Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Nous allons parler du Salon de l'agriculture, mais d'abord François BAYROU-Emmanuel MACRON, l'alliance. La Belle Alliance populaire aviez-vous dit à l'époque à propos du Parti socialiste ; cette alliance-là, vous y croyez ? Elle est cohérente ?
STEPHANE LE FOLL
En tout cas ce que j'ai constaté, c'est que François BAYROU a pris une décision qui fait qu'il ne sera pas candidat ou ne sera plus candidat à l'élection présidentielle. C'est quand même une forme de sens de la responsabilité dans le contexte dans lequel nous sommes. Benoît HAMON a tendu la main à Jean-Luc MELENCHON, a même tendu la main à Yannick JADOT. Je trouve que dans ces moments où il y a une échéance majeure avec des risques aussi majeurs, certains hommes politiques prennent des responsabilités, les prennent en fonction du contexte avec les grands enjeux. Il y en a d'autres aujourd'hui qui font traîner les choses et qui devraient prendre bien conscience quand même du fait qu'on a besoin de se rassembler aujourd'hui sur des valeurs, sur des enjeux et sur un projet pour la France. Ce qu'a engagé Benoît HAMON, il faut que ça se termine vite et on ne peut pas faire semblant de vouloir un accord sans vraiment le signer.
CAROLINE ROUX
Là, vous mettez un coup de pression très clair sur Yannick JADOT. Parce que Jean-Luc MELENCHON, vous avez tourné la page : vous avez bien compris qu'il a dit non.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Jean-Luc MELENCHON j'ai bien compris, mais ça fait longtemps. D'ailleurs, il était candidat déjà en 2012. Jean-Luc MELENCHON l'a dit d'ailleurs plus ou moins, c'est d'abord une espèce de revanche et de compétition avec le PS. Ce n'est pas ça le sujet de la présidentielle, c'est quand même la France. Moi, je veux qu'on en parle et qu'on soit capable d'en parler. Ce sont les valeurs qui sont les valeurs qui sont les nôtres et qui font qu'il y a un rassemblement qui est nécessaire. Aujourd'hui, il y avait quatre offres électorales possibles : François BAYROU, Emmanuel MACRON, Benoît HAMON, Jean-Luc MELENCHON et Yannick JADOT, mais il est un peu en dehors du paquet essentiel. Il y a toujours trois divisions aujourd'hui par rapport à François FILLON qui a quand même un projet qu'il a lui-même qualifié de radical je reprends les mots et puis l'extrême droite. Moi, je suis pour le rassemblement. Je suis pour qu'on évite un deuxième tour François FILLON-Marine LE PEN.
CAROLINE ROUX
Mais il y a un rassemblement qui est en marche (En Marche !) et on en parlait à l'instant
STEPHANE LE FOLL
Vous avez dit « en marche ».
CAROLINE ROUX
Oui, c'est ça, entre François BAYROU et Emmanuel MACRON.
STEPHANE LE FOLL
Difficile maintenant, à chaque fois qu'on parle
CAROLINE ROUX
La question que je vous posais, c'est est-ce que vous considérez que c'est un rassemblement cohérent sur le fond ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que sur le fond, la question du projet pour la France, les grands enjeux aujourd'hui ne sont pas clairement indiqués. Ça, c'est un vrai sujet, c'est pour ça que c'est un sujet je l'ai dit dans les jours qui ont précédé d'inquiétude pour un homme politique comme moi, qui fait qu'aujourd'hui
CAROLINE ROUX
Qu'est-ce qui vous inquiète ?
STEPHANE LE FOLL
Justement, j'aimerais y voir clair. La France et la présidentielle, c'est un rendez-vous entre un homme, une femme et les Français, mais c'est surtout un projet, une incarnation bien sûr individuelle, personnelle, mais un chemin qu'on trace. Aujourd'hui, par rapport au débat, je voudrais que les chemins qui se tracent... J'ai bien compris que du côté de l'extrême droite, il était tracé le chemin. Du côté de François FILLON, il bouge un peu, il est un peu sinueux, et avec les problèmes qui sont les siens aujourd'hui, mais enfin c'est un projet dur pour les Français. Après maintenant, il faudrait qu'il y ait une offre qui se construise, quelque chose de fort qui s'inscrive.
CAROLINE ROUX
Et celle de Benoît HAMON, elle n'est pas claire ?
STEPHANE LE FOLL
Mais si. Benoît HAMON est aujourd'hui à la recherche d'accords, je vous l'ai dit, avec des partenaires qui auraient dû aller beaucoup plus vite. On tend la main, on essaye d'y répondre, on ne fait pas semblant. Ça ne dure pas des jours et des jours.
CAROLINE ROUX
Il y a une forme d'irresponsabilité de la part de Yannick JADOT ?
STEPHANE LE FOLL
Je trouve. A 60 jours, 65 jours d'une élection présidentielle avec les sondages tels qu'ils sont, une qualification de Marine LE PEN au deuxième tour, il y a des gens qui continuent à laisser penser qu'il faut discuter, prendre son temps.
CAROLINE ROUX
Ils font quoi ? Des caprices ? C'est quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas des caprices. C'est sûrement des enjeux que je devine un peu mais que je ne veux même pas exprimer. Je pense que maintenant il faut que ça aille vite.
CAROLINE ROUX
Vous nous avez parlé du courage d'une certaine manière, de l'abnégation de François BAYROU, du sens de la responsabilité.
STEPHANE LE FOLL
La responsabilité. Ce serait déjà bien.
CAROLINE ROUX
Après, c'est un geste qui ressemble aussi à celui de François HOLLANDE. Vous le mettriez dans la même catégorie ? C'est la même chose ? C'est la même histoire ? C'est le sens des responsabilités, le fait de renoncer ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, d'accord, j'ai compris. Oui, il y a des moments où des hommes politiques par rapport à ce qu'est leur engagement, leur histoire, font des choix qui ne sont pas forcément ceux qu'ils souhaiteraient mais ils le font en fonction d'une réalité et d'un contexte.
CAROLINE ROUX
Un mot sur François HOLLANDE. Il était hier au dîner du CRIF. Il a d'ailleurs croisé Emmanuel MACRON et il a eu cette phrase : « Les clivages sont nécessaires et il serait même périlleux de vouloir les effacer. » Est-ce que vous êtes d'accord avec cette phrase-là ? Est-ce qu'on est à la veille d'une recomposition politique majeure comme semblent le penser François BAYROU et Emmanuel MACRON ?
STEPHANE LE FOLL
Moi, je suis convaincu que les clivages sont nécessaires. C'est exactement ce que je vous ai dit. Où sont les chemins ? Les Français vont choisir une trace, un objectif, un espoir, une construction. Ça fait les clivages et sur des valeurs qui sont celles de la gauche, qui sont celles de la solidarité, qui sont celles aussi de l'ambition et il en faut, et en même temps d'autres portent d'autres valeurs, ont d'autres projets, d'autres chemins pour la France. C'est ça le clivage et il est absolument nécessaire.
CAROLINE ROUX
On parle de l'agriculture ?
STEPHANE LE FOLL
Oui.
CAROLINE ROUX
On est à la veille du salon de l'agriculture, ce sera votre dernier salon de l'agriculture en tant que ministre.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
CAROLINE ROUX
Vous allez marcher dans les travées la tête haute ? Vous considérez aujourd'hui que la situation des agriculteurs est meilleure que celle d'il y a cinq ans ?
STEPHANE LE FOLL
Je considère que pendant cinq ans, j'ai dû traverser avec les agriculteurs et pour leurs difficultés à eux près de huit crises. Huit. Je suis resté longtemps, et je vais battre des records, mais j'aurais eu aussi - et c'est pas moi, c'est les agriculteurs à faire face, je vous l'ai dit, à un nombre de crises sans précédent, qu'elles soient climatiques, qu'elles soient sanitaires l'influenza aviaire qu'elles soient économiques. On commence et je finis ce mandat avec encore une crise sanitaire majeure. J'ai bien vu et je ressens le désespoir qui existe et il est logique chez les agriculteurs. Est-ce que je marche la tête haute ? Je me dis que j'ai assumé mes responsabilités avec la volonté à la fois de répondre au court terme à ce qu'étaient les besoins et les attentes des agriculteurs face aux crises, puis en même temps j'ai essayé, moi, de tracer un chemin, celui d'une mutation agricole sur l'agro-écologie, sur la prise en compte de l'environnement. Est-ce que je marche la tête haute ? Je marche en me disant que j'ai fait ce que je voulais faire en termes d'objectifs et j'ai fait tout ce que je pouvais faire pour répondre aux besoins des agriculteurs.
CAROLINE ROUX
Qu'est-ce que vous avez raté ?
STEPHANE LE FOLL
Qu'est-ce que j'ai raté ? Mais je ne vais pas dire que j'ai raté des choses : j'ai été confronté à des choix.
CAROLINE ROUX
Pourquoi ? Ça ne se dit pas ?
STEPHANE LE FOLL
Non, ça ne se dit pas parce qu'après, il n'y a que ça qui est retenu. En politique aujourd'hui, et avec les interviews des journalistes, il n'y a que le négatif qui est retenu.
CAROLINE ROUX
Alors qu'est-ce que vous avez réussi ?
STEPHANE LE FOLL
Qu'est-ce que j'ai réussi ? Je pense que j'ai réussi à admettre cette idée que l'environnement et l'économie agricole sont à combiner. La double performance, c'est l'enjeu de la mutation on parlait tout à l'heure de la mutation de l'agriculture d'aujourd'hui. Je l'ai fait avec cette volonté de faire avancer les choses : recherche, organisation, méthode, modèle de production. Ça paiera et ça, j'en suis sûr.
CAROLINE ROUX
Et un regret ? Un regret ?
STEPHANE LE FOLL
Un regret ? Vous voulez que j'aie un regret ? De ne pas avoir été assez vite sur un certain nombre de sujets, de ne pas avoir pu faire bouger les choses plus rapidement. C'est toujours un regret et en même temps vous allez me dire : « Mais vous êtes resté cinq ans. Dites donc, vous auriez pu aller plus vite. »
CAROLINE ROUX
Je ne l'ai pas dit.
STEPHANE LE FOLL
Mais malheureusement, les choses ne sont pas si simples. La réalité, pour revenir à des questions plus profondes, on peut la faire bouger mais elle ne bouge pas comme ça, en claquant des doigts.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 février 2017
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Nous allons parler du Salon de l'agriculture, mais d'abord François BAYROU-Emmanuel MACRON, l'alliance. La Belle Alliance populaire aviez-vous dit à l'époque à propos du Parti socialiste ; cette alliance-là, vous y croyez ? Elle est cohérente ?
STEPHANE LE FOLL
En tout cas ce que j'ai constaté, c'est que François BAYROU a pris une décision qui fait qu'il ne sera pas candidat ou ne sera plus candidat à l'élection présidentielle. C'est quand même une forme de sens de la responsabilité dans le contexte dans lequel nous sommes. Benoît HAMON a tendu la main à Jean-Luc MELENCHON, a même tendu la main à Yannick JADOT. Je trouve que dans ces moments où il y a une échéance majeure avec des risques aussi majeurs, certains hommes politiques prennent des responsabilités, les prennent en fonction du contexte avec les grands enjeux. Il y en a d'autres aujourd'hui qui font traîner les choses et qui devraient prendre bien conscience quand même du fait qu'on a besoin de se rassembler aujourd'hui sur des valeurs, sur des enjeux et sur un projet pour la France. Ce qu'a engagé Benoît HAMON, il faut que ça se termine vite et on ne peut pas faire semblant de vouloir un accord sans vraiment le signer.
CAROLINE ROUX
Là, vous mettez un coup de pression très clair sur Yannick JADOT. Parce que Jean-Luc MELENCHON, vous avez tourné la page : vous avez bien compris qu'il a dit non.
STEPHANE LE FOLL
Oui. Jean-Luc MELENCHON j'ai bien compris, mais ça fait longtemps. D'ailleurs, il était candidat déjà en 2012. Jean-Luc MELENCHON l'a dit d'ailleurs plus ou moins, c'est d'abord une espèce de revanche et de compétition avec le PS. Ce n'est pas ça le sujet de la présidentielle, c'est quand même la France. Moi, je veux qu'on en parle et qu'on soit capable d'en parler. Ce sont les valeurs qui sont les valeurs qui sont les nôtres et qui font qu'il y a un rassemblement qui est nécessaire. Aujourd'hui, il y avait quatre offres électorales possibles : François BAYROU, Emmanuel MACRON, Benoît HAMON, Jean-Luc MELENCHON et Yannick JADOT, mais il est un peu en dehors du paquet essentiel. Il y a toujours trois divisions aujourd'hui par rapport à François FILLON qui a quand même un projet qu'il a lui-même qualifié de radical je reprends les mots et puis l'extrême droite. Moi, je suis pour le rassemblement. Je suis pour qu'on évite un deuxième tour François FILLON-Marine LE PEN.
CAROLINE ROUX
Mais il y a un rassemblement qui est en marche (En Marche !) et on en parlait à l'instant
STEPHANE LE FOLL
Vous avez dit « en marche ».
CAROLINE ROUX
Oui, c'est ça, entre François BAYROU et Emmanuel MACRON.
STEPHANE LE FOLL
Difficile maintenant, à chaque fois qu'on parle
CAROLINE ROUX
La question que je vous posais, c'est est-ce que vous considérez que c'est un rassemblement cohérent sur le fond ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que sur le fond, la question du projet pour la France, les grands enjeux aujourd'hui ne sont pas clairement indiqués. Ça, c'est un vrai sujet, c'est pour ça que c'est un sujet je l'ai dit dans les jours qui ont précédé d'inquiétude pour un homme politique comme moi, qui fait qu'aujourd'hui
CAROLINE ROUX
Qu'est-ce qui vous inquiète ?
STEPHANE LE FOLL
Justement, j'aimerais y voir clair. La France et la présidentielle, c'est un rendez-vous entre un homme, une femme et les Français, mais c'est surtout un projet, une incarnation bien sûr individuelle, personnelle, mais un chemin qu'on trace. Aujourd'hui, par rapport au débat, je voudrais que les chemins qui se tracent... J'ai bien compris que du côté de l'extrême droite, il était tracé le chemin. Du côté de François FILLON, il bouge un peu, il est un peu sinueux, et avec les problèmes qui sont les siens aujourd'hui, mais enfin c'est un projet dur pour les Français. Après maintenant, il faudrait qu'il y ait une offre qui se construise, quelque chose de fort qui s'inscrive.
CAROLINE ROUX
Et celle de Benoît HAMON, elle n'est pas claire ?
STEPHANE LE FOLL
Mais si. Benoît HAMON est aujourd'hui à la recherche d'accords, je vous l'ai dit, avec des partenaires qui auraient dû aller beaucoup plus vite. On tend la main, on essaye d'y répondre, on ne fait pas semblant. Ça ne dure pas des jours et des jours.
CAROLINE ROUX
Il y a une forme d'irresponsabilité de la part de Yannick JADOT ?
STEPHANE LE FOLL
Je trouve. A 60 jours, 65 jours d'une élection présidentielle avec les sondages tels qu'ils sont, une qualification de Marine LE PEN au deuxième tour, il y a des gens qui continuent à laisser penser qu'il faut discuter, prendre son temps.
CAROLINE ROUX
Ils font quoi ? Des caprices ? C'est quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas des caprices. C'est sûrement des enjeux que je devine un peu mais que je ne veux même pas exprimer. Je pense que maintenant il faut que ça aille vite.
CAROLINE ROUX
Vous nous avez parlé du courage d'une certaine manière, de l'abnégation de François BAYROU, du sens de la responsabilité.
STEPHANE LE FOLL
La responsabilité. Ce serait déjà bien.
CAROLINE ROUX
Après, c'est un geste qui ressemble aussi à celui de François HOLLANDE. Vous le mettriez dans la même catégorie ? C'est la même chose ? C'est la même histoire ? C'est le sens des responsabilités, le fait de renoncer ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, d'accord, j'ai compris. Oui, il y a des moments où des hommes politiques par rapport à ce qu'est leur engagement, leur histoire, font des choix qui ne sont pas forcément ceux qu'ils souhaiteraient mais ils le font en fonction d'une réalité et d'un contexte.
CAROLINE ROUX
Un mot sur François HOLLANDE. Il était hier au dîner du CRIF. Il a d'ailleurs croisé Emmanuel MACRON et il a eu cette phrase : « Les clivages sont nécessaires et il serait même périlleux de vouloir les effacer. » Est-ce que vous êtes d'accord avec cette phrase-là ? Est-ce qu'on est à la veille d'une recomposition politique majeure comme semblent le penser François BAYROU et Emmanuel MACRON ?
STEPHANE LE FOLL
Moi, je suis convaincu que les clivages sont nécessaires. C'est exactement ce que je vous ai dit. Où sont les chemins ? Les Français vont choisir une trace, un objectif, un espoir, une construction. Ça fait les clivages et sur des valeurs qui sont celles de la gauche, qui sont celles de la solidarité, qui sont celles aussi de l'ambition et il en faut, et en même temps d'autres portent d'autres valeurs, ont d'autres projets, d'autres chemins pour la France. C'est ça le clivage et il est absolument nécessaire.
CAROLINE ROUX
On parle de l'agriculture ?
STEPHANE LE FOLL
Oui.
CAROLINE ROUX
On est à la veille du salon de l'agriculture, ce sera votre dernier salon de l'agriculture en tant que ministre.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
CAROLINE ROUX
Vous allez marcher dans les travées la tête haute ? Vous considérez aujourd'hui que la situation des agriculteurs est meilleure que celle d'il y a cinq ans ?
STEPHANE LE FOLL
Je considère que pendant cinq ans, j'ai dû traverser avec les agriculteurs et pour leurs difficultés à eux près de huit crises. Huit. Je suis resté longtemps, et je vais battre des records, mais j'aurais eu aussi - et c'est pas moi, c'est les agriculteurs à faire face, je vous l'ai dit, à un nombre de crises sans précédent, qu'elles soient climatiques, qu'elles soient sanitaires l'influenza aviaire qu'elles soient économiques. On commence et je finis ce mandat avec encore une crise sanitaire majeure. J'ai bien vu et je ressens le désespoir qui existe et il est logique chez les agriculteurs. Est-ce que je marche la tête haute ? Je me dis que j'ai assumé mes responsabilités avec la volonté à la fois de répondre au court terme à ce qu'étaient les besoins et les attentes des agriculteurs face aux crises, puis en même temps j'ai essayé, moi, de tracer un chemin, celui d'une mutation agricole sur l'agro-écologie, sur la prise en compte de l'environnement. Est-ce que je marche la tête haute ? Je marche en me disant que j'ai fait ce que je voulais faire en termes d'objectifs et j'ai fait tout ce que je pouvais faire pour répondre aux besoins des agriculteurs.
CAROLINE ROUX
Qu'est-ce que vous avez raté ?
STEPHANE LE FOLL
Qu'est-ce que j'ai raté ? Mais je ne vais pas dire que j'ai raté des choses : j'ai été confronté à des choix.
CAROLINE ROUX
Pourquoi ? Ça ne se dit pas ?
STEPHANE LE FOLL
Non, ça ne se dit pas parce qu'après, il n'y a que ça qui est retenu. En politique aujourd'hui, et avec les interviews des journalistes, il n'y a que le négatif qui est retenu.
CAROLINE ROUX
Alors qu'est-ce que vous avez réussi ?
STEPHANE LE FOLL
Qu'est-ce que j'ai réussi ? Je pense que j'ai réussi à admettre cette idée que l'environnement et l'économie agricole sont à combiner. La double performance, c'est l'enjeu de la mutation on parlait tout à l'heure de la mutation de l'agriculture d'aujourd'hui. Je l'ai fait avec cette volonté de faire avancer les choses : recherche, organisation, méthode, modèle de production. Ça paiera et ça, j'en suis sûr.
CAROLINE ROUX
Et un regret ? Un regret ?
STEPHANE LE FOLL
Un regret ? Vous voulez que j'aie un regret ? De ne pas avoir été assez vite sur un certain nombre de sujets, de ne pas avoir pu faire bouger les choses plus rapidement. C'est toujours un regret et en même temps vous allez me dire : « Mais vous êtes resté cinq ans. Dites donc, vous auriez pu aller plus vite. »
CAROLINE ROUX
Je ne l'ai pas dit.
STEPHANE LE FOLL
Mais malheureusement, les choses ne sont pas si simples. La réalité, pour revenir à des questions plus profondes, on peut la faire bouger mais elle ne bouge pas comme ça, en claquant des doigts.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 février 2017