Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministère des affaires étrangères et du développement international, sur le rôle de l'Agence française de développement, à Paris le 6 décembre 2016.

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Circonstance : Participation au 75ème anniversaire de l’Agence française de développement, à Paris le 6 décembre 2016

Texte intégral

Mesdames, Messieurs les Ministres,
Madame la Présidente de l'AFD,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
C'était un bon choix de fêter cet anniversaire ici, dans ce lieu symbolique du Musée du Quai Branly, magnifique réalisation de Jean Nouvel mais aussi lieu culturel ouvert aux cultures du monde, qui symbolise aussi très bien ce que nous voulons faire ensemble, avec l'AFD, qui fête ses 75 ans.
75 ans, c'est l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis la création de la Caisse centrale de la France Libre par le Général de Gaulle en 1941. Aujourd'hui, l'agence intervient dans plus de 90 pays, des moins avancés aux grands émergents, dans des domaines aussi variés que le développement rural, l'accès à l'eau potable, les infrastructures, l'éducation et la formation professionnelle. Elle dialogue non seulement avec les États, mais aussi avec la société civile, les collectivités locales, les entreprises et les investisseurs. Elle finance des projets et s'engage en matière de recherche et de débat intellectuel sur le développement, ce qui représente un enjeu d'influence pour la France dans plusieurs enceintes internationales.
L'évolution du contexte mondial rend plus pertinente que jamais une institution comme l'AFD. Ces deux dernières années ont été en ce sens très importantes. Des années marquées par une forte instabilité internationale, des crises et des conflits d'une intensité exceptionnelle. Aucun pays ne peut se sentir épargné, y compris en Europe. Le drame du terrorisme a rappelé que la violence du monde pouvait tuer jusque dans nos rues. Face à ces dangers, on voit surgir partout les extrémismes et les populismes, qui fragilisent nos démocraties. Ce sont des tendances inquiétantes. Dans ce contexte, notre réponse ne peut être que celle de l'action, l'action en faveur d'un monde plus stable, plus juste et plus durable.
C'est en ce sens que la France agit. Car, dans le même temps, ces deux dernières années ont vu la réussite d'initiatives internationales porteuses d'un incontestable espoir, auxquelles la France a largement contribué. Mais elle n'était pas seule, et je remercie tous les pays partenaires. Je pense à l'adoption des Objectifs de Développement Durable en septembre 2015, à notre engagement en faveur de la transition écologique et énergétique des territoires lors de la Conférence Habitat III, à Quito, et bien sûr, à l'Accord de Paris, premier accord universel sur le climat et formidable succès de notre diplomatie.
L'AFD a joué un rôle moteur pour faire progresser l'agenda de la lutte contre le changement climatique. Elle a significativement contribué au succès historique de la COP21. Je remercie d'ailleurs Laurence Tubiana, présidente de l'AFD, qui a joué un rôle éminent dans la négociation de cet accord, avec tous les autres partenaires -les ministres en premier lieu- mais maintenant, il s'agit d'aller plus loin. Vous le savez, l'Accord de Paris est aujourd'hui entré en vigueur, il faut le mettre en œuvre concrètement. La France va continuer sa mobilisation, elle doit plus que jamais continuer à peser au sein de la communauté internationale, comme elle l'a fait à Marrakech le mois dernier, pour assurer le succès de sa mise en œuvre et concrétiser l'élan décisif de 2015.
Chers Amis,
Dans un monde marqué par l'incertitude, par la perte des repères traditionnels, où les tentations de repli sur soi sont de plus en plus fortes, la France doit continuer de porter des valeurs de solidarité, d'ouverture et d'universalité. C'est essentiel car si on laisse faire les choses sans régler les problèmes, alors ce sera la victoire du retour en arrière et du déclin, et cela, notre pays ne peut l'accepter.
En cohérence avec notre diplomatie et en tant que principal instrument de notre politique de développement et de solidarité internationale, l'AFD joue un rôle clé en faveur du développement durable et du rayonnement de la France. C'est pourquoi le président de la République lui a fixé des objectifs très volontaristes, à la mesure de l'importance de la mission de l'agence. Je pense, par exemple, à l'objectif d'atteindre un niveau annuel d'activité de plus de 12 milliards d'euros d'ici 2020, ou à celui d'augmenter son soutien financier à la lutte contre le changement climatique de 3 à 5 milliards d'euros par an d'ici 2020.
Ces objectifs traduisent la réalité de notre ambition. Ils devront être atteints, en lien étroit avec l'État, garant des priorités politiques et des moyens. L'alliance nouée aujourd'hui avec la Caisse des dépôts et consignations permettra, en outre, d'aligner les priorités de ces deux acteurs essentiels au service du développement durable, en France et sur la scène internationale.
Face aux nombreux défis qui s'imposent à nous et en concertation avec les principaux acteurs français du développement, le gouvernement a entrepris une profonde rénovation de notre politique de développement et de solidarité internationale. Cette rénovation s'est traduite en juillet 2014 par le vote de la loi d'orientation et de programmation sur le développement - la première de la Vème République. Elle est aujourd'hui à un tournant, avec, le 30 novembre dernier, une seconde réunion CICID. Depuis 2012, le gouvernement a saisi l'occasion de réaffirmer sa volonté de moderniser nos instruments d'intervention, dans le contexte de l'accroissement des moyens financiers dévolus à la politique d'aide au développement : alors que l'examen du prochain PLF est en train de s'achever au Parlement, ce sont plus de 360 millions d'euros supplémentaires qui devront en 2017, être disponibles et qui témoigneront de la volonté du gouvernement de concrétiser les engagements pris par le chef de l'État.
Avec un mandat clair et renouvelé, un nouveau projet stratégique, des moyens accrus, l'AFD s'engage dans une nouvelle étape passionnante pour faire plus et mieux contre la pauvreté et pour le développement. Vos représentants, que je rencontre partout au cours de mes déplacements à travers le monde, sont convaincus par la mission qui est la nôtre, de lutter contre la pauvreté, de redonner de l'espoir, en s'appuyant sur toutes ces forces vives dans les sociétés. Elles sont là, elles attendent, non pas l'assistance ou la charité - ce temps est révolu - mais qu'on les aide à créer une dynamique, à mettre en œuvre des projets, à passer ce cap de cette nouvelle révolution de ces pays en développement qui grâce, en particulier, à la force de leur jeunesse, sont prêts à relever ce défi. Ce défi nous devons l'accompagner, c'est notre mission. 75 ans, pour un homme, c'est peut-être le crépuscule qui s'avance... Pour l'AFD, on le voit, c'est le début d'une renaissance. Je vous souhaite beaucoup d'énergie et beaucoup de passion - je sais que vous en avez - pour mettre en œuvre ce projet qui est à la fois un projet de la France et un projet que nous voulons mettre en œuvre avec toutes les nations qui sont prêtes à jouer la carte du développement, de la solidarité et de la fraternité, car c'est aussi un message qu'il faut retenir.
Je vous souhaite bon courage, bonne réussite. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2016