Texte intégral
Le nouveau programme de renouvellement urbain, c'est à la fois une continuité et une rupture.
Une continuité, je n'ai aucune difficulté à le dire : sous l'impulsion de Jean-Louis Borloo, le premier programme a permis à des dizaines de quartiers en France de changer de visage.
Des sommes considérables ont été mobilisées pour ce faire, et ma responsabilité n'était pas de m'opposer à ce mouvement, mais de le prolonger et de l'amplifier.
Ici, sur le territoire de la métropole, l'Agence nationale de rénovation urbaine, l'ANRU, aura investi 383 millions d'euros suscitant 1,7 milliard de travaux.
Tout cela s'est traduit par 4 500 démolitions et autant de reconstructions, 5 900 réhabilitations et 8 300 résidentialisations.
C'est du concret ; nous changeons réellement la vie de nos concitoyens avec la politique de la ville. Un certain nombre de décisions ont encore été prises fin 2015 dans le cadre du PNRU actuel et des crédits ont été dégagés. Ces décisions permettront :
- A Lille : de démolir la barre Marcel Bertrand (194 logements) et de reconstruire hors site du logement et l'école Wagner ;
- A Lille toujours, dans les quartiers anciens : d'aménager deux îlots supplémentaires et 108 logements locatifs sociaux ;
- A Mons-en-Barul : de démolir partiellement la barre de Logis Métropole et de reconstruire hors site, favorisant ainsi l'ouverture du quartier sur le centre-ville ;
- A Roubaix : de démolir 2 tours situées aux Trois-Ponts et de reconstruire hors site. D'après ce qui m'a été dit, ces chantiers sont en cours.
Voilà ce que permet le programme de renouvellement urbain.
Quand j'entends Nicolas Sarkozy asséner que « les banlieues doivent arrêter de faire culpabiliser la France », je me dis d'ailleurs que Jean-Louis Borloo ne doit pas être très à l'aise avec ces propos
Ce qui est sûr, c'est que ma vision est diamétralement opposée : j'estime qu'à ceux qui ont moins, il faut donner plus.
J'estime qu'à des quartiers qui ont été relativement délaissés, la puissance publique doit montrer sa présence, son attention.
C'est cela pour moi, le principe de justice.
C'est comme cela que je donne du sens à la valeur d'égalité qui scande notre devise républicaine.
Alors, avec Action Logement, un nouveau plan de financement permet d'assurer la suite de ce travail dans un nouveau programme.
Mais si ce programme est une continuation, il est aussi une rupture.
Parmi ses novations, la plus récente mais aussi la plus importante je pense, c'est le retour en force de l'Etat. Nous ne pouvions plus demander à nos partenaires d'assumer seuls le financement de la rénovation urbaine. D'autant plus que, eux, légitimement, nous disaient : « nous sommes des acteurs du logement, notre argent va au logement. »
Oui, mais pour nous, le renouvellement, urbain, et c'est ce qui le distingue de la rénovation urbaine, doit voir plus grand que le logement. Il faut repenser la ville, les services publics, les écoles, les espaces verts, les équipements sportifs, culturels, tout ce qui fait la vie en somme.
L'Etat revient donc dans le tour de table de manière très significative pour prendre en charge toute cette dimension du renouvellement urbain.
Le chef de l'Etat a ainsi annoncé la semaine dernière :
- l'engagement financier de 1 milliard d'euros supplémentaires sur le reste de la durée du nouveau programme de renouvellement urbain, qui vient s'ajouter aux 5 milliards d'euros budgétés pour accompagner les projets intégrés de territoire
- l'augmentation de 50% de la dotation politique de la ville, soit 50 millions d'euros supplémentaires par an,
- le lancement anticipé de la troisième édition de l'appel à projet du programme d'investissement d'avenir pour accompagner les projets innovants
- et l'augmentation significative de la dotation de solidarité urbaine à 180 millions d'euros pour soutenir les capacités d'investissement des collectivités.
Nous répondons ainsi aux préoccupations légitimes des élus locaux qui ont le souci que leurs concitoyens aient accès aux services publics, mais dont les budgets propres sont ce qu'ils sont, et ne permettent pas toujours de financer convenablement ces équipements.
Pour le nouveau programme, nous avons aussi souhaité procéder un peu différemment : nous estimons que les projets doivent davantage être pensés et concertés avant l'attribution des enveloppes.
Et nous avons jugé qu'il était pertinent de le faire au niveau intercommunal, en l'occurrence, métropolitain.
C'est à cette échelle que nous pouvons avoir une vue d'ensemble pour l'urbanisme de nos villes et de nos quartiers.
D'où cette étape de contractualisation qui n'existait pas dans le premier programme.
Le protocole qui nous réunit aujourd'hui permettra donc de mener des travaux d'études et la conduite de premières opérations. En tout, ce sont d'ores et déjà 4,7M de l'ANRU qui sont mobilisés.
Je souhaite que nous puissions rapidement nous retrouver pour signer la phase 2 de ce protocole puis la convention.
Autre novation du nouveau programme, qui n'est pas sans rapport avec ce que je viens d'indiquer : la participation systématique des habitants. Nous avons voulu que des conseils citoyens existent partout où il y avait contrat de ville. Ils sont déjà 860 installés, bientôt 1000 ce qui est notre objectif.
Je les ai réunis la semaine dernière à Paris, pour une grande rencontre nationale. Je peux vous assurer qu'il y a de l'énergie, de l'envie, des idées sur lesquelles s'appuyer.
Il faut profiter à plein de l'expertise d'usage des habitants pour préciser et améliorer les projets de renouvellement.
Ces questions de citoyenneté et de mixité sociale sont au cur du projet de loi que je porte.
Dans ces moments difficiles que nous traversons, où nous sortons à peine d'une longue crise économique, où la violence s'est abattue sur la France comme cela n'avait plus été le cas depuis près de 70 ans, nous avons impérieusement besoin de cohésion.
Pas de cohésion possible si les citoyens se sentent écartés de la vie de la République.
Pas de cohésion possible, si nous refusons de vivre les uns avec les autres, nous repliant dans le confort de l'entre-soi.
Nous savons ici ce que sont les inégalités territoriales. Nous savons que si nous voulons mettre un terme aux ghettos, nous devons mener une politique active et volontariste de mixité.
Je serai toujours auprès des élus locaux qui s'engagent dans cette voie.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 16 novembre 2016