Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Sébastien LECORNU.
SEBASTIEN LECORNU
Bonjour Sud Radio.
PATRICK ROGER
La SNCF. Edouard PHILIPPE, le Premier ministre, reçoit les syndicats ce matin pour la reprise de la dette. Est-ce que vous espérez à cette occasion une sortie du tunnel, la fin de la grève ?
SEBASTIEN LECORNU
Eh bien ça, je la souhaite depuis un bout de temps, la fin de la grève. Je pense qu'effectivement on est dans la dernière ligne droite de la réforme, d'ailleurs, vous regardez, le calendrier du gouvernement a été tenu, la parole du Premier ministre a été respectée comme on s'y était engagé, ouverture à la concurrence, la question du statut, puis enfin la question de la dette, donc le Premier ministre va pouvoir s'exprimer ce matin. Toutes les raisons sont là pour être rassuré, y compris pour les cheminots, y compris pour celles et ceux qui ont fait grève. Donc on a bien vu qu'on n'est pas du tout dans un cheminot bashing ou dans une SNCF bashing, mais au contraire, dans un véritable plan de sauvetage pour cette belle entreprise publique qu'est la SNCF, et la parole de l'Etat sera tenue. Voilà. Et donc là aussi, je souhaite que la grève ce termine désormais le plus tôt possible, parce que je le vois dans mon département de l'Eure, vous l'avez rappelé tout à l'heure, que beaucoup beaucoup de nos concitoyens sont pénalisés par cette grève, lorsqu'il n'y a pas parfois des actes de malveillance d'ailleurs, sur les voies, et donc là je pense qu'il est temps effectivement que chacun reprenne le chemin du travail.
PATRICK ROGER
Mais on n'a pas l'impression que les cheminots désarment et qu'ils s'épuisent au fil des semaines.
SEBASTIEN LECORNU
Eh bien, la réalité, c'est que certaines organisations syndicales se sont mises dans une posture très dure, sur laquelle aussi il faut maintenant trouver une porte de sortie. Ce n'est pas facile quand vous faites une consultation qui n'est pas tout à fait un référendum dans les règles, c'est le moins que l'on puisse dire, au sein de l'entreprise.
PATRICK ROGER
C'est toujours difficile aussi à organiser. Ça a eu le mérite d'être organisé, non ?
SEBASTIEN LECORNU
Oui, j'aurais pu fournir quelques urnes et quelques rideaux, quelques isoloirs pour que tout cela ait lieu dans les règles de l'art, s'il avait fallu, donc, non ce que je veux dire par là
PATRICK ROGER
Il y a eu de la fraude.
SEBASTIEN LECORNU
Non mais ce n'est pas un véritable référendum interne, les règles sont là pour être respectées, mais personne ne comprendrait qu'il en soit autrement. Donc, voilà, aujourd'hui je pense qu'il est temps effectivement que tout cela rentre dans le bon ordre, puisqu'il y a un coût économique à cette grève, il y a un coût pour l'entreprise, que la grève est un droit, personne ne l'a remis en question et surtout pas les membres du gouvernement, mais le dialogue syndical il a quand même plutôt bien fonctionné, avec la plupart des organisations syndicales, mais je vous le redis, certaines malheureusement ont choisi une voie beaucoup plus dure dans le conflit, et aujourd'hui il faut en sortir, puisque le compte est là, sur la table.
PATRICK ROGER
Alors, oui, voilà, Sébastien LECORNU, à propos de comptes donc et d'argent, une reprise de 30 à 35 milliards, certains disent qu'il faudrait pour reprendre, la quasi-totalité, environ 50 milliards. Qui paiera ensuite aussi ?
SEBASTIEN LECORNU
Vous permettez au Premier ministre de faire les annonces ce matin. Ce chiffre qui a été annoncé effectivement hier par le député de la République en marche qui est rapporteur du projet de loi, monsieur DJEBBARI, qui s'est investi remarquablement bien d'ailleurs sur le dossier. Le Premier ministre fera des annonces ce matin sur la question de la dette, sur aussi la question des investissements ferroviaires pour les 10 années qui vont venir, parce qu'on a besoin aussi d'une remise à niveau sur le réseau, en partie, les usagers vont devoir payer, mais pardon, ils le paient déjà, et en partie, de toute façon, la dette malheureusement c'est le contribuable qui va bien devoir la payer, et c'est pour cela aussi qu'il fallait faire la réforme de la SNCF, puisque
PATRICK ROGER
Mais ça ne passe pas à Bruxelles, ça, tout ça, cette reprise.
SEBASTIEN LECORNU
Ecoutez, le Premier ministre aura l'occasion tout à l'heure de dire comment tout cela va se faire dans les règles de l'art, soyez-en assuré comme depuis le début avec cette réforme.
PATRICK ROGER
Bon, Sébastien LECORNU, alors moins de députés et de sénateurs, la réforme constitutionnelle notamment est en route, Gérard LARCHER, le président du Sénat, qui était à ce micro Sud Radio hier matin, a dit qu'il n'était pas dans une partie de bras-de-fer mais qu'il montrait quand même les muscles face au président Emmanuel MACRON. Il y a de la résistance de la part de vos anciens amis des Républicains. Qu'est-ce que vous leur dites ?
SEBASTIEN LECORNU
Oh, moi j'ai confiance en Gérard LARCHER pour avoir une négociation et une ouverture d'esprit. Je le connais bien, c'est un ami, d'ailleurs je crois qu'hier matin, à votre micro, il a été particulièrement ouvert. Que certains, dans sa majorité sénatoriale aient peut-être envie de refaire le match de la présidentielle, et de se servir de la réforme constitutionnelle pour faire peut être un peu de politique contre le gouvernement, contre le président de la République, ça c'est peut-être certain. Moi je rappelle juste une chose, mes anciens amis, comme vous dites, c'est que le candidat à la présidentielle, c'est bien monsieur FILLON, il proposait lui aussi la diminution du nombre de députés et d'ailleurs il proposait 400 députés et 200 sénateurs, c'est-à-dire moins de sénateurs que ce que la réforme proposée par le gouvernement aujourd'hui prévoit, à savoir 244 sénateurs. C'est que la ligne rouge que le président LARCHER avait fixée, qui donne était une ligne rouge de négociations complètement incompréhensible, de dire : il faut au moins un sénateur par est largement respectée, puisqu'il y aura un sénateur minimum par département. Dans le cadre, d'ailleurs
PATRICK ROGER
Donc il y a un peu d'hypocrisie de la part de vos anciens amis Républicains
SEBASTIEN LECORNU
Non
- Brouhaha -
PATRICK ROGER
Si on vous écoute, si l'on traduit
SEBASTIEN LECORNU
On va dire qu'une relecture du programme de François FILLON, une relecture du programme d'Alain JUPPE, une relecture du programme de Nicolas SARKOZY, une relecture du programme de Bruno LE MAIRE, tous candidats à la primaire, prévoyait une diminution du nombre de parlementaires. Il se trouve que le candidat victorieux à la primaire est celui d'ailleurs qui allait le plus loin dans le dispositif puisque, à 200 sénateurs, Monsieur, vous n'aviez pas un sénateur par département. Donc je dis juste à certains : n'ayons pas la mémoire trop courte, il y a un consensus énorme, une attente absolument formidable de la part de nos concitoyens sur cette réduction du nombre de parlementaires, ça fait des années que tout le monde en parle, preuve en est, ça faisait même consensus pendant le débat électoral de l'année 2017, maintenant qu'on passe à l'action, il faut vite atterrir là aussi sur ce projet de réforme.
PATRICK ROGER
Un mot Sébastien LECORNU avant de passer, revenir aux questions politiques. Vous partez tout à l'heure en Corrèze pour les Assises de l'eau, pour présenter un plan anti-fuite. Alors c'est assez incroyable, il y a environ une perte de 20 % de l'eau à travers l'évaporation. C'est cela ? Oui, les fuites, tout simplement, mettons des mots au grand public sur les choses, vous avez un niveau de rendement sur l'eau dans notre pays qui est très inégal, c'est-à-dire que dans certains endroits, vous êtes sur de très très bons niveaux de rendement, 90 %, c'est-à-dire que vous avez une perte de 10 % par rapport à ce que vous produisez, dû à l'entretien des réseaux d'eau, qui en général n'ont pas toujours été bien entretenus, suite à l'après-guerre, on a fait d'importantes remises à niveau sur les canalisations après la guerre, et puis parfois les collectivités territoriales, soit n'ont pas voulu, soit n'ont pas pu l'entretenir correctement. Et puis dans certains endroits, vous êtes sur les niveaux de rendements qui sont particulièrement préoccupants, en métropole comme en Outre-mer. Je cite toujours un chiffre qui est intéressant, c'est la Guadeloupe, une crise de l'eau absolument profonde, vous êtes à 50 % de rendement, ça veut dire vous avez 50 % de l'eau, de la ressource en eau, qui est une ressource rare, qui disparaît, c'est-à-dire que c'est une catastrophe écologique, mais pardon de le dire, c'est une catastrophe économique aussi, parce que cette eau-là elle a un coût pour le consommateur. Et donc le gouvernement veut venir au secours des collectivités territoriales, c'est une compétence des communes, des communautés de communes, des syndicats d'eau, ce n'est pas une compétence de l'Etat, mais le président de la République, lors du congrès des maires, il a dit : l'Etat va venir au secours des collectivités territoriales pour ce plan de rattrapage. C'est bon pour la planète, c'est bon pour le portefeuille des Français.
PATRICK ROGER
C'est quand même assez incroyable. Sébastien LECORNU, questions politiques encore de Michaël DARMON et Christophe BORDET.
CHRISTOPHE BORDET
Alors, juste une chose : quand vous dites que vous allez venir au secours des collectivités locales, très concrètement, de quelle manière ? Parce qu'au final, il faudra bien que quelqu'un mette de l'argent.
SEBASTIEN LECORNU
On est bien d'accord. De deux manières. D'une manière financière, c'est un besoin d'investissement, c'est une réalité, je vous dis, moyenne des réseaux aujourd'hui, 150 années, alors qu'il faudrait les remplacer toutes les 60 années, c'est une moyenne.
CHRISTOPHE BORDET
Y'a du boulot, y'a du boulot.
SEBASTIEN LECORNU
Ah, le boulot est absolument énorme, ça crée de l'emploi quand même derrière, petite parenthèse, puisque c'est un emploi très décentralisé, les entreprises qui font les travaux sur les réseaux d'eau, qui font les tranchées que vous pouvez voir dans la rue, ce sont quand même toujours des entreprises françaises en général, donc il y a un enjeu d'emploi public qui est très lourd derrière. Et puis aussi, au-delà des soutiens financiers, on en train de définir en ce moment même, le niveau de soutien que nous allons mettre sur la table et que nous annoncerons cet été, il y a aussi le soutien en ingénierie. Quand vous êtes un syndicat d'eau en milieu rural, accéder à des ingénieurs, à un service d'ingénierie qui vous permet de planifier vos travaux, c'est aussi quelque chose qui a de la valeur financière, c'est du temps hommes, eh bien là aussi on va trouver des solutions.
PATRICK ROGER
Mais vous ne renvoyez pas aux collectivités locales, la balle, en disant : il va falloir que vous payiez ?
SEBASTIEN LECORNU
Non non non, c'est une compétence locale et aujourd'hui les collectivités locales, je vous le rappelle, et vous le savez tous, se servent du prix de l'eau, l'eau n'est pas gratuite, donc aux collectivités locales qui gèrent l'eau, d'arriver à faire en sorte que l'eau paie l'eau, mais on voit bien que l'on est au bout un peu de ce système-là, et donc l'Etat va venir au secours des collectivités territoriales, alors qu'il n'est pas obligé de le faire.
PATRICK ROGER
Michaël DARMON.
MICHAËL DARMON
Vous avez parlé de vos anciens amis. Que se passe-t-il avec vos amis actuels ?
SEBASTIEN LECORNU
Ça se passe très bien.
MICHAËL DARMON
Bruno LE MAIRE, Gérald DARMANIN, on a l'impression que sur les aides sociales, à l'emploi et dans l'économie, actuellement, ils ne sont pas du tout sur la même longueur d'ondes. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut supprimer les aides sociales ?
SEBASTIEN LECORNU
Je crois que la ligne du gouvernement, elle s'est complètement exprimée cette semaine, Agnès BUZYN l'a redit dans l'hémicycle, il n'est pas question de supprimer, de diminuer les aides individuelles, sociales, notamment.
MICHAËL DARMON
Mais alors, qu'est-ce qui est arrivé à Bruno LE MAIRE ?
SEBASTIEN LECORNU
Eh bien il a exprimé, à un moment donné, dans une émission très très longue, une sensibilité, liée notamment à la diminution de la dépense publique, mais je crois que depuis il s'est largement exprimé.
MICHAËL DARMON
Est-ce qu'il faut maintenir ou supprimer l'universalité des aides sociales dans le contexte actuel, pour vous ?
SEBASTIEN LECORNU
Ah oui, moi vous savez, j'ai ét président de département, donc j'ai dû gérer le RSA, la meilleure des réponses pour diminuer le flux du RSA dans un conseil départemental, c'est que l'emploi revienne, c'est que le chômage diminue, parce que si le chômage diminue, le nombre de fins de droits diminue, si le nombre de fins de droits diminue, le nombre de bénéficiaires du RSA diminue.
MICHAËL DARMON
Il faut donner à tout le monde
- Brouhaha -
MICHAËL DARMON
Parce que c'est un débat qui existe aussi au sein du gouvernement.
SEBASTIEN LECORNU
Oui, enfin, non, au sein du gouvernement, il y a une ligne qui est très claire. La réalité c'est qu'on mène des chantiers de transformation, très profonds, pour faire en sorte que dans ce pays, et vous le voyez d'ailleurs cette semaine, on arrive à mettre fin à un scandale, ou une particularité en tout cas, c'est la croissance économique puisse revenir, sans qu'elle ne recrée forcément d'emploi. Ça c'est la réponse bien évidemment à la baisse du chômage, c'est d'ailleurs aussi la réponse à l'accompagnement social des plus fragiles, l'emploi, l'emploi, l'emploi. Ordonnances droit du travail, chantier sur la réforme de la formation professionnelle et l'apprentissage, tout ça converge vers un seul et même but, c'est là où la croissance revient, il faut que l'emploi revienne.
MICHAËL DARMON
L'emploi, l'emploi, les chiffres ne sont pas bons.
SEBASTIEN LECORNU
Mais c'est long, enfin, faites-nous grâce aussi tout de même d'être là que depuis seulement une année pour ce gouvernement, et que ces chantiers de transformation qui n'ont pas été menés depuis 15 ans, confèrent, le droit du travail, eh bien ça doit prendre du temps avant que ça ne crée ces résultats et qu'on en voit les effets.
MICHAËL DARMON
Justement, quand vous dites Sébastien LECORNU, c'est une année, donc c'est le temps un peu des évaluations, certains font leur auto-évaluation, c'est d'ailleurs votre ministre de tutelle qui le fait. Vous êtes un ministre heureux, vous, dans votre ministère, ça va ?
SEBASTIEN LECORNU
... engagé, et
MICHAËL DARMON
Pas d'état d'âme ?
SEBASTIEN LECORNU
Non, pas d'état d'âme, mais le jour où j'en aurais, je m'en irais, et
PATRICK ROGER
Ah ?
MICHAËL DARMON
Ah oui.
CHRISTOPHE BORDET
Comme Nicolas HULOT, cet été ?
SEBASTIEN LECORNU
Mais comme tout le monde. Mais non, mais le fonctionnement institutionnel, attendez, ne faisons pas semblant de découvrir le fonctionnement, ce matin.
MICHAËL DARMON
Non mais, comment maintenant peut-on entendre, un ministre au gouvernement qui décide de partir ?
SEBASTIEN LECORNU
Quand on est au gouvernement, c'est la rencontre d'une volonté du président de la République et du Premier ministre, d'une part, et d'une personnalité, femme ou homme, de la société civile ou du monde politique
MICHAËL DARMON
C'est ça la nouvelle méthode ?
SEBASTIEN LECORNU
... qui décide de s'engager, qui décide
MICHAËL DARMON
Oui, bien sûr, on l'entend.
SEBASTIEN LECORNU
Et donc moi, à un moment donné, j'ai fait ce choix, de répondre à la main tendue du chef de l'Etat, à l'égard d'une partie de l'échiquier politique qui n'était pas le sien
MICHAËL DARMON
Tout ça on l'a compris, parfaitement.
SEBASTIEN LECORNU
... qui n'était pas le sien à la base, et j'ai fait le choix de rentrer dans ce gouvernement, dans lequel je me sens bien et dans lequel ne suis à l'aise avec la politique qui est menée et pour laquelle, si c'était à refaire, je le referais.
MICHAËL DARMON
Bien sûr, mais on a l'impression que c'est un peu la nouvelle gouvernance, la nouvelle méthode, maintenant si on ne se sent pas bien, on va décider soi-même de partir, mais ce n'est pas vous qui décidez.
SEBASTIEN LECORNU
On mais monter la... Mais, par définition, le président de la République et le Premier ministre disposent de chacun des membres du gouvernement, mais chaque membre du gouvernement, ce n'est pas une prison le gouvernement. Le président de la République l'avait dit lors de l'interview avec messieurs PLENEL et BOURDIN, que par définition, nous ne sommes pas ses obligés, que tout le monde est là pour participer à un projet de transformation et donc il est bien normal que tout ça se rencontre. Moi ce que je vois, c'est que ce gouvernement est tout à sa tâche.
PATRICK ROGER
Merci Sébastien LECORNU, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, était l'invité ce matin de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 mai 2018