Texte intégral
Je suis ravie d'être ici aujourd'hui et de parrainer le traité de fusion entre les associations Lehugeur-Lelièvre et Marie-Ange Mottier. Je suis ravie car les valeurs des deux associations et la démarche de rapprochement qu'elles ont entreprise font écho aux principes qui me sont chers.
Premièrement, le fait de ne laisser personne au bord de la route et d'offrir un accompagnement de proximité à ceux qui en ont le plus besoin, c'est ça de l'engagement d'humanisme. C'est le sens même de l'engagement des fondateurs des deux associations et de tous ceux qui ont porté leur action depuis.
Deuxièmement, l'impératif de dépasser les clivages qui sont encore trop présents entre les différentes formes d'accompagnement alors même qu'une personne a des besoins multiples.
Des besoins qui évoluent aussi dans le temps et il est essentiel de ne pas enfermer une personne dans une forme d'accompagnement qui n'est plus adaptée.
Or, les champs d'action des associations Lehugeur-Lelièvre et Marie-Ange Mottier, qui désormais n'en feront qu'une, sont très variés : activités d'insertion, accompagnements éducatifs, scolaires et thérapeutiques, soins de médecine physique et de réadaptation, groupes d'entraide mutuelle. Tout comme le public accompagné, depuis la petite enfance jusqu'au grand âge. Je suis persuadée que cette diversité est source de richesse, surtout ici à Flers où l'on retrouve toute la diversité des structures que j'ai pu apprécier ce matin en visitant le Centre de Médecine Physique et de Réadaptation, la librairie ALL Livres et, bien évidemment, l'IME Marie Crué, que je remercie pour son accueil.
Enfin le troisième principe qui me tient à coeur c'est la coopération au service de la qualité de l'accompagnement. C'est tout le sens que vous donnez à votre démarche de fusion : mutualiser des savoir-faire et toujours améliorer des offres de service complémentaires », c'est en ces termes que vous en parlez. Je vous en félicite ! Et je félicite l'Agence régionale de santé et le Conseil départemental de l'Orne qui ont accompagné cette démarche.
Accompagner les initiatives des acteurs locaux qui sont au plus près des besoins, c'est la conception que j'ai de l'action publique. Je n'ai pas la prétention d'avoir la science infuse : ce matin certains jeunes me demandaient ce qu'est mon travail ? Il n'est pas évident de répondre à cette question.
A cet égard, je voudrais revenir sur la Conférence nationale du handicap qui a eu lieu en mai dernier et rappeler les messages importants et les mesures annoncées par le Président de la République.
Le Président a fixé le cap : permettre l'inclusion et l'émancipation des personnes handicapées, la liberté de choisir sa vie.
La politique du handicap contribue à la réalisation d'une grande promesse de la République, qui est celle de l'égalité. Je sais l'attachement de votre association et en particulier de l'établissement qui nous accueille à la pleine réalisation de cet objectif à travers la promotion de l'autonomie des jeunes accueillis et de leur intégration dans la société.
L'action du gouvernement, mon action, s'inscrit justement dans cette logique. Notre but c'est de permettre que les enfants et les adultes en situation de handicap, comme l'ensemble de nos concitoyens, aient accès à l'école, aux études supérieures, à la formation professionnelle, au monde du travail, à un logement, aux loisirs, aux sports, à la culture Pour cela, il faut bien sûr de rendre accessibles les bâtiments, les transports, les équipements et développer les accompagnements nécessaires. Mais il faut aussi oser, oser d'envisager des parcours différents, des accompagnements vers l'autonomie, des choix de vie qui reflètent les aspirations profondes de la personne. Et je m'adresse ici à la fois aux professionnels, aux familles et aux jeunes qui sont accueillis dans cet établissement. Faire le choix d'un parcours en milieu ordinaire ce n'est pas simple. C'est une prise de risque indéniable. Cependant, le regard de la société sur le handicap évolue, trop lentement à mon goût, mais il évolue. Ainsi l'accessibilité progresse au sein de l'Ecole. C'était notre priorité. 280.000 élèves en situation de handicap sont désormais accueillis dans les écoles, c'est un tiers de plus qu'à la rentrée 2011. A l'occasion de la CNH, le Président de la République a annoncé la pérennisation des emplois affectés à l'accompagnement des élèves handicapés et l'amélioration des conditions d'accès des collégiens handicapés aux filières professionnelles et à l'apprentissage.
Entre le milieu ordinaire et un parcours accompagné, ce n'est pas un choix binaire. Ce que l'on souhaite faire est d'offrir une palette diversifiée de solutions. Et en matière de scolarisation, il y a aussi l'externalisation des unités d'enseignement d'IME au sein d'écoles ou de collèges. Un cahier des charges va paraitre prochainement pour guider ce type de projets. En effet, ce n'est pas une mesure ponctuelle, c'est un mouvement de fond. Chaque année 100 nouvelles unités seront externalisées et je vous invite à vous inscrire dans ce mouvement car les jeunes qui sont accueillis ici pourraient en tirer pleinement profit.
Apres l'école inclusive, nous devons favoriser l'accès au marché du travail. La loi Travail prévoit un dispositif nouveau « d'emploi accompagné », annoncé également lors de la CNH. Il va apporter un soutien adapté tant aux salariés handicapés qu'à leurs employeurs, à tout moment du parcours professionnel. C'est une réelle innovation, qui j'espère incitera les jeunes à se lancer dans le monde du travail ordinaire car ils ne seront plus seuls à affronter les difficultés qui pourraient se présenter.
Et si un jeune fait le choix de rejoindre un ESAT, là aussi, il ne doit pas s'agir d'un parcours professionnel à part. D'une part les ESAT s'ouvrent de plus en plus vers l'extérieur et nous comptons poursuivre cette dynamique en les mobilisant autour de l'emploi accompagné. D'autre part les salariés d'ESAT auront désormais, comme tous les autres salariés l'accès au Compte Personnel d'Activité. Ce compte sera ouvert à tout actif dès 16 ans, et facilitera l'accès aux bilans de compétences ou à la validation des acquis de l'expérience professionnelle. Je sais que vous êtes sensibles à cette ambition de valorisation des compétences car vous vous êtes déjà engagés dans la démarche « différent et compétent ».
Vous l'aurez compris, la priorité de mon action est de favoriser l'autonomie et le libre choix des personnes en situation de handicap en oeuvrant à ce que la société soit plus accueillante vis-à-vis d'elles et en proposant un accompagnement adapté aux personnes qui en ont besoin.
Le secteur médico-social est au coeur de cet enjeu de l'accompagnement. C'est pour cela que le Président de la République a décidé d'y consacrer 240 millions d'euros supplémentaires. 180 M de cette enveloppe seront consacrés, sur 5 ans, à la création de réponses nouvelles et à la transformation des modalités actuelles de prise en charge. 60 M dont dédiés à un plan d'aide à l'investissement car la qualité de vie des personnes passe aussi par la qualité de l'environnement d'accueil.
Je souhaite que, par cet engagement financier important, les personnes en situation de handicap sans solution ou insuffisamment aidées puissent bénéficier de réponses adaptées à leurs attentes et à leurs besoins. Personne ne doit être laissé sans solution. C'est bien le sens du projet Réponse accompagnée pour tous. Dans la grande région, le département de la Seine-Maritime est déjà engagé dans la démarche et le Calvados se lancera prochainement. J'invite le département de l'Orne à rejoindre ce mouvement, d'autant plus que les départements qui s'engageront avant la généralisation du dispositif pourront bénéficier d'un soutien exceptionnel. Une enveloppe de 8 M y sera en effet consacrée.
Je suis convaincue que les structures de l'association Lehugeur-Lelièvre auront toute leur place dans le déploiement de la Réponse accompagnée car l'association a déjà démontré sa capacité à coopérer et à travailler en réseau. Elle saura faire face à l'impératif que nous partageons tous de ne laisser personne sans solution.
C'est ensemble que nous pourrons réussir à faire vivre les principes de la loi du 11 février 2005 et tenir les engagements internationaux de la France en matière de handicap.
Je vous remercie pour votre travail, pour les valeurs et les projets que vous faites vivre sur le territoire normand et je souhaite une pleine réussite dans cette nouvelle page de l'histoire associative qui s'ouvre avec la fusion entre les associations Lehugeur-Lelièvre et Marie-Ange Mottier
Je vous remercie.
Source http://www.orne.gouv.fr, le 4 janvier 2017