Texte intégral
YVES-RENE TAPON
Bonjour Sébastien LECORNU.
SEBASTIEN LECORNU (PAR TELEPHONE)
Bonjour Yves-René TAPON.
YVES-RENE TAPON
Les députés votent aujourd'hui la réforme ferroviaire à l'Assemblée nationale, en quoi le changement de statut des futurs embauchés à la SNCF et l'ouverture à la concurrence permettront d'améliorer le service aux usagers, notamment normands ?
SEBASTIEN LECORNU
Sil y a bien une région dans laquelle où on sait ce que veut dire le manque d'investissement dans le réseau ferroviaire ces 30 ou 40 dernières années c'est bien en Normandie et l'ouverture à la concurrence elle est attendue désormais de longue date, c'est pour ça que ce gouvernement se lance enfin dans l'art de l'exécution de la réforme, même si cela n'est pas toujours évident, ni facile, mais ça permettra d'augmenter le nombre de trains, ça permettra de faire diminuer les coûts des billets de train, d'augmenter le service en clair aux usagers normands et ça permettra très opérationnellement au Conseil régional qui sera lautorité organisatrice des transports enfin qui l'est déjà sur la plupart des trains régionaux justement de susciter une saine émulation pour permettre d'avoir les meilleures offres possibles de train pour les usagers normands.
YVES-RENE TAPON
Mais vous savez très bien Sébastien LECORNU que le problème en Normandie n'est pas tant sur les rails que les rails proprement dit et le manque d'investissement...
SEBASTIEN LECORNU
Justement, oui c'est lié à cela, c'est-à-dire qu'aujourd'hui un train normand comme un train français en général coûte 30 % plus cher en moyenne que les voisins européens à faire rouler, ça c'est du à des économies, des phénomènes de structure qui sont très lourds à la SNCF, il y a la dette, la dette notamment liée aux investissements TGV - ça tombe bien en Normandie on n'a jamais eu de TGV donc on a la dette sans avoir eu les infrastructures je rappelle quand même que la SNCF génère automatiquement trois milliards d'euros de dette supplémentaire chaque année et, donc, l'objectif de la réforme c'est non seulement effectivement de trouver une réponse pour la dette, le président de la République l'a dit dimanche soir face aux Français à l'horizon du 1er janvier...
YVES-RENE TAPON
Elle sera reprise ?
SEBASTIEN LECORNU
Oui substantiellement, mais contre un effort de l'entreprise pour la sauver et pour sauver le service public ferroviaire, donc notamment l'entrée dans la concurrence, elle est voulue par le droit européen, mais, au-delà du fait que c'est du droit européen, c'est une bonne nouvelle en particulier pour les Normands et c'est aussi la question du statut parce que bien évidemment exercer le métier de cheminot en 2018 - je ne pense pas que c'est faire injure à celles et ceux qui l'exercent ce métier que de dire que ce n'est pas le même métier qu'il y a 40 ou 50 ans...
YVES-RENE TAPON
Oui. Mais ce qui pêche aujourd'hui, pardon Sébastien LECORNU...
SEBASTIEN LECORNU
Donc, effectivement, il faut...
YVES-RENE TAPON
Ce qui pêche, pardon Sébastien LECORNU, aujourd'hui c'est le manque d'investissements, d'infrastructures ?
SEBASTIEN LECORNU
Mais oui, mais vous pensez probablement qu'avec trois milliards d'euros de dette chaque année supplémentaire il est aisé d'investir ? Et pour autant, et pour autant, l'Etat a beaucoup investi ces dernières années dans le ferroviaire et on va le faire encore plus dans les 10 prochaines années, je vous donne juste un chiffre pour ne pas abreuver nos auditeurs de si bon matin avec des chiffres dans tous les sens, c'est 10 millions d'euros par jour, c'est que l'Etat et les collectivités territoriales vont consacrer en investissement pour le ferroviaire dans les 10 prochaines années. Mais une fois de plus mettre autant d'argent sur la table pour investir sur les rails comme vous dites n'a pas de sens si votre grand géant français, si votre grande entreprise publique française, elle, continue de rentrer dans la spirale infernale de la dette, on arrivera pratiquement à 46 milliards d'euros de dette, c'est absolument vertigineux - il fallait en terminer avec cela - et moi je suis fier d'appartenir à un gouvernement qui prend enfin le taureau par les cornes parce qu'une fois de plus en tant qu'élu Eurois et Normand je ne sais que trop bien les difficultés que les Normands rencontrent chaque matin ou chaque soir pour rentrer chez eux.
YVES-RENE TAPON
Autre sujet, votre ministère a annoncé hier qu'il voulait renégocier les tarifs de rachat d'électricité des futurs parcs éoliens en mer, vous demandez aux prochains opérateurs d'être moins gourmands, n'est-ce pas prendre le risque de remettre en cause ces projets notamment à Fécamp et Dieppe Le Tréport ?
SEBASTIEN LECORNU
Non. On prend un seul risque c'est de bien gérer l'argent du contribuable, je pense que là aussi celles et ceux qui nous écoutent seront contents de le savoir on parle quand même d'un flux de deux milliards d'euros là aussi par an pendant 20 ans tenez-vous bien 40 milliards d'euros - parce que tout simplement il faut que celles et ceux qui nous écoutent comprennent que l'éolien offshore correspond à des appels d'offre qui sont désormais anciens, parce qu'ensuite il y a eu du contentieux, il y a eu des procédures extraordinairement longues, ça veut dire qu'aujourd'hui on doit payer des éoliennes en mer d'une technologie plutôt ancienne à un tarif, à une époque où l'éolien offshore comme terrestre d'ailleurs n'était pas compétitif, là aussi un seul chiffre, globalement on est sur des tarifs de rachat en moyenne de 200 euros le mégawatt/heure, là où les derniers appels d'offre en Europe sont plutôt autour de 80 euros le mégawatt/heure. Donc, en fait, ce qu'on dit juste à nos amis opérateurs lauréats de ces appels d'offre d'il y a quelques années c'est de dire : « on va renégocier, ça vaut peut-être le coup de se mettre tous ensemble autour d'une table pour essayer non seulement de faire quelques économies », mais pas des économies pour le budget de l'Etat, des économies pour dire : « l'argent qu'on aura réussi à dégager de cette négociation on va le réinvestir dans des appels d'offre nouveaux », c'est d'ailleurs ce qu'on va faire avec un nouvel appel d'offres à l'été au large de Dunkerque, c'est de se dire dans cette enveloppe des deux milliards d'euros par an, comment on fait pour avoir plus d'éoliennes au final à somme constante ? Je pense que c'est un argument plein de bon sens et en cela on va lancer les négociations maintenant très rapidement pour les voir aboutir d'ici à l'été.
YVES-RENE TAPON
Très brièvement l'éolien c'est donc l'avenir selon vous, la méthanisation on en parlait également à l'instant à... ça l'est aussi ?
SEBASTIEN LECORNU
Ah ! Oui, vraiment ça c'est un... je suis très militant de la méthanisation, sûrement parce que j'étais président du département de l'Eure donc un département rural et agricole parce que déjà on a besoin de gaz, c'est stockable, c'est pilotable. Le gaz permet de se verdir, objectif 10 % de gaz vert d'ici 2030 ; ça permet de diversifier le revenu des agriculteurs - on l'a entendu dans le reportage et donc j'ai pris tout un tas de mesures, ça c'est une petite fierté dans mes premiers mois de jeune ministre de ce gouvernement, pour justement simplifier les procédures, aujourd'hui il faut quatre cinq ans, c'est épouvantablement long et compliqué pour installer un méthaniseur, avec tout un tas de mesures que je n'ai pas le temps de vous détailler tout de suite, mais on va revenir à des délais complètement raisonnables de six mois à un an ; on va également développer des formations dans la filière ; on va également nous aussi l'Etat mettre de l'argent sur la table et j'ai vu Hervé MORIN hier et je suis content que cette volonté du gouvernement et de l'Etat rencontre une politique régionale parce qu'on va avoir un véritable effet de levier sur la Région Normandie et on va pouvoir faire les choses.
YVES-RENE TAPON
Sébastien LECORNU invité de France Bleu Normandie ce matin, merci à vous, bonne journée.
SEBASTIEN LECORNU
Merci de m'avoir invité, bonne journée à tout le monde.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 avril 2018