Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Snipper, l'est-il ? Stéphane TRAVERT est en direct. C'est vrai souvent que MACRON est seul et qu'il manque de relais, de flingueurs, de bons tontons flingueurs à l'ancienne comme ça existait dans l'ancien monde politique, que je ne regrette pas, mais est-ce que vous avez ce sentiment que vous êtes une bande de trop gentils en fait ?
STEPHANE TRAVERT
Je ne sais pas si nous avons besoin aujourd'hui de tontons flingueurs, comme vous le dites, je laisse ça plutôt à l'art cinématographique, mais je crois qu'on a besoin de gens qui font la pédagogie de l'action, qui redonnent du sens aux réformes que nous voulons mettre en place, et cette pédagogie de l'action c'est un travail jour après jour, c'est un dur labeur, que tout le gouvernement prend en charge, et chacun, dans sa partition, dans son couloir, eh bien porte les réformes qu'ils mettent en place.
GUILLAUME DURAND
Stéphane TRAVERT, parlons-nous clairement, on sait très bien que cette double intervention d'Emmanuel MACRON, il y a 1 mois ce n'était pas vraiment prévu, donc ça prouve qu'il y a un manque. Il y a une grève, il y a les accusations qu'on a entendues tout à l'heure, MELENCHON qui considère que le gouvernement et le président de la République représentent les riches, WAUQUIEZ qui dit qu'il se contrefout, pardonnez-moi l'expression, de la France rurale, donc il a bien fallu qu'il descende dans l'arène, et s'il descend dans l'arène c'est parce que finalement il n'y a pas vraiment de paravents.
STEPHANE TRAVERT
Mais c'est quelque chose qui était prévu, parce que nous arrivons bientôt au premier anniversaire de l'élection d'Emmanuel MACRON, et je pense qu'il est nécessaire que le président de la République puisse s'exprimer, justement pour redonner un cap, expliquer le sens des réformes que nous menons, et le gouvernement, le Premier ministre, le fait également. Mais, les Françaises et les Français ils ont élu un président de la République, et c'est ce président de la République qu'ils ont envie et besoin d'entendre. Et, justement, il se plie bien volontiers à cet exercice, qui est normal, d'aller parler aux Français en choisissant différents médias, comme il en a pris l'habitude, pour faire en sorte de faire cette pédagogie de l'action, comment nous allons transformer la France, où est-ce que nous souhaitons emmener les Français.
GUILLAUME DURAND
Mais est-ce qu'il est vraiment le président du monde agricole, est-ce qu'il est vraiment le président des territoires perdus, est-ce qu'il est vraiment, vous qui est ministre de l'Agriculture, le président de la ruralité ? Personne, semble-t-il, ne le croit.
STEPHANE TRAVERT
Mais, vous savez, il est d'abord le président de tous les Français et de tous les territoires, sans exclusive, et pour le voir dans son travail au quotidien, dans l'action qui est la sienne, pour l'avoir accompagné toute une journée au Salon de l'agriculture, pour l'avoir accompagné sur le terrain, pour l'avoir accompagné pendant sa campagne, je puis vous assurer qu'il est aussi, bien évidemment, le président des territoires, et des territoires ruraux, à qui il sait parler, dont il connaît les difficultés, dont il connaît les ressorts aussi, et donc nous avons, là aussi, besoin
GUILLAUME DURAND
Donc MELENCHON et WAUQUIEZ ont tort ?
STEPHANE TRAVERT
Mais, MELENCHON et WAUQUIEZ sont dans leur dogmatisme que nous connaissons, ils sont dans la parodie politique. Aujourd'hui, ce qui intéresse les Français, c'est de savoir comment nous menons une action cohérente, à leur service, et comment demain nous transformons notre pays, pour régler la question du chômage de masse, pour porter plus de solidarité, pour réformer un certain nombre de politiques sur lesquelles nous avons fait échec depuis un certain nombre d'années, c'est le cas du projet de loi ELAN qui sera présenté bientôt, c'est le cas du projet de loi sur l'agriculture que nous sommes en train de débattre à l'Assemblée nationale.
GUILLAUME DURAND
Il y a eu toutes ces réunions sur l'alimentation, qui voulaient définir finalement des nouveaux rapports qui pouvaient exister entre les producteurs, les distributeurs et les Français, avec évidemment, au milieu, aussi la bataille entre le bio et le non bio. Ce matin je regarde tranquillement mon portable avec les informations, le comité de pilotage, vous allez en présider un, qui concerne 5 milliards dédiés à l'agriculture, un grand plan d'investissement de 5 milliards. 5 milliards c'est colossal, vous les sortez d'où et c'est pour faire quoi ?
STEPHANE TRAVERT
Alors, c'est un engagement de campagne du président de la République, c'est 5 milliards d'euros pour relancer l'investissement dans l'agriculture. Il y a trois axes. Nous allons travailler sur l'amont agricole, nous allons travailler, avec les entreprises de l'agroalimentaire sur un deuxième axe, parce qu'elles ont besoin, elles tirent vers le haut notre agriculture, et puis il y a un axe où nous allons travailler sur la recherche, sur l'innovation, le développement. Le grand plan d'investissement c'est quoi ? C'est l'aider à travers des garanties de crédits, des prêts, à travers des subventions, bien évidemment aider notre agriculture à se transformer.
GUILLAUME DURAND
Mais on aide les agriculteurs ou on aide toute la filière ?
STEPHANE TRAVERT
On aide les agriculteurs, bien évidemment, et on les aide à plusieurs titres. Le projet de loi, sur lequel nous travaillons, travaille sur la question du revenu des agriculteurs, mais le grand plan d'investissement, et je préside un comité de pilotage ce matin pour lancer les opérations de ce grand plan d'investissement, permettra, par exemple, de faire de l'accompagnement, du coaching, pour les entreprises, pour aller vers l'export, donc nous travaillerons avec les filières. Cela permettra de mettre en oeuvre, pour 20 millions d'euros par exemple, 100 projets, innovants, d'entreprises, de start-up, agricoles, qui veulent mettre au point un certain nombre de, je dirais de moyens transformant notre agriculture.
GUILLAUME DURAND
Vous avez entendu probablement l'actualité de ce matin Stéphane TRAVERT, par exemple, je prends un seul exemple, les yaourts. Il paraît que dans les yaourts il y a des tas de choses, ils sont extrêmement mauvais pour la santé. Alors, est-ce qu'à un moment, ou un autre, le ministère de l'Agriculture va vérifier, ou va faire vérifier, que les produits qui sont vendus massivement dans la grande distribution sont bons pour notre santé ?
STEPHANE TRAVERT
Vous savez, cette responsabilité elle incombe aux fabricants
GUILLAUME DURAND
Parce que moi j'adore les yaourts
STEPHANE TRAVERT
Mais moi aussi, j'adore les yaourts .
GUILLAUME DURAND
Et tout d'un coup je lis ce que je lis ce matin, et je me dis houlà !
STEPHANE TRAVERT
Je pense beaucoup de yaourts, je suis Normand, je consomme du lait donc, et vous avez que c'est au fabricant d'apporter la preuve que le produit qu'il met sur le marché ne met pas en danger la santé des hommes et des femmes qui les consomment. Et, le gouvernement, il est dans sa tâche, son rôle, en faisant un certain nombre de contrôles. Il y a un travail que nous menons en France, bien évidemment, il y a aussi un travail que nous menons au niveau européen pour essayer d'harmoniser la réglementation, parce que l'impact, tout ce qui va concerner, je dirais la question sanitaire, manger des produits sûrs, sains et durables, ça c'est notre leitmotiv, c'est là-dessus que nous nous sommes engagés. Eh bien nous travaillons dans ce sens, et s'il y a des enquêtes à mener, elles seront menées.
GUILLAUME DURAND
DOUX a été condamné à une amende de 82 millions d'euros pour avoir indûment perçu les aides européennes, il est en faillite, il n'avait pas besoin de ça. Vous en pensez quoi de cette histoire-là ?
STEPHANE TRAVERT
Il s'agit d'un contentieux qui est vieux de plusieurs années, qui a été prononcé par un tribunal européen, enfin, une commission européenne avait jugé indue une partie des subventions qui avaient été versées, aujourd'hui l'entreprise a été déclarée en liquidation judiciaire, c'est au liquidateur d'apprécier ce qu'il peut faire de cette amende.
GUILLAUME DURAND
Stéphane TRAVERT, vous l'avez dit vous-même, vous êtes Normand, Emmanuel MACRON va aujourd'hui en Normandie, pourquoi ?
STEPHANE TRAVERT
Il va en Normandie parce que
GUILLAUME DURAND
Parce que la ruralité, en France, c'est vaste.
STEPHANE TRAVERT
C'est vaste, mais il a choisi la Normandie, il a choisi le département de l'Orne, la commune de Berd'huis, j'ai été collègue, au Conseil régional de Normandie, avec la maire de la commune de Berd'huis, Brigitte LUYPAERT. Et c'est un bon choix, parce que c'est une commune qui incarne cette ruralité, dont nous avons besoin, c'est cette France qui, aujourd'hui, exprime un certain nombre d'inquiétudes, sur la qualité des services publics, sur comment nous pouvons accéder plus facilement aux soins. C'est un débat que nous avons aujourd'hui en Normandie, et que j'ai connu lorsque j'étais parlementaire. Et, aujourd'hui, l'Orne, la Normandie, et d'autres territoires, bien évidemment, en France, incarnent cette ruralité, qui est une chance pour nous, mais cette ruralité nous avons besoin de l'accompagner, et c'est l'objet du plan de transformation numérique porté par Julien DENORMANDIE pour faire en sorte que la fibre passe partout, pour que les connexions Internet se fassent de la meilleure manière, pour que, là aussi, la France rurale puisse bénéficier des meilleurs services et des mêmes services que la France des villes.
GUILLAUME DURAND
Dans la bataille de la SNCF beaucoup de gens ont dit les trains INTERCITES c'est terminé, bon, évidemment, maintenant on se rend un peu compte qu'il n'y aura pas, grâce au débat parlementaire, de véritable privatisation, par contre il y a beaucoup de gens qui considèrent que, justement, dans les régions comme l'Orne, le train c'est terminé et qu'il n'y aura plus, justement sur place, des moyens de transport classiques. C'est vrai ou c'est faux ?
STEPHANE TRAVERT
C'est faux parce que, d'abord le gouvernement a été clair là-dessus, vous venez de le rappeler, d'une part il n'y a pas de privatisation
GUILLAUME DURAND
l'Assemblée
STEPHANE TRAVERT
Il n'y aura pas de privatisation, ce n'est pas le projet du gouvernement, il n'y aura pas de fermeture des petites lignes, et nous avons besoin de ces petites lignes justement pour les trajets du quotidien, et c'est sur ces trajets du quotidien qu'Emmanuel MACRON avait pris un engagement lors de la dernière campagne présidentielle. Donc, nous devons travailler. En Normandie nous connaissons des vraies difficultés sur la ligne entre Paris et Cherbourg, entre Paris et Granville, qui traverse l'Orne, sur des questions de régularité du trafic, et nous devons faire en sorte d'apporter le meilleur service public à nos compatriotes, d'où la nécessité de transformer la SNCF et de faire en sorte que demain elle puisse répondre à ses objectifs de service public, à ses missions de service public, auquel nous sommes très attachés.
GUILLAUME DURAND
Nous sommes en direct avec Stéphane TRAVERT, donc le matin de l'intervention d'Emmanuel MACRON sur TF1 avec Jean-Pierre PERNAUT. Pour tous les gens qui aiment faire les courses le samedi, il y a des choses qui paraissent évidentes, ils sont coincés, disons, entre une agriculture industrielle, et en même temps quand ils vont acheter des oranges, des fraises, etc., on le voit sur les marchés, c'est écrit, ça vient d'Espagne, ça vient de Grèce, etc. Comment vous pouvez faire, vous, ministre français, pour compenser un coût social des produits, par exemple dans le domaine des légumes, qui est bien inférieur au Maroc, en Espagne, au Portugal, ou ailleurs, fraises, abricots, etc., etc. ?
STEPHANE TRAVERT
Alors, d'abord il y a la question, il faut s'attaquer à la racine, c'est-à-dire la question du revenu des agriculteurs, comment faire en sorte que, demain
GUILLAUME DURAND
Oui, mais la bataille est inégale puisque les salaires sont 30 % moins chers ailleurs.
STEPHANE TRAVERT
Oui, mais nous devons avoir des exploitations beaucoup plus compétitives aujourd'hui, et donc nous devons d'abord redonner du revenu aux agriculteurs, pour faire cette montée en gamme dont nous avons besoin, et faire le choix par les consommateurs, indiquer aux consommateurs quel choix ils doivent faire, les éclairer sur leur choix et sur leur pratique alimentaire.
GUILLAUME DURAND
Mais Stéphane TRAVERT, vous n'êtes pas si vous allez sur un marché, et que vous voyez des fraises qui sont équivalentes, qui viennent d'Espagne, qui viennent d'Israël, et qui sont 30 % moins chères, forcément vous allez les acheter.
STEPHANE TRAVERT
Bien évidemment
GUILLAUME DURAND
Comment vous allez régler ce problème-là ?
STEPHANE TRAVERT
Bien évidemment vous pouvez faire ce choix sans difficulté parce que vous êtes amené à regarder aussi un prix
GUILLAUME DURAND
Le marché est libre.
STEPHANE TRAVERT
Et puis parce que le marché est libre. Mais nous, ce que nous devons faire, ce que nous voulons faire, c'est d'abord essayer de travailler à une harmonisation européenne, et nous y travaillons aujourd'hui autour de la PAC, autour de la politique du droit à la concurrence, et tout cela est nécessaire, mais faire en sorte, là aussi regardez avec l'Espagne, nous avons monté un comité mixte fruits et légumes avec l'Espagne, ce qui permet, lorsque la saison des fruits arrive en Espagne et qu'elle est beaucoup plus tôt dans la saison que pour la France, vous avez des produits espagnols qui sont sur le marché, et au moment où les produits français arrivent sur le marché, eh bien ce sont les produits français qui deviennent prioritaires. Ce sont des axes de travail qui ont été décidés, de travailler avec les autorités espagnoles, entre les filières, qui se parlent, pour essayer d'équilibrer le marché, et, là aussi nous devons aussi faire un travail de pédagogie, c'est-à-dire que nous nous disons aux Français, lorsque vous achetez des produits qui viennent de vos territoires, lorsque vous achetez des produits qui viennent de nos exploitations agricoles, eh bien vous oeuvrez pour votre agriculture, vous sauvez vos emplois, et vous permettez à l'agriculture d'aller de l'avant.
GUILLAUME DURAND
Vous avez beaucoup de critiques gastronomiques qui disent, au fond, il faudra apprendre aux Français à acheter et à payer plus cher la qualité, est-ce que c'est vrai ?
STEPHANE TRAVERT
Il faut apprendre, je crois
GUILLAUME DURAND
Vous connaissez le célèbre Périco LEGASSE ?
STEPHANE TRAVERT
Bien sûr.
GUILLAUME DURAND
Qui pousse des hurlements en disant, « les Français, s'ils veulent payer moins cher, eh bien ils mangeront moins bien, des choses qui ne viennent pas de France. »
STEPHANE TRAVERT
Mais vous savez, c'est une habitude
GUILLAUME DURAND
On peut dire ça à des gens qui ont des revenus qui sont faibles ?
STEPHANE TRAVERT
Mais les gens, justement, c'est vous savez, avoir une alimentation saine, durable et accessible à tous, c'est ce que nous souhaitons faire, faire en sorte que, ce n'est pas parce que vous avez des revenus plus faibles, ou très faibles, que vous ne devez pas manger des aliments de qualité, et c'est sur cette bataille-là que je me suis engagé comme ministre de l'Alimentation.
GUILLAUME DURAND
Michel-Edouard LECLERC dit exactement la même chose !
STEPHANE TRAVERT
Oui, mais Michel-Edouard LECLERC il est engagé dans une bataille des prix qui a fait beaucoup de tort, aussi, aux industries agroalimentaires et aux agriculteurs. La grande distribution, en général, paye le prix fort aujourd'hui, de toutes ces années où on a écrasé, pressé, les agriculteurs, pour faire plus de profits. Aujourd'hui nous allons déposer, dans le projet de loi, un certain nombre d'outils, qui sont soumis au vote du Parlement, ces outils, ils devront permettre de mieux réguler, de mieux répartir les marges, de faire en sorte que la valeur puisse mieux se répartir entre les agriculteurs, entre les transformateurs
GUILLAUME DURAND
Donc, en fait, Michel-Edouard LECLERC, quand il a pris des engagements au moment des Etats généraux de l'alimentation, il a raconté n'importe quoi ?
STEPHANE TRAVERT
Ah mais moi, je prends ses engagements tels qu'ils sont, il a pris
GUILLAUME DURAND
C'est une question
STEPHANE TRAVERT
Il a pris des engagements, maintenant, eh bien quand on prend des engagements, eh bien on les tient, c'est-ce que le gouvernement fait, et c'est ce que nous demandons à tous ceux qui avaient signé la charte le 14 novembre dernier, eh bien de respecter et de suivre le sens de la loi que nous sommes en train de discuter.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 avril 2018