Texte intégral
C'est la première fois que je participe à une réflexion citoyenne et locale dédiée à l'offre de soins.
Or, c'est tout le sens de la politique que je souhaite mener que de faire confiance aux acteurs de terrain, pour trouver les solutions les plus adaptées à leurs besoins.
Car cette anxiété, cette angoisse même de voir un médecin quitter son cabinet parce qu'il part à la retraite, ou de ne plus trouver un médecin traitant (MT) quand on déménage,
- je l'entends dans tous les territoires, partout en France, et particulièrement chez vous, dans la Nièvre.
- Il est donc de mon devoir de répondre à ce besoin essentiel des Français.
Mon souhait est d'accompagner, par le plan d'accès aux soins, les initiatives territoriales.
Merci encore à vous, cher Docteur Bouillot, pour avoir préparé ces Etats généraux.
1. J'aimerais donc aborder avec vous ce que propose le plan territorial d'accès aux soins, plan que j'ai présenté avec le Premier ministre le 13 octobre dernier.
1.1. L'action de ce plan s'articule autour de 3 axes :
(i) renforcer l'offre de soins dans les territoires au service des patients, ce qui nécessite une présence mdicale et soignante accrue ;
- mais avec un changement de paradigme qui est, au-delà de proposer des mesures incitatives d'installation, de projeter du temps médical sur le territoire ;
(ii) mettre en oeuvre, « enfin », la révolution numérique en santé pour abolir les distances, notamment en développant la télémédecine ;
(iii) mieux organiser les professions de santé, pour assurer une présence soignante pérenne et continue. Cela repose sur :
- des coopérations interprofessionnelles facilitées. ;
- et une nouvelle méthode :
à savoir, je l'ai déjà dit, faire confiance aux acteurs des territoires pour construire des projets ; et innover dans le cadre d'une responsabilité nouvelle, que j'ai appelé la responsabilité territoriale.
1.2. J'ai voulu ce plan, non pas définitif, mais évolutif .
Grâce aux remontées de terrain, il tient compte chaque année, quasiment chaque mois, des expériences concrètes qui peuvent être utiles à l'ensemble de la population, qui peuvent être intégrées au plan.
Le premier comité de suivi, s'est déjà tenu, à cet effet, le 6 février dernier.
- Afin de faire un point d'étape des mesures et de présenter des initiatives locales,
- il réunissait comme vous les professionnels de santé, les associations d'élus, et les usagers.
Ce plan se veut, non seulement évolutif, mais intégratif, sur fond de concertations territoriales avec l'ensemble :
- des administrations (ARS, collectivités, CPAM),
- des professionnels de santé,
- du public comme du privé,
qu'ils soient médicaux ou paramédicaux.
2. En matière d'accès aux soins, justement, j'ai bien conscience des enjeux spécifiques à vos territoires.
Vous le savez, 26 mesures ont été formulées toutes devant répondre à des points de blocage identifiés, ce dont je me réjouis.
Si nous sommes réunis ici aujourd'hui, c'est pour aborder un thème précis, celui de la gouvernance territoriale.
- Vos conclusions serviront de base de travail, en vue des projets régionaux de santé (PRS).
J'aimerais mettre en avant la nécessité de rendre plus attractif votre territoire une nécessité dont je suis parfaitement consciente.
Pour ce faire, nous avons plusieurs leviers à notre disposition.
2.1. D'abord, il nous faut développer des postes d'assistants partagés entre établissements de santé et maisons de santé pluri professionnelles (MSP).
Ils seront ouverts en post-internat dès 2018, favorisant des exercices mixtes, un lien ville hôpital renforcé, et un appui en temps médical dans les zones sous dotées.
La population de la Nièvre vieillit, la population médicale libérale est en baisse, avec des départs de praticiens non remplacés.
2.2. Par ailleurs, nous devons faciliter la possibilité pour les internes du CHU de Clermont-Ferrand de réaliser sur le département de la Nièvre leur stage de 3ème cycle.
Sur 29 assistants partagés attribués pour le CHU de Dijon, seul un assistant a pris ses fonctions au 1er novembre 2017 ;
et depuis plus de 15 ans, aucun chef de clinique du CHU n'est venu s'installer dans la Nièvre.
Cette situation est inacceptable.
C'est pourquoi :
- Je soutiendrai une action de coopération sur un territoire en grande difficulté sanitaire ; et dont les perspectives quant à l'évolution de sa démographie médicale sont alarmantes.
- Il est nécessaire d'autoriser à la fois l'agrément de terrains de stage pour les internes par le CHU de Dijon ; et le CHU de Clermont-Ferrand.
Je veillerai à ce que l'évolution se fasse de façon transversale, en bonne intelligence avec :
- les doyens des facultés de Dijon et de Clermont-Ferrand ;
- les agences régionales de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté et Rhône-Alpes-Auvergne,
- ainsi que les directeurs généraux des CHU de Dijon et de Clermont-Ferrand.
La mise en place de ses stages ne pourra se faire que si :
- les acteurs du territoire, les collectivités, travaillent à la mise en place de structures d'hébergement, voire des internats ruraux ;
- et facilitent les transports dans votre région.
Car notre objectif commun est de garantir, non seulement la qualité de la formation,
- mais aussi de mettre en place des conditions d'accueil favorables aux externes et aux internes ; afin qu'ils découvrent vos territoires, et décident d'y rester.
2.3. Nous proposons également la création d'un guichet unique, ARS/CPAM : mes services réfléchissent au financement de la coordination de la plateforme d'accueil et des actions en la matière.
Ces guichets répondront à une demande forte :
- disposer d'un point d'entrée unique pour l'ensemble des problématiques qui se posent aux jeunes médecins, aux différentes étapes de leur parcours professionnel.
Que ce soit :
- s'installer,
- avoir un projet d'exercice coordonné,
- devenir maître de stage,
- ou recruter un médecin adjoint.
Bien sûr, au-delà de ces trois souhaits développés dans vos ateliers, de nombreuses mesures nouvelles figurent dans le plan d'accès aux soins que je ne veux pas toutes citer, pour ne pas faire un catalogue.
Mesdames, Messieurs,
Vous le savez, l'accès aux soins est ma priorité.
Je crois surtout que c'est l'accès au bon professionnel au bon moment.
C'est aussi un changement culturel chez nos concitoyens. Tout suivi ne nécessite pas forcément une consultation médicale.
Nous devons aussi sortir de la logique de l'installation à tout prix, car un jeune professionnel ne s'installera que si,
- au préalable, nous renforçons l'exercice des professionnels de santé présents sur le terrain.
Cela passe souvent, pas exclusivement mais souvent, chez les jeunes professionnels, par :
- le développement des coopérations, à travers des structures coordonnées,
- et par le développement des protocoles de coopération.
Je tiens à souligner que votre territoire, malgré ces difficultés, a toujours été un lieu d'initiatives innovantes,
- comme la maison des spécialistes, que vous avez mis en place, Docteur Bouillot,
- Vous avez été les premiers à développer les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), alors même que le concept n'était au niveau national qu'une expérimentation.
De nombreux projets sont en cours, et attestent du dynamisme de votre territoire :
- vos Etats Généraux en sont la preuve,
- et les contrats locaux de santé sont un bon outil pour organiser votre territoire, car ils impliquent l'ensemble des parties prenantes.
C'est pourquoi j'ai toute confiance dans nos capacités à relever les défis qui se posent à nos territoires, et à répondre aux attentes de nos concitoyens.
Je vous remercie.
Source http://solidarites-sante.gouv.fr, le 27 mars 2018