Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée est ce matin Marielle de SARNEZ, ministre chargée des Affaires européennes. Bonjour.
MARIELLE DE SARNEZ
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous, Marielle de SARNEZ. Nous allons parler de la visite de Vladimir POUTINE à Paris. Est-ce que, Emmanuel MACRON va évidemment aborder la question ukrainienne avec Vladimir POUTINE, est-ce que l'Union européenne doit prendre des sanctions supplémentaires contre Moscou ?
MARIELLE DE SARNEZ
Alors, il y a plusieurs questions dans votre question, on va dire oui, il reçoit Vladimir POUTINE aujourd'hui, et je rappelle que son premier rendez-vous, ça a été avec Angela MERKEL, donc c'était un rendez-vous européen. Alors, au fond, avec POUTINE, qu'est-ce qui va se passer ? Je ne suis pas dans le secret total des Dieux, mais enfin, on peut imaginer que la conversation, elle va être franche, et assez directe, voilà. Et donc, est-ce qu'il faut coopérer avec la Russie ? Oui, d'ailleurs, on coopère sur la question du terrorisme, on peut y revenir, sur l'espace, en ce moment même, mais est-ce qu'on a des différends ? La réponse est oui. On a un différend sur l'Ukraine, on a un différend sur la Syrie. Alors, voilà, ces différends, ils existent, il faut parler, je ne sais pas si ça va tout résoudre, mais quand vous me parlez des sanctions, au fond, s'il y a eu des sanctions
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'il y a des sanctions européennes contre la Russie
MARIELLE DE SARNEZ
S'il y a eu des sanctions européennes contre la Russie, c'est parce que Vladimir POUTINE a fait quelque chose qui était absolument inégal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce qu'il faut prendre des sanctions supplémentaires ?
MARIELLE DE SARNEZ
Sur la Crimée, et en particulier dans une région de l'Ukraine, le Donbass. Il y a eu des accords
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce qu'il faut prendre aujourd'hui
MARIELLE DE SARNEZ
Les accords de Minsk, est-ce que ces accords sont respectés aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a un cessez-le-feu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'ils sont respectés ?
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien, je n'ai pas l'impression qu'ils le soient. Et au fond, les sanctions, ce n'est pas une fin en soi, c'est simplement un moyen de dire : eh bien écoutez, il faut respecter les accords
JEAN-JACQUES BOURDIN
Accords de Minsk
MARIELLE DE SARNEZ
Voilà
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des accords qui ne sont pas respectés, qu'est-ce qu'on fait ?...
MARIELLE DE SARNEZ
Et donc si Vladimir POUTINE veut qu'on lève les sanctions, il faut que lui-même se mette dans la légalité, et que les accords de Minsk soient respectés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le menacer de prendre des sanctions supplémentaires s'il ne respecte pas les
MARIELLE DE SARNEZ
Non, je n'ai pas dit ça ! Mais les sanctions peuvent être poursuivies, les sanctions actuelles, actuelles, elles seront levées s'il y a un changement d'attitude de la part de Vladimir POUTINE, et si les accords de Minsk, c'est la Russie et l'Ukraine il faut le rappeler qui ont pris un certain nombre d'engagements, si ces engagements sont tenus, eh bien, à ce moment-là, il n'y a plus de raison qu'il y ait des sanctions, s'il y a des sanctions, c'est parce que ces engagements ne sont pas tenus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, oui, donc, pas de sanctions supplémentaires ?
MARIELLE DE SARNEZ
Moi, je ne pense pas que ce soit à l'ordre du jour, la question, c'est les sanctions existantes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Est-ce que la France condamne toujours sans réserve l'annexion de la Crimée, franchement ?
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, eh bien, écoutez, je l'espère, en tous les cas, c'est tout à fait
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, vous l'espérez, oui, oui ou non ?
MARIELLE DE SARNEZ
C'est tout à fait illégal ! Donc oui, la France condamne, et d'ailleurs, c'est pour ça que, je pense que ça fera partie des discussions franches du dialogue franc qui aura lieu tout à l'heure dans quelques heures.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Est-ce que, Emmanuel MACRON va évoquer le sort des homosexuels en Tchétchénie ?
MARIELLE DE SARNEZ
Je pense qu'il ne s'interdira rien ! La clarté dans le dialogue, ça veut dire qu'on ne s'interdit aucune question, y compris celles qui ont trait aux libertés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
POUTINE après TRUMP, il y a eu ce G7, qui a été un échec sur certains points, et notamment sur le climat, puisque Donald TRUMP prendra sa décision finale la semaine prochaine, nous verrons si c'est un échec ou pas d'ailleurs la semaine prochaine, en fonction de la décision de TRUMP. Est-ce que vous avez bon espoir, franchement ?
MARIELLE DE SARNEZ
Moi, franchement, je crois que c'est l'intérêt des Etats-Unis de rester dans le cadre de l'accord climat, je pense que c'est l'intérêt de l'économie américaine, parce qu'ils vont faire quoi autrement ? Rester uniquement dans l'exploitation du pétrole, dans l'exploitation des gaz de schiste, et se priver absolument d'être leaders sur tout ce qui est domaine des énergies renouvelables, qui sera évidemment un domaine extrêmement important sur le plan économique dans les décennies qui viennent. Donc c'est un sacré pari, ce n'est pas un bon pari pour l'économie américaine. Et ensuite, je suis persuadée que les Etats-Unis, c'est un grand peuple, c'est une grande histoire, c'est un grand pays, ils ne peuvent pas se désintéresser de l'avenir de la planète, ils ne peuvent pas se désintéresser de l'avenir des jeunes générations qui arrivent et qui sont là, et ils ne peuvent pas se désintéresser de l'équilibre du monde ! Parce qu'il y a une question aussi, vous savez, de financer et d'aider les pays en voie de développement, en particulier dans le cadre de cet accord de Paris. Et donc on a besoin d'un monde qui soit avec un équilibre, c'est aussi bon pour les Américains. Donc oui, j'espère que tous ces arguments-là, ils seront entendus et que le président américain les entendra, qu'il restera dans le cadre de l'accord climat, peut-être qu'il arrivera avec un calendrier
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, vous avez bon espoir ?
MARIELLE DE SARNEZ
Où il dira : on va faire les choses à notre rythme, on va voir, mais en tous les cas, oui, j'ai bon espoir
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc nous respectons l'accord, nous signons l'accord, mais à notre rythme, nous l'appliquons à notre rythme
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien écoutez, c'est comme vous le savez, comme vous le savez, c'est un accord qui n'est pas contraignant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est pour ça
MARIELLE DE SARNEZ
On peut ne pas être d'accord avec cette idée, on peut considérer qu'il vaut mieux contraindre, eh bien, quand on ne contraint pas, eh bien, il faut convaincre. Donc j'espère que nous allons le convaincre, que les Américains aussi vont se saisir de cette question, et que leur président pourra dire : oui, je respecte la parole des Etats-Unis, ce qui n'est quand même pas rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le G7, rien sur l'immigration, l'Italie est très déçue, parce que l'Italie souhaitait, souhaitait que l'on en parle, et voulait renforcer les canaux d'immigration légale, pour éviter la mort à tant de migrants en Méditerranée, c'est aussi la position de la France qui est favorable à
?
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, l'Italie a raison, il faut qu'on parle de cette question de migration, ils en ont parlé d'ailleurs, mais je crois que ça n'est pas dans le communiqué
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, aucun accord ?
MARIELLE DE SARNEZ
Ça n'est pas dans le communiqué final, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez pourquoi ? Parce que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont dit non !
MARIELLE DE SARNEZ
Ils ont abordé la question. La question des migrations, ce n'est pas seulement une question pour l'Europe, c'est une question pour le monde entier, cette question des mobilités humaines, il y a des migrations partout, il y en a dans le continent africain, il y en a en Asie, il y en a évidemment vers l'Europe. Est-ce qu'on doit avoir une politique ? La réponse est oui, et donc ça veut dire avoir une politique européenne en matière de migration et d'asile
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y venir
MARIELLE DE SARNEZ
On va y venir dans une seconde, et ça veut dire avoir des vraies politiques de développement avec ce qu'on appelle les pays d'origine ou les pays de transit. Alors, c'est un peu plus compliqué quand vous avez des pays complètement déstabilisés, comme l'est la Libye aujourd'hui, et c'est bien tout le problème, parce que tout ce flux de migrants, il arrive en Italie, près de 200.000 par an, par la Libye. Donc il faut qu'on ait des accords de développement avec les pays, je pense au Niger, je pense aux pays par où passent ou d'où viennent les migrants, qu'on ait des accords de développement très serrés, que les voies de migration légale, il y en a en France, soient autorisées et respectées
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on crée en Europe des voies de migration légale
MARIELLE DE SARNEZ
Il y en a, il y en a aujourd'hui en France, il faut des voies de migration légales, et en même temps, il faut être
il faut avoir une vraie politique pour empêcher l'immigration illégale, car ça n'est pas bon non plus pour les migrants, au fond, de venir ici au risque de leur vie, au risque de perdre leur vie, par exemple, en Méditerranée. Donc on doit avoir des accords de développement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on crée une migration légale, et on est intransigeant sur la migration illégale, c'est cela ?
MARIELLE DE SARNEZ
Intransigeant sur l'immigration illégale, et il faut que tous ceux qui ont envie de venir illégalement sachent que, eh bien, ça ne pourra pas réussir, ils ne pourront pas avoir au fond le droit de rester. Et c'est ça qui est important. Donc oui, il faut une politique commune
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, je crois que l'Europe cherche à renforcer le corps de police des frontières européennes
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, il faut le faire, parce qu'il faut aussi, on n'en a pas parlé, si vous me permettez, mais il faut des vraies frontières, c'est-à-dire qu'il faut des frontières comme dans tous les grands ensembles du monde, qui soient opérantes, qui soient surveillées, qui soient contrôlées. Et pour ça, il faut augmenter le nombre d'hommes et de femmes qui sont à ces frontières, dans ce qu'on appelle Frontex
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce qui sera décidé, c'est ce qui va être décidé ?
MARIELLE DE SARNEZ
C'est ce qui sera décidé, puisque c'est un engagement du président MACRON.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Angela MERKEL, quand même très déçue, j'ai lu ce qu'elle a déclaré, vous l'avez lu aussi, comme moi, l'Europe doit prendre son destin entre ses propres mains, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne sont plus des partenaires sur lesquels nous pouvons compter. C'est une phrase très importante.
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, je pense, comme vous, que c'est très important, ça fait très longtemps que je pense que l'Europe doit prendre en main son propre destin. Et donc au fond, je trouve que cette phrase, la première partie de la phrase, je la retrouve, je la rejoins totalement, on ne peut pas dépendre des autres pour tout, on doit prendre en main notre propre destin, on doit le prendre sur le plan économique, on doit le prendre au plan social, on est quand même un continent qui a au fond un développement social et des valeurs qui sont au coeur de notre engagement, on doit le prendre pour notre défense, on doit le prendre pour protéger nos intérêts commerciaux, c'est-à-dire, quand arrivent des produits, voilà, et du dumping de partout, eh bien, on doit se protéger, on doit avoir des barrières douanières, par exemple, comme l'ont les Américains, on ne doit pas être naïf dans le monde d'aujourd'hui, le monde d'aujourd'hui, il n'est pas facile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si j'ai bien compris
MARIELLE DE SARNEZ
Il est même difficile
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un tournant, nous sommes à un tournant
MARIELLE DE SARNEZ
Eh oui, il faut compter sur nos propres forces
JEAN-JACQUES BOURDIN
Marielle de SARNEZ, nous sommes à un tournant en Europe, je veux dire par-là
MARIELLE DE SARNEZ
Ça n'empêche pas que nous ayons des alliés
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lorsque, Angela MERKEL
non, mais avoir des alliés, c'est une chose, mais lorsque
MARIELLE DE SARNEZ
Voilà, mais il faut qu'on compte sur nous-mêmes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lorsque, Angela MERKEL dit : les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne sont plus des partenaires sur lesquels nous pouvons compter, c'est une phrase lourde de sens
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, je sens de la déception, je sens de la déception chez Angela MERKEL
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous devons créer en Europe une entité européenne beaucoup plus forte
MARIELLE DE SARNEZ
On doit enfin faire de la politique en Europe, voilà, ça, c'est la bonne réponse, et à mon avis, c'est d'ailleurs la réponse qui était dans la campagne d'Emmanuel MACRON.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi ? Un budget pour la zone euro ? Ça veut dire
MARIELLE DE SARNEZ
Mais ça veut dire qu'on s'est doté d'une monnaie commune, on a une monnaie commune, on n'a pas de budget, on n'a pas de politique économique commune, on n'a pas d'harmonisation sociale, on n'a pas d'harmonisation fiscale, par exemple, puisqu'on parle de la zone euro, c'est tout ça qu'il faut faire, c'est tout ça qu'il faut mettre à l'agenda
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais par exemple, oui
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien oui, plus des frontières extérieures
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc même au niveau de la défense
MARIELLE DE SARNEZ
Plus une politique migratoire, voilà, il faut que dans tous les domaines, plus pourquoi pas une politique de recherche commune, on a une valeur ajoutée formidable en Europe
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'on peut imaginer des opérations militaires européennes ?
MARIELLE DE SARNEZ
Il faut y travailler, conjointes, oui, eh bien, vous savez, quand la France intervient au Mali, elle le fait parce que c'est la France qui déclenche, mais elle le fait au nom de l'Europe, parce que les intérêts qu'elle défend, c'est-à-dire la stabilisation ou la lutte contre la déstabilisation et la lutte contre le terrorisme, c'est aussi pour préserver les intérêts des Européens. Donc nous sommes en première ligne parce que nous sommes la France, et nous avons les engagements et une défense qui évidemment pèsent beaucoup dans l'Union européenne, mais la phrase d'Angela MERKEL, je la fais mienne, c'est à nous d'exister, c'est à nous de décider d'exister, vous savez, l'Europe, c'est une idée géniale, c'est pour moi une des plus belles idées qui soit, on décide de se mettre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, encore faut-il qu'elle vive cette idée
MARIELLE DE SARNEZ
On décide de se mettre ensemble, et de se doter ensemble d'un avenir commun. Mais maintenant, il faut la faire vivre cette idée
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, sur les travailleurs détachés ?
MARIELLE DE SARNEZ
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce qui va être décidé ?
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien, sur les travailleurs détachés, la France souhaite, et nous avons raison de le souhaiter, que ça soit encadré, qu'à travail égal, il y ait un salaire égal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais ça, d'accord, ça, c'est le souhait, mais la réalité, c'est pour quand ?
MARIELLE DE SARNEZ
Ah, mais nous sommes en train d'oeuvrer pour ça, et je pense pouvoir dire, je suis quelqu'un de prudent, mais je pense pouvoir dire que d'ici la fin de l'année, nous aurons réussi, au fond, à pousser cette ligne et à imposer cette ligne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que nous aurons réussi d'ici la fin de l'année ?
MARIELLE DE SARNEZ
De meilleurs contrôles, la suppression de toutes ces entreprises qui sont absolument vides de sens, qui n'existaient pas, ces fameuses entreprises boîtes aux lettres, une durée limitée dans le temps pour tous les travailleurs détachés, et surtout
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que tous les travailleurs détachés qui viendraient en France seraient limités dans le temps ?
MARIELLE DE SARNEZ
Seront contrôlables, limités dans le temps, limités dans le temps, et qu'à travail égal, salaire égal pour ne pas qu'il y ait du dumping, ce qui se passe aujourd'hui, quand vous avez des boîtes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin de l'année, vous pensez que ça sera en place ?
MARIELLE DE SARNEZ
Je l'espère, je le souhaite, et en tous les cas, nous ferons tout pour, nous sommes mobilisés à plein pour ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, bien. Dites-moi, je change complètement de sujet, je reviens en France, pourquoi François BAYROU, ministre de la Justice, ne dit rien sur Richard FERRAND et sur
MARIELLE DE SARNEZ
Mais parce qu'il n'a rien à dire sur Richard FERRAND !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi il n'a rien à dire ?
MARIELLE DE SARNEZ
C'est une très bonne question, vous savez que, aujourd'hui, les instructions individuelles, ça n'existe pas, quand vous êtes Garde des sceaux, vous êtes garant de l'indépendance de la justice, vous avez des Parquets, puisque vous me parlez de cette affaire Richard FERRAND, le Parquet de Brest a dit qu'il n'y avait pas lieu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Double affaire
MARIELLE DE SARNEZ
De poursuivre, voilà, à partir de là, moi, je dis, dont acte. Et quant au Garde des sceaux, il n'a pas d'instruction individuelle à donner, il n'a pas de commentaire à faire sur des affaires individuelles, il respecte la justice, et je vais vous dire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, il respectera la justice aussi lorsqu'il sera au tribunal pour sa
MARIELLE DE SARNEZ
Vous savez que la plainte en diffamation, si vous, vous dites un truc
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, ça conduit
MARIELLE DE SARNEZ
C'est boum ! Voilà, mise en examen !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, mais je sais bien.
MARIELLE DE SARNEZ
Alors, je crois que c'est dans deux ans, bon, vous connaissez ça par coeur, c'est la liberté, voilà, on a le droit de porter plainte en diffamation contre tout le monde, c'est ce qui s'est passé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, oui, donc il sera au tribunal dans deux ans, s'il est encore Garde des sceaux, c'est gênant, non ?
MARIELLE DE SARNEZ
Oh, écoutez, c'est la vie, voilà, une association a porté plainte contre le maire de Pau, parce que le maire de Pau voulait au fond que sa ville ne dépense pas trop d'argent, je pense que de ce point de vue-là, il avait raison.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je reviens à Richard FERRAND, doit-il démissionner ?
MARIELLE DE SARNEZ
C'est son affaire. Moi je vous dis une chose, c'est que le Parquet a jugé qu'il n'y avait pas lieu à poursuivre, que le Parquet national financier ne s'est pas saisi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a deux affaires.
MARIELLE DE SARNEZ
Le Parquet national financier ne s'est pas saisi, le Parquet de Brest dit il n'y a pas lieu à poursuivre, donc je vous dis ça, donc dont acte
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais Marielle de SARNEZ, parce qu'il y a l'affaire, effectivement, Richard FERRAND qui est directeur général des Mutuelles de Bretagne, et puis qui, en janvier 2011 le Bureau des Mutuelles je rappelle l'affaire parce que certains ne pourraient pas
choisit un nouveau local à Brest pour un centre de soins, choisit une SCI pour un loyer annuel de 42.000 euros, cette SCI n'existe pas, à l'époque, et elle n'est pas encore propriétaire des surfaces qu'elle propose à la location. La future gérante est la compagne de Richard FERRAND. Avec ce futur client, la SCI est créée par la compagne de Richard FERRAND, et loue les locaux, achète et loue les locaux. Alors, sur le plan légal, rien à dire, mais sur le plan moral, rien à dire ?
MARIELLE DE SARNEZ
Mais moi je me prononce sur le plan légal, et c'est bien normal. Alors ensuite moi je vous propose d'inviter Richard FERRAND, et de lui poser la question
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, il est invité.
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je veux bien lui poser la question, mais je voudrais bien qu'il réponde, d'ailleurs, à mon invitation.
MARIELLE DE SARNEZ
Message reçu je pense.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autre chose. Son fils, salarié en 2014, job d'été, 5 mois, 1700 euros nets par mois. Tiens, on va écouter ce que me disait Richard FERRAND, c'était quand, c'était en février dernier.
[Document Archives]
RICHARD FERRAND
S'engager, par exemple, à ne pas embaucher son conjoint ou ses enfants lorsqu'on a une fonction publique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Interdire cela, interdire toute embauche de sa famille, de membres de sa famille
RICHARD FERRAND
Tout emploi familial, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Interdire tout emploi familial.
RICHARD FERRAND
C'est une bonne piste, me semble-t-il.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il avait oublié de me dire, d'ailleurs, que lui avait employé son fils, mais enfin bon, ça c'était sur RMC Découverte.
MARIELLE DE SARNEZ
Alors les emplois dits
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors moralement, est-ce que c'est condamnable ?
MARIELLE DE SARNEZ
Les emplois dits familiaux sont permis en France il n'était pas au Parlement européen, moi j'étais parlementaire européenne - ils sont interdits depuis longtemps
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est interdit au Parlement européen.
MARIELLE DE SARNEZ
J'y arrive ; ils sont interdits au Parlement européen depuis longtemps. Vous savez, Jean MONNET disait quelque chose de très très bien pardon de revenir à l'Europe Jean MONNET disait « je connais les hommes, ils peuvent être faibles, donc il faut des bonnes institutions. » D'où l'idée de moraliser la vie publique, d'où l'idée de faire une loi. Alors, après on peut embaucher sa fille, son fils, c'est légal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que moralement c'est condamnable ce qu'a fait Richard FERRAND ?
MARIELLE DE SARNEZ
Ecoutez, je ne sais pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question.
MARIELLE DE SARNEZ
Vous lui posez la question à lui, moi je n'ai pas à répondre à sa place.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ! Mais vous n'avez pas d'avis sur la question, vous ? Vous n'avez aucun avis sur la question ?
MARIELLE DE SARNEZ
Ecoutez, moi je sais qu'au Parlement européen je ne le faisais pas, et même si j'avais pu le faire je pense que je ne l'aurais pas fait, voilà. Je vous réponds comme je vous le dis
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc à la place de Richard FERRAND vous ne l'auriez pas fait.
MARIELLE DE SARNEZ
Mais, après, il n'y a rien d'illégal, simplement
pardon, ça va devenir illégal puisqu'il y a une loi de moralisation de la vie publique qui arrive
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui est portée par François BAYROU.
MARIELLE DE SARNEZ
Qui est portée par François BAYROU, par le garde des Sceaux, qui arrive, qui va dire plus d'emplois familiaux, moi je pense que c'est très bien. La vérité c'est quoi ? C'est que la France a du retard en matière de normalisation de sa vie publique. Quand on regarde les vies publiques des pays européens qui nous entourent il y a des choses, voilà
grosso modo, démocratiquement c'est mieux, civiquement c'est mieux. Par exemple, il n'y a pas de réserve parlementaire, dans les pays qui nous entourent. Par exemple il n'y a pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut la supprimer la réserve parlementaire ?
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, moi je suis pour la suppression. Par exemple, il n'y a pas 450 micro-partis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Suppression de la réserve parlementaire ?
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien oui ! Franchement. Au nom de quoi, comme ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'une des propositions que fera François BAYROU ?
MARIELLE DE SARNEZ
On verra, si ça sera dans son texte de loi, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le souhaitez, vous ?
MARIELLE DE SARNEZ
Oui, plutôt, bien sûr. Il faut normaliser notre vie publique. Donc, sur les emplois familiaux, ce qui était illégal hier, deviendra, si cette loi est votée, ce dont je ne doute pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était peut-être légal, mais peut-être moralement condamnable.
MARIELLE DE SARNEZ
Illégal, voilà. Vous lui direz.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Confère affaire FILLON, non ?
MARIELLE DE SARNEZ
L'affaire FILLON c'est encore différent. Alors, on va passer toute la matinée sur les affaires
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, pas toute la matinée Marielle de SARNEZ, mais parce que les Français
MARIELLE DE SARNEZ
Ce qui lui était reproché c'est que ce soit fictif, c'est-à-dire que le travail n'était pas fait, si j'ai bien compris et bien suivi, donc ce n'est pas tout à fait comparable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien espérez-vous de députés MoDem ?
MARIELLE DE SARNEZ
Moi j'espère que le président aura une majorité large, c'est ça mon seul souci et mon seul souhait, et je suis beaucoup sur le terrain, j'étais hier dans ma circonscription, je peux vous dire la circonscription où je suis candidate, dans le 14e, et un bout du 6e, je le dis
JEAN-JACQUES BOURDIN
A Paris.
MARIELLE DE SARNEZ
A Paris, au fond toutes les Françaises et Français que je rencontre sur le terrain me disent « on va lui donner sa chance, parce qu'il faut qu'il réussisse. » Et donc moi je suis assez optimiste, comme au début de notre conversation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si vous êtes battue, est-ce
?
MARIELLE DE SARNEZ
Eh bien, si je suis battue, je suis battue, c'est toujours un risque.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous quitterez le gouvernement ?
MARIELLE DE SARNEZ
Oui. Je démissionnerai immédiatement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, sans hésiter, enfin c'est la règle !
MARIELLE DE SARNEZ
Non, ce n'est pas la règle, c'est une règle politique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, c'est une recommandation du président de la République.
MARIELLE DE SARNEZ
Voilà, mais de moi-même je démissionnerai immédiatement, je n'attendrai même pas, vous voyez ? Et c'est bien normal, c'est la règle, non écrite, donc je la respecterai. Alors, est-ce que je prends un risque en étant candidate ? Oui. Est-ce que dans la vie il faut prendre des risques ? Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Marielle de SARNEZ d'être venue nous voir ce matin, vous êtes sur RMC et BFM TV.
Source : Service d'information du gouvernement, le 30 mai 2017