Interview de M. Bruno Lemaire, ministre de l'économie et des finances, avec Radio Classique le 9 avril 2018, sur la réforme de la SNCF et sur la politique économique du gouvernement.

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Média : Radio Classique

Texte intégral


GUILLAUME DURAND
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Guillaume DURAND.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous avez le sentiment ce matin – alors, les premiers signes c'est 3h30, l'intervention a démarré vraiment à 6h00 – est-ce que vous avez l'impression que cette évacuation de Notre-Dame-des-Landes, sur décision de justice, il faut toujours le rappeler, va bien se passer ?
BRUNO LE MAIRE
Je suis convaincu qu'elle se passera bien, je suis convaincu qu'elle est nécessaire, et je suis convaincu que c'est une bonne chose d'avoir enfin un gouvernement qui décide. Edouard PHILIPPE avait annoncé que l'évacuation aurait lieu une fois que la trêve d'hiver serait passée. Il y a des règles de droit, nous sommes dans un Etat de droit, il y a un droit de propriété qui doit être respecté, je pense que c'est une bonne chose pour tous les Français que de savoir que le gouvernement décide et fait respecter les règles de l'Etat de droit.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous considérez que cette intervention a été accélérée, étant donné la prise de parole du président de la République, ou est-ce que c'est le calendrier normal ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je pense qu'il n'y a aucun lien de cause à effet, c'est le calendrier normal, c'est celui qu'avait annoncé le Premier ministre au début de l'année. Beaucoup ont reculé devant ces décisions, parce qu'elles ne sont jamais faciles, mais nous sommes, je le redis, dans un Etat de droit, il y a des règles, il y a des obligations, il y a une loi qui doit être respectée. Ceux qui respectent la loi sur ce terrain de Notre-Dame-des-Landes n'ont pas lieu de s'inquiéter, mais tous ceux qui défient la loi, tous ceux qui défient la règle républicaine, eux n'ont pas vocation à rester sur la ZAD.
GUILLAUME DURAND
Qu'est-ce que vous diriez, Bruno LE MAIRE, à tous ceux justement – alors là je change totalement de sujet – qui sont quand même assez nombreux, puisqu'il s'agit à la fois de la CGT, de SUD, de CFDT, d'un certain nombre de syndicats, qui ont claqué la porte des négociations avec madame BORNE, et qui disent, au fond, maintenant on durcit, non seulement on peut aller jusqu'au mois de juin, mais on peut même passer l'été ?
BRUNO LE MAIRE
Mais durcir pour quoi, durcir pour quel projet ? C'est quoi le projet alternatif de ceux qui claquent la porte de la négociation ? Je ne vois pas de projet alternatif…
GUILLAUME DURAND
C'est de refuser ce que propose le gouvernement.
BRUNO LE MAIRE
Mais alors c'est quoi, leur projet c'est quoi, c'est de continuer…
GUILLAUME DURAND
C'est de refuser le statut…
BRUNO LE MAIRE
C'est de continuer à avoir une SNCF qui perd 3 milliards d'euros chaque année, 1,5 milliard d'euros de perte d'exploitation, 1,5 milliard d'euros de charges d'intérêts de la dette, c'est ça leur projet ? C'est d'ouvrir à la concurrence en étant moins compétitif que les Allemands, en continuant à avoir une exploitation qui coûte 30 % plus cher que ce que coûte l'exploitation ferroviaire en Allemagne, c'est ça le projet ?
GUILLAUME DURAND
Le projet c'est le totem, c'est-à-dire qu'ils disent c'est un des acquis social de l'Histoire de France, on n'y touche pas, point barre. Vous l'avez compris, vous l'avez entendu.
BRUNO LE MAIRE
Mais l'acquis social de la France c'est la capacité à se transformer, l'acquis le plus important de la France c'est la capacité à se réinventer, et c'est ça que nous proposons à la SNCF. Oui, la SNCF fait partie de l'histoire de la France, mais c'est bien pour cela qu'elle doit se réinventer. Est-ce que nous voulons, oui ou non, que la SNCF reste un des grands services publics à la française ? La réponse est oui, et pour cela il faut se transformer.
GUILLAUME DURAND
Donc pas de privatisation ? Parce que c'est un des arguments…
BRUNO LE MAIRE
Certainement pas, mais c'est des arguments qui sont d'une mauvaise foi absolument stupéfiante, c'est les mêmes arguments qu'on employait en 2009 pour LA POSTE en disant « surtout ne touchez pas à LA POSTE, le volume de courrier baisse, l'activité diminue, mais on ne touche rien parce qu'il pourrait y avoir privatisation. » Il n'y a pas eu de privatisation à LA POSTE et LA POSTE est devenue plus compétitive. Eh bien nous ferons la même chose pour la SNCF, nous allons permettre à la SNCF de rester un des grands services publics, dont les Français sont légitimement fiers, et nous allons permettre surtout à la SNCF d'être l'un des premiers acteurs de la mobilité dans le monde. Parce que c'est ça notre objectif, ça doit être de grands objectifs pour un grand service public.
GUILLAUME DURAND
Alors, j'ai plusieurs questions à vous poser. D'abord, puisqu'on parlait de totem, revenons à un livre célèbre, « Totem et Tabou. » On est bien d'accord que sur la table de négociation, puisque ça commence aussi à l'Assemblée nationale, il est hors de question de revenir sur l'affaire du statut que vous voulez supprimer pour les entrants ?
BRUNO LE MAIRE
Il n'en n'est pas question, il n'y a pas d'arrière-pensée, puisque vous citez Freud, il n'y a pas d'inconscient en la matière, il y a au contraire tout qui est mis sur la table. Ceux qui ont le statut ont vocation à garder le statut, on ne trompe personne, et c'est parfaitement légitime que des cheminots qui sont rentrés à la SNCF avec un statut, avec un certain nombre d'avantages, puissent les conserver, comme ça personne n'est pris en traître. En revanche, ceux qui rentrent dans la nouvelle compagnie, qui prendra une autre forme juridique, il est parfaitement légitime aussi, de la part du gouvernement, de dire : pour être plus compétitifs, nous mettons fin à ce statut.
GUILLAUME DURAND
D'accord. La concurrence, c'est pareil ?
BRUNO LE MAIRE
Mais l'ouverture à la concurrence n'est pas négociable, ce qui est négociable, le Premier ministre l'a indiqué très clairement…
GUILLAUME DURAND
Non, mais parce qu'il y a une sorte de bataille entre vous et les syndicats actuellement. Vous savez très bien que, sur ce que vous êtes en train de nous expliquer, ils ne sont d'accord sur rien, ni sur le statut supprimé, ni sur l'ouverture à la concurrence.
BRUNO LE MAIRE
Mais l'ouverture à la concurrence c'est ce qui va permettre d'avoir des trains plus nombreux, c'est ce qui va permettre d'avoir un meilleur service, c'est ce qui va permettre d'avoir des tarifs plus mesurés pour le train qui fait partie du transport du quotidien des Français. Service public, ça veut dire quoi Guillaume DURAND ? Ça veut dire service du public, et moi, ce matin, c'est d'abord au public que je pense, à tous les Français aujourd'hui qui sont privés de train, à tous ceux qui ne peuvent pas se rendre sur leur lieu de travail parce qu'il n'y a pas leurs trains dont ils ont besoin au quotidien. N'oublions jamais, et que personne n'oublie jamais, que le service public c'est le service du public, le service des Français, et que la responsabilité du gouvernement, la responsabilité du Premier ministre et du président de la République, c'est d'améliorer ce service qui est rendu aux usagers, et que l'ouverture à la concurrence permettra d'avoir plus de trains, plus réguliers, davantage à l'heure et moins chers, et c'est pour ça que nous nous battons. La seule raison pour laquelle nous nous battons avec tant de détermination, c'est que nous croyons au service public ferroviaire, et que nous voulons améliorer le service pour les Français.
GUILLAUME DURAND
Bruno LE MAIRE, nous sommes en direct avec vous, vous avez des souvenirs, le CPE, est-ce que vous êtes certain que ces explications pédagogiques, car ce qu'Emmanuel MACRON veut faire c'est gagner la bataille de l'opinion, mais si les autres sont totalement opposés, ils vont vous embarquer, fussent-ils minoritaires ou pas, on n'en sait encore rien puisque les sondages varient dans le pays, dans une épreuve de force. Ce matin vous êtes dans une épreuve de force, vous leur expliquez des choses qu'ils ne veulent pas entendre.
BRUNO LE MAIRE
Oui, l'épreuve de force, effectivement elle est là, je ne peux que la constater, et je ne peux que la regretter, parce que dans une démocratie mature on doit éviter ces rapports de force, cette épreuve de force qui ne mène nulle part. Moi j'appelle chacun, en particulier les syndicats, à reprendre le chemin de la discussion, de la négociation, avec Elisabeth BORNE. Elisabeth BORNE n'a pas ménagé ses efforts…
GUILLAUME DURAND
La porte ils l'ont claquée.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais je repose la question : quel est leur projet alternatif ? C'est de garder le statut, de ne pas ouvrir à la concurrence et de continuer à perdre 3 milliards d'euros par an. Moi je suis ministre des Finances, je ne peux pas accepter qu'un grand service public perde 3 milliards d'euros par an, c'est irresponsable.
GUILLAUME DURAND
Justement, sur la question de la dette, leur argument c'est de dire mais attendez, pourquoi vous supprimez le statut, parce que le statut n'est absolument pas responsable de la dette, ce qui est responsable de la dette qui s'est accumulée pendant des années, c'est les investissements coûteux, les TGV.
BRUNO LE MAIRE
D'abord c'est inexact de dire que le statut ne pèse pas sur la compétitivité de l'entreprise. Si vous voulez que l'entreprise soit compétitive il faut que les cheminots…
GUILLAUME DURAND
Là je vous parle de la dette.
BRUNO LE MAIRE
Oui, je vais répondre sur la dette, mais il faut qu'il y ait de la polyvalence de la part des cheminots, il faut qu'il y ait la possibilité d'exercer plusieurs fonctions et plusieurs métiers, c'est ça aussi que la fin du statut permettra de mettre en oeuvre, ça a un coût aussi, on le sait parfaitement. Donc, la fin du statut doit permettre de donner plus d'agilité, plus de souplesse, plus de compétitivité, à la SNCF. S'agissant de la dette, le Premier ministre l'a indiqué…
GUILLAUME DURAND
C'est qui, c'est vous qui la reprenez, c'est-à-dire c'est nous qui la reprenons la dette ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avons dit, et le Premier ministre n'a cessé de le répéter, que nous étions prêts à traiter le problème de la dette…
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire 46 milliards.
BRUNO LE MAIRE
Et pour traiter – 46 milliards, pour le moment, mais c'est une dette qui ne cesse d'augmenter – mais pour traiter la dette, il y a des conditions. La première condition c'est que la réforme soit décidée et que l'ouverture à la concurrence soit actée. La deuxième condition c'est que nous rétablissions les bonnes conditions d'exploitation de la SNCF.
GUILLAUME DURAND
Les syndicats disent exactement l'inverse, ils disent réglez le problème de la dette et on verra pour le reste.
BRUNO LE MAIRE
Alors pourquoi, parce qu'on va continuer… Guillaume DURAND, vous entendez ce qu'on nous demande ? On nous demande de surtout rien changer, de continuer à perdre 3 milliards d'euros chaque année, et en plus de reprendre la dette, ce qui voudrait dire qu'on récupère 46 milliards d'euros, ou je ne sais quelle somme, tout cela est à décider encore, et on continue à perdre de l'argent année après année. Mais c'est hors de question ! Donc, je redis qu'il y a des conditions au traitement de la dette. La première, une fois encore, c'est que l'ouverture à la concurrence soit actée, la deuxième c'est qu'on ait rétabli les conditions d'exploitation de la SNCF, les bonnes conditions d'exploitation, tout simplement pour garantir aux Français, aux contribuables qui payent, qui remboursent les intérêts de la dette, qu'au bout du compte la SNCF ne reperdra pas, chaque année, de l'argent, qui devra être remboursé à nouveau. Et puis la troisième condition c'est qu'on ait bien mesuré l'impact sur les finances publiques. Enfin, je rappelle que le chiffre que vous avancez, qui est exact, 46 milliards d'euros, c'est davantage que le budget annuel du ministère des Armées, donc ça ne se traite pas comme ça dans un claquement de doigts. Nous sommes un gouvernement responsable, nous sommes un gouvernement qui décide, mais un gouvernement qui décide et qui prend ses responsabilités met les cartes sur table. Le Premier ministre l'a indiqué très clairement, d'ici la fin du quinquennat, la question de la dette de la SNCF a vocation à être traitée, mais il y a des conditions, que je donne ce matin, et qui sont importantes.
GUILLAUME DURAND
Si vous êtes là aussi ce matin, Bruno LE MAIRE, c'est que les poids lourds du gouvernement, après le Premier ministre, sont non pas obligés, puisque vous avez la gentillesse de venir, de descendre dans l'arène, parce qu'on a l'impression que madame BORNE…
BRUNO LE MAIRE
Il n'y a pas d'obligation Guillaume DURAND, d'abord c'est un plaisir de s'exprimer, et surtout, je crois profondément dans la nécessité de transformer la SNCF. Moi j'aime les trains, j'aime circuler en train, j'aime me déplacer en train, j'aime le monde du ferroviaire, et je vais vous dire, moi j'aime beaucoup…
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas la question, la question c'était la faiblesse politique d'un gouvernement qui est obligé d'attendre qu'Emmanuel MACRON intervienne pour essayer de régler un problème, qui est en train de….
BRUNO LE MAIRE
Il n'y a pas faiblesse politique, il y a une répartition des rôles qui, dans un gouvernement, est saine. Il y a un Premier ministre, il y a des ministres chacun sur leurs responsabilités, comme ministre de l'Economie et ministre des Finances, évidemment, que je fais attention…
GUILLAUME DURAND
Oui, mais pour l'instant personne n'a rien déminé.
BRUNO LE MAIRE
Que je fais attention à ce que la SNCF retrouve sa compétitivité et qu'on puisse mettre derrière nous la question de la dette. Et le président de la République, lui, s'exprimera en milieu de semaine, parce que sa responsabilité c'est de donner le cap, de rappeler le sens de ce que nous faisons. Son intervention elle est attendue, elle donnera du sens à ce que nous faisons, elle rappellera pourquoi nous faisons tout cela, et moi je me réjouis qu'il prenne la parole jeudi.
GUILLAUME DURAND
Mais vous avez vu ce qui s'est passé à Nantes ? Ils l'ont pendu. Enfin, ils l'ont pendu symboliquement.
BRUNO LE MAIRE
Je trouve cela inquiétant, sur la radicalisation…
GUILLAUME DURAND
Vous voyez bien qu'il y a une bataille idéologique…
BRUNO LE MAIRE
Non, mais ne confondons pas tout, ne confondons pas tout Guillaume DURAND, ne mettons pas tout le monde dans le même sac. Il y a des syndicats qui peuvent être inquiets, qui s'engagent dans un bras de force, je les invite à revenir à la table de négociation. Il y a une partie des Français, c'est d'abord à eux que je pense, les chômeurs, ceux qui n'ont pas d'emploi, ceux qui ont le sentiment que la mondialisation est contre eux, eux ils expriment des doutes sur notre politique, et il faut l'expliquer, sans relâche, pourquoi est-ce que par exemple nous avons allégé la fiscalité sur le capital, ces gens-là peuvent dire vous faites une politique pour les riches. Non, nous faisons une politique pour les entrepreneurs, et pour l'emploi, et c'est justement parce qu'on a allégé la fiscalité sur le capital que nous pourrons recréer des emplois, grâce à l'investissement, dans l'entreprise. Et puis il y a une fraction de gens, ultra minoritaires, ultra violents, ultra sectaires…
GUILLAUME DURAND
… qui arrivent dans les facultés à Tolbiac avec des masques.
BRUNO LE MAIRE
C'est quelques dizaines de gens qui empêchent l'immense majorité des Français de vivre sereinement et en paix.
GUILLAUME DURAND
Mais vous êtes sûr que ce n'est pas aussi cette minorité qui ont voté pour la France Insoumise ?
BRUNO LE MAIRE
Non, justement, je refuse de mettre dans le même sac tous ceux qui expriment des inquiétudes légitimes, et à qui il faut rappeler le sens de notre action, le sens de notre action c'est l'activité, l'emploi, pour tous les Français, et des ultra minoritaires, ultra violents, ultra sectaires, qui s'en prennent à la loi, qui s'en prennent à l'ordre, qui ne visent que le désordre, et la violence. Et cette violence symbolique, puisque vous parliez philosophie tout à l'heure, elle est inacceptable, dans une démocratie. La violence symbolique qui consiste à pendre en effigie, le président de la République, est inacceptable, dans une démocratie comme la démocratie française.
GUILLAUME DURAND
Je vous propose qu'on marque une pause, non pas de publicité, puisque nous allons rester ensemble, parce que la matinée est extrêmement importante, et puis il y a le projet de loi que vous portez, qui pose aussi de très nombreuses questions. Nous allons écouter avec Laurence GONTHIER le rappel des principaux titres de l'actualité, un soupçon de pub, et nous sommes avec le ministre de l'Economie, Bruno LE MAIRE, en direct sur l'antenne de Radio Classique et de Paris première.
GUILLAUME DURAND
Nous sommes avec Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie, porteur d'un projet de modernisation de la vie économique, qui comportera peut-être un certain nombre de privatisations, on va en parler dans un instant avec lui, ce courant mai. Mais j'ai une question personnelle à vous poser, est-ce que vous n'avez pas de regret d'être passé du côté de MACRON, est-ce que vous n'avez pas le sentiment parfois qu'on vous met un peu sous surveillance ?
BRUNO LE MAIRE
Sous surveillance de qui ?
GUILLAUME DURAND
Je ne sais pas. On dit chez les « macroniens » pur jus, on dit il a gardé une sorte d'autonomie, il a gardé un agenda planqué…
BRUNO LE MAIRE
Si vous me dites que je garde ma singularité, évidemment, je ne compte pas renoncer à mes convictions, à ma singularité. Ensuite, je suis membre d'un gouvernement, je travaille sous l'autorité d'Edouard PHILIPPE, et sous l'autorité du président de la République, ça c'est un choix politique majeur, ma loyauté ne peut pas être remise…
GUILLAUME DURAND
Fidélité qui ira jusqu'au bout du quinquennat ?
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, j'ai déjà dit, je peux le répéter 20 fois, 30 fois, ce que je souhaite c'est qu'on inscrive notre action…
GUILLAUME DURAND
Si c'est écrit dans la presse c'est que les gens se demandent.
BRUNO LE MAIRE
Mais parce que les gens n'aiment pas forcément qu'on garde ses singularités et ses convictions, mais ça, ça fait partie des choses qui ne se négocient pas dans une vie politique, dans une vie d'engagement. En revanche, ce que je souhaite profondément c'est que cette transformation que nous avons engagée avec le président de la République, elle s'inscrive dans le temps, parce qu'il n'y a que le temps long qui donne des résultats, et si je souhaite que le président de la République soit réélu en 2022, même si ce n'est franchement pas l'actualité du jour, c'est parce que je souhaite que l'action de transformation que nous portons, elle puisse donner des fruits pour les Français, et que ce dont le pays à peut-être le plus besoin, c'est de stabilité et de continuité dans l'action. Le zapping permanent qu'on a connu depuis des décennies, ça donnait des résultats dramatiques.
GUILLAUME DURAND
Donc vous n'avez aucun regret d'avoir abandonné Les Républicains et vos camarades…
BRUNO LE MAIRE
Non, quand je vois en plus les positions qui sont prises, j'ai encore moins de regrets.
GUILLAUME DURAND
Exemple.
BRUNO LE MAIRE
Quand je vois par exemple que sur tout projet de privatisation on me dit « c'est hors de question », quand je vois que sur la SNCF Les Républicains sont opposés à cette réforme de la SNCF et ne nous appuient pas, quand je vois que sur le rétablissement des comptes publics…
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas forcément vrai, pas tous.
BRUNO LE MAIRE
C'est ce que j'entends en tout cas à l'Assemblée, peut-être pas tous…
GUILLAUME DURAND
Eric WOERTH.
BRUNO LE MAIRE
C'est justement le drame des Républicains, c'est de ne pas avoir de position cohérente, et à chaque fois de défendre une chose et son contraire, mais je vais vous dire, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Moi, ce qui m'intéresse, c'est que l'action de transformation, que nous avons engagée, s'inscrive dans le temps long. Nous avons commencé à rétablir les finances publiques françaises, nous sommes pour la première fois…
GUILLAUME DURAND
3,6.
BRUNO LE MAIRE
Depuis 10 ans, en dessous, en dessous, des 3 % de déficit, et nous respectons nos engagements européens.
GUILLAUME DURAND
Mais avec une pression fiscale qui augmente.
BRUNO LE MAIRE
J'ose espérer, et je me battrai, pour que ce choix de rétablissement des finances publiques s'inscrive dans le temps long et qu'on mette définitivement derrière nous la France de la dépense publique, de la dette et des comptes mal tenus. Nous avons engagé la transformation économique du pays, c'est bien pour qu'on puisse mettre derrière nous définitivement la France du chômage de masse et la France où tant de nos enfants cherchent un emploi et n'en trouvent.
GUILLAUME DURAND
Dans cette loi modernisation de l'économie, est-ce qu'il y aura la privatisation d'AEROPORTS DE PARIS et de la FRANCAISE DES JEUX ?
BRUNO LE MAIRE
Je soumettrai des décisions au président de la République et au Premier ministre, des projets de décision, et c'est eux qui prendront la décision finale.
GUILLAUME DURAND
Mais dans votre tête c'est fait ?
BRUNO LE MAIRE
Mais dans ma tête rien n'est fait tant que le Premier ministre et le président de la République ne l'ont pas décidé, c'est aussi simple que ça. En revanche, moi je crois profondément à un projet qui redéfinit la place respective de l'entreprise et de l'Etat dans la société.
GUILLAUME DURAND
Et si ça marche pour la SEITA, pourquoi ça ne marcherait pas pour FDJ…
BRUNO LE MAIRE
Moi je suis convaincu que la place de l'Etat dans la société c'est, soit des grands services publics, on a parlé de la SNCF, on pourrait parler de LA POSTE ou d'EDF, soit des activités absolument stratégiques, notamment dans le secteur militaire, soit, troisième rôle de l'Etat dans l'économie, défendre l'ordre public économique, quand Google ne respecte pas certaines règles il est normal que nous poursuivions Google. Mais pour le reste…
GUILLAUME DURAND
Donc on va vers la privatisation.
BRUNO LE MAIRE
Pour le reste, j'estime que l'Etat peut être beaucoup plus efficace dans l'économie, par la régulation, plutôt que par la présence, dans le capital.
GUILLAUME DURAND
Donc on va vers la privatisation.
BRUNO LE MAIRE
Ça fait partie des propositions que je ferai au président de la République et au Premier ministre, et on verra s'ils sont convaincus par mes arguments. Moi je considère, par exemple, puisque vous citez la FDJ, que, aujourd'hui…
GUILLAUME DURAND
FRANCAISE DES JEUX.
BRUNO LE MAIRE
La FRANCAISE DES JEUX, qui régule les jeux, qui contrôle le risque d'addiction, parce que je suis très sensible au risque d'addiction au jeu, et aujourd'hui ce que je constate c'est que la FDJ est publique et que l'addiction au jeu elle existe quand même, si nous réglons davantage, que nous contrôlons davantage l'addiction au jeu, il n'y a aucune raison que l'Etat continue à piloter la FRANCAISE DES JEUX. C'est ma conviction…
GUILLAUME DURAND
Et est-ce que ça pourrait s'élargir à d'autres secteurs par exemple ?
BRUNO LE MAIRE
Ça peut s'élargir à d'autres secteurs, mais c'est ma conviction personnelle, très profonde, qu'il est temps maintenant de redéfinir la place de l'Etat dans l'économie française, je soumettrai ces décisions, notamment sur la FRANCAISE DES JEUX, à Edouard PHILIPPE et au président de la République, et ils arbitreront, parce qu'il peut y avoir d'autres considérations et c'est à eux d'en juger.
GUILLAUME DURAND
Ça n'a strictement aucun caractère péjoratif, mais c'est vrai que jeudi on va un peu voir, comment peut-on dire, un contemporain de ZUCKERBERG rencontrer un contemporain de Jean GIONO, c'est-à-dire MACRON/ PERNAUT. Est-ce que c'était une nécessité, est-ce qu'il y a toujours eu chez MACRON, étant donné ses origines provinciales, une fibre qui est une fibre qu'on pourrait qualifier à la fois de première salve populaire, etc., ou est-ce que tout ça est une construction médiatique totale ?
BRUNO LE MAIRE
Ce qui est une construction médiatique c'est le président déconnecté des territoires, ça, oui, c'est une construction médiatique totale. J'ai été 3 ans ministre de l'Agriculture, 3 ans, j'aime les paysans, j'aime l'agriculture, et je peux vous garantir que le président de la République…
GUILLAUME DURAND
Moi je parle de MACRON.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais je peux vous garantir que le président de la République connaît les territoires, aime les territoires, et qu'il sera parfaitement à sa place sur le 13h00 de PERNAUT.
GUILLAUME DURAND
C'est là-dessus qu'il est attaqué, territoires perdus, les trains INTERCITES qui ne fonctionneront plus, la concurrence qui va supprimer toutes les lignes…
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais je vais vous dire Guillaume DURAND, la réalité c'est quoi ? C'est que, de gauche, comme de droite, et c'est normal, nous sommes en démocratie, on cherche désespérément des angles d'attaque contre le gouvernement et contre le président de la République. On prend ce qu'on trouve, très franchement, je ne trouve pas ces angles d'attaque très convaincants. La réalité c'est que nous, nous décidons, la réalité c'est que ce gouvernement prend des décisions, que le président de la République est déterminé à avancer, et ça en gêne certains, ça en gêne beaucoup. Tous ceux qui voudraient que rien ne change, tous ceux qui nous disent « la SNCF vous touchez ni au statut, ni à l'ouverture à la concurrence, rien, on reste comme avant, on continue à perdre de l'argent », et qui vous disent, « dans le fond, c'est normal qu'un service public perde de l'argent », c'est gens-là ils sont contre nous. Tous ceux qui, à droite, sont un peu gênés, parce que, dans le fond, la politique économique que nous conduisons, ils voient bien qu'elle donne des résultats, la croissance elle est là, enfin, 2 % de croissance en 2017, les investisseurs ils sont de retour, nous avons eu 16 % d'augmentation des investissements en 2017, donc c'est un peu gênant, effectivement, que cette politique économique donne des résultats.
GUILLAUME DURAND
Bruno LE MAIRE, je vais reprendre une métaphore qui ne va vous plaire parce que ça revient à cette histoire de pendaison…
BRUNO LE MAIRE
J'aime beaucoup les métaphores.
GUILLAUME DURAND
D'accord, mais quand vous avez un président de la République qui a décapité la classe politique, par un vote, il est évident que tous ceux qui ont été décapités ils lui gardent, comment peut-on dire, un arrière-goût de revanche, et tous les terrains seront bons.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais il y a un côté, justement, puisque vous employez ces mots-là, il y a un petit côté parfois, dans les oppositions, Emmanuel MACRON canard sans tête, c'est-à-dire pas de direction, pas de cap. Je ne vois pas quelles sont les alternatives politiques, je ne vois pas ce qu'on nous propose d'autre…
GUILLAUME DURAND
Ils lui reprochent aussi d'aller trop vite, de multiplier les réformes.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais, Guillaume DURAND, quand on a 3 millions de chômeurs, et je laisse de côté la question des comptes publics, de la dette, qui pourtant me tiennent à coeur, mais quand on a – parce que là c'est plus que ce qui me tient à coeur, c'est ce qui fait le fondamental de mon engagement politique – quand il y a 3 millions de chômeurs en France, quand il y a tant de familles qui désespèrent de trouver un emploi, quand vous avez des hommes et des femmes de plus de 50 ans qui se disent j'ai été licencié, je n'ai aucune chance de retrouver un job, quand vous avez des gens qui depuis 2 ou 3 ans désespèrent qu'on leur tende la main, qu'ils puissent reprendre leur place dans la société par le travail, vous pensez…
GUILLAUME DURAND
Eh bien ceux-là votent Front national depuis des années.
BRUNO LE MAIRE
Vous pensez vraiment qu'on peut attendre ?
GUILLAUME DURAND
Mais ils votent Front national depuis des années.
BRUNO LE MAIRE
Justement, c'est à cela que nous ne nous résignons pas, ni le président de la République, ni le gouvernement, on ne peut pas attendre… certains voudraient qu'on ralentisse dans la transformation du pays, mais on ne peut pas, vis-à-vis de tous ceux qui en France sont en difficulté, et on ne peut pas parce que le reste du monde ne nous attendrons pas, ni l'Europe, ni la Chine, ni les Etats-Unis, ne nous attendrons. Quand je vois mon homologue allemand, monsieur SCHOLZ, qui dit « nous, vous savez, on trouve que maintenant il faut passer en dessous des 60 % de dette », je rappelle qu'en France la dette publique c'est près de 100 % de notre richesse nationale, vous pensez que nos amis Allemands vont nous attendre ?
GUILLAUME DURAND
D'accord, ça on a compris, ce sont des arguments qui sont importants, mais qui sont à caractère macroéconomique, les Français disent ça ne change rien, les impôts continuent à être à un niveau stratosphérique, vous le savez…
BRUNO LE MAIRE
Ils ont raison.
GUILLAUME DURAND
Les dépenses sociales continuent à être à un niveau stratosphérique.
BRUNO LE MAIRE
Ils ont raison.
GUILLAUME DURAND
Emmanuel MACRON a amélioré, d'une certaine manière, l'ISF, mais les feuilles d'impôts sont toujours pareilles…
BRUNO LE MAIRE
Ils ont raison, Guillaume DURAND, mais c'est bien pour ça…
GUILLAUME DURAND
Et la taxe d'habitation, quand on regarde comment on va financer les 20 %, je lis dans les journaux et dans la presse que ça peut être un impôt sur les résidences secondaires et qui va toucher les plus riches, donc encore une fois, boum, il ne devait plus y avoir d'impôt, il y en a un qui va revenir.
BRUNO LE MAIRE
Mais ils ont raison de considérer que les impôts sont encore trop élevés, je considère, comme ministre des Finances français, que les impôts en France sont encore trop élevés, et par conséquent, il faut tenir le cap qui a été fixé par le président de la République, un point de prélèvement obligatoire en moins. Nous considérons, avec Gérald DARMANIN, le ministre des Comptes publics, que la dépense publique est encore trop élevée, et je considère que le niveau de dettes est trop élevé…
GUILLAUME DURAND
Et les 20 %, et la taxe d'habitation et les 20 % qui restent…
BRUNO LE MAIRE
Donc nous allons… on ne peut pas nous reprocher d'avoir des impôts trop élevés, et quand on supprime un impôt qui touche tous les Français, la taxe d'habitation, 660 euros en moyenne sur chaque français, on le supprime, nous reprocher de le supprimer, c'est quand même une bonne nouvelle pour les Français, et tous les Français verront à la fin du quinquennat que la taxe d'habitation est supprimée, et 80 % des Français, fin 2018, verront que, un tiers de leur taxe d'habitation…
GUILLAUME DURAND
Donc les plus aisés vont payer ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai vu des hypothèses qui circulaient comme l'idée d'augmenter la taxe foncière pour supprimer, pour compenser la suppression de la taxe d'habitation, ces hypothèses ne sont pas sur la table. Nous n'augmenterons pas la taxe foncière pour financer la suppression de la taxe d'habitation.
GUILLAUME DURAND
C'est certain ?
BRUNO LE MAIRE
Si je vous le dis, il est probable que ce soit certain.
GUILLAUME DURAND
Je voudrais qu'on écoute puisque c'est l‘anniversaire de Jean-Paul BELMONDO, un dialogue que vous avez probablement aimé, puisque c'est un dialogue célèbre, je ne sais pas si le statut des entrants à la SNCF sera définitivement supprimé, en tout cas, il y a une chose qui est certaine, c'est que « A bout de souffle » continuera pour l'image de la France à jamais.
/// Extrait « A bout de souffle » ///
BRUNO LE MAIRE
J'adore.
GUILLAUME DURAND
Voilà, c'est un exemple. Non, mais « A bout de souffle », si j'ai passé cet exemple, c'est déjà pour rendre hommage…
BRUNO LE MAIRE
Vous auriez pu passer le début, qui extraordinaire, quand BELMONDO a son journal, le laisse baissé, il commence le film en disant : après tout, je suis con, c'est une phrase que je me répète souvent.
GUILLAUME DURAND
N'est pas con qui veut, je vous ai passé cet extrait parce que, on a beaucoup parlé de la « Nouvelle vague » de GODARD, etc., mais il y a…
BRUNO LE MAIRE
Mais il y a aussi un autre extrait que j'aime beaucoup c'est dans « Pierrot le fou », quand Pierrot, Jean-Paul BELMONDO, pose la question à Marianne : pourquoi t'as l'air triste, et que Marianne lui répond : parce que tu me parles avec des mots et moi, je te regarde avec des sentiments.
GUILLAUME DURAND
Mais si je vous passe ces extraits, c'est parce que le cinéma mondial…
BRUNO LE MAIRE
On pourrait faire d'autres extraits, c'est encore plus intéressant que tout ce que nous avons évoqué jusqu'à présent…
GUILLAUME DURAND
Le cinéma mondial a changé à partir de ça, c'est-à-dire que, il y a des gens qui ont considéré que la « Nouvelle vague »… mais tout ce qu'on appelle le nouvel Hollywood, SCORSESE, COPPOLA, etc., « Easy Rider », tout ça a bouleversé ces phrases…des Champs-Elysées a totalement bouleversé le cinéma mondial. Donc est-ce que vous considérez aujourd'hui, pour revenir dans la politique, qu'il y a un moment justement où on ne peut plus vivre comme avant, c'est-à-dire qu'on ne peut plus vivre comme avant, « A bout de souffle » dans le cinéma ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais je vous redis exactement ce que je vous disais précédemment, le génie français, c'est la capacité à se réinventer, il y a eu GODARD, aujourd'hui, vous avez KECHICHE, regardez Abdellatif KECHICHE, le film « La vie d'Adèle », pour moi, c'est un des très grands films mondiaux, pas uniquement français, un des très grands films mondiaux sur l'amour, sur les sentiments, sur les relations entre les personnes, sur la relation physique, c'est un film absolument merveilleux et totalement bouleversant. Qu'est-ce que ça prouve ? Que la France est capable de se réinventer. Elle peut réinventer son cinéma, elle peut réinventer sa culture, elle peut réinventer son service public…
GUILLAUME DURAND
Et MELENCHON vous dit « Les Misérables »…
BRUNO LE MAIRE
Oui, eh bien, il y a HOUELLEBECQ, il y a eu Victor HUGO, et aujourd'hui, il y a HOUELLEBECQ. Et la littérature française se réinvente et reste une des grandes littératures mondiales. Et si nous en étions restés aux « Misérables », si nous en étions restés au réalisme du 19ème siècle, la littérature française, elle serait dans des boîtes en carton, couvertes de poussière, elle ne l'est pas, elle est vivante, parce qu'elle se réinvente, c'est la même chose pour le service public. La SNCF, c'est parce que, elle appartient à notre mémoire, à notre histoire, qu'elle va se réinventer, et qu'elle va devenir, non pas simplement un service public français, mais un des géants de la mobilité mondiale.
GUILLAUME DURAND
Mais, est-ce que vous pouvez me répondre en une seconde, parce que voici Michel GROSSIORD, les Français ont une perception de La République En Marche et donc de ce que vous incarnez, vous tous, comme étant une formation de droite, mais vraiment de droite, quoi ?
BRUNO LE MAIRE
Je crois que ce qui va…
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire que la campagne de MACRON était à gauche, son exercice du pouvoir est à droite, vrai ou faux ?
BRUNO LE MAIRE
Je dirais faux, très clairement faux, d'abord, parce que je ne crois pas que ce clivage soit désormais pertinent, on peut avoir une culture de droite ou une culture de gauche, mais je pense que ce n'est pas un clivage pertinent, on peut venir d'une famille politique de droite, comme c'est mon cas, et être un fan de GODARD ou un fan de KECHICHE ou un fan de HOUELLEBECQ, classez-les où vous voulez, je crois que ce n'est pas une question de droite, pas une question de gauche, c‘est une question de culture.
GUILLAUME DURAND
Merci mille fois donc, c'est Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie, qui était l'invité politique de « La Matinale. »
source : Service d'information du Gouvernement, le 16 avril 2018