. Vous avez à l'ordre du jour encore beaucoup de questions. Devant le conseil de sécurité des Nations unies, vous allez procéder à plusieurs communications, dont une qui nous est chère, c'est celle qui concerne la situation au Proche-Orient, avec le souhait qu'enfin le processus de paix puisse se réengager, que la négociation entre israéliens et palestiniens puisse reprendre. La France est convaincue que c'est nécessaire pour la paix dans cette région. Je sais que vous partagez cette conviction car vous étiez présent le 3 juin dernier lorsque nous avons organisé cette première étape, une conférence internationale pour la paix au Proche-Orient à Paris.
Une fois votre mandat terminé, Monsieur le Secrétaire général, au-delà de la reconnaissance légitime de la communauté internationale, de celle de la France, de la mienne, je vous souhaite beaucoup de bonheur personnel, à vous et à votre épouse que nous avons eue l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises. Je vous souhaite également beaucoup de succès personnels pour tous les projets qui sont ou qui seront les vôtres dans la période qui vient.
Merci encore de votre visite et du temps passé à Paris Monsieur le Secrétaire général.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2016