Texte intégral
LAURENT BIGNOLAS
Mais d'abord place aux 4 Vérités, bonjour Jeff WITTENBER, vous recevez ce matin Jacques MEZARD.
JEFF WITTENBERG
Jacques MEZARD qui est le ministre de la Cohésion des Territoires et, à ce titre, il est chargé notamment de coordonner les moyens pour venir en aide aux personnes qui sont victimes du froid et on va parler aussi ce matin de la politique du logement. Bonjour Jacques MEZARD...
JACQUES MEZARD
Bonjour.
JEFF WITTENBERG
Merci d'être avec nous ce matin. La neige est de retour ce vendredi sur une grande partie du pays, notamment la région Ile-de-France, votre ministère a annoncé hier que 10 nouveaux départements allaient passer en plan d'alerte grand froid pour l'hébergement des sans-abris - cela fait 32 départements au total - quelle est la situation ce matin en terme de places proposées pour les sans-abris, pour les personnes qui dorment dehors ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, nous sommes pratiquement à 143.000 places au niveau national, le plan grand froid que nous avons ouvert lundi dernier qui s'ajoute d'ailleurs à ce que nous avions ouvert sur la période hivernale c'est par exemple sur lIle-de-France plus de 3.400 places qui sont ouvertes...
JEFF WITTENBERG
C'est-à-dire plus que les autres années, vous avez fait un effort supplémentaire ?
JACQUES MEZARD
Oui, nous avons fait un effort supplémentaire globalement de plus de 10.000 places, mais il faut le dire avec et je le dis avec beaucoup d'humilité c'est encore insuffisant, il y a encore un certain nombre de nos compatriotes qui sont dans la difficulté - cest un vrai sujet sur lequel nous sommes vraiment j'allais dire dans un vrai combat ça prend du temps, c'est un enjeu fondamental pour moi en tout cas.
JEFF WITTENBERG
Ça veut dire, Jacques MEZARD, que vous n'approuvez pas les propos du député La République En Marche Sylvain MAILLARD qui a dit qu'il n'y avait qu'une cinquantaine je le cite de SDF qui dormait dehors faute de places et surtout qui a dit cette phrase qui a un petit peu fait réagir : « que l'immense majorité des sans-abris reste dans la rue par choix » a-t-il dit ?
JACQUES MEZARD
Non, je ne peux pas dire cela parce que ça ne correspond pas à ce que nous constatons les uns et les autres. Ceci étant, vous savez je me méfie des expressions rapides...
JEFF WITTENBERG
Mais c'est une interview à nos confrères de RFI.
JACQUES MEZARD
Oui. Je connais la situation, nous avons fait plus cet hiver et nous faisons plus qu'il n'a jamais été fait, c'est encore insuffisant je le dis et le gouvernement là-dessus est extrêmement mobilisé, c'est pour moi un sujet qui revient tous les jours et je vous assure que c'est un sujet où je préfèrerais qu'il n'y ait plus personne sans abri dans ce pays.
JEFF WITTENBERG
Justement le président de la République Emmanuel MACRON avait dit qu'il souhaitait qu'il n'y ait à la fin de l'année 2017 plus aucun SDF dans la rue, c'était peut-être une promesse un peu hasardeuse...
JACQUES MEZARD
Non, il n'a pas exactement...
JEFF WITTENBERG
Est-ce que vous lui conseilleriez de promettre à nouveau une telle perspective ?
JACQUES MEZARD
Il n'a pas exactement dit cela, nous avons un objectif effectivement c'est de réduire au maximum ce nombre, nous ne voulons plus constater ce que nous avons pu constater ces dernières années ; et je ne fais pas le procès de ce qui a été fait avant, beaucoup a été fait, il faut faire davantage, c'est ce que nous avons enclenché dans le processus d'hébergement d'urgence et nous allons au fil des mois passer au logement d'abord, c'est-à-dire passer de l'hébergement d'urgence à un vrai logement.
JEFF WITTENBERG
Mais vous avez participé à une maraude je crois avec le Premier ministre et le Samu social lundi soir...
JACQUES MEZARD
Oui.
JEFF WITTENBERG
Et peut-être d'autres aussi, mais en tout cas celle-là on l'a évoquée, est-ce que vous avez constaté tout de même ce que dit Sylvain MAILLARD j'y reviens pardon qu'une immense majorité reste dans la rue parfois, est-ce qu'il y a dans ce que vous avez vu des SDF qui refusent l'hébergement qui est proposé.
JACQUES MEZARD
Il y a des SDF effectivement qui refusent l'hébergement d'urgence.
JEFF WITTENBERG
Et qu'est-ce que vous faites dès lors ?
JACQUES MEZARD
Non, mais... qu'est-ce que nous faisons ? Nous constatons qu'ils sont malheureusement sous des tentes, ce sont pour certains d'entre eux des choix qu'ils préfèrent assumer personnellement mais ce n'est pas la majorité moi mon but c'est de pouvoir faire passer le maximum de ces personnes de l'hébergement au logement, ça ne va pas se faire...
JEFF WITTENBERG
Et vous ne pouvez pas les forcer, c'est ce que vous dites ce matin ?
JACQUES MEZARD
Bien sûr, bien sûr, ce sont des constatations, mais je ne dirais pas que c'est une majorité. Vous savez on n'est jamais dans ces situations-là véritablement par choix, on peut...
JEFF WITTENBERG
Vous comprenez que cette déclaration ait pu choquer ?
JACQUES MEZARD
Oui.
JEFF WITTENBERG
Un grand projet de loi sur le logement va voir le jour au printemps, hier s'est terminé... vous avez clôturé ce qu'on a appelé une conférence de consensus au Sénat...
JACQUES MEZARD
Oui.
JEFF WITTENBERG
C'est une procédure originale qui est une sorte de grand forum où à la fois les parlementaires et les professionnels débattent de leurs idées et de leurs propositions - qu'est-ce qui va sortir de ce projet de loi sur le logement ? L'idée c'est de construire plus de logements, réformer les HLM ? Que va-t-on voir apparaître dans les semaines qui viennent ?
JACQUES MEZARD
D'abord je salue cette conférence de consensus, c'est quelque chose de nouveau qui a été organisée à l'initiative du président du Sénat, avec l'accord du président de la République et du gouvernement, du Premier ministre et de moi-même, qui a été un processus un large processus de concertation avec les professionnels, avec les associations, avec les députés, les sénateurs pour enrichir...
JEFF WITTENBERG
Et sur le fond, alors, qu'est-ce qu'il en ressort ?
JACQUES MEZARD
Ce qu'il en ressort c'est quand même beaucoup de consensus sur un certain nombre de sujets, la nécessité de simplifier lacte de construction, de simplifier les procédures de permis de construire, de lutter contre les normes c'est-à-dire de passer à des normes de moyens, des objectifs de résultat pour simplifier les choses un accord...
JEFF WITTENBERG
Construire plus de logements, mais on sait qu'aujourd'hui il y a quand même une sorte guerre larvée entre les offices HLM notamment et l'Etat - les offices HLM étant très mécontents de la part qui leur a été enlevée dans la loi de Finance, mécontents de la baisse des APL qu'est-ce que vous avez à leur répondre ?
JACQUES MEZARD
Je leur réponds que la restructuration elle est indispensable de ce secteur, que même aujourd'hui les choses s'apaisent bien sûr, il y a eu un conflit pendant la loi de Finance, mais aujourd'hui nous sommes ensemble vers la recherche d'un processus de restructuration qui permettra de construire plus facilement, d'avoir un secteur de bailleurs sociaux plus performant et bien sûr aussi l'Etat est en train de flécher un certain nombre de dispositions et de concours financiers pour faciliter cela.
JEFF WITTENBERG
Il y a un sujet qui est très clivant, c'est le mot que vous avez employé vous-même dans une interview, c'est la loi SRU, je rappelle ce que cela veut dire : la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain, en clair l'obligation faite aux communes de construire des logements sociaux, or vous dites dans cette interview que cette disposition elle pourra être disons discutée par les parlementaires au cours justement de l'examen parlementaire ?
JACQUES MEZARD
Non, je suis clair. Je crois que cette loi SRU a été, est très positive, elle a permis la construction de très nombreux logements sociaux, il est indispensable de laisser le dispositif, mais bien évidemment comme dans tout dispositif au fil des années - il peut y avoir quelques adaptations pour tenir compte d'évolutions législatives, par exemple la fusion des intercommunalités entraîne un certain nombre de modifications, c'est-à-dire de nouvelles communes qui entrent et auxquelles on laisse un délai extrêmement court, donc je crois...
JEFF WITTENBERG
Mais ces communes qui ne construisent pas ces logements sociaux continueront d'être sanctionnées financièrement ?
JACQUES MEZARD
Bien sûr, bien sûr, parce que je crois que c'est indispensable.
JEFF WITTENBERG
Dernière question, Jacques MEZARD, même si le président et le gouvernement lui ont apporté leur soutien Nicolas HULOT va-t-il être fragilisé par les révélations qui ont paru dans la presse et qui ont été confirmées d'ailleurs par la justice, qui a confirmé qu'une plainte prescrite avait été déposée contre lui en 2008 ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, d'abord moi je tiens à lui exprimer mon amitié et à dire parce que vous savez j'ai exercé la profession d'avocat pendant 38 ans ce que j'ai pu constater aujourd'hui c'est qu'il ne faut pas que la procédure médiatique se substitue à la procédure judiciaire parce que ça ce serait le départ de la justice et là-dessus je crois qu'il faut être extrêmement ferme il y a eu un classement sans suite en 2008 pour des faits qui remonteraient à 1997...
JEFF WITTENBERG
Donc, pour vous, il n'y a pas de...
JACQUES MEZARD
Je crois qu'il faut arrêter avec ce déchaînement, avec cette méthode, je le dis, on ne peut pas transformer, substituer une pseudo-justice médiatique à ce qui doit rester la justice.
JEFF WITTENBERG
Eh bien ce sont vos derniers mots pour ce matin, merci beaucoup Jacques MEZARD...
JACQUES MEZARD
Merci à vous.
JEFF WITTENBERG
Et c'est à vous Laurent, très, très bonne journée.
LAURENT BIGNOLAS
Merci messieurs, très belle journée à vous, faites attention il y aura pas mal de neige de chez vous Jeff en région parisienne jusqu'à chez vous Monsieur le Ministre dans le département du Cantal.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 février 2018