Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Bonjour. Pour ceux qui nous rejoignent c'est la deuxième partie de cette émission avec Territoires d'infos, une émission donc que nous faisons en collaboration avec la presse quotidienne régionale, les Indéradios - 130 radios qui sont nos partenaires sur tout le territoire français - avec les télés locales de France dans tout l'hexagone et avec TV5 Monde et aujourd'hui l'invité politique en direct sur ce plateau c'est la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès BUZYN, bonjour.
AGNES BUZYN
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Merci de vous êtes levée tôt pour être avec nous ce matin, pour vous interroger : Marcelo WESFREID, du Figaro, pour Public Sénat, bonjour Marcelo
MARCELO WESFREID
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Et Pascal JALABERT, du groupe EBRA
PASCAL JALABERT
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Qui représente neuf journaux de la presse quotidienne régionale, on va dire du Dauphiné au Progrès de Lyon, en passant par les Dernières Nouvelles d'Alsace, il y en a neuf, merci d'être là et de représenter la presse quotidienne régionale sur ce plateau. Agnès BUZYN, vous étiez hier vous sur Facebook en live, les ministres étaient sur le terrain pour les un an d'Emmanuel MACRON pour aller à la rencontre des Français, c'était urgent de faire de la pédagogie, de se faire connaître pour certains ?
AGNES BUZYN
L'objectif n'était pas de se faire connaître, l'objectif c'était de
CYRIL VIGUIER
C'est ce qu'on a entendu sur les radios ce matin, que les gens en avaient profité pour vous connaître.
AGNES BUZYN
De faire connaître la politique menée, ça c'est certain, faire connaître les réformer et échanger en direct en fait avec les Français, on a besoin toujours de ces échanges de terrain, de ces retours de terrain et donc on a voulu se déployer sur le territoire tous et avoir un public en face qui pose des questions et auquel on rend des comptes parce que c'est normal de rendre des comptes en permanence devant la Nation, on rend des comptes devant les élus mais je crois que c'est important d'être au quotidien face aux citoyens.
CYRIL VIGUIER
Le président de la République vous a incité à ça, beaucoup ?
AGNES BUZYN
On a tous eu envie de le faire, parce que d'abord il faut quand même souligner que ce gouvernement et la politique menée par le président de la République a redonné quand même un énorme espoir à la France de se réinscrire aujourd'hui dans le XXIème siècle, on a oublié mais les années précédentes c'était la France du déclin, tout le monde se plaignait, c'était la fin de la position de la France à l'international et il y avait plein de livres qui sortaient sur le déclin, plus personne n'imagine écrire un livre sur le déclin, tout le monde sait que la France est en mouvement, que la France se transforme et qu'il y a un espoir. Ce qui compte maintenant, pour nous, c'est que tout le monde profite de cet espoir.
MARCELO WESFREID
Madame BUZYN, un an MACRON, mais un an aussi pour vous comme ministre, on vous décrit souvent dans les articles comme une ministre techno, c'est-à-dire spécialiste de son sujet - vous êtes médecin - donc peut-être toujours dans son couloir, qui porte peu une parole politique, est-ce que vous vous reconnaissez dans cette description ?
AGNES BUZYN
D'abord je n'aime pas tellement le mot techno, techno c'est quelqu'un qui est resté dans son bureau, qui voilà a tout vu de façon très théorique
MARCELO WESFREID
Technicienne on va dire, technicienne.
AGNES BUZYN
Experte peut-être de mon domaine, je suis une professionnelle, j'ai occupé un certain nombre de postes effectivement dans le monde de la santé, je connais très bien ce monde, j'ai de l'expertise. Maintenant, j'ai très envie de sortir de mon champ de... je dirais de mon domaine purement ministériel, parce que je fais de la politique, j'assume complètement aujourd'hui de faire partie d'un gouvernement, d'assumer totalement la politique de ce gouvernement et je m'inscris dans une trajectoire beaucoup plus large de défendre la politique du président de la République et du gouvernement, je ne souhaite pas répondre qu'à des questions de santé.
CYRIL VIGUIER
Et c'est le cas d'ailleurs, vous allez le voir.
PASCAL JALABERT
Mais moi je vais vous poser une question de santé, vous remettre dans votre domaine, donc un gros scandale au SAMU de Strasbourg, deux morts aux urgences à Tours après que ces gens soient restés sur des brancards, des informations judiciaires ouvertes à Saint-Etienne et à Cahors après le décès de patients qui avaient appelé le SAMU, vous-même vous allez aujourd'hui à Créteil au SAMU, qu'avez-vous à dire aux personnels, qu'avez-vous à dire aux Français qui composent le 15 ?
AGNES BUZYN
D'abord concernant le SAMU, c'est-à-dire les gens qui appellent le 15 pour une urgence, je tiens à les rassurer il y a eu évidemment et il y a des appels qui sont maltraités - c'est normal le SAMU reçoit 25 millions d'appels par an et donc on peut imaginer que sur 25 millions d'appels il y ait de temps en temps un traitement d'appels qui ne soit pas conforme - ce qui compte pour moi c'est de vérifier que ces événements n'existent plus et de remettre le SAMU face à ses responsabilités, c'est-à-dire d'avoir un contrôle qualité de ses appels et d'avoir une meilleure formation de ses agents , j'ai demandé à tous les urgentistes et au SAMU que j'ai convoqués lundi au ministère de me proposer un plan d'action qu'ils me rendront le 1er juillet de façon à mettre tous les SAMU aux normes de qualité nécessaires. Après il y a le problème des urgences, c'est-à-dire les gens qui vont spontanément aux urgences et qui attendent parce que les urgences sont engorgées, on sait cela et c'est lié à plusieurs problèmes : d'abord une difficulté à trouver un médecin en ville, le fait que les urgences c'est gratuit, qu'il n'y a pas d'avance à faire et qui donc facilite l'accès et le fait qu'il y ait peu de lit d'aval ou des difficultés à trouver des lits d'aval - notamment pour les personnes âgées - avec trop de personnes âgées qui vont directement de l'Ehpad aux urgences, tous ces problèmes sont parfaitement identifiés. Nous travaillons - et le président de la République va l'annoncer à une transformation de notre système de santé qui vise à améliorer le lien entre le public, l'hôpital public et la médecine de ville, qui va travailler évidemment sur les urgences, un député - Thomas MESNIER - m'a remis un rapport la semaine dernière sur les soins non programmés, comment faire en sorte de trouver un médecin en ville quand on en a besoin ? Voilà ! Tout ça est en train d'être
MARCELO WESFREID
Madame la Ministre, en France quand on a un problème on fait le 15, on compose le 18, on compose le 112, il y a plein de numéros, vous réfléchissez à la question du numéro unique - comme ça existe aux Etats-Unis par exemple - quels sont les avantages et les inconvénients, qu'on comprenne bien, du numéro unique ?
CYRIL VIGUIER
Et les Français ont plutôt confiance dans les pompiers, on le sait, donc ils appelleraient plutôt les pompiers que le SAMU vous le savez.
AGNES BUZYN
Effectivement les pompiers reçoivent énormément d'appels qui concernent la santé. Il y a une réflexion sur un numéro unique, certains pays l'ont choisi, donc on connaît aux États-Unis ce qu'on appelle nine, one, one - 911 - il y a dans certains pays d'Europe le 112 et la question est de rassembler effectivement les numéros de grandes urgences : police, pompiers et SAMU dans un seul numéro d'urgence. L'avantage c'est que les Français n'ont à mémoriser qu'un seul numéro, ne se trompent pas, ils ont un problème vital ils appellent, l'inconvénient c'est qu'il faut ensuite faire un tri entre ce qui relève de la police, des pompiers ou du SAMU et l'on voit bien que le passage de l'information est une étape à risque - c'est un peu ce qui s'est passé au SAMU de Strasbourg où Madame Naomi MUSENGA a d'abord appelé les pompiers, les pompiers ont prévenu le SAMU et, en passant l'appel, ont dit à l'opératrice du Samu : « c'est une grippe, elle pense qu'elle va mourir » - et on voit bien que cette transmission d'appel a pu créer une certaine orientation de l'appel et donc, le fait qu'il y ait plusieurs étapes après un numéro unique pour trier en fonction du type d'urgence, peut créer des dysfonctionnements et peut ralentir le système, donc nous avons lancé une mission en janvier dernier avec Gérard COLLOMB pour faire des choix, un rapport va nous être remis ce mois-ci et il y aura des décisions prises cet été.
PASCAL JALABERT
Je reviens sur ce que j'ai dit tout à l'heure, le 29 décembre à Strasbourg c'est compliqué de trouver un médecin, je parie que ce week-end de Pentecôte ça va être compliqué aussi dans toutes les grandes villes, les gardes médicales ont été supprimées en 2002, comment faire pour qu'il y ait des médecins de ville disponibles pendant ces périodes ?
AGNES BUZYN
Effectivement depuis plus d'une dizaine d'années les médecins de ville, installés en ville, n'ont plus d'obligation de permanence des soins - et c'est ça qui crée aujourd'hui l'engorgement aux urgences - donc nous avons besoin de travailler avec les médecins libéraux, les médecins de ville, pour une meilleure organisation d'un accès aux soins sur des soins non programmés
PASCAL JALABERT
Il ne faudrait pas mieux une obligation ?
AGNES BUZYN
Nous n'allons pas le faire de cette façon-là, nous allons le faire de façon très incitative et donc dans la transformation du système de santé qui va être annoncée et sur lequel - je le dis, nous travaillons sur l'hôpital mais également sur la médecine de ville qui pose un vrai problème aujourd'hui d'accessibilité - il va y avoir des obligations d'organisation pour faciliter l'accès aux soins des Français.
MARCELO WESFREID
Sur l'hôpital vous avez déclaré qu'on ne toucherait pas au budget sur les trois prochaines années, pourtant vos détracteurs - les syndicats, des députés - disent, de l'opposition, disent qu'au contraire on va faire des économies de 1,2 milliard, 1,4 milliard, 1,6 milliard, qu'est-ce qu'il en est vraiment ?
AGNES BUZYN
En fait chaque année le budget de la santé et le budget des hôpitaux augmente et cette année il augmente plus que les quatre dernières années puisqu'on a fixé une augmentation globale du budget de la santé de 2,3 %, ce qui n'était pas arrivé depuis plusieurs années - c'était un engagement d'Emmanuel MACRON - donc on tient l'engagement, on augmente le budget de la santé et le budget des hôpitaux va augmenter de plus d'un milliard cette année. Ce qui est reproché c'est que l'augmentation n'est pas suffisante et c'est ça qu'on appelle « des économies sur l'hôpital »
MARCELO WEISFRED
Insuffisantes, c'est-à-dire ?
AGNES BUZYN
Les syndicats reprochent qu'on n'augmente pas de 4 % ce qui serait la pente naturelle de l'augmentation des dépenses, parce que notre système structurellement dysfonctionne, et donc ce sur quoi je travaille c'est qu'on ne continue pas à considérer qu'il faut augmenter le budget de la santé et des hôpitaux de 4 % par an parce qu'aucun pays ne peut se permettre ça ; Et pourquoi il augmente tendanciellement de façon naturelle de 4 % par an ? Parce qu'il est mal organisé, qu'il y a des doublons, qu'il y a de la perte en ligne, que nous nous organisons mal entre professionnels de santé, entre la ville et l'hôpital, et c'est cette réforme-là qui permettra de mieux soigner les gens, d'avoir des parcours plus fluides, d'arrêter de dépenser inutilement, de refaire des scanners on connait cette errance qu'ont les patients aujourd'hui dans le système de santé - et donc je travaille sur cette pente absolument incroyable d'augmentation des dépenses qu'aucun pays ne peut se permettre, personne n'a... Si vous voulez le vieillissement de la population ou l'état de santé des Français ne justifie pas que les dépenses augmentent de 4 % par an, c'est structurel en fait.
MARCELO WEISFRED
Le vieillissement, vous avez aussi les Ehpad, et les Ehpap, le Comité national consultatif d'éthique a dit cette semaine que la situation était parfois indigne, que c'était des ghettoïsations de personnes âgées, on sait que les personnels sont en souffrance, est-ce qu'il ne faut pas revoir entièrement le système ?
AGNES BUZYN
Mais c'est la politique que nous allons mener, le Conseil consultatif national d'éthique il a le même constat que la France entière, je pense qu'il n'y a pas un Français qui cette année ne s'est pas rendu compte qu'il y a un problème autour de la prise en charge des personnes âgées, le gouvernement acte complètement qu'il y a un besoin d'amélioration de notre système et que la situation ne va que s'aggraver puisque le nombre de personnes âgées dépendantes va considérablement augmenter dans notre pays. Donc, j'ai annoncé qu'une feuille de route sur la prise en charge des personnes âgées allait être faite, allait être proposée à la concertation à la fin du mois- je m'y suis engagée - il y aura des mesures immédiates pour les Ehpad, il y aura des mesures de moyen terme et il y aura une réflexion de long terme sur comment on finance tout ça ? Parce que, en réalité, c'est beaucoup d'argent.
PASCAL JALABERT
Justement la journée de solidarité qu'a avancée le président de la République, donc on est Pentecôte, est-ce qu'il y en aura une deuxième ?
AGNES BUZYN
J'ai parlé de cette journée de solidarité en donnant l'exemple de ce qu'avait fait monsieur RAFFARIN à l'époque qui était face au même constat d'un besoin de financement de la dépendance il avait inventé cette journée de solidarité, j'ai dit que quand on discute évidemment du financement de la dépendance, il y a énormément de pistes ouvertes - des pistes qui vont d'un budget au sein de la Sécurité sociale à une journée dépendante - et donc toutes ces pistes sont ouvertes et feront l'objet d'une concertation cette année pour proposer un schéma en français. Mais là je tiens à dire que c'est un choix éminemment sociétale et donc qu'il faut que tous les Français participent à cette discussion et notamment leurs représentants, les élus, et c'est un débat que j'aurai avec les parlementaires.
CYRIL VIGUIER
C'est Agnès BUZYN, la ministre des Solidarités et de la Santé qui est notre invitée politique ce matin dans Territoires d'Infos. Sud-ouest titre aujourd'hui, dans la presse quotidienne régionale des lunettes remboursées à 100 % avec un point d'interrogation, alors qu'en est-il, est-ce que vous pouvez nous préciser vos vues là-dessus ?
AGNES BUZYN
On est en train de travailler sur le reste à charge zéro, c'est-à-dire le fait que les Français puissent avoir accès à des prothèses dentaires, à des prothèses auditives ou à des lunettes sans avoir à payer de leur poche - ça ne concernera évidemment pas toutes les lunettes ou toutes les prothèses auditives - mais qu'ils aient accès à un panier de soins, c'est-à-dire à une quantité d'appareils ou de lunettes de très bonne qualité.
CYRIL VIGUIER
Mais qui jugera ?
AGNES BUZYN
Pardon !
CYRIL VIGUIER
Qui jugera ?
AGNES BUZYN
Aujourd'hui nous avons négocié ce que doit être ce panier de soins avec les professionnels, donc il y a une négociation avec les dentistes.
MARCELO WEISFRED
Quand, parce que justement les personnels veulent retarder, reporter cette réforme, vous la vouliez pour 2019, est-ce que les Français la verront l'an prochain ?
AGNES BUZYN
C'est une réforme qui va mettre quelques années à se mettre en oeuvre. Il faut expliquer pourquoi, parce que cette réforme elle va toucher énormément de gens, notamment les filières de l'optique - les opticiens, les orthoptistes, les ophtalmos les filières dentaires, les prothésistes dentaires, et il faut le temps que les professionnels se réorganisent, parce que la chaîne de valeur - ce que vont toucher chacun des professionnels à l'arrivée quand on va pouvoir rembourser à 100 % ces différentes prothèses - va se modifier, donc nous allons pouvoir annoncer je l'espère parce que les négociations se terminent la capacité que nous aurons à prendre en charge à 100 % grâce à l'assurance maladie, aux mutuelles et aux complémentaires santé les lunettes - certaines lunettes évidemment - les prothèses auditives - certaines prothèses auditives évidemment et les prothèses dentaires - certaines prothèses dentaires - ce ne sera pas tout le panier de soins parce qu'il y aura toujours de la liberté d'avoir plus mais un bon panier de soins de très bonne qualité, avec un choix, et qui permettra aux Français qui aujourd'hui ne veulent pas par exemple s'équiper en prothèses auditives - c'est près de 50 % des Français qui n'y vont pas parce que c'est trop cher - d'avoir enfin accès au nécessaire.
PASCAL JALABERT
Un autre sujet dont vous aurez la responsabilité, la réforme des retraites, il va falloir faire converger le public et le privé, les fonctionnaires ne sont déjà pas très contents, les cheminots encore moins, vous vous préparez à un deuxième round de social, à un deuxième bras-de-fer ?
AGNES BUZYN
Non, pas du tout, c'est une réforme que l'on veut apaiser et pour laquelle le commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul DELEVOYE mène une concertation extraordinaire depuis plus de six mois maintenant : d'abord, il a vu tous les modèles européens et il a regardé les écueils dans les grandes réformes des retraites qui ont eu lieu dans différents pays ; il a énormément discuté avec les élus, il a vu toutes les organisations syndicales plusieurs fois pour avoir leur schéma
MARCELO WEISFRED
Il y a régimes de retraite à unifier, ça peut être explosif ?
AGNES BUZYN
42 régimes spéciaux évidemment. Mais aujourd'hui cette réforme elle ne vise pas à stigmatiser les uns ou les autres, elle vise à redonner confiance aux Français - et notamment aux plus jeunes - parce que quand vous interrogez les jeunes ils pensent qu'ils n'auront pas accès à la retraite qu'ont aujourd'hui nos aînés, ils doutent de la capacité et de la soutenabilité du système et, en plus, tous les Français pensent que la retraite est injuste et que leurs voisins touchent une meilleure retraite qu'eux et, donc, cette illisibilité du système, cette difficulté à se repérer dans les droits, quand on arrive proche de la retraite on ne sait pas quelle retraite on va toucher - c'est horriblement compliqué - et ce sentiment que les jeunes n'y auront pas accès nous voulons le faire disparaître, nous voulons une réforme juste, lisible, cohérente, où tout le monde se repère, c'est un système universel simplifié, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des dispositifs spéciaux.
MARCELO WEISFRED
Très rapidement, qu'est ce qui s'est passé cette semaine au Sénat, vous avez sorti une procédure très rare qui est le vote bloqué pour empêcher une proposition de loi communiste sur la revalorisation des petites retraites agricoles, est-ce que c'est la voie du Parlement que vous avez tue d'une certaine façon ?
AGNES BUZYN
Non, pas du tout, il faut savoir que c'était une proposition de loi qui avait été votée par l'Assemblée juste avant la fin de la mandature, c'était juste avant les élections présidentielles et c'était évidemment une proposition de loi qui visait à augmenter les retraites agricoles - nous sommes tous d'accord pour penser que les agriculteurs touchent de trop petites retraites, c'est en fait lié au fait qu'ils touchent de trop petits revenus - et le gouvernement travaille aujourd'hui à augmenter les revenus des agriculteurs
MARCELO WEISFRED
Alors, pourquoi attendre ?
AGNES BUZYN
Pourquoi nous nous sommes opposés à cette réforme ? C'est parce qu'on proposait-là... enfin il nous était proposé une réforme sectorielle alors que nous sommes en train de travailler avec tous les syndicats et notamment les cinq fédérations qui représentent ces agriculteurs à la réforme systémique et quatre syndicats sur cinq nous ont dit que la proposition de loi en question ne répondait pas leurs vrais besoins qui étaient les pensions de réversion vers les femmes, donc il y avait beaucoup de problèmes qui ont émergé de ces négociations avec les agriculteurs qui n'étaient absolument pas pris en compte dans cette proposition de loi.
CYRIL VIGUIER
Agnès BUZYN, la France pays rappelé à l'ordre par l'Union européenne concernant la qualité de l'air, on ne respecte pas les normes, il y a des conséquences importantes sur la santé - tous les spécialistes l'indiquent - qu'est-ce que vous pouvez mettre en place, vous ?
AGNES BUZYN
C'est un sujet que nous avons en ligne de mire avec Nicolas HULOT depuis notre arrivée d'ailleurs, l'une des premières visites que nous avons faites tous les deux - avec Elisabeth BORNE d'ailleurs pour les Transports - ça a été d'aller dans la Vallée de l'Arve où il y a effectivement des taux de particules fines absolument invraisemblables, le problème c'est que
CYRIL VIGUIER
Et Marseille aussi, dit-on.
AGNES BUZYN
Il y a Marseille ! Et selon les territoires la cause de cette pollution atmosphérique est différente, dans certains cas c'est la pollution liée aux transports, dans d'autres cas c'est le chauffage urbain, notamment dans les vallées très reculées - le chauffage à bois qui dégage énormément de particules fines - et donc il faut prendre tout un tas de mesures secteur par secteur sur les transports, on sait que la France utilise beaucoup le diesel, c'est un changement de politique, il faut favoriser les transports qui ne dégagent pas
CYRIL VIGUIER
Donc c'est quoi, un grand plan, un plan Marshall
AGNES BUZYN
C'est un plan Marshall, vous pouvez l'appeler comme ça, c'est un plan volontaire en tous les cas ça c'est sûr, Nicolas HULOT y travaille, il est extrêmement mobilisé et, évidemment, c'est à Nicolas HULOT, Elisabeth BORNE et le ministère du Logement de réfléchir à comment se chauffer sans émission, comment se transporter sans émission de gaz à effet de serre mais de particules fines et, moi le ministère de la Santé, ma responsabilité, c'est de protéger les vulnérables et de donner des recommandations face aux personnes qui vivent aujourd'hui dans un air pollué, notamment les enfants, les sportifs par exemple, les femmes enceintes et donc, moi, je travaille plutôt avec le secteur de la santé pour protéger les gens.
CYRIL VIGUIER
Merci Agnès BUZYN, ministre des Solidarités et de la Santé, d'avoir été notre invitée politique.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 mai 2018