Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
La popularité du président de la République en baisse, la croissance en hausse, 2 % l'année dernière, les affaires, Gérald DARMANIN, ministre du Budget, ministre des Comptes publics, est l'invité de Jean-Pierre ELKABBACH tout de suite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être avec nous, bienvenu Gérald DARMANIN. Bonjour.
GERALD DARMANIN
Merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux mois de suite le président de la République voit sa cote de popularité baisser, cette fois-ci c'est - 4. On sait bien, je sais bien, que les sondages n'ont qu'une importance relative, ça descend, ça monte, cette fois-ci ça descend. Et alors ?
GERALD DARMANIN
Et alors ? Ce qui compte, c'est la réforme, ce qui compte c'est que le président de la République, le Premier ministre, aient l'énergie pour réformer le pays. On l'a fait pour les ordonnances travail, on nous avait promis la fin, si j'ose dire, de l'ère de grâce du président de la République, il a transformé le Code du travail, on a transformé le budget de la France, d'abord en le sincérisant mais aussi en baissant la fiscalité, en supprimant l'ISF, en supprimant la taxe d'habitation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous êtes en train de dire que c'est très bien, ça prouve qu'il réforme.
GERALD DARMANIN
Non, il ne faut pas regarder la température. Vous savez, être dans le vent c'est la volonté d'une feuille morte, il n'y a pas de raison d'être dans le vent aujourd'hui, ce qui compte c'est de réformer la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et Emmanuel MACRON doit être peut-être indifférent, en tout cas, peut-être même satisfait. Ecoutez ce qu'il disait devant les agriculteurs.
EMMANUEL MACRON
Ce que nous sommes en train de faire collectivement, il y en a à qui ça ne plaît pas, parce que ça fait bien longtemps qu'ils vivent sur la déconfiture de certains secteurs agriculteurs et la misère d'autres. Oui, il y en a qui ne seront pas contents, parce que c'est plus simple de vivre sur des mensonges, d'aller agiter la peur de ce qui n'est pas là, pour expliquer les difficultés d'aujourd'hui ou d'il y a dix ans. Je ne suis pas là pour plaire. Je suis là pour faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà, il est tranquille, ça va être le yoyo du quinquennat.
GERALD DARMANIN
De ma maigre expérience politique, dans un quinquennat il y a toujours des yoyos, et tous les candidats à la Présidence de la République ont pu avoir une popularité lorsqu'ils ont été élus, et puis plus de difficultés pendant le quinquennat. Mais enfin, il me semble que le président de la République, pour l'accompagner dans beaucoup de ses déplacements, de même que le Premier ministre encore hier au Salon de l'agriculture, a une popularité tout à fait évidente, et ça lui permet, je crois, de faire les réformes que personne n'a jamais faites depuis des dizaines d'années.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, Romain le disait tout à l'heure, la croissance atteint 2 %, c'est une performance inattendue qui va changer beaucoup de choses.
GERALD DARMANIN
Non...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui qui devrait changer beaucoup de choses.
GERALD DARMANIN
Non, je ne suis pas d'accord avec vous, c'est un mieux. C'est un mieux, on avait prévu 1,7 % de croissance cette année dans le budget, si on a...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a de la marge, + 0,3.
GERALD DARMANIN
Il n'y a pas de marge quand on a 2 200 milliards de dettes, donc il y a effectivement un léger mieux mais cette croissance est malgré tout inférieure, pour linstant, à celle des pays européens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Evidemment. Mais vous pouvez le dire, donc, que la France peut faire mieux.
GERALD DARMANIN
La France doit faire mieux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Devra faire mieux.
GERALD DARMANIN
Oui oui, elle doit faire mieux, en continuant à baisser sa fiscalité et en faisant confiance aux entrepreneurs et en redonnant confiance aux contribuables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous l'avez dit vous-même, c'est mieux que prévu. Est-ce que ça veut dire que la France sera bien à moins des 3 % prévus par Maastricht et Bruxelles ?
GERALD DARMANIN
Alors, indépendamment de ce chiffre de croissance qui donne des recettes fiscales supplémentaires, nous avons fait des économies, je vous rappelle que vous m'aviez d'ailleurs invité, j'avais ici commenté moi-même la baisse d'un certain nombre d'allocations ou simplement la réforme pour éviter un certain nombre de dépenses, et ces économies de plusieurs milliards, suite au rapport de la Cour des Comptes, nous permet de vous dire, comme je vous le dis depuis plusieurs mois, que pour la première fois depuis effectivement 11 ans, nous allons avoir une baisse, notre déficit, en dessous des 3 %, et nous allons pouvoir le constater en avril avec la Commission européenne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et selon Les Echos et L'Opinion de ce matin, Gérald DARMANIN, grâce à la reprise dont vous parlez, à la baisse du nombre de chômeurs et des mesures d'économies dont vous parlez, les déficits de l'assurance chômage vont baisser.
GERALD DARMANIN
Eh bien c'est vertueux. Lorsque nous baissons la fiscalité, que nous redonnons confiance aux entrepreneurs, ceux-ci effectivement investissent plus, il y a plus d'implantations d'entreprises, donc il y a plus de recettes fiscales, donc il y a aussi moins de chômage, et comme il y a moins de chômage, il y a moins de dépenses, que l'on appelle les dépenses de guichets, et donc effectivement, il y a moins de dépenses sociales.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça baisse de combien ?
GERALD DARMANIN
Nous allons voir, nous allons constater. Vous savez, en avril prochain nous avons les Experts comptables de l'Union européenne, après l'INSEE, qui vont nous donner exactement les chiffres, donc pour l'instant on va attendre de voir le constat du mois d'avril
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc c'est vrai, ce n'est pas de l'intox, ça baisse.
GERALD DARMANIN
Ça baisse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et peut-être de 2 milliards, un déficit tomberait à 200 millions.
GERALD DARMANIN
Mais, on peut regarder les chiffres et se dire qu'on sera peut-être à un déficit effectivement de 2,7 ou de 2,8 pour ce qui est de l'Etat et les administrations publiques, y compris la Sécurité sociale, mais ce qui est très important me semble-t-il, c'est la dynamique, parce qu'il faudra continuer à baisser ce déficit, l'objectif c'est zéro, ce n'est pas de 5, de 6 ou de 4, et puis deuxièmement, c'est pour la première fois, le chômage baisse dans des circonstances particulières, plusieurs fois de suite, madame PENICAUD a l'occasion de dire qu'elle aura à commenter des chiffres consolidés, une fois qu'on aura effectivement les derniers chiffres...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, selon l'INSEE, sur ces deux points, la reprise de l'activité, la croissance et la baisse relative du chômage, les ménages sont optimistes, mais le pessimisme c'est autour du pouvoir d'achat. Je suis sûr que vous vous souvenez de ce que vous disiez au mois d'août, vous disiez : travailler plus pour gagner plus. Le travail paye, oui, mais quand ? Quand il va payer ?
GERALD DARMANIN
Eh bien il a commencé à payer dès la fin du mois de janvier. Il y a eu 21 millions de salariés, ils reverront, là ils l'ont vu, sans doute fin février, ils le reverront fin mars, 21 millions de salariés qui ont vu leur feuille de paie augmenter, sans que leur entreprise n'intervienne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils ne le crient pas sur les toits.
GERALD DARMANIN
Pardon ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils ne le clament pas, ils ne le voient pas suffisamment.
GERALD DARMANIN
Sans doute qu'il est plus normal de contester lorsque sa baisse, que lorsque ça augmente légèrement, mais ça c'est la vie, ce n'est pas très grave. Ce qui est sûr c'est que le travail paie plus, ce qui est sûr c'est qu'au mois d'avril, les indépendants vous voir également une augmentation très importante de leur pouvoir d'achat, ce qui est sûr c'est qu'au mois d'octobre, 80 % des Français vont voir un tiers de leur taille d'habitation, en moins, c'est-à-dire de la fiscalité en moins, nous avons en 2018 la première année, effectivement, de retour de pouvoir d'achat. Après, les retraités qui ont plus de 2 500 de revenus, c'est-à-dire qui ne bénéficieront pas en octobre de la suppression de la taxe habitation, en effet, ils vont voir une augmentation de leur CSG, mais ça, nous l'assumons tout à fait. Nous avons tout à fait assumé...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voulez dire que c'est la solidarité entre générations, mais eux, ils ont l'impression qu'on leur prend pour des riches et qu'on leur pique dans les poches, que ça n'arrête pas et qu'ils deviennent les cibles du trio de MACRON PHILIPPE et DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Non, mais je suis très honoré, non mais...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah oui vous êtes honoré d'être...
GERALD DARMANIN
Je suis très honoré d'être comparé au président de la République...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
... pris pour quelqu'un qui pique dans les poches.
GERALD DARMANIN
Non, mais je ne pique pas du tout dans les poches Au-dessus de 2 500 de retraite, par personne, on n'est pas riche, mais il faut bien avouer quand même que les petites retraites, c'est des gens qui aujourd'hui, parce qu'ils sont agriculteurs, parce qu'ils sont femmes d'artisan, parce qu'ils ont été ouvriers, touchent 700, 800, 900 . Dans le même temps, nous augmentons les petites retraites, nous augmentons le minimum vieillesse, nous augmentons d'ailleurs les allocations pour les personnes handicapées.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais quand ils le sentiront ? Quand ils verront que c'est perceptible et quand le pouvoir d'achat va-t-il réellement s'améliorer et que ce sera constaté ?
GERALD DARMANIN
Mais tous les salariés de France peuvent prendre leur feuille de paie de janvier et leur feuille de paie de février, au moment où ils nous regardent, si jamais ils ont envie de le faire, juste avant d'aller travailler, ils vont voir une augmentation effectivement de leur salaire net, parce que nous réduisons, parce que nous baissons les cotisations, pour la première fois, une volonté de rapprocher le salaire brut, du salaire net. Et deuxièmement, au mois d'octobre, 80 % d'entre nous, ce ne sera pas mon cas, ça ne sera sans doute pas le vôtre, Monsieur ELKABBACH, mais pour les Français, 80 % d'entre eux, ils vont voir un tiers de taxe habitation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous reviendrez et on en reparlera.
GERALD DARMANIN
Bien sûr. S'ils payaient 600 de... s'ils paient 600 de taxe d'habitation, en 2017, ils n'en paieront que 400 en octobre prochain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez un gros dossier ministériel, la réforme de la Fonction publique c'est vous. La concertation avec les syndicats, officiellement elle commence quand ?
GERALD DARMANIN
Alors, avec Olivier DUSSOPT, qui est secrétaire d'Etat auprès de moi et qui fait un travail formidable, notamment de négociations avec les syndicats, la semaine du 12 mars, sans doute le 13 mars, nous allons réunir l'intégralité des organisations syndicales, l'intégralité, qui ont tous accepté de venir déjà discuter avec Olivier DUSSOPT et moi-même, et nous allons commencer ces 10 mois de concertation pour réformer la Fonction publique, ne serait-ce que pour donner à la Fonction publique, eh bien, son statut de demain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le statut, on va voir, etc. et en même temps, l'objectif c'est 120 000 fonctionnaires de moins en 5 ans.
GERALD DARMANIN
Alors, ça n'a rien à voir avec les discussions que nous avons.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais c'est l'effet et l'objectif. La finalité.
GERALD DARMANIN
Non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Dans le budget que j'ai présenté par exemple, il n'y a pas de suppression de postes d'agents publics, d'ailleurs, ça m'a été reproché par une partie de la droite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et alors ? Alors, c'était des promesses, 120 000 en 5 ans.
GERALD DARMANIN
Non mais parce que nous évitons, mais nous avons 5 ans, vous savez, un quinquennat dure 5 ans, excusez-moi cette anthologie, et je suis...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais après, en 4 ans, il va vous falloir voir partir 30 000 fonctionnaires par an, c'est impossible.
GERALD DARMANIN
Mais moi, je ne suis pas un comptable, comme vous avez l'air de l'être, monsieur ELKABBACH, moi je ne dis pas qu'il faut diviser 50 000, parce que c'est 50 000 pour l'Etat, 50 000 par 5. Je dis : réformons d'abord la France, voyons quels sont les services publics de demain, est-ce qu'on doit garder les mêmes services publics, est-ce qu'on doit en faire différemment, est-ce qu'on doit en donner, est-ce qu'on doit en donner aux collectivités locales, par exemple ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Réformons l'Etat.
GERALD DARMANIN
Réformons l'état, et si on arrête des politiques publiques ou si on les modifie, ou si on numérise, regardez les impôts, on a payé en ligne, on a fait des gains, si j'ose dire, en ETP, en personnel...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des ... à terme, vous pouvez dire avec certitude qu'ils seront baissés, les impôts ?
GERALD DARMANIN
Ah mais non seulement je vous dis qu'ils baisseront, mais ils baisseront parce que ça a été voté déjà par le Parlement, et ça a été validé par le Conseil constitutionnel.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est la première fois qu'on entendra dire que je suis un comptable, mais je vous le dis au passage vous allez encourager les départs volontaires, dans certains secteurs, sauf pour l'école, la police, les hôpitaux et la justice. Et précisément, c'est une information CNews de Loïc SIGNOR, demain le président de la République va passer 6 heures en prison, à Fresnes, et puis ensuite il ira à Agen, présenter ou révéler le plan promis de réforme pénitentiaire. Est-ce que ça va se traduire, Monsieur le Ministre des Comptes, par une augmentation des moyens et en même temps des personnels ?
GERALD DARMANIN
Alors le président de la République va effectivement, sans Presse, à la prison de Fresnes et puis ensuite il va effectivement à l'école d'administration pénitentiaire d'Agen, et avec la garde des Sceaux, ils ont effectivement travaillé, j'y ai contribué en tant que ministre des Comptes publics, mais c'est surtout Madame la Garde des sceaux qui a fait un travail formidable, notamment dans la crise pénitentiaire...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc là il y aura des recrutements de personnel.
GERALD DARMANIN
Dans la crise pénitentiaire, il y aura une augmentation des moyens de la justice par une loi programmation de la justice.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, donc...
GERALD DARMANIN
Il appartient sans doute à la garde des Sceaux de l'annoncer elle-même.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc dans la Fonction publique, il y aura des entrants et des sortants. Et comment vous allez inciter les départs volontaires ?
GERALD DARMANIN
Eh bien nous allons d'abord réformer l'Etat. Si nous décidons demain de fusionner deux services, par exemple, dans ce qui relève de mon ministère, c'est un ministère qui relève la recette, qui récupère l'argent des entreprises, ou récupère l'argent des particulier, et il y a parfois plusieurs services qui récupèrent cet argent. Je prends l'exemple des entreprises, elles paient parfois dans plusieurs caisses, des cotisations. Si nous décidons, mais c'est un exemple parmi d'autres, rien n'a été décidé, mais si nous décidons de fusionner pour qu'il n'y ait plus qu'un seul guichet, il y a donc des agents qui seront « en plus », eh bien c'est dans ce genre de services, qui vont connaître...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'on les aidera à se reconvertir.
GERALD DARMANIN
Exactement, qui vont connaître la réforme de l'Etat, que nous proposerons un plan de départs volontaires, mais dans plan de départs volontaires, il y a bien volontaire, et je voudrais ici le souligner, c'est-à-dire que nous proposons et les fonctionnaires choisiront de le faire ou de ne pas le faire, de partir, avec sans doute un paquet formation et effectivement de l'argent pour pouvoir effectivement sortir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des indemnités de combien ?
GERALD DARMANIN
Nous allons discuter, on a 10 mois pour en discuter avec les organisations syndicales.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes prêt à faire un effort.
GERALD DARMANIN
Evidemment !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je ne vais pas entrer dans le détail, en 2009 avec SARKOZY, c'était... Nicolas SARKOZY, c'était 2 ou 3 ans... 2 ans, d'indemnités pour les faire partir, et ça n'avait pas tellement marché.
GERALD DARMANIN
Alors, d'abord vous avez raison de dire que le président SARKOZY l'avait proposé, il l'avait mis en place, notamment avec Eric WOERTH qui était son ministre et puis François BAROIN. Ça a très moyennement marché parce que c'était très compliqué, cependant aujourd'hui encore, avant même la réforme, il y a un millier à peu près de départs volontaires chaque année et donc ça existe déjà le plan de départs volontaires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le prélèvement à la source de l'impôt, c'est une réforme qui va concerner pratiquement tous les contribuables, elle va se mettre en place au début de l'an prochain.
GERALD DARMANIN
1er janvier 2019.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous pouvez garantir qu'il n'y aura pas de couac, pas d'erreur, pas de panne, que ça marchera et que ça se fera effectivement ?
GERALD DARMANIN
Alors, nous y travaillons, d'abord nous y travaillons avec une grande administration qui est celle des impôts, dont on connaît tous ce professionnalisme, on a reporté d'un an et demi la réforme, puisqu'elle devait s'appliquer lorsque nous allions arriver, on l'a reportée donc au 1er janvier 2019, et donc effectivement, chaque mois, je préside moi-même, si vous voulez, un comité technique qui permet de vérifier que tout fonctionne bien, pour les entreprises, pour les particuliers, et évidemment tout le monde paiera son impôt à la source, c'est-à-dire qu'en 2018 vous paierez vos impôts de 2017 et en janvier 2019 vous paierez les revenus de janvier 2019.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc une fiscalité compliquée, pour faire efficace et pour faire simple. A Bercy, vous venez de lancer, d'après ce que j'ai lu, une cinquantaine de policiers pour chasser les fraudeurs fiscaux. Un plan anti-fraude, on a envie de dire « encore un », mais peut-être cette fois-ci après ou avec Tracfin et avec le Parquet national financier, ce sera encore plus efficace. Mais qui sont les grands fraudeurs aujourd'hui ?
GERALD DARMANIN
Alors d'abord, ce plan anti anti-fraude il n'est pas « encore un », nous allons mettre des choses qui n'ont jamais existé dans la loi, même les communistes l'ont saluée. Par exemple nous allons mettre en place le « name and shame », c'est-à-dire que pour les entreprises qui seront condamnées, pour celles qui effectivement font de la fraude fiscale caractérisée, qui ne paient pas leurs impôts en France, le juge pourra faire publier leur nom et ça sera effectivement...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le juge, pas vous.
GERALD DARMANIN
Non, ça sera effectivement une décision de justice, pourra publier leur nom, parce qu'on sait tous que l'image d'une entreprise c'est aussi, je crois, celle qui doit payer correctement ses impôts en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et parmi les fraudeurs ?
GERALD DARMANIN
Parmi les fraudeurs, il y a notamment ceux...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous mettez les GAFA aussi ?
GERALD DARMANIN
Mais moi je suis tenu au secret fiscal et je ne cite jamais de nom d'entreprises. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'avant mon arrivée, il y avait un certain nombre de contentieux fiscaux, nous réclamions de l'argent à un certain nombre de grandes entreprises et particulièrement du secteur du numérique, et que j'ai contribué pour une partie d'entre elles, à la demande du président de la République, effectivement du fait qu'elles paient leurs impôts en France, et certaines d'entre elles, AMAZON l'a dit lui même dans le journal, eh ben nous avons réglé, et ils paient leurs impôts en France désormais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour parler du Fisc, à partir de combien de mois le Fisc s'intéresse aux droits de succession en général ?
GERALD DARMANIN
C'est intéressant comme question, le Fisc, je vois très bien de quoi vous voulez me parler...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y arrive tout doucement.
GERALD DARMANIN
Voilà. Le Fisc français fera son travail dans toutes les successions qui concernent les revenus en France, ce sera le cas pour la famille HALLYDAY comme pour d'autres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que le Fisc va s'occuper de la succession de Johnny HALLYDAY.
GERALD DARMANIN
Ce qui relèvera des revenus qui doivent être payés en France, seront payés en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et s'il est considéré comme un Américain de Californie, son héritage ne vous regardera pas, mais en revanche, pour la partie de Johnny français...
GERALD DARMANIN
Je crois que la situation familiale, parfois dramatique, que vit la famille HALLYDAY aujourd'hui, est assez complexe pour que j'en rajoute ce matin-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais il ne s'agit pas de rajouter, mais dire que la mission de Bercy, quels que soient les gouvernants, quels que soient les responsables de Bercy, l'oeil de Bercy regardera aussi...
GERALD DARMANIN
Mais Bercy n'est pas un monstre froid monsieur ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, non justement, par humanité, regardera.
GERALD DARMANIN
Je le dis d'autant plus que quand je suis devenu ministre des Comptes publics, c'est la première fois que je rentrais à Bercy, donc je n'ai pas d'intérêt particulier, je ne suis pas moi-même fonctionnaire du ministère des Finances, mais je constate que Bercy, qu'on désigne parfois un peu facilement à la vindicte, c'est surtout l'intérêt général des Français. Heureusement qu'il y a des gens dans l'Etat, qui récupèrent de l'argent pour pouvoir payer des hôpitaux, pour pouvoir payer des écoles...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dont l'intérêt général consiste aussi à aller regarder ce qui se fait, comme vous l'avez dit, dans la succession de Johnny HALLYDAY.
GERALD DARMANIN
De toutes les successions en général.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Y compris celle-ci. Au Salon de l'agriculture, Laurent WAUQUIEZ, qui ya a passé deux jours, n'a pas cessé de critiquer Emmanuel MACRON, le président de la République, sans doute pour illustrer ce que dit le Figaro ce matin : « Entre l'exécutif et la France rurale, il y a un fossé qui se creuse ». Ecoutez ce que disait Laurent WAUQUIEZ.
LAURENT WAUQUIEZ
Ce monde-là, Emmanuel MACRON ne le comprend pas, il ne l'écoute pas. C'est un monde qu'il méprise et qu'il ignore. Combien de fois depuis qu'il est président de la République il est venu sur une exploitation agricole ? Moi, tous les mois je vais échanger, discuter avec des agriculteurs. Quand il est venu ici au salon, il a dit qu'il venait pour engueuler, je reprends ses propos, des agriculteurs. Il y a quelque chose qu'il n'a pas compris, c'est que l'agriculture en France ce n'est pas juste un secteur économique, c'est une part de la culture française.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il est en train de réussir à rassembler les droites en tapant sur Emmanuel MACRON et sur vous tous ?
GERALD DARMANIN
Mais je n'ai pas compris, 'était un vrai enregistrement ? Il était sincère Monsieur WAUQUIEZ ? Je ne sais pas, enfin, manifestement il est sincère quand il parle, quand il est enregistré en cachette, et puis il n'est pas sincère lorsqu'il parle officiellement, il fait du bullshit, comme il dit, sur les plateaux de télévision, donc je ne sais plus très bien, moi s'il est sincère ou pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En écoutant sa voix, vous pensez que c'est un imitateur, lui-même qui s'imite ?
GERALD DARMANIN
Non, je ne sais pas. Eh bien maintenant, à chaque fois que Laurent WAUQUIEZ va parler, on va se demander s'il est sincère, est-ce qu'il fait du bullshit comme il dit ou est-ce qu'il parle vraiment. De manière générale, Emmanuel MACRON il a passé 13 heures, 14 heures, au Salon de l'agriculture, j'ai pu l'accompagner plusieurs fois dans les placements de terrain et je peux vous assurer qu'il n'a pas du tout le fossé entre lui et le monde rural. Maintenant je vais vous dire, monsieur WAUQUIEZ, pour Emmanuel MACRON, si demain monsieur MACRON venait à marcher sur la Seine, monsieur WAUQUIEZ dirait qu'il ne sait pas nager. Je crois que la mauvaise foi à ce niveau-là ne mérite pas de commentaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'où vient que Laurent WAUQUIEZ s'acharne souvent contre vous et qu'il y ait cette détestation entre vous deux, réciproque, apparemment ?
GERALD DARMANIN
Ah non non, moi je ne déteste pas Laurent WAUQUIEZ.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais pourquoi vous ? Pourquoi une cible ?
GERALD DARMANIN
Je ne sais pas, il faudrait lui demander, enfin je ne suis pas le seul, manifestement, j'ai été assez honoré d'ailleurs encore une fois, d'être comparé, dans le même enregistrement avec madame MERKEL, monsieur MACRON, monsieur SARKOZY. Non non moi j'ai...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ce n'est pas qu'il ne vous pardonne pas d'être bien vu par Nicolas SARKOZY, qui dit du bien de vous ?
GERALD DARMANIN
Ce n'est pas une cour d'école la politique. Non non, moi je n'ai pas personnellement de détestation pour Laurent WAUQUIEZ.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pour lui, qu'est-ce que vous représentez, à votre avis ?
GERALD DARMANIN
Je ne sais pas, il vaudrait lui poser la question. Je n'en ai aucune idée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il y a un groupe, par exemple chez vos anciens amis, qui ont l'air de devenir vos plus fidèles ennemis, des gens qui vous en veulent ?
GERALD DARMANIN
Ah ben je pense que la jalousie est un sentiment effectivement qui est très partagé, et que chacun peut d'ailleurs éprouver, mais non non, moi je n'ai aucune détestation pour Laurent WAUQUIEZ, moi je souhaiterais pour mon pour mon pays que nous ayons un chef de l'opposition respectable et digne, voilà, ce qu'on n'a pas pour l'instant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça veut dire qu'il est ni respectable, ni digne ?
GERALD DARMANIN
Eh bien non, on ne peut pas dire qu'il soit respectable et digne, suite à ce qu'on a vu voilà 15 jours. Voilà. Mais pour la suite, je souhaite, je pense que c'est important pour la démocratie, que l'on ait quelqu'un de sincère. Les affaires personnelles, si vous permettez. Vous déclarez porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre une accusation d'abus de faiblesse, est-ce que vous l'avez fait ?
GERALD DARMANIN
Elle sera déposée vendredi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La plainte, officiellement.
GERALD DARMANIN
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que cette fois vous avez pu donner votre version à des enquêteurs ? Ou si on vous la demande vous la donnerez ?
GERALD DARMANIN
Eh bien si on me la demande, évidemment, j'aimerais vous savez, prenons cet exemple, c'est quand même très intéressant, quand on devient responsable politique, on est parfois, mais certains l'ont connu bien avant moi, la proie à des accusations infondées, à des calomnies, c'est la vie et je ne suis pas le premier, je ne serai pas le dernier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Calomnie.
GERALD DARMANIN
Bien sûr, bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça ne part d'aucun fait, réalité ou réel.
GERALD DARMANIN
Ce sont de pures calomnies. C'est tellement vrai, monsieur ELKABBACH, que, en juillet dernier, une enquête préliminaire a été ouverte sur une histoire, cette enquête préliminaire a été conduite à un classement sans suite, par le procureur de Paris, puis on a réouvert sur la même histoire, parce qu'un grand journal avait fait un grand article, une deuxième enquête préliminaire ou d'ailleurs, j'ai été entendu, où on a échangé un certain nombre d'arguments et alors qu'il y a eu une médiatisation, elle a été refermée, c'est-à-dire qu'on a eu quasiment 9 mois d'enquête, donc, et puis ça a été classé. J'ai eu le droit pendant à peu près 15 jours, non seulement ç un grand article dans un grand journal, mais à peu près toute les matinales de France, à peu près tous les articles, des questions sur cette enquête préliminaire des questions sur cette plainte. Et puis elle a été classée, deux fois, deux fois en neuf mois.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Maintenant on sort une autre affaire, on va pouvoir...
GERALD DARMANIN
Monsieur ELKABBACH, juste terminer sur ce point. Et pendant 15 jours, on a beaucoup beaucoup parlé de l'enquête ouverte, et puis on a très très très peu parlé de l'enquête fermée. Il y a eu une phrase d'un président de la République qui disait : qui me rendra mon honneur ? Bon, moi je ne m'en inquiète pas plus que ça, mais je considère qu'il y a quand même quelque chose qui ne va pas, dans cette distorsion d'informations. Donc moi je dis avec la plus grande prudence, qu'il faut faire attention à des dénonciations qui apparaissent totalement calomnieuses, et j'ai donc déposé plainte, comme la première fois, devant le Parquet de Paris, effectivement pour dénonciation calomnieuse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il y a quelqu'un, quelque part, qui en veut, qui veut se payer deux ou un ministre du président de la République MACRON et qui veut vous nuire ?
GERALD DARMANIN
Ce serait un énorme scandale si c'était le cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ça pourrait être cas ?
GERALD DARMANIN
Je trouve qu'il y a des circonstances exceptionnelles, mais c'est parfois la vie, j'ai pas d'élément particulier aujourd'hui, mais ce serait un énorme scandale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Récemment j'ai vu que vous aviez cité le président Georges POMPIDOU, est-ce que, comme lui, vous avez dans votre poche un carnet ou la liste de ceux qui ont jeté des boules puantes ?
GERALD DARMANIN
Non, d'abord je ne me compare pas au président POMPIDOU qui était un grand homme politique lettré, mais j'ai cité...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous n'avez pas de liste ?
GERALD DARMANIN
Je n'ai pas de liste, non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et depuis deux mois, comment humainement vous le vivez ou vous résistez, quelles leçons vous en tirez pour les autres et pour vous-même ?
GERALD DARMANIN
C'est difficile, c'est toujours difficile dans sa vie personnelle, mais moi je suis à mon travail de ministre, j'ai pu lancer avec Olivier DUSSOPT, à la demande du Premier ministre, la réforme de la Fonction publique, nous faisons le plan fraude...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous n'y pensez pas ou vous n'en souffrez pas ?
GERALD DARMANIN
Mais vous savez, ce qui est plus difficile c'est pour l'entourage, monsieur ELKABBACH, c'est des gens qui souffrent pour vous parce qu'ils vous aiment, et voilà, et ça malheureusement c'est les trompettes de la renommée comme dirait Georges BRASSENS.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'est une épreuve.
GERALD DARMANIN
Bien sûr c'est une épreuve, bien sûr qu'il faut subir ça aussi comme une épreuve, mais on dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, eh bien j'en sortirai plus fort.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Ma dernière question, dernière remarque. En quittant CNews vous allez prendre l'avion en début d'après-midi avec Julien DENORMANDIE et Sébastien LECORNU, vous allez rencontrer les victimes du terrible ouragan qui a frappé Saint Martin, la Martinique et la Guadeloupe. Elles nous regardent, ces victimes, on nous regarde là-bas et qu'est-ce que vous allez leur apporter, qu'est-ce que vous voulez leur dire ce matin d'ici ?
GERALD DARMANIN
Eh bien je vais leur dire que pendant 4 jours, nous allons travailler notamment à Saint-Martin, effectivement, dans les Antilles à la reconstruction. Pour ce qui me concerne, nous avons fait beaucoup de travail pour reconstruire les entreprises, on a mis en place un guichet, on a fait des exonérations d'impôts, on a accompagné le président GIBBES, le président de la collectivité de Saint Martin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous leur dites ?
GERALD DARMANIN
Et nous disons que nous allons les aider, mois après mois, c'est-ce que qu'a souhaité le président de la République, suite à sa visite, à venir sur le terrain et à reconstruire leur très belle île.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci à vous, bon voyage là-bas.
GERALD DARMANIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mars 2018