Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Nous avons tenu, avec la ministre du travail, Myriam EL KHOMRI, à être présentes ensemble aux côté de l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (ADAPT) pour l'édition 2016 de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH) et à assister ensemble à la remise des prix « faire évoluer » qui récompensent les projets distingués lors de hackathons organisés par l'association.
Au moment où le nombre de travailleurs handicapés inscrits à Pôle Emploi se rapproche des 480 000, il est important de dire aussi, sans pour autant minimiser ce chiffre, que le taux d'emploi de personnes handicapées augmente en parallèle. Ce qui s'apparente à un paradoxe, que l'Association des paralysés de France a par ailleurs déjà souligné, s'explique par une augmentation des reconnaissances administratives de la qualité de travailleurs handicapés, les RQTH.
Les personnes concernées semblent donc moins inquiètes à l'idée de demander à ce que leur handicap soit reconnu. C'est la preuve que les lignes sont en train de bouger.
Toujours est-il que le taux de travailleurs handicapés en recherche d'emploi est le double de celui des valides placés dans la même situation. C'est à la fois un gâchis économique et social ; ce sont autant de personnes et de compétences qui manquent à l'appel pour conforter le pays sur le chemin de la croissance.
Face à cette situation, avec Myriam EL KHOMRI, nous travaillons ensemble à renforcer les passerelles entre le milieu protégé, c'est-à-dire les ESAT, et le milieu ordinaire, c'est-à-dire les entreprises adaptées et les entreprises « classiques ».
Ce que nous faisons ensemble, c'est donner la priorité au milieu ordinaire de travaiol, tout en prévoyant les aménagements nécessaires.
C'est la raison pour laquelle la loi dite « Travail » portée par Myriam EL KHOMRI permet aux travailleurs en ESAT d'alimenter et de bénéficier d'un compte professionnel de formation, un CPF, comme tous les autres travailleurs. Ce qui leur permet d'envisager de recourir à la formation professionnelle pour monter en compétences, pour changer d'activités, et pourquoi pas pour envisager de trouver un emploi en milieu ordinaire !
C'est aussi pourquoi la ministre de la santé, Marisol TOURAINE, a souhaité que la loi de financement pour la sécurité sociale pour 2016 prévoie la couverture du risque accident du travail/maladie professionnelle (AT-MP) des personnes qui effectuent des mises en situation professionnelle en ESAT. Jusque-là, il y avait un vide juridique.
L'objectif est de faciliter les immersions professionnelles afin de permettre aux personnes orientées en ESAT de tester les différentes activités et de se faire une idée de celles qui ont leur préférence.
Parce que l'objectif du gouvernement c'est de permettre aux travailleurs en situation de handicap d'affirmer leurs préférences, leurs goûts et leurs choix. En clair, nous voulons donner à chacun les moyens de son émancipation. Ce qui nous engage à faire en sorte que chacun, quel que soit son handicap, puissent réellement choisir entre différentes alternatives.
La réalité est telle que les travailleurs orientés vers les ESAT sont de plus en plus nombreux à demander à vivre et à travailler comme les autres, avec les autres.
Avec le mouvement de scolarisation des enfants à l'école dite ordinaire, cette demande va être de plus en forte fréquente. Aujourd'hui, on compte près de 300 000 enfants handicapés dans ce cas, soit 30% de plus qu'en 2011. Ce mouvement va s'amplifier notamment grâce à l'énergie consacrée à ce dossier par la ministre de l'éducation nationale, Najat VALLAUD-BELKACEM.
Lorsque l'on va à l'école avec les autres enfants, il est naturel de s'imaginer, plus tard, travaillant avec eux. De la même façon d'ailleurs, lorsque l'on a été habitué à être scolarisé avec des camarades handicapés, on trouve absolument naturel d'en compter plus tard parmi les collègues. Ainsi les problèmes liés à l'existence de préjugés - et que nous devons collectivement combattre - vont-ils, dans les années qui viennent, reculer, et ce pour le bien de tous.
Comment faire ? J'en reviens au monde du travail. Améliorer l'accès et le maintien dans l'emploi implique de développer de nouvelles formes d'accompagnement.
Voilà pourquoi, pour venir en soutien aux personnes handicapées qui ont un projet professionnel en entreprise adaptée ou en entreprise classique, ou encore à celles qui sont emploi mais qui ont des difficultés pour le conserver, la loi « Travail » a reconnu l'emploi accompagné dans notre droit.
Sa spécificité, il la tient tout d'abord du fait qu'il ne connaît pas de limite dans le temps - contrairement aux prestations « classiques », qui durent aujourd'hui au maximum six mois. Il a aussi pour particularité de s'adresser, et à la personne handicapée, et à son employeur. Ce dernier est donc aussi aidé.
Je crois que c'est aussi cela, un monde du travail qui s'ouvre à la différence. Ce n'est pas, comme on l'entend trop souvent, aux personnes handicapées de s'intégrer, mais à la société dans son ensemble de changer et de s'ouvrir.
Pour conclure, je voulais vous dire que, pour rendre plus accessible le monde du travail, il faut savoir être pragmatique et développer ce qui marche. Et l'emploi accompagné, ça marche. Ceux de nos voisins européens qui l'ont développé, tout comme le Canada, obtiennent des résultats.
Il faut aussi, et c'est le sens de l'engagement de l'ADAPT avec la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, interpeler les recruteurs et plus largement la société sur le regard porté sur le handicap.
Il faut enfin, et je salue cette nouvelle initiative prise par l'ADAPT, ne pas hésiter à consulter les personnes elles-mêmes et à faire appel à des professionnels qui viennent d'horizons différents. Bien sûr il reste encore beaucoup à faire, mais continuons ensemble dans cette direction car le cap est le bon.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 23 novembre 2016