Déclaration de Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, sur l'emploi des handicapés, notamment les initiatives sur l'accessibilité et la citoyenneté, Paris le 14 novembre 2016.

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Je vous remercie de m'avoir à nouveau invitée à la remise des trophées des APAJH. C'est toujours un grand plaisir pour moi de venir vous voir et de vous soutenir.
Aujourd'hui est une journée particulière. C'est la soirée des APAJH, qui célèbre les belles initiatives pour l'accessibilité de tous à tout, c'est-à-dire l'accessibilité à la citoyenneté. Vous l'avez dit, c'est aussi la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées. L'emploi fait partie intégrante de la citoyenneté. L'accessibilité c'est rendre l'emploi accessible.
J'étais il y a une heure avec la ministre du travail, Myriam El Khomri, nous avons tenu à nous rendre ensemble à l'inauguration de cette semaine pour affirmer la mobilisation du Gouvernement au côté du mouvement associatif.
Nous comptons à ce jour près de 480 000 travailleurs en situation de handicap au chômage. Bien sûr c'est trop. Mais le nombre de personnes handicapées qui ont un travail augmente également. Cela s'explique par le fait que les personnes déclarent leur handicap plus facilement qu'elles ne le faisaient auparavant, et c'est une bonne chose, car cela signifie que le regard porté sur le handicap commence à changer. Et il faut continuer à nous battre pour rendre le monde du travail accessible à celles et ceux qui, au-delà de leur handicap, ont surtout des compétences à offrir.
Avec Myriam El Khomri, nous avons aussi souhaité expliquer que nous travaillons toutes les deux à faire entrer les travailleurs handicapés dans ce que l'on appelle, dans le jargon des ministères, le « droit commun ». Cela veut dire que nous faisons en sorte que ce qui est offert aux personnes valides, les personnes handicapées y aient droit aussi. Par exemple, pour les travailleurs en ESAT, le droit à disposer d'un compte personnel de formation. Il s'agit du compte qui a été créé par le Gouvernement pour permettre aux personnes de bénéficier d'heures de formation tout au long de leur vie professionnelle. Ou encore pour les travailleurs en ESAT, la prime d'activité.
Vous avez parlé dans votre discours, Monsieur le Président, de la lutte contre les discriminations. C'est un sujet très sérieux que vous avez raison de rappeler. Ce que je crois, c'est que c'est aussi en développant l'accès au droit commun que l'on parviendra à faire bouger les lignes et reculer les préjugés.
Cependant, le droit commun ne fait pas tout. L'esprit de la loi de 2005, qui est notre grande loi sur le handicap, commande aussi de prévoir pour les personnes handicapées les aménagements leur permettant de vivre avec tout le monde, et comme tout le monde.
C'est aussi pour cela, avec la ministre du travail, que nous avons fait reconnaître dans notre droit l'emploi accompagné et que nous en faisons en sorte de le développer.
L'emploi accompagné s'adresse aux travailleurs handicapés qui ont un projet professionnel tourné vers le milieu ordinaire de travail ou qui souhaitent y conserver leur emploi. Sa spécificité, il la tient tout d'abord du fait qu'il ne connaît pas de limite dans le temps - contrairement aux prestations « classiques », qui durent aujourd'hui au maximum six mois. Il a aussi pour particularité de s'adresser, et à la personne handicapée, et à son employeur. Ce dernier est donc aussi aidé.
Vous le voyez, permettre aux travailleurs en situation de handicap de trouver un emploi et de s'y maintenir, cela demande de la constance et une vision sur le long terme. Ce qui est sûr, c'est que des mesures comme la suppression du compte pénibilité ou la dégressivité des allocations chômages ne peuvent être que très défavorables aux personnes handicapées. Tout au contraire, la société doit s'ouvrir à la différence.
Je crois que c'est aussi cela, le principe bien compris d'une société qui s'ouvre à la différence. Ce n'est pas, comme on l'entend trop souvent, aux personnes handicapées de s'intégrer, mais à la société dans son ensemble de changer et de s'ouvrir.
Pour y parvenir, le Gouvernement doit jouer son rôle.
C'est ce que nous avons fait par exemple avec la création des agendas d'accessibilité programmée, les Ad'AP. De quoi s'agit-il ? Notre objectif était de relancer les travaux de mise en accessibilité des lieux publics, en amenant les responsables à chiffrer et à planifier ce qui doit être fait dans leurs locaux.
Et la réforme a porté ses fruits. En 2012, on estimait que sur le million d'établissements recevant du public, 300 000 seulement étaient accessibles. Au 1er septembre 2016, ils sont désormais 900 000 à être entrés dans la démarche ou à être déjà accessibles et 560 000 qui ont programmé des travaux. Dans l'immense majorité des cas, ces travaux seront réalisés dans un délai de trois ans. Derrière ces travaux, ce sont des mairies, des commerces, des cabinets médicaux, des cinémas, des théâtres… qui s'ouvrent au plus grand nombre : les personnes qui ont un handicap moteur, mais aussi nos aînés et tous ceux qui peuvent avoir des problèmes temporaires pour marcher.
C'est aussi ce que nous avons fait en triplant le nombre d'enfants scolarisés en milieu ordinaire ; ils sont désormais 300 000 et je sais la ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, déterminée à ce que ce mouvement s'amplifie encore.
Il me semble que c'est certainement la meilleure et la plus efficace des manières de faire reculer les idées préconçues. En mélangeant les enfants dès leur plus jeune âge, on s'assure en effet d'un avenir sans préjugés des personnes valides envers les personnes en situation de handicap, et inversement.
En attendant, une chose est certaine : le Gouvernement ne peut, tout seul, inciter la société à s'ouvrir. C'est grâce à la mobilisation de la société civile et du secteur associatif que les choses peuvent changer.
A l'APAJH, vous faîtes parti de ceux qui avancent en première ligne pour défendre l'idéal républicain de fraternité. 4
Vous avez fait le choix de recourir aux actions militantes festives pour convaincre tout en valorisant les belles initiatives. C'est l'objectif de cette soirée au cours de laquelle vont être mis à l'honneur des actions intervenant dans des domaines aussi variés et essentiels que l'accessibilité universelle ; l'école et la culture ; la ville citoyenne et le service public ; le sport ; et enfin l'entreprise citoyenne.
Je veux déjà saluer et féliciter toutes celles et tous ceux qui ont été nominés.
Avant de connaître les projets qui ont été distingués par le jury 2016, je crois savoir, Monsieur le Président, que nous allons d'ores et déjà remettre le prix spécial décerné à une personnalité ayant marqué cette année, une jeune femme pour laquelle j'ai une admiration sans limite !
J'en termine en vous disant Monsieur le Président, continuons ensemble, car il reste encore beaucoup à faire, mais le cap est le bon. Bravo à l'APAJH et à vous, Monsieur le Président, pour votre engagement sans faille.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 23 novembre 2016