Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, avant de rentrer dans le vif de mon propos, de vous dire ma satisfaction d'être aujourd'hui avec vous à l'occasion de ce colloque nationale consacré aux métiers de l'aide à domicile et de saluer tout particulièrement votre Présidente, Danièle DUMAS, dont je connais l'attachement aux questions sociales et l'énergie qu'elle déploie pour les résoudre.
Permettez moi, aussi, de vous dire combien je suis sensible, de par mon histoire personnelle, à ce que vous représentez et aux valeurs de solidarité et d'entraide qui vous animent.
Vous le savez, dès mon arrivée au gouvernement, je me suis attachée à mettre en uvre, en plein accord avec Lionel Jospin et Elisabeth Guigou, les mesures que j'avais préconisées dans mon rapport parlementaire.
Ma conviction n'a pas changé sur la nécessité de professionnaliser et de structurer le secteur de l'aide à domicile pour mieux répondre aux attentes des usagers et de leurs familles.
C'est pourquoi j'ai placé mon action sous la double exigence, d'une part, d'une plus grande équité et d'une meilleure reconnaissance des métiers de l'aide à domicile et, d'autre part, d'une nécessaire professionnalisation de ces métiers.
Je sais que des problèmes urgents se posent aujourd'hui dans ce secteur et que des réponses concrètes et rapides sont attendues.
Je reviendrais tout à l'heure sur les décisions prises la semaine passée dans ce domaine mais je voudrais également profiter de l'occasion que vous m'offrez pour élargir le cadre de la réflexion et dépasser les difficultés d'aujourd'hui, dont je sais combien elles vous préoccupent.
En effet, j'ai la conviction que le secteur de l'aide à domicile est à la croisée des chemins et qu'aujourd'hui, il s'agit pour les professionnels et les responsables que vous êtes toutes et tous ici de prendre la mesure de ces enjeux et des opportunités ouvertes par l'engagement du Gouvernement en faveur de l'aide à domicile dans le cadre de l'APA .
J'ai voulu marquer cet engagement en nommant dès mon arrivée un conseiller technique spécifiquement en charge de votre secteur et je me suis employée, à chaque occasion qui m'était offerte, à faire le choix du renforcement de l'aide à domicile. Ces derniers mois ont été riches en discussions de toute nature sur la prise en charge des personnes âgées en situation de perte d'autonomie et des débats parlementaires sur la loi créant l'allocation personnalisée d'autonomie ont permis de mettre cette question sous les feux de l'actualité.
Cette loi, voulue par Lionel Jospin, va apporter un souffle nouveau et des moyens supplémentaires considérables en direction des personnes âgées dépendantes. Elle va donner des lignes de force à l'action publique pour de nombreuses années et elle offre des points d'appui importants pour la structuration du secteur de l'aide à domicile.
Je ne reviendrai pas dans le détail ici, sur le contenu de la loi APA mais permettez mois simplement de rappeler, même devant des signataires du livre noir de la PSD, que nous partions de loin, coincés dans les limites étriquées, souvent injustes et inégalitaires de la prestation spécifique dépendance.
Cette loi APA, Lionel Jospin l'a voulue fondée sur l'universalité, l'égalité et la solidarité :
l'universalité, parce qu'aucun demandeur ne sera écarté pour des conditions de ressources qui, dans la PSD, vous le savez mieux que moi, étaient pénalisantes ;
l'égalité, parce que le Gouvernement a voulu mettre fin aux disparités inacceptables rencontrées au hasard des départements sans autre explication que l'engagement plus ou moins fort des conseils généraux dans les politiques aux bénéfices des personnes âgées;
la solidarité, parce que le financement de l'APA sera assuré à la fois par la solidarité nationale en utilisant la CSG et par la solidarité locale dans le cadre des responsabilités confiées aux conseils généraux.
Enfin, je souligne que la loi APA a supprimé les recours sur succession ou sur donation, une des principales raisons, de l'avis de tous, de l'échec de la PSD.Cette loi APA, Lionel Jospin a aussi voulu en faire un outil d'approfondissement de la décentralisation en confiant la responsabilité de la nouvelle allocation aux Conseils Généraux faisant le choix d'une meilleure articulation, à ce niveau, entre politique de coordination gérontologique, actions de proximité et structuration de l'offre.
Parce qu'elle réaffirme le rôle majeur de l'aide à domicile dans la prise en charge des personnes en perte d'autonomie, parce qu'elle va obliger les responsables nationaux et départementaux à accompagner la professionnalisation, sous peine d'échec global, la loi APA est également une loi phare pour votre secteur.
Directement par des différentes mesures législatives et réglementaires, ou indirectement par effet d'entraînement sur plusieurs dossiers en cours, la loi APA va vous aider, va nous aider à sortir le secteur de la grande précarité dans laquelle il se débat depuis trop longtemps.
Permettez-moi d'aller plus au fond sur ce sujet.
D'abord, je voudrais souligner que la loi APA et les textes d'application, qui viennent d'être publiés, prévoient plusieurs mesures fortes pour le secteur.
En premier lieu, la priorité de recours aux services prestataires va permettre d'éviter le paradoxe de la situation actuelle qui voit les cas les plus lourds pris en charge par le mandataire ou l'emploi direct.
Cette priorité aux services prestataires, les décrets l'ont fixée aux GIR 1 et 2 et à certaines situations des GIR 3 et 4.
Je sais que certains auraient souhaité une autre solution mais j'ai préféré, en m'appuyant sur la nécessité de revoir la grille AGGIR. - nécessité largement partagée par le secteur - ne pas figer les choses, en particulier pour la prise en charge des démences séniles habituellement sous cotée par la grille AGGIR.
La révision de cette grille permettra sans aucun doute de réexaminer la question en temps voulu. Nous allons prochainement composer la commission chargée d'y procéder, commission dans laquelle les professionnels de terrain seront repésentés
Parallèlement,plusieurs dispositions complémentaires ont été voulues par le législateur.
Le refus exprès du recours aux services prestataires - garantie du libre choix de la personne et de son entourage - devra être formulé par écrit et dûment motivé, ce qui exclura, là aussi toute décision hâtive prise dans l'urgence et contribuera à stabiliser la régulation de l'offre et de la demande.
De la même façon, le recours à des emplois directs non qualifiés entraînera une augmentation de la participation du bénéficiaire de l'APA au plan d'aide.
Enfin, la valorisation des interventions dans les plans d'aide devra se faire sur la base de conventions collectives agréées, interdisant par là-même, les jeux pervers que nous avons tous connus.
Nous avons donc mis en place un dispositif encadré, équilibré, et qui va entraîner une création d'emplois non négligeable pour les services prestataires, puisque les conclusions de mes services chiffrent à environ 40.000 postes les emplois créés par l'APA.
C'est à dire que réussir l'APA nécessite, au-delà de la simple gestion du dispositif, un accompagnement fort pour lequel le Gouvernement entend mobiliser des moyens importants.
Ce sera le rôle du fonds de modernisation de l'aide à domicile, doté dès cette année de 300 à 400 millions de francs, de contribuer à la professionnalisation et à la structuration du secteur.
Dispositif original sinon, unique, ce fonds sera géré à un double niveau local et national et permettra de financer, en tout ou partie, les projets portés par le secteur sous la seule double réserve de ne pas financer des dépenses de fonctionnement et de ne pas se substituer à des obligations de l'employeur.
Il vous appartient de faire preuve d'imagination pour utiliser cet outil.
Mais l'action de l'Etat sur un sujet aussi vaste ne saurait être suffisante sans l'appui d'une part des collectivités territoriales et au premier chef des départements et d'autre part des associations que vous représentez ici, toutes à la fois porteuses des attentes et de propositions des professionnels mais aussi témoignant des souhaits des usagers.
Cette coopération, que dès le départ de mon action j'ai souhaité développer, doit se concrétiser dans un partenariat le plus large, associant le service public de l'emploi, les services des départements, les différents partenaires de la formation professionnelle et tous les acteurs de terrain ouverts à cette perspective de développement local.
J'ai proposé début septembre aux présidents de conseils généraux de s'engager dans cette démarche visant à mieux structurer les services, à stabiliser l'environnement des associations prestataires.
D'ores et déjà des contacts fructueux ont été noués sur le terrain, je pense aux Côtes d'Armor, au Territoire de Belfort, à Paris, au Gard, à la Creuse, à bien d'autres encore et je ne doute pas que la liste continuera de s'allonger dans les prochaines semaines.
Au delà de ces coopérations institutionnelles, il y a à réfléchir, en particulier à partir de votre expérience, sur le maintien du lien social entre les personnes âgées et leurs communautés de vie. Incontestablement, la richesse de l'apport associatif et du bénévolat est à prendre en compte en cette matière et, tout en évitant la confusion des rôles entre bénévoles et professionnelles, il y a de la place à la fois pour une spécificité de chacun et pour une complémentarité bien articulée permettant de donner du contenu et du sens aux liens inter-générationnels et à la société de tous les âges.
C'est une des forces de notre pays que de pouvoir s'appuyer sur un monde associatif vigoureux au plus près des territoires et, dans cette année de centenaire de la loi de 1901, j'ai plaisir à évoquer, ici, les conclusions positives d'un récent rapport de l'Inspection générale des Affaires Sociales sur votre organisme, contredisant ainsi ceux qui portent sur les associations un jugement globalement négatif.
Mais l'ambition du Gouvernement de faire de l'APA une réelle avancée sociale ne pourra se réaliser sans des professionnels compétents, motivés et bénéficiant d'une reconnaissance statutaire et conventionnelle correcte.
En effet, il nous faut dépasser l'approche réductrice d'un secteur d'activité trop souvent conçu comme un réservoir d'emplois peu qualifiés, terrain privilégié des divers programmes de lutte contre le chômage des femmes.
Sans renoncer à cette perspective, il s'agit de faire comprendre et partager que l'aide à domicile est un vrai métier, mettant en jeu des compétences réelles et non seulement des savoir-faire intuitifs, un métier dont l'exercice est difficile parce qu'il s'adresse à des personnes fragilisées, dans le contexte particulier d'une activité à leur domicile et à l'occasion de moments douloureux de leur vie et aussi parce que l'intervenante est seule face à ce contexte.
Voilà pourquoi, dès mon arrivée, j'ai incité les partenaires sociaux de la branche de l'aide à domicile à dépasser leurs clivages historiques et leurs spécificités pour s'engager sur la voie d'une fusion de conventions collectives du secteur, étape indispensable de cette reconnaissance.
J'avais déjà souligné cet enjeu dans mon rapport de 1999 ; je me suis employée à avancer concrètement sur ce dossier.
J'attends des partenaires sociaux qu'ils puissent- sans précipitation excessive - conclure cette négociation et qu'ils soumettent à l'agrément cette nouvelle convention collective dans les meilleurs délais.
Ce doit être, également, l'occasion de régler positivement plusieurs problèmes statutaires en suspens tels que les indemnités kilométriques et la prise en compte des temps de transport et de rendre attractif les métiers à l'aide à domicile.
Voilà pourquoi, également, le nouveau diplôme de l'intervention à domicile verra très prochainement le jour puisque les décrets le concernant sont en cours de parution.
Développant les compétences pour compléter les réponses aux besoins, organisant la polyvalence entre lieux d'exercice pour permettre une mobilité positive, proposant un régime favorable d'équivalence avec d'autres professions du secteur, ce nouveau diplôme va permettre de donner un nouveau souffle à la professionnalisation des intervenants.
Il sera également l'occasion - et j'y serai attentive - de procéder à une revalorisation des carrières de l'aide à domicile, là encore pour rendre attractifs les métiers du secteur et faire bénéficier les personnels d'une plus juste rétribution.
J'ajoute que j'ai également proposé aux partenaires sociaux de la branche de négocier une engagement de développement de la formation consacré à la validation des acquis dans le secteur, projet sur lequel le gouvernement est prêt à mobiliser un financement supplémentaire.
Par ailleurs, l'inscription des services d'aide à domicile dans le champ de la loi de 75 en cours de débat au Parlement leur assurera une reconnaissance institutionnelle forte et permettra de progresser sur la question des modalités de financement du secteur en particulier à partir des travaux du groupe que j'ai mis en place sur ce sujet au début de l'été.
Vous le voyez, face à des enjeux multiples, le Gouvernement veut faire feu de tout bois et de nombreux chantiers parallèles à la mise en place de l'APA viennent contribuer à renforcer le secteur.
Ces multiples chantiers devront avancer d'un même pas sous peine de conduire l'ensemble à l'échec mais la détermination du Gouvernement est totale pour assurer la réussite de l'APA.
Cette détermination, vous pourrez la mesurer très prochainement à propos du taux CNAV puisque le Premier Ministre a décidé de demander à la CNAV d'augmenter le taux horaire de plus de 7,50 Frs, d'une part pour couvrir le coût de la réduction du temps de travail dans l'aide à domicile et d'autre part, pour abonder l'augmentation du SMIC.
Cette décision, accompagnée d'une nouvelle procédure accélérée de traitement et d'agrément des accords locaux, permettra de solder le dossier de la réduction du temps de travail dans la branche et du SMIC et, ainsi, de démarrer la mise en place de l'APA dans un contexte apaisé.
Pour conclure, je voudrais vous dire au-delà des inquiétudes du moment que j'espère avoir contribué à dissiper, que le secteur de l'aide à domicile doit aussi réfléchir sur son propre avenir et à son positionnement stratégique.
Lui faut-il continuer à jouer l'indifférenciation et la concurrence par les prix dans le cadre de la relation de service au risque de la déqualification ou bien doit-il, au contraire, approfondir sa spécificité et améliorer sa valeur ajoutée professionnelle en participant à la construction d'une véritable action sociale à domicile ?
Il ne m'appartient pas de formuler, seule, une réponse mais plutôt de susciter le débat et de faire progresser la réflexion car comme le disait Sénèque, " il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ".
Nous aurons sûrement l'occasion d'en reparler.
Vous le voyez, jamais sans doute l'aide à domicile n'aura bénéficié d'un contexte aussi favorable à son développement et à sa structuration.
Je l'ai dit tout à l'heure, le gouvernement de Lionel Jospin entend jouer pleinement son rôle dans cette évolution attendue tant par les personnes âgées que par leur famille et je dois vous dire ma satisfaction et ma fierté d'avoir participé, il n'y pas quinze jours à une réunion de ministre tenue par Lionel Jospin dont les travaux ont été consacrés pendant près de deux heures à la mise en uvre de l'APA et à l'aide à domicile. J'aurais également très prochainement l'occasion de faire une communication en conseil des ministres sur la modernisation de l'aide à domicile. Ce sera la première depuis plus de 20 ans que ce sujet sera à l'ordre du jour des travaux du Conseil des ministres.
Mais, pour réussir dans cette entreprise, le gouvernement a également besoin de la détermination et de l'engagement de tous, responsables politiques locaux, associations et professionnelles du secteur
Avec l'APA, nous avons les moyens de réussir, je ne doute pas que nous en partagions la volonté.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 30 novembre 2001)
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, avant de rentrer dans le vif de mon propos, de vous dire ma satisfaction d'être aujourd'hui avec vous à l'occasion de ce colloque nationale consacré aux métiers de l'aide à domicile et de saluer tout particulièrement votre Présidente, Danièle DUMAS, dont je connais l'attachement aux questions sociales et l'énergie qu'elle déploie pour les résoudre.
Permettez moi, aussi, de vous dire combien je suis sensible, de par mon histoire personnelle, à ce que vous représentez et aux valeurs de solidarité et d'entraide qui vous animent.
Vous le savez, dès mon arrivée au gouvernement, je me suis attachée à mettre en uvre, en plein accord avec Lionel Jospin et Elisabeth Guigou, les mesures que j'avais préconisées dans mon rapport parlementaire.
Ma conviction n'a pas changé sur la nécessité de professionnaliser et de structurer le secteur de l'aide à domicile pour mieux répondre aux attentes des usagers et de leurs familles.
C'est pourquoi j'ai placé mon action sous la double exigence, d'une part, d'une plus grande équité et d'une meilleure reconnaissance des métiers de l'aide à domicile et, d'autre part, d'une nécessaire professionnalisation de ces métiers.
Je sais que des problèmes urgents se posent aujourd'hui dans ce secteur et que des réponses concrètes et rapides sont attendues.
Je reviendrais tout à l'heure sur les décisions prises la semaine passée dans ce domaine mais je voudrais également profiter de l'occasion que vous m'offrez pour élargir le cadre de la réflexion et dépasser les difficultés d'aujourd'hui, dont je sais combien elles vous préoccupent.
En effet, j'ai la conviction que le secteur de l'aide à domicile est à la croisée des chemins et qu'aujourd'hui, il s'agit pour les professionnels et les responsables que vous êtes toutes et tous ici de prendre la mesure de ces enjeux et des opportunités ouvertes par l'engagement du Gouvernement en faveur de l'aide à domicile dans le cadre de l'APA .
J'ai voulu marquer cet engagement en nommant dès mon arrivée un conseiller technique spécifiquement en charge de votre secteur et je me suis employée, à chaque occasion qui m'était offerte, à faire le choix du renforcement de l'aide à domicile. Ces derniers mois ont été riches en discussions de toute nature sur la prise en charge des personnes âgées en situation de perte d'autonomie et des débats parlementaires sur la loi créant l'allocation personnalisée d'autonomie ont permis de mettre cette question sous les feux de l'actualité.
Cette loi, voulue par Lionel Jospin, va apporter un souffle nouveau et des moyens supplémentaires considérables en direction des personnes âgées dépendantes. Elle va donner des lignes de force à l'action publique pour de nombreuses années et elle offre des points d'appui importants pour la structuration du secteur de l'aide à domicile.
Je ne reviendrai pas dans le détail ici, sur le contenu de la loi APA mais permettez mois simplement de rappeler, même devant des signataires du livre noir de la PSD, que nous partions de loin, coincés dans les limites étriquées, souvent injustes et inégalitaires de la prestation spécifique dépendance.
Cette loi APA, Lionel Jospin l'a voulue fondée sur l'universalité, l'égalité et la solidarité :
l'universalité, parce qu'aucun demandeur ne sera écarté pour des conditions de ressources qui, dans la PSD, vous le savez mieux que moi, étaient pénalisantes ;
l'égalité, parce que le Gouvernement a voulu mettre fin aux disparités inacceptables rencontrées au hasard des départements sans autre explication que l'engagement plus ou moins fort des conseils généraux dans les politiques aux bénéfices des personnes âgées;
la solidarité, parce que le financement de l'APA sera assuré à la fois par la solidarité nationale en utilisant la CSG et par la solidarité locale dans le cadre des responsabilités confiées aux conseils généraux.
Enfin, je souligne que la loi APA a supprimé les recours sur succession ou sur donation, une des principales raisons, de l'avis de tous, de l'échec de la PSD.Cette loi APA, Lionel Jospin a aussi voulu en faire un outil d'approfondissement de la décentralisation en confiant la responsabilité de la nouvelle allocation aux Conseils Généraux faisant le choix d'une meilleure articulation, à ce niveau, entre politique de coordination gérontologique, actions de proximité et structuration de l'offre.
Parce qu'elle réaffirme le rôle majeur de l'aide à domicile dans la prise en charge des personnes en perte d'autonomie, parce qu'elle va obliger les responsables nationaux et départementaux à accompagner la professionnalisation, sous peine d'échec global, la loi APA est également une loi phare pour votre secteur.
Directement par des différentes mesures législatives et réglementaires, ou indirectement par effet d'entraînement sur plusieurs dossiers en cours, la loi APA va vous aider, va nous aider à sortir le secteur de la grande précarité dans laquelle il se débat depuis trop longtemps.
Permettez-moi d'aller plus au fond sur ce sujet.
D'abord, je voudrais souligner que la loi APA et les textes d'application, qui viennent d'être publiés, prévoient plusieurs mesures fortes pour le secteur.
En premier lieu, la priorité de recours aux services prestataires va permettre d'éviter le paradoxe de la situation actuelle qui voit les cas les plus lourds pris en charge par le mandataire ou l'emploi direct.
Cette priorité aux services prestataires, les décrets l'ont fixée aux GIR 1 et 2 et à certaines situations des GIR 3 et 4.
Je sais que certains auraient souhaité une autre solution mais j'ai préféré, en m'appuyant sur la nécessité de revoir la grille AGGIR. - nécessité largement partagée par le secteur - ne pas figer les choses, en particulier pour la prise en charge des démences séniles habituellement sous cotée par la grille AGGIR.
La révision de cette grille permettra sans aucun doute de réexaminer la question en temps voulu. Nous allons prochainement composer la commission chargée d'y procéder, commission dans laquelle les professionnels de terrain seront repésentés
Parallèlement,plusieurs dispositions complémentaires ont été voulues par le législateur.
Le refus exprès du recours aux services prestataires - garantie du libre choix de la personne et de son entourage - devra être formulé par écrit et dûment motivé, ce qui exclura, là aussi toute décision hâtive prise dans l'urgence et contribuera à stabiliser la régulation de l'offre et de la demande.
De la même façon, le recours à des emplois directs non qualifiés entraînera une augmentation de la participation du bénéficiaire de l'APA au plan d'aide.
Enfin, la valorisation des interventions dans les plans d'aide devra se faire sur la base de conventions collectives agréées, interdisant par là-même, les jeux pervers que nous avons tous connus.
Nous avons donc mis en place un dispositif encadré, équilibré, et qui va entraîner une création d'emplois non négligeable pour les services prestataires, puisque les conclusions de mes services chiffrent à environ 40.000 postes les emplois créés par l'APA.
C'est à dire que réussir l'APA nécessite, au-delà de la simple gestion du dispositif, un accompagnement fort pour lequel le Gouvernement entend mobiliser des moyens importants.
Ce sera le rôle du fonds de modernisation de l'aide à domicile, doté dès cette année de 300 à 400 millions de francs, de contribuer à la professionnalisation et à la structuration du secteur.
Dispositif original sinon, unique, ce fonds sera géré à un double niveau local et national et permettra de financer, en tout ou partie, les projets portés par le secteur sous la seule double réserve de ne pas financer des dépenses de fonctionnement et de ne pas se substituer à des obligations de l'employeur.
Il vous appartient de faire preuve d'imagination pour utiliser cet outil.
Mais l'action de l'Etat sur un sujet aussi vaste ne saurait être suffisante sans l'appui d'une part des collectivités territoriales et au premier chef des départements et d'autre part des associations que vous représentez ici, toutes à la fois porteuses des attentes et de propositions des professionnels mais aussi témoignant des souhaits des usagers.
Cette coopération, que dès le départ de mon action j'ai souhaité développer, doit se concrétiser dans un partenariat le plus large, associant le service public de l'emploi, les services des départements, les différents partenaires de la formation professionnelle et tous les acteurs de terrain ouverts à cette perspective de développement local.
J'ai proposé début septembre aux présidents de conseils généraux de s'engager dans cette démarche visant à mieux structurer les services, à stabiliser l'environnement des associations prestataires.
D'ores et déjà des contacts fructueux ont été noués sur le terrain, je pense aux Côtes d'Armor, au Territoire de Belfort, à Paris, au Gard, à la Creuse, à bien d'autres encore et je ne doute pas que la liste continuera de s'allonger dans les prochaines semaines.
Au delà de ces coopérations institutionnelles, il y a à réfléchir, en particulier à partir de votre expérience, sur le maintien du lien social entre les personnes âgées et leurs communautés de vie. Incontestablement, la richesse de l'apport associatif et du bénévolat est à prendre en compte en cette matière et, tout en évitant la confusion des rôles entre bénévoles et professionnelles, il y a de la place à la fois pour une spécificité de chacun et pour une complémentarité bien articulée permettant de donner du contenu et du sens aux liens inter-générationnels et à la société de tous les âges.
C'est une des forces de notre pays que de pouvoir s'appuyer sur un monde associatif vigoureux au plus près des territoires et, dans cette année de centenaire de la loi de 1901, j'ai plaisir à évoquer, ici, les conclusions positives d'un récent rapport de l'Inspection générale des Affaires Sociales sur votre organisme, contredisant ainsi ceux qui portent sur les associations un jugement globalement négatif.
Mais l'ambition du Gouvernement de faire de l'APA une réelle avancée sociale ne pourra se réaliser sans des professionnels compétents, motivés et bénéficiant d'une reconnaissance statutaire et conventionnelle correcte.
En effet, il nous faut dépasser l'approche réductrice d'un secteur d'activité trop souvent conçu comme un réservoir d'emplois peu qualifiés, terrain privilégié des divers programmes de lutte contre le chômage des femmes.
Sans renoncer à cette perspective, il s'agit de faire comprendre et partager que l'aide à domicile est un vrai métier, mettant en jeu des compétences réelles et non seulement des savoir-faire intuitifs, un métier dont l'exercice est difficile parce qu'il s'adresse à des personnes fragilisées, dans le contexte particulier d'une activité à leur domicile et à l'occasion de moments douloureux de leur vie et aussi parce que l'intervenante est seule face à ce contexte.
Voilà pourquoi, dès mon arrivée, j'ai incité les partenaires sociaux de la branche de l'aide à domicile à dépasser leurs clivages historiques et leurs spécificités pour s'engager sur la voie d'une fusion de conventions collectives du secteur, étape indispensable de cette reconnaissance.
J'avais déjà souligné cet enjeu dans mon rapport de 1999 ; je me suis employée à avancer concrètement sur ce dossier.
J'attends des partenaires sociaux qu'ils puissent- sans précipitation excessive - conclure cette négociation et qu'ils soumettent à l'agrément cette nouvelle convention collective dans les meilleurs délais.
Ce doit être, également, l'occasion de régler positivement plusieurs problèmes statutaires en suspens tels que les indemnités kilométriques et la prise en compte des temps de transport et de rendre attractif les métiers à l'aide à domicile.
Voilà pourquoi, également, le nouveau diplôme de l'intervention à domicile verra très prochainement le jour puisque les décrets le concernant sont en cours de parution.
Développant les compétences pour compléter les réponses aux besoins, organisant la polyvalence entre lieux d'exercice pour permettre une mobilité positive, proposant un régime favorable d'équivalence avec d'autres professions du secteur, ce nouveau diplôme va permettre de donner un nouveau souffle à la professionnalisation des intervenants.
Il sera également l'occasion - et j'y serai attentive - de procéder à une revalorisation des carrières de l'aide à domicile, là encore pour rendre attractifs les métiers du secteur et faire bénéficier les personnels d'une plus juste rétribution.
J'ajoute que j'ai également proposé aux partenaires sociaux de la branche de négocier une engagement de développement de la formation consacré à la validation des acquis dans le secteur, projet sur lequel le gouvernement est prêt à mobiliser un financement supplémentaire.
Par ailleurs, l'inscription des services d'aide à domicile dans le champ de la loi de 75 en cours de débat au Parlement leur assurera une reconnaissance institutionnelle forte et permettra de progresser sur la question des modalités de financement du secteur en particulier à partir des travaux du groupe que j'ai mis en place sur ce sujet au début de l'été.
Vous le voyez, face à des enjeux multiples, le Gouvernement veut faire feu de tout bois et de nombreux chantiers parallèles à la mise en place de l'APA viennent contribuer à renforcer le secteur.
Ces multiples chantiers devront avancer d'un même pas sous peine de conduire l'ensemble à l'échec mais la détermination du Gouvernement est totale pour assurer la réussite de l'APA.
Cette détermination, vous pourrez la mesurer très prochainement à propos du taux CNAV puisque le Premier Ministre a décidé de demander à la CNAV d'augmenter le taux horaire de plus de 7,50 Frs, d'une part pour couvrir le coût de la réduction du temps de travail dans l'aide à domicile et d'autre part, pour abonder l'augmentation du SMIC.
Cette décision, accompagnée d'une nouvelle procédure accélérée de traitement et d'agrément des accords locaux, permettra de solder le dossier de la réduction du temps de travail dans la branche et du SMIC et, ainsi, de démarrer la mise en place de l'APA dans un contexte apaisé.
Pour conclure, je voudrais vous dire au-delà des inquiétudes du moment que j'espère avoir contribué à dissiper, que le secteur de l'aide à domicile doit aussi réfléchir sur son propre avenir et à son positionnement stratégique.
Lui faut-il continuer à jouer l'indifférenciation et la concurrence par les prix dans le cadre de la relation de service au risque de la déqualification ou bien doit-il, au contraire, approfondir sa spécificité et améliorer sa valeur ajoutée professionnelle en participant à la construction d'une véritable action sociale à domicile ?
Il ne m'appartient pas de formuler, seule, une réponse mais plutôt de susciter le débat et de faire progresser la réflexion car comme le disait Sénèque, " il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ".
Nous aurons sûrement l'occasion d'en reparler.
Vous le voyez, jamais sans doute l'aide à domicile n'aura bénéficié d'un contexte aussi favorable à son développement et à sa structuration.
Je l'ai dit tout à l'heure, le gouvernement de Lionel Jospin entend jouer pleinement son rôle dans cette évolution attendue tant par les personnes âgées que par leur famille et je dois vous dire ma satisfaction et ma fierté d'avoir participé, il n'y pas quinze jours à une réunion de ministre tenue par Lionel Jospin dont les travaux ont été consacrés pendant près de deux heures à la mise en uvre de l'APA et à l'aide à domicile. J'aurais également très prochainement l'occasion de faire une communication en conseil des ministres sur la modernisation de l'aide à domicile. Ce sera la première depuis plus de 20 ans que ce sujet sera à l'ordre du jour des travaux du Conseil des ministres.
Mais, pour réussir dans cette entreprise, le gouvernement a également besoin de la détermination et de l'engagement de tous, responsables politiques locaux, associations et professionnelles du secteur
Avec l'APA, nous avons les moyens de réussir, je ne doute pas que nous en partagions la volonté.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 30 novembre 2001)